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Tous les Samedis
DIX Centimes
HENRI LEFEBVRE
LA MODE!..
Monologue en Vers
3i. (reorges 'SBerr, de la Comédie française
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, S; Rue du Croissant
Et c/ic; ions A-.s- Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N
LA MODE!
Simple coup-d'œil sur le beau sexe
Si \ ariant dans ses contours,
Aujourd'hui plat, demain convexe,
El re-plal au boul de huit jours.
Que ce soit très ou point commode,
Que ce soit affreux OU joli,
Il faut y passer, car la Mode
Règle ici jusqu'au moindre pli.
Si la couleur « Vésuve // éclate,
Remarquez que la grand'maman
Dont la mine est rouge écarlate
S'affuble aussitôt d'un volcan.
On a pour talons des échasses,
Ce qui donne à leurs possesseurs
I. 'air gracieux qu'ont les bécasses
Fuyant le fusil des chasseurs.
Lorsqu'au bal on se décolleté,
La Mode prime la raison ;
Les épaules à vive-arète
Se trouvent alors à foison ;
Chaque vieille se deshabille,
Etalant des charmes... fort laids,
Tandis qu'à ses cotés sa fille
Montre des manches à balais.
L'Hiver les poitrines se bombent,
La platitude est un défaut ;
Lorsque l'Eté vient elles tombent,
Ce maudit coton est si chaud !
Et puis on change la manière
e lacer : soit haut, soit bas ;
On court chez une corsetière
Remettre en ordre ses appas.
Combien de nos femmes chétives
Simulant un surcroît de chair.
Ressemblent aux locomotives
Remorquant partout leur... tender !
La taille parfois est pareille,
Au-dessus de ce faux bourlet,
Au léger fil qui chez l'abeille
Lie abdomen et corselet.
La Nature fait des prodiges
t si quelques-unes de vous
Par la base sont... callipyges,
Comment diable, le saurons-nous ?
Songez donc que dans un autre âge,
Afin d'éviter tout soupçon,
Phryné devant l'Aréopage
Vint se montrer... sans polisson !
Mesdames, soyez scrupuleuses,
N'usez pas d'un traître moyen,
i vos beautés sont frauduleuses,
La Douane, hélas ! n'y peut rien !
C'est nous tromper, et sur ma vie,
Moi qui cherche à me marier,
De vos attraits je me défie :
Ai-je tort de me défier ?
Vos grâces sont incomparables,
Mesdames, c'est l'essentiel ;
Le Ciel sut vous faire adorables,
Restez ce que vous fit le ciel !
Henri LEFEBVRE.
sous presse:
Une Ressemblance, monologue en vers, de Henri Brière.
L'Epagneul, monologue en vers, de Henri Brière.
Monsieur Arsène, monologue en prose, d'ALBERT Fox.
Boulotte! monologue en prose, de Marcel Baillioï.
Ma Patrie, poésie dramatique, de Ch. Picard.
Le Tricycle, monologue en prose, de L.-B. De Rumilly,
etc., etc., etc.
Adresser toutes communications concernant ia rédaction
a M. Louis ANQUETIL, 7 , Rue d'Armaitié, à Paris.
NOTRE PROGRAMME
Chers lecteurs el chères lectrices,
Que vous soyez acteurs, actrices,
( >u de modestes amateurs,
$1 à vous tous que nos auteurs
Auront L'intention de plaire
Pour Deux Sons .' — L'œuvre populaire
Vous donnera, les samedis,
1 )t s gués inédits,
Frivoles, légers ou critiques :
Parfois des récits dramatiques.
Afin dé varier les goûts. —
El nous saurons songer à vous,
Lectrice, dont la voix réclame
Des pièces foui exprès pour femme,
Car. fuyant l'immoralité,
Nous ne cherchons que la gaité.
Si parfois l'a gauloiserie
S'en mêle un peu. je vous en prie,
Ne nous faites point de procès.
Rire est prouver qu'on est Français ;
Riez donc et daignez nous lire.
— L'un l'autre veuillez vous le dire,
Acteurs, actrices, amateurs,
t-ce entendu ? — Merci, Lecteurs !
Le Cri-Cri
1..' Gérant : Etstrf G0DFR0Y.
Les Abonnements au Cri-Cri sont reçus chez :
M. Louis Rotiik. S, rue du Croissant, Paris
M. Lov: il. 7. rue d'Armaillé, Paris.
Et chez tous les Libraires et Marchands de Musique de France
et de l'Etrai
PRIX I>K L'ABONNEMENT
l'r. 5 par an pour la France
« 8 // les Pays de l'Union postale.
li. GODFBOY 62, Rue Thicrs, Le Havre.
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Tous les Samedis
DIX Centimes.
ALBERT FOX
MONSIEUR ARSÈNE
Monologue en Prose
31. Graston lPrika, du cThéâtre des ^Nouveautés
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, S7 Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 3
TOUS DROITS RESERVES.
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)NSIEUR ARSÈNE
Vous me croirez si vous voulez, mais voilà plus de six ans
que je cherche à me rappeler son nom. C'était je crois Théodule.
A moins pourtanl que ce ne soit Polycarpe ou Arsène. Arsène !...
Arsène !... Monsieur Arsène !... Il me semble bien qu'il s'ap-
pelait Arsène.... Kt cependant... Enfin mettons qu'il s'appelait
Arsène. 11 habitait. 551, rue Madame, un petit appartement au cin-
quième d'une maison à cinq étages. Oh ! pas très cher. Quelque
chose comme six francs par mois, eau el gaz. Je l'avais connu
aux temps heureux où j'étais à l'Ecole de Médecine, car je ne
sais pas si vous le savez, mais j'ai fait de la médecine avant de
dire le monologue. J'ai quitté l'amphithéâtre, un beau matin,
pour une petite à ne/ retrousse que VOUS avez sûrement rencon-
trée.
Un jour, en sortant du cours, juste au tournant du boulevard,
un chien passe sous la roue d'un omnibus... Ça se voit tous les
jours des choses comme ça. n'est-ce pas ? On s'arrête, on dit
« Pauvre bête ! „... et puis on passe. Eh bien! là, pas du tout.
Un monsieur s'avance, prend le toutou, va l'emporter quand
immédiatement un gardien de la paix se présente.
— 11 est à vous l 'caniche ?
— Pas le moins du monde.
- Pour lorss, qu'est-ce que vous allez en faire? .. Le neyer
doute ?
Noyer un chien !... Jamais. Monsieur... Jamais... Je vais
le soigner, chez moi. rue Madame. 551, au cinquième, six francs
par mois, eau et gaz... Noyer un chien !... Butfon l'a dit. Mon-
sieur, le chien...
'suffisant... Circulez !... En errière, vous les autre, !
Il m allait, à moi. ce monsieur au chien. Je me mets à le sui-
vre, je l'accoste à l'entrée de la rue Galande et après cinq minu-
te-- de conversation nous étions les meilleurs amis du monde.
- Je loge à deux pas. me dit-il. Je suis poète et fais des vers
quand je n'ai plus de monnaie pour en boire //
Je m'en rappelle très bien maintenant. 11 s'appelait vraiment
.. Et pourtant... Non! Non ! c'était bien Monsieur Ar-
sène. Depuis ce jour là. il ne se passa pas d'après-midi, sans que
j'aille serrer la main du vieux camarade. On causait, je lui racon-
les histoires du quartier et l'aidais parfois à trouver des ri-
l'n samedi, frappant a sa porte, je ne reçus aucune réponse.
— Il est peut-être malade, pensai-je.
J'allais descendre quand la concierge vint me dire que " le
sieur // avait déménagé dans la nuit, en oubliant de payer
son terme. Pauvre Arsène !... Pauvre Monsieur Arsène !... J'en
: einé pendant plus d'un mois. Qu'était-il devenu le malheu-
reux? Si seulement j'avais su.... Tous les jours, j'allais à la mor-
. pourvoir si quelquefois.... Dam ! on ne sait pas. Je dévorais
le- faits-div-. 1 mmaux et tremblais en lisant les suicides...
pauvre Monsieur Arsène!... Lui. si bon, si doux... Qui
aurait pu croire... Car enfin, on pouvait tout supposer.
Depuis deux ans je faisais les plus fantaisistes hypothèses,
quand je reçois un matin une lettre ne contenant que ces simples
mots :
« Je m'ennuie, venez me voir, je suis au Paletot en poil de
« lapin, boulevard Clichy.
« Votre ami de la rue Madame.»
« Post-Scriptnm. — Je suis devant la porte. »
Une fameuse trotte pour aller boulevard Clichy, vous savez.
Je pars pourtant. Pensez donc!... Revoir Monsieur Arsène !
Je trouve sans peine les grands magasins du Paletot en poil de
lapin ; malheureusement, personne devant la porte.
J'attends quelques instants, puis je repasse une deuxième fois
devant la boutique, lançant un petit regard discret dans l'inté-
rieur. Enfin, n'y tenant plus, j'entre résolument, le chapeau à la
main :
— Monsieur Arsène, dis-je à un brave petit bonhomme, en
train d'essayer un pantalon.
— Arsène?... Arsène?... Connais pas... Qui qui fait?
Voilà la question, « Qui qui fait? » J'ignorais absolument ce
que pouvait bien faire Monsieur Arsène dans les « Vêtements
pour hommes et enfants. „
— Il s'occupait de vers autrefois, hasardai-je.
— Ah!... un vitrier?
— Pardon, Monsieur, pardon..., un poëte !
— Un poète?... connais pas.
Je sortis. J'allais repasser devant la porte quand, tout-à-coup,
ô stupeur! ô miracle !... o fantasmagorie !... Non, tenez, quand
j'y pense, malgré moi ça me fait froid... Inutile de chercher,
vous ne trouverez pas... Je vis un mannequin s'agiter, lever les
bras, remuer les jambes, me sauter au cou en criant :
— « Oh! mon ami!... mon bon ami!... oui, reconnais-moi,
c'est moi... »
Horreur! c'était « lui ! »
Alors, lentement, Monsieur Arsène m'expliqua tout. Sa misère,
ses idées noires, ses lugubres résolutions, puis enfin cet emploi
qui lui était tombé du ciel comme un suprême salut.
— Oui, mon cher, tous les matins je me peins la figure et je
m'installe là, à la porte, tantôt en complet à 22 50, tantôt en
garçon de café à n 90, tantôt en académicien à 43 75, tantôt...
ça dépend...
J'étais foudroyé.
— Et ton chien? demandai-je.
— Ah! mon chien... Inouï, mon cher; il est entièrement
rétabli. Je l'ai dressé à donner la chasse à ses semblables qui
auraient l'intention de venir faire des petites polissonneries sur
mon pantalon... ; tu comprends, je ne dois pas remuer.
— Pourtant, comment se fait-il?... Je t'ai demandé, on m'a
répondu : « Arsène, connais pas. »
— Arsène !... Arsène ! Je ne m'appelle pas Arsène, je m'appelle
toujours Célestin!... Célestin Duroseau, 35-1; rue Madame, au
cinquième, six francs par mois, eau et gaz...
Il me semblait bien qu'il ne s'appelait pas Arsène. Mais c'est
égal, quel homme que ce bon Monsieur Arsène, pardon, que ce
bon Monsieur Célestin ; car il me semble maintenant qu'il s'ap-
pelait tout de même Célestin.
CH. PICARD
MA PATRIE
Tu demandais hier : « Quelle est donc ta patr
che-Con I tagne ou Mid< ? i — Non. chérie.
int d-j la Franche-Comté,
le l'indér I Le la libe-"
fant de la vieille Armorique
horizons brumeux, au ciel mélancolique
Et je ne suis p is le soleil ardent
Midi ' ii parlé tant.
suis enfant d'une trrrre meurt-
Pieu- libre et sa gloire fléti
dune terre où les fronts
e jour sous le poids des affronts ;
Dur. it jamais l'aïeul sourire :
D'un sol où l'on apprend aux enfants à maudire,
ton nom sacré. France, ton nom béni
er. moi. fils d'opprimés, moi banni !
:ce ! Alsace ! Alsace ! oui c'est toi ma patr
Toi qui gis. pantelante et de ton sang rougie.
Sous la serre et le bec du vorace vautour.
Plus grande est ta douleur, plus grand est mon amour '.
Plus ta souffrance est vive. Alsace, et plus je t'aime.
Plus je berce en mon cœur l'espérance suprén.
Plus ton front doit plier, plus je lève le mien.
Revendiquant bien haut ce titre : « Alsacien
- ne crains pas, crois-moi. ne crains rien ma mignonne,
Si ma voix gronde fort et si mon sang bouillonne
Quand je songe au pays... On souffre tant là-ba-
Entends, pour te calmer déjà je parle bas.
Ma voix toujours pour toi restera caressante.
Endors-toi dans mes bras: si tu veux que je chante.
Je vais, en te berçant, modulera mi-voix
Un air que j'entendis au pays autrefois.
-ar.t : Renk GODFKOY.
Fr. 5 par an pour la France
« 8 » les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
a M. Louis AHQUETIL 7. Rue d'Armaillè, à Paris.
B GODFBOY 62, Rue Thiers. Le Havre.
Tous les Samedis
%x^
*& DIX Centimes
MARCEL BAILLIOT
(FANFARE)
BOULOTTE!
Monologue en Prose
3t. Pau! -Bert, du "Ihéatre de la Craiétê.
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, 8. Rue du Croissant
Et chei ions les Libraires. Marchands de Musique et de Journaux
N° 4
TOUS DROITS RESERVES.
BOULOTTE!
Pardon. Mesdames, je ne sais pas s'il y en a parmi vous qui
jouissent d"un certain embonpoint, mais dans ce cas je préfère-
rais VOUS voir VOUS retirer, var j'ai l'intention d'être très sévère
çard.
D'ailleurs, je ne pensais tn'adresser qu'à un public d'hommes.
les choses un peu raides à vous dire, — mais enfin, puisque
je vois que vous êtes toutes bien assises, ne vous dérangez pas,
c lierai de gazer.
Quand je tousserai, ce sera le moment de vous moucher.
tendrissant) Oh! j "ai tellement soufferl pendant la vie de ma
pauvre défunte, que j'ai besoin de raconter a tous mes infortunes
conjugales.
mon enfance je ne vous dirai rien, pour l'excellente raison
qu'il n'v a rien à en dire. Au Lycée, je n'eus que des succès
modérés : un prix d'instruction religieuse, un deuxième prix de
gymnastique et un accessit de sténographie. C'était la méthode
Duplové que l'on employait alors.
Eh! bien, ce sont les lectures qui m'ont perdu!... Je me mis
à dévorer avec avidité les fantaisies rabelaisiennes d'Armand
Silvestre. Ce diable d'homme, avec ses descriptions de croupes
rebondies (il tousse) et de formes opulentes, m'avait complète-
ment tourné la tête.
Successivement on me présenta à plusieurs jeunes filles très
avenantes, mais je refusai toutes ces avances car je n'avais plus
d'yeux que pour les grosses femmes. Fatale passion !
Il fallait pourtant me décider, car je commençais à grisonner.
A un bal de l'Hôtel-de-Ville, dans la cohue des invités, j'avais
admiré une superbe créature avec un port de reine et des extré-
mités aristocratiques.
us savez bien ce que c'est que le coup de foudre. En moins
de temps qu'il ne m'en faut pour vous le dire, nous échangions
un regard chargé d'électricité, et v'ian, ça y était.
Tout en marchant une polka, je lui fis part de mes sentiments
.ctueux : je lui demandai si son cœur était libre, et le len-
demain je me présentai chez M. Onésime Papillaut, mon futur
beau-pere.
►oulotte, c'est comme ça que nous l'appelons dans l'intimité,
me dit le père Papillaut, a dix neuf ans; elle a reçu une éduca-
parfaite et sait jouer de l'accordéon. Je lui donne cinquante
mille francs de dot et il y a des espérances Ça vous va-t-il,
mon garçon ? Dans ce cas-là faut que ça marche rondement. »
I es affaires allèrent, en effet, rondement, car huit jours après
je conduisais à l'Eglise une Boulotte parée comme une reine et
rougissante de bonheur.
ie vous promets que je n'étais pas volé. Le soir, (il tousse)
quand j'entrai en vainqueur dans le petit appartement nuptial,
je m'aperçus que mon épouse n'était pas de ces femmes qui, par
de faux ornements, outragent la nature et le bon goût.
Ma chère Boulotte n'était qu'une pelote de graisse avec de
petits trous pour les baisers, des fossettes adorables dans les
joues.
Ce fut une lune de miel pleine de charmes, mais, vous savez,
une vraie lune, pas un de ces quartiers qui suffisent aux gens
blasés. Délicieusement ronde et éclatante de clarté, elle rayon-
nait sur mon existence.
Cependant Boulotte qui mangeait beaucoup et qui vivait dans
l'indolence, engraissait à vue d'œil, et je lui fis à ce sujet quel-
ques observations.
— Ma chérie, tu devrais prendre un peu d'exercice après les
repas, faire des haltères, quelques parties de bicycle, ou bien, si
tu veux, nous irons passer une saison aux bains de mer.
— Non, non, mon ami, l'impression de l'eau m'est très péni-
ble et les violents exercices me bouleversent.
Remarquez qu'à cette époque la fille de M. Papillaut pesait
plus de cent kilos et que le lit conjugal devenait un peu étroit.
Nous fîmes un voyage en Suisse, mais vous pensez qu'il fallut
complètement renoncer aux ascensions. Quand les guides
voyaient ma femme ils reculaient épouvantés et demandaient
des sommes folâtres pour escalader des pics hauts de cent mètres.
Pas moyen de se mettre en colère, Boulotte était d'un carac-
tère charmant; elle riait sans cesse en faisant tressauter son
menton à triple étage. C'était intolérable. Elle avait encore des
façons gamines qui n'étaient plus de son âge, avec des envies
de sauter à la corde comme au pensionnat. J'écumais de voir
cette face placide, et les sons qu'elle tirait, le soir, de son accor-
déon, m'irritaient encore davantage.
Comme par hasard, je laissais traîner sur tous les meubles
des réclames de médecins et de pharmaciens prônant très haut
d'infaillibles traitements contre l'obésité. Oh! l'Anti-Obésitas
sauveur!
Ma femme ne lisait même plus, trouvant cela trop fatigant
sans doute ; son esprit s'épaississait en même temps que son
corps. La couche était profonde.
Maudit sois-tu, Armand Silvestre !
Que de tourments, mes amis!... — J'abrégerai pour la grosse
dame du fond, qui me lance des regards foudroyants.
Quand Boulotte allait à ia messe (c'est une habitude dans la
famille), il lui fallait deux chaises.
Bien souvent les cochers de fiacre refusaient de nous prendre
en voiture et nous tournaient en dérision.
— Hé ! dites-donc, bourgeois, il en faut de l'avoine pour
nourrir cette petite mère !...
Nous ne pouvions aller ni à la promenade, ni au théâtre, sans
subir quelque nouvel affront. On souriait sur notre passage et
j'entendais murmurer: « — Quelle mastodonte!.... — Tiens,
on a lâché l'éléphant du Jardin des Plantes!... — Ohé, le ballon
captif!... — Va donc, Boule-de-Suif !... » et autres aménités de
ce genre.... Je devenais enragé.
Le 14 Juillet dernier (encore une idée de ma femme), nous
sortîmes pour voir les dernières fusées du feu d'artifice de la
Tour Eiffel. Il faisait très chaud ; Boulotte fondait lentement et
de grosses gouttes de sueur tombaient à terre comme de la pluie
dorage. Un gamin, qui bousculait tout sur sou passage et qui
lançait dos pétards dans les jambes des badauds, s'approcha de
nous, et, montrant d'un geste canaille la poitrine proéminente
de mon épouse, cria :
— Dites donc, madame, est-ce qu'ils s'allument vos ballons?
Tout le monde se tordait de rire, — excepté moi.
Maintenant Boulotte est morte... Elle avait le foie gras, paraît-
il. Rien d'étonnant à cela... Je l'ai pleurée décemment et je
porte encore le deuil ; mais sapristi, c'est un rude poids de
moins [30 kilos pour moi.
Dors en paix, pauvre Boulotte!
était une femme très douce mais trop grasse, dépassant de
beaucoup les dimensions ordinaires.
Jeunes gens, ce sont les lectures qui m'ont perdu.
Le Gérant : René GODFROY.
SOUS PRESSE:
Histoire bétel Monologue en prose, de Geo Denis-Jean, avec
illustrations de Félix.
EN PREPARATION
Boum ! par amour, Monologue en prose, de H. Brière.
L'Escabeau, Monologue en vers, de Flandre-Savoie.
Le Coupe, Monologue en vers-, de Richard dAntignac.
Cinquante MillB Exemplaires vendus des trois premiers nu-
méros du CRI-CRI attestent hautement l'intérêt et l'opportunité
d'une publication donnant, pour DIX CENTIMES, des Mono-
logues vendus jusqu'alors cinquante centimes et tin franc.
L'Administration est heureuse d'annoncer au public qu'elle
vient de passer de nombreux et importants traités avec les pre-
miers maîtres du genre.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
a M. Louis ANQUETIL, 7 , Rue d'Ar maillé, à Paris.
ON S'ABONNE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
Fr. 5 par an pour la France.
« 8 // les Pays de l'Union postale.
Dépositaire Général du CRI-CRI pour la Belgique:
M. Charles ISTACE, correspondant du Petit-Journal,
'). Montagne aux Herbes Potagères. Bruxelles.
Imprimerie R. GODI'ROY, Bf, Rue Thiers, Le Havre.
Tous les Samedis
^
DIX Centimes
PAUL HASLER
UN
MARIAGE MANQUÉ
Monologue en Vers
M. (E. Matrat, du théâtre {National de l'Wdéon
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, 8, Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 5
TOUS DROITS RESERVES.
V-k-A ..rk-«. .-K'A . -0«- .vO*. .rk"«- 83c
UN
MARIAGE MANQUÉ
.1 mon Ami Frédéric Rudolph.
Quelle position perdue ! . . .
J'en suis encor tout suffoqué.
J'ai fait une énorme bévue,
Car mon mariage est manqué.
J'avais une blonde maîtresse
Dont j'étais vraiment amoureux.
Gentiîle Claire ! . . Sa tendresse
Me rendait tout à fait heureux.
Pour annoncer mon mariage,
J'avais pris mes précautions;
Et je pensais que la plus sage,
Surtout dans ces conditions,
Etait de lui donner la preuve
Que je l'adorais bien toujours.
J'avais écrit : « Te voici veuve,
» O cher objet de mes amours!
» Console-toi vite, chérie;
// Accours au dernier rendez-vous.
// Avant que je ne me marie,
» Echangeons quelques baisers doux. »
Dans le bal masqué d'un théâtre
Je devais aller la revoir;
Je priais donc cette folâtre
De venir en domino noir.
Puis, écrivant à ma future.
Je lui disais : « Aimez-moi bien !
// Vous êtes, belle créature,
// De mon cœur, l'ange gardien.
// j'attends, avec impatience,
// Le jour qui nous réunira,
» Et, j'en suis sûr, la Providence,
>/ Matin et soir nous bénira. •,
Quand ces lettres furent écrites,
De suite, je les fis porter
A mes aimables favorites
Que je m'efforçais de tenter.
Le surlendemain soir arrive ;
Je palpite d'émotion.
Comme un soldat sur le qui-vive.
Sans aucune irritation,
Dans le bal, depuis trois quarts d'heure,
Je m'ennuie assez fortement.
Viendras-tu, beauté que je pleure?
Toi, dont je fus le tendre amant!
A peine ces plaintes poussées,
J'aperçois mon cher domino
Au loin, soupçonneuses pensées ! . . .
Victoire ! . . . et je lance un bravo.
Oui, c'est elle, sa taille fine
Me rappelle des souvenirs ;
Ses mains, d'une beauté divine,
Excitent en moi des désirs.
A la rencontre de ma belle
Je m'empresse aussitôt d'aller,
Tout en trouvant que la cruelle
Prend du plaisir à me railler.
Elle détourne un peu la tète ;
Je me montre alors plus pressant;
Je crie : O chère amie, arrête ! . . .
D'un air câlin, bien caressant.
Elle cède, elle me regarde,
Je lui soupire en vrai sournois :
Enlève ce loup, il me tarde
De contempler ton frais minois.
Tout joyeux, je saisis sa taille,
Je deviens plus aventureux,
Quand, tout à coup, cette canaille
M'applique un soufflet vigoureux;
Elle ote son loup, la mégère,
Et je reconnais ô horreur I ! !
De Berthe, son affreuse mère ! . . .
Avec la plus folle terreur,
Je la vois sortir, de sa poche,
Une lettre. J'ouvre les yeux.
Pâle comme un mort, je m'approche.
Malédiction ! . . . O grands dieux ! . . .
Ah ! . . . la vilaine maladresse ! . . .
Ma pauvre Berthe avait reçu
Le mot écrit à ma maîtresse.
Je me sentais vraiment déçu !
Pour mon malheur, je suis myope,
Et, dans un sot égarement,
Je m'étais trompé d'enveloppe.
Par ce maudit événement,
Je perds une charmante épouse,
Et la dot de cent mille francs.
Claire, de plus en plus jalouse,
M'a lancé son pied dans les flancs.
PRESS
ffîsi . ' Monologue es prose, de Gko Dbnis-Jran, avec
illustrations d<
VRATIOM
Boum! par amour, Monologue en prose, de H. Briêre.
L'Escabeau, Monologue en vers, de Flandre-Savoie.
. Monologue en vers, de Richard d'Antignac.
',' ../..' Monologue en prose, de H.- 11. Marcf.lla.
Dans le Train. Monologue en vers, de II. de Trbven.
.n Ki ut GODFROT.
M. Paul Hasler, auteur de: Un Mariage manqué, epue le
Cri-Cri publie dans son numéro d'aujourd'hui, vient de faire
paraître, chez l'éditeur Li Baiu.y : Récits pour Fillettes:
La Demoiselle d'Honneur, — Les Confitures, — La Poupée.
Du même Auteur :
Mésaventure d'un Amoureux, Monologue dit par Coquelin
cadet, de la Comédie Française.
.1 oenture sur la Colonne de Juillet, — Un Anglais a Paris, —
Un Heureux Fiancé, Monologues créés par Félix Galipaux, etc.
Vient de paraître, chez A. Ghio, galerie d'Orléans, Palais-
Roval : Toi non, Comédie en un acte et en vers, par M. Albert
Fox.
l-X 1 I UM \ \M
>* ABONNE CHEZ T< i
Fr. 5 par an pour la France.
« 8 » les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant ia rédaction
a M. Louis ANQUETIL, 7, Rue d'Armaillè, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
Dépositaire Général <lu CRI-CRI pour la-Bi
M. Charles ISTACE, correspondant du Petit-Journal,
0, Montagne aux Herbes Potagères. Bruxelles.
Imprimerie R. GODFBOY, 02, Rue Thiers, Le Havre.
I
Tous les Samedis
DIX Centimes
GEO DENIS-JEAN
HISTOIRE BÈTE
Monologue en Prose
DIT PAR
31. c6oquelin c6adet, de la c6omêdie 'Française
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, 8, Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 6
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
HISTOIRE BÊTE
o Pour l'an-.- Mmgttr lea gêna gravit, grave*, gr&sôai »
Charles Cêjm.
A Coquelin cadet.
i chien était mon ami. — Non, je veux être
exact : ce chien n'était pas mon ami. Du
moins, il ne me l'a jamais avoué. Je serai
strictement juste en avançant que j'étais
l'ami de ce chien.
Je reprends donc : j'étais l'ami de ce chien.
Il était si original! C'était un vrai type. Vrai
type de très vieux chien; car ce chien était
abominablement vieux. Je n'ai pas d'horreur
pour la vieillesse des bétes; et, bien que, je le répète, ce chien
fut vieux abominablement, jetais quand même l'ami de ce très
abominablement vieux chien.
C'était un terre-neuve, et Black était son nom !
— Un bien beau vers! — de M. François Coppée.
S'il était très abominablement vieux, il était, en revanche, très
abominablement maigre. Vieux, quoique maigre; maigre, parce
que vieux.... Vous me faites barboter. Et puis, observez que je
ne suis pas tenu d'être spirituel dans une histoire bête. Il faut
être logique, i Je dirais volontiers, pour vous faire voir combien
il était maigre, ce très vieux chien, qu'il en était diaphane.
Mais, ça ne serait pas vrai. — Les gens qui
parlent de maigreurs diaphanes sont des
imbéciles. Je ne le leur envoie pas dire;
je le leur dis. D'ailleurs, il lui restait encore
trop de poils pour qu'on put voir au tra-
vers de lui. Il n'avait presque plus d'os,
tant ses os avaient fondu. Ce très vieux
chien n'avait plus que la peau et les poils.
Et puis, je ne suis pas embarrassé pour
vous en donner une idée : — En Suisse, un
marchand de piolets, d'alpinstocks et d'un
tas de bibelots qui, m'a dit Daudet, trou-
vent leur emploi dans les ascensions des
montagnes neigeuses, avait pour enseigne
parlante un morceau de tôle découpé en
chien du mont Saint-Bernard ; sur chacune
des faces de cette découpure, un spécia-
liste avait peint une moitié de chien lon-
gitudinale, ou, si vous préférez, une moitié
longitudinale de chien. Ce chien en tôle vous représente assez
bien mon ami, le très vieux chien, qui n'avait pas, je vous en
réponds, beaucoup plus d'épaisseur.
C'est l'été passé que j'ai fait la connaissance de
Black.
La première fois, que je l'ai vu (ça se chante, ça,
à Montmartre , je le trouvai largement étendu sur
le flanc gauche; non, sur le flanc droit Au fait,
sur quel flanc était-il donc étendu? C'est très im-
portant, vous comprenez, au point de vue de l'exac-
^m titude ! Je crois bien que c'était sur
le flanc droit. Au demeurant, il
changeait de flanc tous les jours ;
probablement parce que ça l'aurait
fatigué d'être perpétuellement sur
le même flanc Ce dont je suis
absolument sûr, c'est que, ce jour-
'à, il était sur l'un ou sur l'autre
flanc, mais qu'il n'était pas sur les
deux à la fois. (Je savais
bien que j'arriverais à
être exact ! J 'y arrive tou-
jours, d'abord!)
Il tenait toute la largeur
Wj|| du trottoir. Il faut dire
"ÏÏir qu'il était immense; je
jjjl^vfl ne parle pas du trottoir
— qui. était très étroit;
c'était le très vieux chien
qui était immense. — Il
était de très grande di-
mension, cet exemplaire de la race des terre-neuve. Réellement,
il encombrait; il obstruait. Des passants grinchus lui donnaient
des coups de pointe dans le dos. ou dans le ventre. Ça dépendait
de sa position... Vous savez, de son flanc !... Je crois même qu'il
en recevait parfois, simultanément, dans le dos et dans le ven-
tre, — parce que, naturellement, dans une rue — qui a deux
bouts en général — il y a toujours des gens qui viennent de par
ici et des passants qui viennent de par-là.... Vous croyez peut-
être qu'il se dérangeait, le vieux chien? Ouat ! il ne bronchait
pas plus que s'il eût été en tôle. — Alors, on était obligé de le
tourner....
éri
Moi, je restais des heures à le contempler. J'en faisais cin-
quante fois le tour, en l'appelant de toutes sortes de noms de
chiens, plus caressants les uns que les autres Malgré mon
sympathique manège, Black ne m'a jamais regardé. Il avait tou-
jours les yeux clos, et il cuisait sur le bitume bouillant, dans le
soleil... Ce vieux chien avait beaucoup vécu. Il était très fatigué
de sa chienne de vie.
Pendant trois mois, je le vis et l'admirai ainsi tous les jours,
de trois à quatre heures ; il m'arrivait de m'attarder autour de lui
jusqu'à cinq heures... Je lui parlais de sa famille... Il ne m'a
jamais répondu... Oh! il était discret!... Un après-midi, je lui
dis que j'étais amoureux : c'est la seule fois que je l'ai vu
remuer. 11 souleva péniblement une oreille et la laissa retomber.
J'ai toujours été convaincu qu'il voulait dire : « T'es bête! »
\ la fin des fuis, un jour, un monsieur obèse, impatienté de
le trouver comme un éternel obstacle sur sa route, lui marcha
sur le ventre et passa outre, sans se retourner... Le très vieux
chien trépassa sans souffler. 11 était si abominablement vieux 1...
J'avais couru après le monsieur très obèse et lui avais dit :
Y, - savez, c'est pas malin, ce que VOUS ave/ tait là ! » Il me
adit : " Qu'est-ce qui m'a fichu un pékin connue ça ! Allez.
donc à vos affaires! Je vais aux miennes!» Et il était aile a
En attendant. Black était crevé... Ah! ça me fit de la peine!...
Je m'en allai, pensant : « Ça devait arriver! »
( 'est depuis ce temps-là que je suis fataliste.
— Un bien beau vers! — de moi.
Le Gérant-, René GODFROV.
SOUS PRESSE ;
CIn\ Zélie, scène comique en prose, de E.-H. Marcella.
l',. tre prochainement;
Bon»! ! par amour, Monologue en prose, de H. Brière.
L' Escabeau, Monologue en vers, de Flandre- Savoie.
Le Coupé, Monologue en vers, de Richard d'Antignac.
Dans le Train. Monologue en vers, de H. de Treven.
ON S'ABONNE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
Fr. 5 par an pour la France
» 8 » les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
â If. Louis A M QU ET IL, 7, Rue d' A r maillé, à Paris.
Les Manuscrits tw sont pas rendus.
Dépositaire Général du CRI-CRI pour la Bel^iqu^
M. Charles ISTACE, correspondant du Petit-Journal.
<). Montagne aux Herbes Potagères. Bruxelles.
Im|rim<-rie R. GODFBOY, C,1, Rue Ttiiers, Le Harre.
'•••":-rr..i."j^C<;
ZSièasi* Tous les Samedis
^ DIX Centimes
H. TREVEN
DANS LE TRAIN
Monologue en Vers
c^Vf. 12. 3ÏÉRISSIER, ^Du théâtre des 'Variétés
PARIS
Librairie LOUIS ROTIER, 8, Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 7
TOUS DROITS RESERVES.
DANS LE TRAIN
Si vous voulez savoir comment
J'ai pu dompter nui belle mère,
Ecoutez cet événement.
Si vous voulez savoir comment.
J'avais «.lit bien étourdiment
Le oui fatal devant le maire...
Bref, écoutez, voici comment
J'ai pu dompter ma belle-mere.
J'étais sans relâche espionné
Par belle-maman. Quel supplice !
Pour un jour j'aurais pardonné ;
.l'étais sans relâche espionné.
Je ressemblais au condamné
Qui vit sous l'oeil de la police,
J'étais sans relâche espionné
Par belle-maman. Quel supplice !
Mon gendre-ci, mon gendre-là,
Parlez donc — Voulez-vous vous taire.
Mon Dieu si j'avais su cela !
Mon gendre-ci, mon gendre-là...
Pleure, ma fille, il nous vola,
En nous cachant son caractère ;
Mon gendre-ci, mon gendre-là,
Parlez donc, voulez-vous vous taire !
Chaque jour je prenais le train
Pour les besoins de mon commerce,
Je pensais être seul un brin;
Chaque jour je prenais le train.
Mais en wagon, pour mon chagrin,
Me suivait la partie adverse :
Chaque jour nous prenions le train
Pour les besoins de mon commerce.
Un matin j'étais en retard,
Le train partit sans crier gare...
Toujours suivi de mon mouchard,
Un matin j'étais en retard.
Pour tuer le temps, à l'écart,
Je lus les affiches de gare,
Un matin j'étais en retard,
Le train partit sans crier gare.
Ma foi, c'est très-intéressant,
Les règlements, il faut les lire,
J'en lus un bien étourdissant,
Ma foi, c'est très-intéressant
Je le relus en bénissant
Son auteur... je vais vous le dire,
Ma foi c'est très-intéressant
Les règlements, il faut les lire.
Tous les chiens pourront voyager
Dorénavant avec leur maître,
Si nul n'y voit gène ou danger,
Tous les chiens pourront voyager.
Enfin je vais donc me venger ;
Et voir mon tyran se soumettre ;
Tous les chiens pourront voyager
Dorénavant avec leur maître.
Car belle-mère avait un chien
Qu'elle aimait de toute son âme,
Caressé ! vous le pensez bien,
Car belle-mère avait un chien
Ne le quittant jamais pour rien,
Il suivait en wagon la dame.
Car belle-mère avait un chien
Qu'elle aimait de toute son âme.
Ce matin là, comme toujours,
Azor escortait sa maîtresse.
Je faisais patte de velours,
Ce matin là, comme toujours.
Mais je tins un autre discours
Dans le wagon à la traîtresse.
Ce matin là, comme toujours,
Azor escortait sa maîtresse.
Monsieur ! criai-je à l'employé,
Ce chien est rempli de vermine,
Il faut au fourgon l'envoyer....
Monsieur ! criai-je à l'employé,
Tout le wagon s'est récrié,
Se grattant, faisant grise mine.
Monsieur! criai-je à l'employé,
Ce chien est rempli de vermine.
11 fallut céder malgré tout,
Mettre au fourgon la pauvre bête
Qui hurlait d'un hurlement fou*
11 fallut céder malgré tout.
Belle maman s;ms son toutou
Pleura, cria, perdit la tête...
11 fallut céder malgré tout,
Mettre au fourgon la pauvre bête.
Belle-maman, dis- je le soir.
Ecoute/ un peu ma requête :
11 faut me céder le pouvoir.
Belle-maman, dis-je le soir.
l:n échange je laisse asseoir
et vous sur la banquette,
Belle-maman, dis-je le soir,
Ecoutez un peu ma requête.
Elle abdiqua... voilà comment
l'ai pu dompter ma belle-mère.
Oh ! le bienheureux règlement,
Oui. mesdames, voilà comment
Je vis dès lors tranquillement,
Grâce à ce procédé sommaire ;
Oui mesdames, voilà comment
J'ai pu dompter ma belle-mère.
Le Gérant : René GODFROY.
POUR PARAITRE PROCHAINEMENT :
Le Chef Je Cuisine, monologue en prose, de Henri Buguet.
Une Ressemblance, monologue en vers, de Henri Brière.
Chc{ Zélie, monologue en prose, de E.-H. Marcella.
Le Duel à Mostagna, monologue en vers de Albert Boufflet.
\:Y. TOUS LES L1BRAIR1
Fr. 5 par an pour la France
// 8 ?> les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis A H QU ET IL, 7, Rue d' A r maillé, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
Dépositaire Général du CRI-CRI pour la Belgique :
M. Charles ISTACE, correspondant du Petit-Journal,
<). Montagne aux Herbes Potagères. Bruxelles.
Imprinvne h. GODFROY, 82, Rue Tliiers, Le Havre.
Tous les Samedis
^ DIX Centimes
HENRI BRIERE
L'INCENDIE
Monologue en Prose
31. ^Delp terre, des Grands Concerts de 'Pari
18.
PARIS
Librairie SICHLER, 8, Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
IM° 8
TOUS DROITS RESERVES.
L'INCENDIE
.1 mon ii m i T. Lucas.
Oui. j'ai une femme et un petit bout de ruban à la bouton-
nière, la femme est charmante et le ruban tricolore... Et tout ça
je le dois... à un monologue... Ça vous étonne?... eh bien, c'est
comme ça. Je vous entends : « Oui, les monologues, ces petites
machines en prose ou en vers, qu*on récite dans un salon en
s'accoudant à la cheminée... A quoi ça sert-il?// Eh bien, ça
sert à épouser un ange qui vous apporte sur ses ailes trois cent
mille francs de dot... Oui, Monsieur, oui, Madame...
En deux mots, voilà : Je dis des monologues, et ce petit talent
de société m'avait fait inviter chez un banquier; ce banquier
avait une fille... adorable, et un coffre-fort, en fer, avec de l'ar-
gent dedans... C'est qu'il y a des banquiers qui ont des coffre-
forts..., seulement, ils sont vides; alors, ils vont faire un petit
voyage en Belgique. — On m'avait invité à diner, menu exquis.
Après soirée : « — Oh ! Monsieur, vous qui dites si bien les
monologues?... Je me fais prier un peu. pas trop, et je com-
mence : Le Hareng saur, monologue... C'était l'histoire étrange
et palpitante d'un hareng saur, suspendu par une ficelle à un
clou et se balançant dans un mouvement de pendule, toujours!
L'intérêt allait grandissant. La fille du banquier m'écoutait,
attendrie. Evidemment j'avais produit mon petit effet... Tout à
coup, un domestique se précipite dans le salon en criant : « Au
feu! // Une fumée intense pénètre dans la pièce qui s'éclaire de
lueurs rouges. Les femmes crient, s'enfuient par toutes les issues.
Les hommes en font autant... La fumée s'épaissit... Je fuyais
comme les autres, quand je m'aperçois que j'avais pris un petit
escalier qui me mène à une porte fermée... Je l'enfonce. Je me
trouve dans une chambre, une chambre de jeune fille évidem-
ment. Par une autre porte entre une femme affolée, en toi-
lette de bal; c'est la fille du banquier: « — Monsieur!... ma
mère!... avez-vous vu ma mère?... on la cherche partout!...
— Mais non. Mademoiselle, mais non; mais fuyons, il n'est que
temps!... /, Là dessus, tout craque!... Va te promener... c'est
l'escalier qui dégringole. Retraite coupée. La fumée pénètre par
toutes les issues... nous entoure : « — Monsieur, nous sommes
perdus ! — Mais non. Mademoiselle, pas encore... — Ah ! Mon-
sieur ! ma mère !...>/ Et patatras, ma jeune fille s'évanouit...
Entre nous, je n'étais pas à la noce. D'un bras nerveux j'enlace
mon évanouie : Vingt ans, adorable, un trésor! Oui, mais j'avais
bien d'autres chats à fouetter, et je me disais à part moi : sapristi,
je voudrais bien m'en aller. — Oui mais... par où?... Voilà.
Décidément, c'est béte les incendies. On a construit les escaliers
pour descendre dans la rue, et la première chose que fait le feu,
c'est de faire descendre les escaliers dans le sous-sol sans vous
prévenir.
La pièce s'emplissait de fumée. Je sentais l'asphyxie me
gagner, m'envahir, et je répétais machinalement, bêtement:
Le Hareng saur, monologue. Ma cervelle craquait; j'avais une
peur... atroce. Je me disais : Tiens bon, Ernest (je m'appelle
Ernest), te voilà héros. — Héros, c'est très beau dans les romans,
mais quand le feu vous chauffe les côtes, quand tout craque, cré-
pite, s'effondre... eh bien, entre nous, on aimerait autant fumer
un cigare sur l'asphalte du boulevard.
Dans un suprême effort je réunis ce qui me restait de volonté
et d'énergie. Soutenant d'un bras mon adorée (eh bien, oui, je
l'adorais), de l'autre j'ouvre une fenêtre... La maison flambait
comme un punch... J'étais sur un balcon... Devant moi, le vide.
Quinze mètres à sauter... Vrai, c'était trop haut... En bas la
foule... rouge... vaguement entrevue. . Une marée de têtes avec
des cris : « Bravo ! bravo ! descendez ! » — • Descendez, ils étaient
jolis... Eh bien, et les marches !
Tout à coup, v'ian ! dans l'œil !... Un jet de pompe qui man-
que de me renverser. Aussi intelligents que braves, les porte-
casques. Le jet avait dissipé la fumée et fait de la place autour
de nous. Je cours sur le balcon... Je n'étais plus un homme, mais
un acrobate, un singe, aussi noir du reste que ces intéressants
quadrupèdes!... Comment ai-je fait? Je n'en sais rien. — Est-ce
avec les dents, les pieds, les mains? J'enjambe et je me trouve
sur le balcon de la maison voisine, qui commençait à flamber
ferme à son tour. Je tombe dans les bras d'un pompier qui avait
pu pénétrer jusque là : « — Donnez-moi la demoiselle ! — Jamais
de la vie! — Eh bien, alors, suivez-moi, et vivement. » Nous
traversons une pièce, deux pièces, trois pièces. Nous trouvons
un escalier, nous descendons, et, vive la France ! nous voilà dans
la rue, le pompier, la jeune fille et moi... Un tonnerre de bra-
vos... Moi, crânement, je m'évanouis... r
Quand je revins à moi... j'étais dans un poste de police...
trempé... Devant moi un homme à cheveux gris, mon banquier,
qui riait, qui pleurait, qui me triturait les phalanges... Il m'ap-
pelait son fils, son orgueil, et moi je cherchais à renouer le fil
de mes idées. Je balbutiais : qu'est-ce que je fais là? « Le
Hareng saur, monologue. »
Puis un jour à l'église, blanche et frissonnante, Elle dit : Oui.
Oh ! ce Oui que j'aurais payé de toutes les brûlures de l'enfer,
c'était elle, elle qui le prononçait; moi j'ai failli faire crouler les
tours de l'Eglise en disant le mien, et mon beau-père pleurait,
pleurait... c'est étonnant ce que peut pleurer un banquier) ;\
éteindre tons les incendies de Paris.
El tout le monde nous regardait, et j'avais une femme, une
femme charmante et ce petit bout de ruban là qui, je l'espère ne
motivera pas d'interpellation a la chambre, et tout ça pour un
monologue... c'est renversant !...
Fausse sorti
Ah oui... j'ai oublié... un détail... la mère de ma femme... oh!
soyez tranquille.... elle était sauvée... il n'y a pas de bonheur
parfait... J'ai une belle mère '.
Le GfatOt : Hr.Ni; GODFROY.
; eu vente chez tous Les libraires et marchands
nusique de France et de l'Etranger, dans les kiosques et les
bibliothèques de gares.
PRINCIPAUX DKP0SITA1RES
LILLE. — Librairie lu-nr-rale, 11 et 13, rue de la Gare.
ROUEN.— Librairie Langlois, 20, rue A. Thiers.
LYON. — Librairies Bernoux et Cumin, Dizain et Richard, Evrard,
Rïeton.
MARSEILLE — Librairies Laffitte frères, Millaud, Pessaillan & C%
Pinet.
BORDEAUX. — Librairies Chaumas, Duthu, Hugues, Chollet.
LE HAVRE. — Librairies Godfroy, Ledey, Bourdignon, Fournier,
Foucber, etc.
NICE. — Librairie Appy, 36, boulevard du Pont-Neuf.
ROANNE — Librairie Brun frères.
NIMES. — Librairie André Catélan, II, rue Thoumayne.
ANGERS.— Librairie Ch. Dor.
EVREUX. — Librairie Eugène Liot.
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BREST. — Librairie Veuve Normand.
BRUXELLES.— Librairie Ch. ISTACE, 9, Montagne aux
Herbes Potagères.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France
// 8 « les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis A H QU ET IL, 7 , Rue û'Ar maillé, à Paris.
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Imprimerie R. GODFROY, 82, Rue Thiers, Le Havre.
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Tous tes Samedis
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^ DIX Centimes
E.-H. MARCELLA
IEZ ZÉLIE!
Scène Comique
CREATEUR
$ï. ^Victor &Ienry} du Théâtre 'Louit, de cBordeaux
PARIS
Librairie SICHLER, 8, Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 9
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
^fy^g^^e ^3*L< $&&* lÊAaibâ &b%< ^
CHEZ ZÉLIE!
Une chao 1ht. — La porte s'ouvre brusquement .
Ouf! j'y suis; trois étages après dîner, c'est pyramidal, mais
avec les ailes de l'amour ! je n'ai fait qu'un bond dans L'escalier,
la porte s'est ouverte et.... me voilà chez Zélie! Zéliel! il me
semble que j'aime déjà son intérieur \ propos, vous ne la
conr. as, hein?.... Non? ah! tant mieux: Eh! bien, figu-
rez-vous une femme capiteuse, voluptueuse, catapultueuse et
tout ce qui se termine en eùse, un ange, un trésor, un coffret
précieux dont je vais être la clef. Ah! tenez, j"en suis fou!...
Avec emphai
Amour, ta perdis Tro
s ttencteilxj .le pourrais bien être le quatrième.
Mais, pardon, je me présente : Vicomte d'Entrecôtes, Anatole
pour les dames, vingt-cinq ans, Parisien par vocation, riche, le
chic et le chèque, auteur qui ne demande qu'à se faire connaître
mais qui a la modestie de la violette, mon emblème ; par dessus
tout bon garçon, aimant tout le monde, la nature, les fleurs, les
petits oiseaux, les petits chevaux, les femmes aussi.... Voilà
pourquoi je suis amoureux fou de Zélie. C'est une histoire :
_urez-vous qu'hier, retour du bois, j'avais laissé mon
phaëton à la Madeleine: j'ascensionnais pédestrement, pro-
saïquement l'asphalte du boulevard, fumant en connaisseur —
mais oui, je m'y connais, un Casadorés très sec, — ils le sont
tous à la Civette. — et regardant s'envoler de mes narines gauche
et dextre les volutes d'une fumée bleuâtre, lorsque soudain l'as-
pect d'un astre nouveau m'enraya dans l'orbite de ma gravita-
tion.... C'était en face l'Américain, une femme suavissime,
Zélie. vous le devinez, arrêtée devant la tente d'un fleuriste,
achetait des violettes; des violettes! mon emblème! O! com-
munauté d'idées ! connexion de deux cœurs qui vont s'embraser!
Fou d'émotion je m'approche galamment, et donnant à ma
voix l'inflexion mélodieuse d'une harpe éolienne : ". Belle incon-
nue, lui dis-je, le parfum de vos blonds cheveux est plus
enivrant que celui de ces fleurs. „
Elle rougit!... ''au public) mais certainement qu'elle a rougi,
vous avez beau rire, j'ai bien vu à travers sa voilette, et puis je
m'y connais, j'ai le flair, oh! un flair! vous savez, c'est de nais-
sance.
Devant le coloris de sa pudeur, un éclair sillonne les replis de
mon cerveau : mais alors, me dis-je, ce n'est pas une vulgaire
cocotte, une simple universelle ! Non, une femme honnête,
mariée peut-être? mon rêve! Alors, passant des banalités à un
transport d'éloquence fiévreuse — 450 centigrades — : « Colombe
azurée, lui dis-je, roucoulez-moi donc l'adresse de votre pigeon-
nier. » « 13, rue de la Lune, au troisième, Madame Zélie »,
gazouilla-t-elle. Une voix! oh ! une voix! Et en s'enfuyant d'un
pas de gazelle, elle laissa échapper une fusée d'un rire cristallin!
(Au public) Certainement, cristallin! je m'y connais, j'ai le
flair! un flair inouï !
Ah! pensai-je, le rire est le commencement du baiser, et
et voilà !
(Respirant fortement) Tiens, mais on ne sent pas précisément
la violette, ici; c'est particulier, ça.... Bah! Zélie va me faire
oublier ça ; je vais l'embrasser sur l'œil gauche, c'est infaillible!
Je la vois déjà : une taille d'une finesse! un buste ! un socle ar-
tistique soutenant deux hémisphères d'ivoire dignes du ciseau
de Praxitèle Vous riez? je vous jure qu'elle est faite au
moule; j'ai bien vu à travers son manteau, et puis je m'y con-
nais, j'ai le flair, un de ces flairs !... je tiens ça de papa?
Mais, per Baccho ! qu'est-ce qu'on sent ici ? des émanations
pharmaceutiques?... Après ça, il y a peut-être un droguiste dans
la maison.... Mais ça m'est égal, je traverserais deux cent cin-
quante pompes inodores pour arriver à Zélie.... Je la vois déjà,
riioulée sous son drap ; je sens sa peau si fine, le velouté d'une
pêche.... Mais certainement, je m'y connais.... Ah ! j'y mordrai
à cette pêche
(Apercevant des bocaux sur une commode). Tiens, Zélie aime
les cornichons, ça me flatte. (Prenant un bocal).... Ciel! un
fœtus! Ah! ça, est-ce qu'elle ferait des collections d'histoire
naturelle?... ou bien.... c'est ça.... un souvenir. Après tout,
qu'est-ce qui n'a pas eu un fœtus dans son existence?... Oui,
mais c'est gênant cet alcoolisé qui nous lorgne; on n'est plus
seul ici.... (Il fourre le bocal dans sa poche). J'aime mieux ça....
(Pause; il chantonne ; apercevant un écriteau et lisant) : « Con-
sultations de midi à trois heures.» Consultations? miséricorde!
mais de quoi?... Ah! j'y suis, une tireuse de cartes ; au fait, je
vais consulter, c'est une idée, je connaîtrai ma ligne de vie....
(Furetant sur la commode). Bon! une note!... aïe!... allons-y
d'un bon mouvement, il faut l'acquitter.... Pourvu qu'elle ne
soit pas trop forte. (Lisant) Tiens, ce n'est pas Zélie qui doit,
je rentre dans mes fonds : « Dû à Madame Zélie 200 francs
pour accouchement laborieux.» Mânes de mes aïeux ! une femme
de l'art! ah! saint Anatole, je suis perdu!... Si elle allait ren-
trer.... Je ne puis pourtant plus consulter.... filons.... Mon par-
sus?... ah ! je l'ai, sauvons-nous, horreur! Si elle allait ren-
trer, tableau!... ^arrêtant brusquement,; très grave . Eh ! bien,
tenez, je m"en doutais, j'ai le flair, un flair étrange ! Oh! ses
veux, quelque chose Je carabiné.) il y avait du carabin dans ses
veux. El ses mains! brrrr!! ses allures, son ne/! j'en ai froid
dans le dos! Une sage-femme! soyons-le plus qu'elle et liions....
S •:.'■ . Un conseil, gratis, vous savez, j'ai le flair.... Si
- rencontre/ une femme, — ça peut arriver, — venez me
consulter : Vicomte d'Entrecôtes, rue Mouffetard — il y a un
QSeur, — je VOUS dirai ce que je pense de votre femme....
et puis plus tard.... bien plus tard, neuf mois après, vous pour-
:11er 13, rue de la Lune, au troisième, consulter Madame
Zelie. femme de l'art ! | // se sauve. )
l e Gérant ; B&tti GODFROY.
PARATION :
Idylle Parisienne, monologue en vers, de Geo Denis-Jean.
s Habit, monologue en prose, de Carolus d'Harri \s.
Entre les Trois, monologue en vers, pour jeune fille, de H.
Tréven.
D korél monologue en prose, de E.-H. Marcei.i.a.
Ringois, poëme patriotique, de Léon-Louis Berthaut.
Les Abonnements au Cri-Cri sont reçus chez :
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MAI. les Libraires de province et de l'étranger qui ont reçu
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*Cy DIX Centimes
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Et chez tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 9
TOUS DROITS RÉSBRYÉS.
CHEZ ZÉLIE!
l'iio chambre à coucher. — (La porte s'ouvre brusquement).
Ouf! j'y suis; trois étages après dîner, c'est pyramidal, mais
avec les ailes de l'amour ! je n'ai fait qu'un bond dans l'escalier,
la porte s'est ouverte et.... me voilà chez Zélie! Zéliel! il me
semble que j'aime déjà son intérieur.... A propos, vous ne la
connaissez pas, hein?.... Non? ah! tant mieux: Eh! bien, figu-
rez-vous une femme capiteuse, voluptueuse, catapultueuse et
tout ce qui se termine en euse, un ange, un trésor, un coflret
précieux dont je vais être la clef. Ah! tenez, j'en suis fou!...
Avec emphase)
Amour, tu perdis Troie!
(Sentencieux) Je pourrais bien être le quatrième.
Mais, pardon, je me présente : Vicomte d'Entrecôtes, Anatole
pour les dames, vingt-cinq ans, Parisien par vocation, riche, le.
chic et le chèque, auteur qui ne demande qu'à se faire connaître
mais qui a la modestie de la violette, mon emblème ; par dessus
tout bon garçon, aimant tout le monde, la nature, les fleurs, les
petits oiseaux, les petits chevaux, les femmes aussi.... Voilà
pourquoi je suis amoureux fou de Zélie. C'est une histoire:
Figurez-vous qu'hier, retour du bois, j'avais laissé mon
phaëton à la Madeleine; j'ascensionnais pédestrement, pro-
saïquement l'asphalte du boulevard, fumant en connaisseur....
mais oui, je m'y connais, un Casadorés très sec, — ils le sont
tous à la Civette, — et regardant s'envoler de mes narines gauche
et dextre les volutes d'une fumée bleuâtre, lorsque soudain l'as-
pect d'un astre nouveau m'enraya dans l'orbite de ma gravita-
tion.... C'était en face l'Américain, une femme suavissime,
Zélie, vous le devinez, arrêtée devant la tente d'un fleuriste,
achetait des violettes; des violettes! mon emblème! O! com-
munauté d'idées ! connexion de deux cœurs qui vont s'embraser I
Fou d'émotion je m'approche galamment, et donnant à ma
voix l'inflexion mélodieuse d'une harpe éolienne : « Belle incon-
nue, lui dis-je, le parfum de vos blonds cheveux est plus
enivrant que celui de ces fleurs. »
Elle rougit!... (au public) mais certainement qu'elle a rougi,
vous avez beau rire, j'ai bien vu à travers sa voilette, et puis je
m'y connais, j'ai le flair, oh! un flair! vous savez, c'est de nais-
sance.
Devant le coloris de sa pudeur, un éclair sillonne les replis de
mon cerveau : mais alors, me dis-je, ce n'est pas une vulgaire
cocotte, une simple universelle ! Non, une femme honnête,
mariée peut-être ? mon rêve ! Alors, passant des banalités à un
transport d'éloquence fiévreuse — 450 centigrades — : «Colombe
azurée, lui dis-je, roucoulez-moi donc l'adresse de votre pigeon-
nier. » « 13, rue de la Lune, au troisième, Madame Zélie »,
gazouilla-t-elle. Une voix! oh ! une voix! Et en s'enfuyant d'un
pas de gazelle, elle laissa échapper une fusée d'un rire cristallin!
(Au public) Certainement, cristallin ! je m'y connais, j'ai le
flair! un flair inouï !
Ah! pensai-je, le rire est le commencement du baiser, et
et voilà !
(Respirant fortement) Tiens, mais on ne sent pas précisément
la violette, ici; c'est particulier, ça.... Bah! Zélie va me faire
oublier ça ; je vais l'embrasser sur l'œil gauche, c'est infaillible!
Je la vois déjà : une taille d'une finesse ! un buste ! un socle ar-
tistique soutenant deux hémisphères d'ivoire dignes du ciseau
de Praxitèle Vous riez? je vous jure qu'elle est faite au
moule; j'ai bien vu à travers son manteau, et puis je m'y con-
nais, j'ai le flair, un de ces flairs !... je tiens ça de papa ?
Mais, per Baccho ! qu'est-ce qu'on sent ici ? des émanations
pharmaceutiques?... Après ça, il y a peut-être un droguiste dans
la maison.... Mais ça m'est égal, je traverserais deux cent cin-
quante pompes inodores pour arriver à Zélie.... Je la vois déjà,
moulée sous son drap ; je sens sa peau si fine, le velouté d'une
pêche.... Mais certainement, je m'y connais.... Ah ! j'y mordrai
à cette pêche
(Apercevant des bocaux sur une commode). Tiens, Zélie aime
les cornichons, ça me flatte. (Prenant un bocal).... Ciel! un
foetus ! Ah ! ça, est-ce qu'elle ferait des collections d'histoire
naturelle?... ou bien.... c'est ça.... un souvenir. Après tout,
qu'est-ce qui n'a pas eu un fœtus dans son existence?... Oui,
mais c'est gênant cet alcoolisé qui nous lorgne ; on n'est plus
seul ici.... (Il fourre le bocal dans sa poche). J'aime mieux ça....
(Pause; il chantonne ; apercevant un écriteau et lisant) : « Con-
sultations de midi à trois heures.» Consultations? miséricorde!
mais de quoi?... Ah! j'y suis, une tireuse de cartes; au fait, je
vais consulter, c'est une idée, je connaîtrai ma ligne de vie....
(Furetant sur la commode). Bon! une note!... aïe!... allons-y
d'un bon mouvement, il faut l'acquitter.... Pourvu qu'elle ne
soit pas trop forte. (Lisant) Tiens, ce n'est pas Zélie qui doit,
je rentre dans mes fonds : « Dû à Madame Zélie 200 francs
pour accouchement laborieux. » Mânes de mes aïeux ! une femme
de l'art! ah! saint Anatole, je suis perdu!... Si elle allait ren-
trer.... Je ne puis pourtant plus consulter.... filons.... Mon par-
dessus?... ah! je l'ai, sauvons-nous, horreur! Si elle allait ren-
trer, tableau!... (S'arretant brusquement ; très grave). Eh! bien,
tenez, je m'en doutais, j'ai le tlair, un flair étrange! Oh! ses
yeux, quelque chose de carabiné ! il y avait du carabin dans ses
veux. Et ses mains! brrrr!! ses allures, son nez! j'en ai froid
dans le dos! Une sage-femme 1 soyons-le plus qu'elle et filons
•:.. . Un conseil, gratis, vous savez, j'ai le flair.... Si
vous rencontrez une femme, — ça peut arriver, — venez me
consulter : Vicomte d'Entrecôtes, rue MoutTetard — il y a un
ascenseur. — je vous dirai ce que je pense de votre femme
et puis plus tard.... bien plus tard, neuf mois après, vous pour-
rez aller 13, rue de la Lune, au troisième, consulter Madame
Zelie. femme de l'art! fil se sauve.)
Le Gîtant : Hanifc CODFROY.
EN PRÉPARATION :
Idylle Parisienne, monologue en vers, de Geo Denis-Jean.
Son Habit, monologue en prose, de Carolus d'Harrens.
Entre les Trois, monologue en vers, pour jeune fille, de H.
Tréven.
Décoré I monologue en prose, de E.-H. Marcella.
Ringois, poëme patriotique, de Léon-Louis Berthaui.
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PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France
» 8 » les Pays de l'Union postale.
MM. les Libraires de province et de l'étranger qui ont reçu
d'office le N° 1 du Cri-Cri, sont instamment priés d'en adresser
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Tous les Samedis
^ DIX Centimes
FERNAND BARTHELEMY
C'EST- LE CHAMPAGNE
QU'EN EST CAUSE
Monologue en Yers
DIT PAR
3t. ^Deroudilhe, du ^lliêâtre français de Bordeaux
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 10
TOUS DROITS RESERVES.
>V* .^* .^*JL 5^C« . ^* .ik-4. :.-k
C'EST LE CHAMPAGNE
QU'EN l:M CAU
.1 Monsieur L. Deroudilhe
Tous les ans. à la Saint-François,
Avec des amis d'autrefois..
Nous allons célébrer ma fête
Dans un restaurant. Sans façons.
On fait un dîner de garçons.
Et ma foi... la noce est complète.
Ce jour-là, ma femme en courroux
Voudrait me voir sous les verroux.
A ma sortie elle s'oppose...
Et sa mère, en gonflant la voix,
Me dit : « Vous savez, bien. François,
» Ce que le Champagne vous cause! »
C'est bien vrai, je ne sais pourquoi,
Le Champagne a raison de moi ; —
Et je devrais ne pas en boire.
Mais une fois l'an, n'est pas trop,
Cela vaut mieux que du sirop.
Et puis..., un peu gai... quelle histoire !...
L'an dernier, je l'étais... pas mal...
Je bus d'un bordeaux sans égal,
Et du Champagne à forte dose.
En sortant, quand je sentis l'air,
Je me dis, n'y voyant plus clair :
C'est le Champagne qu'en est cause !...
Mes amis, tous joyeux lurons
Et qui faisaient les fanfarons,
Proposèrent, sans plus attendre,
D'aller faire un tour à Huilier: ...
Je trouvai cela singulier...
Comme mari... puis comme gendre!...
Enfin j'accepte.... nous partons,
Bientôt au bal nous arrivons,
De m'amuser je me propose;...
Dans un quadrille échevelé,
Je me lance en écervelé...
Le Champagne en était la cause!
Je me démenais follement,
Et je gambadais tellement,
Qu'a la fin. ma blonde danseuse,
Me dit: "Monsieur!... arrêtez-vous!
r on fait cercle autour de nous !...
„ Et je ne suis pas cascadeuse !... //
Bast !... j'avais si bien commencé,
Que dame ! une fois lancé,
A des entrechats je m'expose,
Risquant une aile de pigeon...
Crac !... je vais piquer un plongeon
Dont le Champagne était bien cause !
Malheureusement j'eus le tort,
En tombant, d'écraser le cor
D'un gros monsieur fort irascible,
Qui, me traitant de maladroit,
M'applique en un certain endroit...
Le pied qu'il avait si sensible!...
Je me retourne vivement,
Et regarde cet insolent,
Qui si mal avait pris la chose:
« Eh! Monsieur, lui dis-je soudain,
» Je ne l'ai pas fait à dessein !
» C'est le Champagne qu'en est cause !...
C'était pour moi jour de malheur,
Car mon homme était querelleur.
Sapristi !... le rude adversaire !...
Il frappait, ne ménageant rien,
Nous nous battons tant et si bien,
Qu'on va chercher le commissaire !
Au poste il nous conduit tous deux;
J'étais dans un état piteux;...
Sous l'œil j'avais une ecchymose !...
Je me disais : « Oh ! quel guignon !
» On va me mettre au violon !...
» C'est le Champagne qu'en est cause ! »
Au greffier j'explique mon cas,
Mais bast !... il ne m'écoute pas,
Et griffonne ses paperasses.
Pour soudoyer l'un des gardiens,
J'essayais de tous les moyens,
Mais ils n'étaient pas efficaces.
Heureusement que mes amis
Qui ne s'étaient pas endormis,
Après une heure, au moins de pause,
Vinrent me réclamer en chœur,
Disant au cerbère en fureur :
« C'est le Champagne qu'en est cause !...
Enfin, j'obtiens ma liberté.
Filant avec rapidité,
Je pars sans demander mon reste,
Sans dire bonjour ni bonsoir,
J'attrappe vite le trottoir,
Et me rends chez moi d'un pas leste.
J'arrive, et monte haletant,
J'ouvre la porte en tâtonnant,
Tout est bien calme. — On se repose.
Partout je cherche, il fait si noir....
Je ne trouve pas le bougeoir,
C'est le Champagne qu'en est cause !
Inutile, j'ai beau chercher...
Non '.... je ne puis le dénicher.
Alors, .1 tâtons je me couche,
Ht me faufile près du mur.
Ma femme a le sommeil très dur.
Je prends un baiser sur s;i bouphe.
Aussitôt, un cri retentit !
Puis elle saute en bas du lit !...
Puis elle allume ! !... Apothéose I ! !
Je reconnais belle-maman.
Qui me dit d'un ton menaçant :
si le Champagne qu'en est cause ! !
Je me retire tout penaud
Devant un semblable tableau.
Vite ma chambre je regagne.
Ma femme alors, me dit « Eh bien '....
y, Tu ne me rapportes donc rien ?
„ Pas de gâteaux, ni de Champagne ? //
N'ayant rien, c'était ennuyeux.
Je la console... de mon mieux...
Puis à dormir je me dispose.
Je veux fermer l'œil, pas moyen...
Je me disais, cré nom d'un chien !...
C'est le Champagne qu'en est cause !...
Deux mois après, peut-être trois,
Ma femme un jour me dit « François.
De sa voix si douce et si tendre,
Baissant les yeux d'un air discret.)
« Mon ami.... j'aurais un secret
" A te dire... tu dois comprendre ?
Puis m'embrassant elle ajouta,
" Tu vas bientôt être papa
« D'un joli bébé blanc et rose ! //
Ah !... parfait !... lui dis-je gaiement,
Je sais d'où nous vient cet enfant ; ...
(Test le Champagne qu'en est cause !...
Le Gérant : René G0DFR0Y.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France
// 8 // les Pays de l'Union postale.
Demander chez les Dépositaires <Iu CRI-CRI :
La Pissotière, monologue réaliste, de Sock. — Prix : i franc.
Très grand succès.
Adresser toutes communications concernant (a rédaction
à M. Louis A H QU ET IL, 7, Rue d'ArmaiUè, à Paris.
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%*, Tous les Samedis
^ DIX Centimes
CAROLUS D'HARRANS
SON HABIT
Monologue en Prose
c51/. Tjouis LBuiRE, du Ihéâtre français de Ttouen
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
SON HABIT
.1 l'ami 11 ' pour son Mariage.
Bidoche — Félicien Bidoche... Vous le connaissez? (Test mon
cousin. Mon cousin, comme ^u\ dit à la mode de Bretagne : mais
enfin, nous sommes cousins. Ça tait que, Bidoche se mariant, il
y a huit jours, j'étais de noces. — car il a le culte de la famille.
Cet excellent Bidoche.
Figurez-vous qu'avant ce mariage-là, je ne connaissais Bidoche
ni d'Eve ni d'Adam. 11 y a trois semaines, on frappe à ma porte,
j'ouvre, c'était Bidoche. — « Bonjour, cousin ! // Je lui reponds:
« Bonjour, cousin », par simple politesse. Ça m'intriguait pas
moins qu'on m'appelât cousin comme ça. sans préliminaires.
Entîn. tout s'explique : les Bidoches sont allies, par les femmes,
I ritoiiillard. qui sont parents, au sixième degré, des Callem-
. — d'où resuite que, lui, Félicien Bidoche, et moi, Atha-
nase Callembois, nous sommes cousins à le dixième puissance.
I clair, comme vous voyez. Là dessus, il m'embrasse, je l'em-
brasse, et il m'emmène dîner chez le père Denis, dans la rue
Volta un bon petit restaurant que je vous recommande, — c'esl
trop cher, c'est assez, nature, et on y est bien chez soi.
Au dessert, je vois Bidoche qui se compose un visage. Je
ais qu'il allait porter un toast à la cuisinière. — « (.'est pas
tout ça, me dit-il. je me marie dans quinze jours. — Ah bah !...
... - Bêtise ou pas bêtise, faut une lin et je convolé.
Mais comme j'ai pas de parent célibataire plus rapproché que
toi. Callembi Si toi qui seras mon premier -arçon d'hon-
neur. — Tope là. Bidoche, je suis ton homme ! //
Mais une réflexion me rient : — « Ah! diable! c'est que....
faut-il l'habit ? — L'habit?... parbleu oui. faut l'habit!... Pre-
mier garçon d'honneur, voyons!... Tu n'es pas. j'espère, sans
avoir... — Oui.... non..., oui.... Enfin, tu vas tout savoir...
L'autre jour... un besoin d'argent... // Voilà Bidoche qui part de
rire : — « Suffit! j'ai compris!... l'on sifflet... chez ma tante?...
Mais qu'à cela ne tienne! je te prête mon vieux: i! est encore
pas mal frais. Nous sommes de même taille, il tira comme un
.. Ah ! ne me refuse pas. Athanase. tu me ferais de la peine!
Ht puis, tu sais, je n'y tiens pas. a cet habit. Ainsi, n
comme s'il était a toi... Eh bien, voilà qui est dit!//
Brave Bidoche!... Vous pensez bien que j'acceptai, et il s'en
retourna tout joyeux.
vant- veille de la cérémonie, un commissionnaire m'apporta
l'habit retapé, complètement remis à neuf. Bidoche ne s'était
pas trompé — il m 'allait comme un gant.
La veille, dans la soirée, Bidoche m'arriva, avec sa fiancée, sa
future belle-maman et ma demoiselle d'honneur. Pour plaire a
t^ti préparation :
ces dames, j'enfilai l'habit... Ah ! mes enfants ! un enthousisme !
— du délire !... Bidoche ne se lassait pas de me tourner, de me
retourner, de me faire jouer des bras, arrondir le dos, et il finit
par m'embrasser en me disant : — « Tu seras beau comme un
Napoléon ! »
Je me mettais en devoir de dépasser le chef-d'œuvre et, pré-
cieusement, je l'étalais sur le dossier d'une chaise, quand j'en-
tendis Bidoche qui s'écriait: — «As-tu fini avec tes manières!
C'est-y que t'as peur de l'abîmer, cet habit? Mais, bêta, je t'ai
donc pas dit que je n'y tiens pas ! » Et voilà qu'il prend l'habit,
et houp ! l'envoie au plafond. La belle-mère et sa fille se met-
tent de la partie. L'habit vole, va, vient, monte, retombe, rase
les murs, s'aplatit sur le plancher. Et Bidoche de crier : — « Tu
vois bien que j'y tiens pas, à cet habit ! //
Moi, je restai baba. Qu'auriez-vous fait à ma place ? — Mais
voilà que la demoiselle d'honneur s'élance à son tour: — « Ar-
rêtez donc !... .Mais vous le chiffonnez! vous allez le déchirer! /•
Et elle y mettait de l'ardeur, la demoiselle d'honneur ! Pensez !
l'habit de son garçon d'honneur ! son orgueil, madame ! — sa
chair !
Il finit par lui rester dans les mains... Mais dans quel état!
Eripé, souillé, un pan déchiré, trois boutons arrachés ! — Ah !
farceur de Bidoche ! — Et il riait, le misérable ! Et elles riaient
aussi, la belle-mère et sa fille !... Je n'avais pas envie de rire,
moi. Comment faire avec cette loque pour tout potage ? Mais la
demoiselle d'honneur — un ange, mesdames ! — me dit en rou-
gissant beaucoup : — « Voulez-vous que je l'emporte?... Je vous
le renverrai demain matin, de bonne heure... Il n'y paraîtra
plus, vous verrez.... » — Je l'aurais embrassée, la demoiselle
d'honneur !
A neuf heures, le lendemain, j'arrivai en sapin chez la future.
Toute la noce était là. Bidoche m'attendait sur le seuil. Il était
radieux, Bidoche. Il cria, dès qu'il m'aperçut : — « Ah! le voilà !
Vous allez voir!... N'est-ce pas qu'il lui va bien? On le dirait
taillé pour lui ! >/ — Et toute la noce de s'écrier : — « C'est épa-
tant ! » — Les demoiselles surtout s'extasiaient : — « Adorable !
adorable !... >/ — On m'entourait, on me congratulait; on se
bousculait, tout le monde voulait toucher. Je perdais conte-
nance, je devenais gauche, je rougissais... — Oui, mesdames,
oui ! moi, Athanase Calembois, je rougissais comme une petite
fille. Et Bidoche qui criait : — « N'aie donc pas l'air gêné
comme ça! Fais comme chez toi, Athanase! — Faites comme
chez vous, Monsieur Athanase ! » — répétait toute la noce en
chœur. Mais vous comprenez que plus on criait, plus je me
sentais lâche. — Bidoche me talonnait : — « N'aie donc pas
peur! c'est l'habit qui te gène, parce qu'il n'est pas à toi ? Mais
quand je te dis que j'y tiens pas, à cet habit ! //
Son habit! toujours son habit ! J'aurais voulu le voir au diable,
son habit! Mais j'avais beau vouloir n'y plus penser — il me
pesait aux épaules comme du plomb, son habit!
Je fus sur le point de l'ôter, son habit, et de le lui jeter au
nez en lui disant : — « Tiens, le voilà ton habit ; je n'y tiens pas
plus que toi, à cet habit! » Mais ça aurait fait du scandale, et
j'ai horreur du scandale.
Malgré ça, je sentais qu'il ne me faudrait pas grand chose pour
éclater... Ah! canaille de Bidoche !
RI-GRI-3VOËL.
A la mairie et à l'église, tout se passe bian. Mais, au dîner,
Bidoche revint à la charge. Au moment du gigot, il s'éeria : —
t-il l'air empaillé tout de même, cet animal d'Athanase ! »
— : je reçus dans le dos tout le contenu d'une saucière qu'il
renversa tranquillement en disant : — « Tu vois bien qm
tiens pas. à cet habit ! Seras-tn convaincu, à présent? »
... — " El vous éclatâtes? // allez-vous me dire.... Pas du
tout. J'étais mort. Je restai stupide, voilà t >ut. pendant que
toute La noce se pâmait et que. en bras de chemise, j'attendais le
ir du malheureux sifflet qu» ma demoiselle d'honneur était
allée arroger de benzine.
I étais résigné désormais. Mettez-vous donc un peu à ma place!
\ dix heures, on commença les danses. Je me mis dans un
coin: je sentais trop la ben/ine. Mais au moment où le piano
préludait pour un lancier. Bidoche accourut : — « Tu vas me
faire vis-à-vis. t'es premier garçon d'honneur,. voyons, Athanasc!
un peu plus d'énergie que cela, mon vieux ! bais donc comme
si t'étais dans tes nipes ! » — Je me laissai entraîner. Jusqu'à la
troisième figure, tout alla bien; mais à la troisième, voilà
Bidoche qui me rattrape// — « Athanase ! tu m'embêtes à la fin!
— Félicien... — XV a pas de Félicien ! y a que je t'ai prêté un
habit et que c'est pas une raison pour avoir l'air moule comme
.. Dites donc, hé ! vous autres, ne croirait-on pas qu'il porte
une relique ?... Une relique!... Ah! malheur!... une relique...
çal „ — H m'avait pris par derrière et il tirait, il tirait... Ah !
mesdames, quelle angoisse!
J'essavais de protester : — « Mais, Félicien, de grâce ! — Non,
pas de grâce ! En voilà assez !... Je t'ai dit que j'y tiens pas à cet
habit. Tu n'as pas voulu me croire. Eh bien... voilà !!!... //
II avait tiré plus fort... Oui, mesdames, oui !... et je m'étais
senti dégagé tout à coup.
Je n'avais plus qu'à me sauver — ce que je fis, sous une bordée
de rires, honteux comme le renard de la fable,
Par grand hasard m'étant échappé,
Mais pas franc, car pour gage...
Oui... j'y laissai...
Bidoche est venu me faire des excuses...
Je les ai acceptées.
Le Gérant : René GODFBOY.
POUR PARAITRE PROCHAINEMENT :
Petit Mari, monologue envers, pour jeune fille, par M. Albert
HANT.
MM. les Libraires de province et âe fêtranger qui ont reçu
■ i du Cri-Cri. sont instamment priés d'en adresser
lr >?mntant à M. Godfroy. imprimerie du Cri-Cri. 62, rue T/iiers,
au H aire.
Imprimerie E. GODFBOY, 6t, Hue Thiers, Le Havre.
Tous les Samedis
DIX Centimes
ALBERT TINCHANT
PETIT MARI
Monologue en Vers
DIT PAR
Mlle Jeanne c6hambly, du "Théâtre de la Porte-St- Martin
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 12
TOUS DROITS RESERVES.
PETIT MARI
.1 Mlle Jeanne Chambly.
On m'a présenté Jack dans un bal. La coutume
Cherche de tels endroits pour ces solennités.
Dans ce bombardement de prétendus gantés,
On ne choisit pas l'homme : on épouse un costume.
Pourquoi régler ainsi comme des remontoirs
Des âmes de seize ans aux folles espérances ?
On vous a fiancée avant les contredanses,
Vous n'avez qu'à choisir entre des habits noirs.
Pourtant, s'il est au monde une chose légère,
Délicate, et qui veuille un soin particulier,
N'est-ce pas notre cœur tout près de s'effeuiller
Quand d'enfant l'on devient femme, ou d'épouse mère ?
J'en avais tant subi de fades compliments
Que j'étais contre lui d'avance indisposée.
Bertrie et moi nous jasions, raillant, à la croisée,
Tous ces maris frisés protégés des mamans.
On n'a pas dix-huit ans. sur sa lèvre fleurie
ourire d'enfant qui brave l'avenir,
Sans qu'un essaim de fous s'empressent de venir
Pendre leur silhouette à votre galerie.
Le choix de mes parents s'était porté d'abord
Sur un jeune avocat frais sorti des écoles.
C'était moins un futur qu'un moulin à paroles,
Sceptique insuffisant qu'on disait esprit fort.
Puis, ce fut mon cousin. On a toujours la rage
De bâtir des romans sur cette parenté ;
Quoique Scribe en ait dit. je n'ai jamais été
De celles que ce titre autorise au flirtage.
Nous avions bien grandi cote à côte. Longtemps
Nos jeux furent communs; commune la tristesse.
Mais ce n'était pas lui dont la longue tendresse
Pouvait faire en mon âme éclore le printemps.
Je n'ai jamais compris qu'une amitié si vraie,
Si grave qu'elle soit, se transforme en amour.
Celle-là veut des ans, celui-ci naît d'un jour.
Et la première attire autant que l'autre effraie.
Donc il resta l'ami d'enfance, et l'est encor.
Il eut pour successeur un brillant militaire,
Fort aimable, joli garçon. Pourquoi le taire?
Je m'enthousiasmai des épaulettes d'or.
J'osai lui témoigner certaines bienveillances
Qui le flattèrent fort. La cour marchait bon train ;
La demande était faite, et j'allais sans chagrin
D'un mot légitimer ses chères espérances,
Lorsqu'un jour revenant de promener au bois,
Au seuil d'un grand café, je l'aperçus presque ivre.
Un semblable parti ne se pouvait poursuivre.
Entre nous, j'en pleurai bien fort durant un mois.
Mais l'amour qui sait tout, hormis ce qu'il devine,
Conduisit Jack vers moi quand, lasse d'espérer,
Amoureuse d'un vague idéal désiré,
J'allais offrir mes vœux à sainte Catherine.
Il n'était pas beaucoup mieux qu'un autre. Très blond,
Un regard de rêveur à la fois tendre et ferme.
A ma vue, il resta muet comme un dieu terme
Et les yeux attachés au tapis du salon.
Berthe le trouva sot de ne savoir que dire.
Il perdait contenance à nos moindres propos.
Certes, ce n'était pas un galant bien dispos,
Et pourtant je n'eus pas le courage d'en rire.
Car quelque chose au cœur vaguement m'étreignit.
Je demeurai sans voix comme sortant d'un rêve,
Craignant et souhaitant que l'entretien s'achève :
A vous le confesser, plus confuse que lui.
Il entendit mon trouble et me le fit comprendre.
Sa voix avait chanté dans mes songes souvent.
Un doux organe frais comme un baiser du vent
Aux buissons, par un soir de printemps pur et tendre.
Tout en lui m'agréa. Mes vœux étaient les siens.
Car l'âme a pour la femme une seconde vue.
Je l'adorais après la première entrevue,
L'ayant aimé déjà dans mes rêves anciens.
Or, il est mon petit mari. Faut-il vous dire
Qu'il s'est bien enhardi depuis le premier jour?
Et non que je m'en plaigne, il se montre en amour
Moins timide parfois que je ne le désire.
^^{B^ûâ^^°
ALBERT TINCHANT. ii qui le Ministre de l'Instruction Publique
a accordé dernièrement les palmes d'Académie, esl un poëte de La
bonne école qui a surtout l'horreur des pessimistes, déliquescents
el décadents,qui tourmentent avec tant d'acharnemenl notre langue
lise.
Secrétaire du Chat Noir, aimable accompagnateur de tous les
chanteurs de bonne volonté, Tinchani esl l'âme de ce joyeux cabaret
de Montmartre, célèbre dans Le monde entier.
Deux volumes publiés à un an de distance : Les Sérénités et Les
Fautes, illustrés par les meilleurs artistes, afflrmenl Le talent de
notre ami et collaborateur.
1,10 CHAT NOIR
Arrivé à sa septième année, ce journal n'a cessé d'être un long
éclat de rire. Le gentilhomme Salis de Ohatnoirville-en-Vexin, qui
le délivre pour la modique somme de < 3 sols parisis », a su, dès le
commencement, grouper autour de lui tous les jeunes talents de la
plume, du pinceau et du «rayon. Longue serait la liste île ceux qui,
de là. prenant leur essor, sont maintenant les premiers dans la
République des Belles-Lettres. Le Chat Noir a fait école comme les
Naturalistes et les l lécadents, mais avec beaucoup plus de gaieté et
de bonne humeur.
Alphonse Allais, Le joyeux, conteur de la première page, le poète
Albert Tinchan t. le blond Georges Auriol, Mac-Nab, Mèusy, Rameau,
Lebeau, Fanfare. Masson, Jouy, et tant d'autres, y écrivent tour à
tour.
Steinlen, Gorguet, Fau, Galice, Robida, Rivière, Doës, Godefroy,
Somm, etc., y prodiguent leur esprit en d'amusants croquis, qui
suffiraient à assurer le succès de ce journal unique en ce genre.
En préparation : CRI-CRI-NOËL
Le Gérant : René GODFROY.
Principaux Dépositaires du CRI-CRI 2,0< liste) :
PARIS. — Librairie du Conservatoire, 25, faubourg Poissonnière.
BREST. — Librairie Frey, 52, rue de Siam.
CETTE. — Librairie Kelin, -1, rue Nationale.
BOURGES. — Librairie Clermontel, 12, rue de Paradis.
MARSEILLE. — Librairie Blancart, 17, rue Paradis.
LIMOGES. — Librairie Veuve Barny, 1, place Daupbine.
AVIGNON. — Librairie Roumanille.
NICE. — Librairie Visconti & C,B.
LONS-LE-SAULNIER. — Librairie Bertrand-Rabus.
DIEPPE. — Librairie H u guet, 14, Grande-Rue.
FECAMP. — Librairie Hanse tils, rue Alexandre-Legros.
Demander chez tous les Dépositaires du CRI-CRI :
La Pi "titre, monologue réaliste, par Sock. — Prix : 1 franc.
Depot général : Librairie Sichler, 8, rue du Croissant, Paris.
IM. les Libraire: ince et de l'étranger qui ont t
i t/// Cri-Cri. sont instamment priés d'en adr
xontantà M.Godfroy, imprimerie du Cri-Cri, 6a} rue Th,
au /
Imprim'-rif; GODFROY, 62, Bue Thiers, Le Havre.
Tous tes Samedis
°S^ DIX Centimes
ALBERT BOUFFLET
LE DUEL A MASTAGNA
Monologue en Vers
51/. 31. 'Benoit, du théâtre du cPalais-(îioyal
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che% tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 13
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
LE
DUEL A MASTAGNA
A mon ami Gaston Duvereî,
Je vas ichi vous raconta
Le fameux tour qui m'arriva
Le mois dernier à la Scala,
Tour que, jamais, je n'oubliera!
Donc, un choir, après mon dîna,
— « Bougra ! — que je me dis comirT cha —
Mastagna, il faut t'en alla
Dans un conchert pour t'amuja ! »
La Scala étant acouchta,
D'instinct je me préchipita
Dans chet établichement-là,
Pour entendre Paulus chanta.
A l'orchestre je m'inchtalla,
Mais avant de m'acheoir, Bougra!
Je chentis que je m'accrocha
Quelque part ! Bougri de Fouchtra !
Auchi je fus très étonna
De voir schur ma vechte, Bougra !
La crinière d'un pauvre gas
Suspendue à mon boutonnia !
Ch'était, Bougri ! la perruquia
Que mon bouton avait chipa
Schur la tète d'un garchonnia
Achis devant moi, chalopia !...
J'étais, ma foi. très embêta
De che drôle d'acchident-là,
Et tout douchement, j'essaya
Le postiche de décrocha.
Tandis que je détortilla
Mon bouton, j'entendis, Fouchtra !
Tout le monde qui che moqua
Fn regardant... le dépluma !...
lESxx préparation
Enfin bientôt tout ch'arrangea,
La tignache fut démêla,
Au monchieu je la redonna...
(Étonné) Il la prit chans me remerchia !...
Honteux, che muffla s'echquiva,
Le chilence alors régna,
Et tout le monde s'echtachia
Devant Paulus qui... grimacha !
Content de moi, je me coucha,
Mais le lendemain, chalopia,
Les témoins de mon... galapia
Vinrent pour chercher Mastagna !
— « Ch'est moi ! que je fis comme cha,
Qu'est-che que vous me désira ? »
L'un d'eux auchitôt m'eschpliqua
Que d'un grand duel il s'agicha...
Un duel entre... moi, Mastagna,
Et le bon monchieu dépluma
Que la veille, au choir, j'ava
Fort innochemment décoiffa ! ! !
Je me dis : « Avant d'acchepta,
Mastagna, tu vas conchulta
Tous tes amis les Auvergnats,
Pour savoir... s'il faut refuja ! »
On m'affirma que je deva,
Chans même chourchiller, acchepta
Le duel que l'on me déclara !...
Ah! cha n'était pas gai !... Bougra !...
Deux jours après je m'aligna,
Auchi pimpant qu'un magichtrat,
Car pour lors, j'avais endocha
Ma vechte neuve ! chalopia !
Celle que mon coujin me donna
Il y a... vingt-chinq ans de cha,
Le jour de ma noche, Bougra !
Dedans j'eus du mal à entra.
Chur le terrain, moi, Mastagna,
Je ne bougea, ni ne trembla,
Mais chur plache... je ramacha
De la chueur, sans me remua !
Pour me battre, j'avais, Fouchtra !
Oté ma vechte, chalopia !
Craignant de la voir déchira
Chi, par malheur, j'étais percha !
Puis, ensuite, on nous préjenta
Des épées... longues comme cha !
A combattre je m'apprêta...
E* ï-GRI-]VOEL
Jamais je n'eus si chaud que cha ! (il s'éponge)
Choudain, le muffla me cria :
— « L'un de nous, monchieu, doit resta
Chur le terrain où nous voilà I ^
Et du regard il me toija '....
Mou echprit alors ch'eclaira ;
Vite, ma vechte je rendocha,
Et après, m'étant avancha,
lui ehes tenues je m'eschpliqua :
— « Monchieu ! fis-je au galapia,
Puisqu'ainchi vous Le déjira,
Chur le terrain, vous, reehtera,
Moi. je vous chaîne, et m'en va !...
A totites jambes je m'eiit'uva.
Laichant l'autre tout épata.
Voilà comment clic termina
Mon duel avec le dépluma!... (Fausse sortie)
Ai ! permette/ que Mastagna,
Avant d'quitter la compagna.
Vous avoue che qu'il fit, Bougra !
Pour plus chipa de perruquia :
Eh ! bé ! depuis son duel, Fouchtra !
Les boutonnias il chupprima ;
Il ne che battit plus jama...
Et longtemps encore il vivra !
Le Gérant : René GODFROY.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France
» 8 » les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant ta rédaction
à M. Louis A H QU ET IL, 7, Rue d'Ar maillé, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
I.
MM. les Libraires Je province et de Vâtranger qui ont reçu
d'office le N° i du Cri-Cri, sont instamment pries d'en adresser
le montant à M. Godfroy, imprimerie du Cri-Cri, 62, rue Thiers,
au Havre.
Imprimerie GODFROY, 82, Rue Thiers, Le Havre.
%r. Tous les Samedis
^ DIX Centimes
GEO DENIS-JEAN
IDYLLE PARISIENNE
Monologue en Vers
3l. ^élix GrALlPAUX, du ^Théâtre du ^alais-Tioyal
PARIS
Librairie SICHLER, 8; Rue du Croissant
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 14
TOUS DROITS RESERVES.
^^&^&£^^i
IDYLLE PARISIENNE
.1 Félix Galipaux.
Après la valse, en vous disant
Je ne sais plus quelle fadaise,
Je vous trouvai l'air séduisant
El nie sentis tout rempli d'aise.
Vers minuit, m'étant enhardi,
En vous quittant je vous ai dit :
« Demain, soyez à la fenêtre... ? »
Vous m'avez répondu : « Peut-être. »
Et, ce demain-là, palpitant,
Je suis allé dans votre rue ;
J'y lis, pendant un bon instant,
Pour vos beaux yeux le pied de grue.
— Avant qu'on levât le rideau,
J'eus le temps d'écrire un rondeau ! —
Je demandai : « Vous reverrai-je ?... »
Vous m'avez répondu : « Que sais-je ?. . . »
Mais, je revins le lendemain,
(Je m'entête quand je m'entiche ! )
Et j'attendis — c'est inhumain ! —
Le temps d'écrire un acrostiche !
Alors, je me suis décidé :
J'ai frappé, puis j'ai demandé :
" Ne viendrez-vous pas sur la route? »
Vous m'avez répondu : « J'en doute... »
Ah ! d'honneur! vous m'intéressiez !
Peut-être. . . Que sais-je ?. . . J'en doute. . .
Ainsi, dans mon cœur vous versiez
Du scepticisme — goutte à goutte.
Or, usant d'un beau style, un jour,
Je vous dis : " Quand, ma chère amour,
// A vos rigueurs ferez-vous trêve ?. . . »
Vous m'avez répondu : « J'y rêve... *
Pour le coup, c'était excessif ;
Et, remâchant cette réponse.
Je m'en retournai, tout pensif,
Songeant à part moi : « J'y renonce ! »
Je repassai pourtant, le soir,
Et vous dis : « Allez vous asseoir !
Je suis las de votre système ! »
Vous m'avez répondu : « Je t'aime ! . . . »
Très justement abasourdi
Par cette brusque volte-face,
Tout haletant, je vous ai dit :
« Voyons, que faut-il que je fasse
« Pour vous montrer combien mon cœur
« Subit votre charme vainqueur ?
« Parlez ! que voulez-vous, Thérèse ?. . . »
Vous m'avez répondu : « D'ia braise ! »
MAURICE DE SAVOIE
LE TÉLÉPHONE
Vous croyez que c'est un progrès, le téléphone : Il est joli
le progrès. Figurez-vous que l'autre jour, pendant que je me
rasais... je me rase moi-même; depuis l'histoire de ce per-
ruquier assassin, vous savez, qui avait découpé sa femme avec
le rasoir d'un client : ce malheureux homme, dans un excès de
prudence bien excusable par le temps qui court, avait fait graver
son nom sur la lame : Vous voyez l'histoire d'ici : on arrête le
client, et après les formalités d'usage, c'est-à-dire la prévention,
l'instruction, le jugement et tout le bazar, on lui fait sa petite
affaire, et on vend le rasoir à un amateur, pour six sous. Moi je
suis d'humeur très douce, je n'aime pas à verser le sang: le mien
surtout : alors quand j'ai vu cela, je me suis rasé moi-même.
Voyons, franchement, peut-on m'en vouloir?
J'étais donc en train de me raser; j'avais le visage cou-
vert de mousse parfumée, lorsque la sonnette du téléphone me
fit sursauter — car j'ai le téléphone, chez moi, depuis huit jours...
Une surprise de mon propriétaire — je me précipite sur les acous-
tiques ; une voix de polichinelle me crie (nasillant) «Madame
Follemèche, s'il vous plait..» Bah ! ma femme : qu'est qu'on peut
lui vouloir? Madame Follemèche, c'est bien ma femme, puisque
je suis Monsieur Follemèche . . Onuphre Follemèche.. pour
vous servir, s.i/iunt Naturellement, je réponds «voilà» : Cela
n'avait pas d'inconvénient, ma femme et moi, nous avons la mê-
me voix. Mon interlocuteur reprend (nasillant) : Madame, si
vous-voulez accepter un coeur qui brûle pour vous d'une flamme
irante, lâchez votre imbécile de mari (s* interrompant) Oui !
je me suis laissé dire cela '.... nasillant) lâchez votre imbécile
de mari et partagez mes cinquante mille francs de rente. Rendez-
vous ce soir au Palais Royal, galerie d'Orléans, a sept heures
moins le quart : j'aurai des lunettes bleues et un béret d'Ecossais.
Je donne un coup de poing dans L'appareil, je m'habille,
il était six heures et demie) et je vole au Palais Royal en me
disant : « mais il me semble que je connais cette voix là. »
Enfin j'arrive : Du premier coup d'oeil, je découvre le bé-
ret écossais et les lunettes bleues. Ali ! mes amis! quel coup dans
l'estomac ! C'était mon propriétaire.
Aussi, je vous quitte, car je suis horriblement pressé pour
le moment... je déménage.
Le Gérant : Renk GODFROY.
Lond
Française .1. 1
apton St.. Soho
( .'oventry Street. W.
Charlotte Street, fh/.roy square
fichborne Street.
rande Lihrai:
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France.
/» 8 » les Pays de l'Union postale.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis A H QU ET IL, 7, Rue d' A r maillé, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
CRI-CRI-HOÈL , qui paraîtra le 15 Décembre, contiendra
DIX Monologues inédits de nos meilleurs auteurs.
Le prix de ce Numéro exceptionnel, auquel tous nos abon-
nés auront droit, sera de Vingt-Cinq centimes
MM. les Libraires sont priés d'adresser immédiatement leurs
commandes à M. SICHLER, 8, rue du Croissant, Paris.
'.i braira t ranger qui ont
1 du Cri-Cri, sont instamment pries d'en adre
■t à M.Godfroy, imprimerie du Cri-Cri, 62. rue TJll
Imprimerie GODFROY, 62, Rue Thiers, Le Havre
■% TSa T&
Tous les Samedis
^ô* DIX Centimes
H. TREVEN
VENTRE LES TROIS
Monologue en Vers
^Mademoiselle TtoLLY, du Ihéâtre ^Dèjazefa
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che% tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 16
TOUS DROITS RESERVES.
ENTRE LES TROIS
Je suis on ne peut plus perplexe,
Il me faut choisir un mari ,
C'est l'usage dans notre sexe
Quand dix-huit printemps l'ont fleuri.
Mes parents m'ont dit : ma mignonne,
Nous songeons à te marier,
Nous ne t'imposerons personne ;
Choisis, sans te faire prier.
Choisir! Cela paraît commode,
Mais on ne prend pas un époux
Comme le costume à la mode
Pour en changer suivant ses goûts.
Va mari ! (Test que cela dure
Autant et plus que vous parfois.
On n'en use, la chose est sûre
Souvent qu'un seul, au plus deux... trois.
Voyons, si d'abord, pour bien faire,
Ce moyen me paraît très-sûr
Je parcourais toute la terre
Pour trouver mon futur... futur
Mais ce moyen que nie conseille
Mon cerveau semble par trop fou,
Ce sera long: je serai vieille
Quand j'aurai fureté partout.
Non, laissons la le grand voyage
Et ne prenons pas tant de soin ;
Je ne voudrais pas d'un sauvage,
Alors pourquoi chercher si loin.
Pas de nègre, pas de peau-rouge,
D'Esquimau ni de Japonais.
Est-il utile que je bon.
les autres je les connais.
Ils se divisent en trois classes
Suivant leurs cheveux ou leurs teints,
Les blonds, blonds dorés, blonds filasses,
Puis les bruns, enfin les châtains.
Il est bien d'autres différences,
Je le sais, des petits, des grands...
Ce ne sont là que des nuances,
Mais j'y songe, chez mes parents,
Fort bien reçus dans la famille,
Trois jeunes gens, châtain, brun, blond
Viennent et me trouvent gentille.
Le voyage sera moins long
Puisque, sans sortir de ma sphère,
J'ai là, résumé sous ma main,
Dans trois types cherchant à plaire
Tous les maris du genre humain.
Le blond est très-bien, sa moustache
A des reflets d'or, ses yeux bleus
Ont un doux regard qui s'attache
Sur le mien d'un air langoureux.
Le brun est aussi fort bel homme,
Le teint chaud, l'oeil étincelant.
Je suis très-indécise en somme,
Et puis ce brun est très-galant.
Quant au troisième, j'imagine
Que vous êtes de mon avis.
Le châtain n'a pas grande mine,
C'est un type trop indécis.
Donc, laissons le châtain, c'est une
Difficulté de moins sur trois.
Blond et brun ont de la fortune
Et sur ma main les mêmes droits....
Et le voilà qui recommence
Mon embarras familier.
Le blond dit si bien la romance,
Le brun a l'air si cavalier.
Cherchons... le divorce qu'on prône
Peut me les donner tous les deux,
Après le noir j'aurai le jaune....
Non, divorcer est hasardeux !
Oh '. quelle idée extravagante^
Oui. c'est lui l'idéal rê\ <.-.
Plus d'hésitation gênante,
Enfin '. enfin '. je l'ai trouvé.
\\>ib vous demandez : lequel est-ce ?
Mais e'esl tout simplement, messieurs,
l.e châtain que mon choix délaisse
Et qui trouve grâce à mes yeux.
Car le châtain passe, mesdames.
Au grand soleil presque pour blond ;
Le soir son œil s'emplit de Qammes
Et sous le lustre du salon
Au brun fortement il ressemble,
Puis, il est timide en son feu ;
Va c'est gentil, que vous en semble ?
Un homme qui rougit un peu.
Je le choisis donc, de la sorte
Mon bonheur sera des plus grands,
Puisque celui qui me l'apporte
Vaut à lui seul trois prétendants.
Le Gérant : René GODFROY
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis ANQUETIL, 7, Rue d' A r maillé, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
MM. les Libraires Je province et de l'étranger qui ont reçu
d'office le N° i du Cri-Cri, sont instamment priés d'en adresser
le montant à M. Godfroy, imprimerie du Cri-Cri, 62, rue Thiers,
au Havre.
PRIME DU " CRI-CRI "
t .a Forêt de Fontainebleau.
12 Splenrlides Photo-Gravures
(Reproductions des fusains d'Allong
Renfermées dans un car/",/, avec titre doré
Valeur réelle fr. 50
Fran itre mandat-poste de fr. 30 adressé à M. Godfroy,
imprimerie «lu CrvA ri. 62, rue Thiers, au Havre.
Imprimerie GODFROY, 62, Rue Thiers, Le Havre
-&&&
Tous les Samedis
1^ DIX Centimes
ALBERT TINCHANT
LE LIMIER DES FAMILLES
Monologue en Vers
DIT PAR
cflf. cCoqufll\ ^adetj de la côomédie française
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 17
TOUS DROITS RESERVES.
LE LIMIER DES FAMILLES
Un boudoir.— Au milieu, une table, des fleura el dea livres.
Sur la droite, an cbiflbnuier d'ébène.
IN JEUN] HOMME
Vous ne devinez pas pourquoi je suis ici ? —
Bien simple ! — Et tout d'abord veuillez noter ceci :
Quelques détails sur moi pour lier connaissance.
J'ai vingt ans... un physique avantageux... je pense,
Et. comme feu papa, l'horreur du conjungo.
Pour le moral, je suis fils de ma mère. Ergo,
D'un caractère assez léger. Dans ma jeunesse,
Je n'ai guère connu l'attrait d'une caresse.
>l..n doux auteur changeait de femmes, tous les mois
i j'eus des mamans à revendre; et je crois
Qu'aucune d'elles n'a droit à ma gratitude.
De bonne heure, j'appris à détester l'étude,
Et j'ai fait dans le monde un peu chaque métier :
Employé de commerce, apprenti charcutier,
Bureaucrate, soldat, dramaturge en disgrâce,
Grand comique, trombone, acteur. — Je vous fais grâce
De cent autres emplois où le sort m'a jeté.
Et j'échouais toujours... Mais je suis entêté.
Je rêvais la fortune immense, — le Champagne,
Soupers fins chez Brébant, chalet à la campagne, —
Ces mille petits riens qui coûtent plus qu'un tout, —
L'argent dans les tiroirs et le crédit partout, —
Et de me voir régner, sans péril et sans risques,
Sur un sérail choisi de jeunes odalisques.
Tricoche et Cacolet m'ont dessillé les veux.
J'ai compris qu'un garçon, flâneur, insidieux,
Pouvait, comme eux, prétendre à des rentes gentilles.
C'est pourquoi je me fis le limier des familles.
Sur sa femme un mari nourrit-il un soupçon ?
Le limier part en chasse, et flaire la maison
Où le couple adultère abrite son nid rose.
Quelque fils de maison, pour la petite Chose,
Fait des dettes? Je rends l'enfant a son foyer.
Un semblable service est toujours bien payé,
Et l'on bénéficie, en outre, du mystère.
Ici, je suis venu chercher un adultère.
Une drôle d'histoire. Hier soir, j'étais chez moi,
Soupant en téte-à-téte avec Adèle. Un roi
Ne saurait posséder plus charmante maîtresse.
Victime d'un époux indigne de tendresse,
Elle s'est dans mes bras jetée éperdument,
Et la belle jamais ne prendra d'autre amant.
Donc nous jasions d'amour, effeuillant des caresses,
Moi couvrant de baisers l'or de ses blondes tresses,
Elle pressant ma main dans les siennes. Soudain
On sonne. J'hésitais à répondre. Drelin !
Drelin ! Je fais sortir ma mignonne effarée
Et j'ouvre... Un gros monsieur très laid fait son entrée.
Il me dit qu'on le trompe, et que c'est en ces lieux
Que sa femme a donné des rendez-vous nombreux.
J'ai, par une soubrette habilement séduite,
Obtenu ce trousseau de clefs ; je veux de suite
Découvrir quelque preuve à produire au procès.
Donc, à moins d'un hasard, je réponds du succès.
Le mari s'absentant rarement, je présume
Que le couple illicite a dû prendre la plume ;
Et des lettres d'amour ne s'égarent jamais
Que pour tomber aux mains du mari.
Désormais
Je cesserai d'écrire à ma charmante idole.
L'écrit reste, tandis que le discours s'envole.
(Il ouvre les tiroirs de la table.)
Un tiroir vide... Un autre... Un autre... Maladroit !
Une femme n'a pas pour cachette un endroit
Où le premier venu puisse atteindre sans peine.
... Et pourtant... M'y voici... Ce chiffonnier d'ébène
A des airs de mystère à ne pas s'y tromper.
(Il essaie deux ou trois clefs, trouve celle du meuble,
l'ouvre, et en retire un paquet.)
Ah ! ce petit paquet si bien enveloppé
Auquel une main blanche a noué ce fil rose,
Ce paquet de papiers veut dire quelque chose.
Ma foi ! discrétion sied mal à mon métier,
Et l'on ne gagne rien à rester à moitié
De la besogne. — Ouvrons. — La vilaine écriture !
(Il prend une lettre.)
Déchiffrons le billet pour voir si d'aventure
On y pourrait trouver des détails précieux.
(Il lit.)
« Madame, c'est un fou, — car c'est un amoureux, —
» C'est un pauvre insensé qui vous écrit ces lignes !
» Vous avez dû choisir, parmi d'autres plus dignes,
» Le bienheureux mortel qui trouble votre cœur ! »
(Posant la lettre.)
Peste ! Ce n'est pas là style d'amant vainqueur ;
Mais bien de soupirant à son premier chapitre.
(Il prend F a utre lettre.)
Voyons l'autre.
(Il lit.)
« Ma chère Adèle... »
(S' interrompant. )
Le bélître !
Est-ce que?... Mais je perds la tète... Je sais bien
Qu'Adèle n'a point goût à me tromper en rien.
/.' reprend sa lectnn
'.:. chère Adèle, au jour où tu daignas, perfide!
>/ Sur mes lèvres en feu poser t;i bouche avide,
» J'avais cru que c'étail pour la vie. B1 déjà
// Je n'ai plus que ton corps, et ton âme s'en va
» Chercher d'autres amours. Prends garde] »
, // repose la lettre. I
L'écriture
Brusque comme le style. On touche à la rupture.
sont là documents de valeur... Est-ce tout?
fouille dans le metlblt ,
Qu'aperçois-je ? Un album à portraits!
// /«• prend.
Pour le coup,
Je crois que le hasard m'est propice.
// regarde un portrait, lit au do
" A ma chère i
Idole!
Il examine. J
Un officier. — Pas mal ! mine guerrière.
// regarde un deuxième portrait.)
Numéro deux! l'n jeune imberbe au front rêveur,
Parfume de jeunesse, et le printemps au cœur.
regarde un troisième portrait.)
Numéro trois!!! l'n vieux. — Quelque banquier tout chauve.
Pristi ! Quel choix complet d'amants dans cette alcôve !
11 parait que la dame avait le cœur léger
Et de saintes horreurs pour la fleur d'oranger.
// regarde un autre portrait.)
Le dernier! Qu'ai-je vu?... C'est moi ! Dieu, l'infidèle !
L'Adèle de ces trois messieurs... c'est mon Adèle!
" Cherche et tu trouveras, » a dit le Christ. Ma foi,
On n'est jamais si bien desservi que par soi.
Mais j'en saurai tirer vengeance. La traîtresse!
Ayez donc une seule, une unique maîtresse
Pour que votre portrait soit placé le dernier
Derrière un lycéen, un soldat, un banquier.
Je m'enorgueillissais de ma bonne fortune !
Mais l'infâme saura ce que peut ma rancune,
Ht je vais de ce pas révéler à l'époux
Tous ces coups de canif dans le contrat...
I // reflet hit. I
Tout doux !
A bien penser, c'est là démarche téméraire,
11 ponrrait m'en coûter de poursuivre l'affaire.
Pourquoi suis-je venu chercher ce deuil ici?
Bah ! si je suis trompé, d'autres le sont aussi !
Hésitant.)
Dois-je oublier ce rêve?... Adèle est si gentille!
ment, en montrant l'album. >
Ma foi. que le mari se débrouille... en famille!
Le Gérant . Ri. m'. GOUFBOY.
Imprimerie GOOFBOY, 82, Rue Thiers, Le Harre
777^,9 tes Samedis
\VB
^t^ DIX Centimes
/^
NARCISSE LEBEAU
DEUIL DE COULEUR
Monologue en Prose
DIT PAR
31. ^AZj du G-ymnase.
PARIS
Librairie SI.CHLER, ■8Î Rue du Croissant
Et che\ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 18
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
DEUIL DE COULEUR
.1 Albert Tinchant,
Charmante fille, bonne pâte, comme on dit, qui n'aurait pas
fait de mal à une sangsue, niais ne possédanl qu'une notion très-
approximative des pins élémentaires convenances
Ht pourtant, il n'y a guère que les convenances pour rendre la
vie supportable. Figurez-vous l'humanité sans convenances, ce
serait désastreux !
L'hiver dernier, son amant — un gamin de lettres — s'était
attelé à une grande machine en cinq volumes qui devait, disait-
il. les faire riches comme Crépih.
Depuis six grands mois, ni l'un ni l'antre n'avaient mis le pied
dehors, réalisant des économies, attendant pour sortir, la fin de
l'indigeste labeur
Elle tachait de le seconder de son mieux. A mesure qu'il noir-
cissait du papier, elle reprenait les feuillets un à un, les séchait
issait des accents et de la ponctuation là où le besoin s en
faisait le plus impérieusement sentir. Elle avait une certaine
instruction, ayant été jadis la maitresse d'un employé aux contri-
butions.
De temps à autre, il interrompait sa besogne, levait la tête et
brandissait triomphalement sa plume.
— Sais-tu pourquoi je travaille comme M. Gerville-Réache ?
sais-tu pourquoi je veux rouler sur l'or ?
— Non.
— Eh 1 bien, tout simplement, pour — au printemps pro-
chain — te promener par la ville avec ta robe rose.... tu sais,
ta robe rose ?
— Oui.... je sais... ma robe rose., répondait-elle en souriant.
Tiens, tu m'y fais penser, je vais y ajouter un volant.
— Oui, pour te promener avec ta robe rose, reprenait-il, ta
belle robe rose qui fait loucher mes parents !
A l'idée de faire loucher ses parents, le charmant garçon se
tordait, se tordait, tel un jeune baleineau, pendant un combat
naval.
Puis il reprenait sa besogne, ragaillardi, en murmurant :
— C'est entendu, aussitôt mon bouquin fini, la première fois
que nous sortirons ensemble, tu mettras ta robe rose ?
— C'est entendu !
Or. il arriva ce cpii arrive quelquefois aux présomptueux qui
entreprennent de grandes machines en cinq volumes. Il mourut
d'épuisement en mettant la dernière main à une phrase de soi-
xante huit lignes sur laquelle il comptait beaucoup. C'était vers
le terme d'Avril, la nature et les propriétaires étaient en fête
Elle eut beaucoup de chagrin et pleura toutes les larmes de
son pauvre petit corps. C'était donc cela, la sortie qu'il lui
avait promise !
Le jour de l'enterrement — au grand scandale de la popula-
tion — on la vit suivre le convoi, vêtue de sa robe rose, coiffée
d'une capote rose, fleurie de roses plus roses que nature.
La jupe écourtée, laissait voir les bas rose-tendre, ainsi que
les souliers à bouffettes de même nuance.
Pendant la durée du service, on remarqua beaucoup cette toi-
lette, un peu gaie pour un enterrement.
Elle, pleurait toujours, sans souci des commentaires.
La seule concession qu'elle fit, au moment où l'on traversait
le Mail, fut d'ouvrir une ombrelle verte.
Comme cette histoire se passait dans un très petit centre, elle
dut renoncer par la suite à se placer comme n'importe quoi dans
une famille bourgeoise.
De plus, il lui fut impossible de se marier, et la pauvre enfant
se vit obligée de rester, jusqu'à sa mort, demoiselle comme
devant.
Le plus ennuyeux, là-dedans, c'est qu'elle n'avait pas du tout
la vocation.
FANFARE
PHILO
A l'ami E. D'Orllauges.
Elle s'appelait Philomène avec un nom propre très-bizarre
qu'elle tenait de ses pères et de sa mère qui habitaient la Bre-
tagne.
Pour nous c'était Philo tout simplement.
Moi et puis cinq de mes amis, mais surtout moi, nous la trou-
vions très-gentille Philo, et le fait est qu'avec son petit nez
retroussé comme par une chiquenaude d'un sculpteur en go-
guette, elle avait fait une rude impression sur mon âme candide
d'étudiant en théologie.
Je ne lui cachai pas que ses occupations journalières (femme
de brasserie) la conduiraient probablement à la perte de ses
illusions et peut-être à celle de sa virginité.
Elle esquissa un geste si drôle que je n'insistai pas Ça ressem-
blait beaucoup à : «Tiens, monte là-dessus, tu verras Montmartre.;/
Nous restâmes bons amis pendant longtemps parce que j'avais
le bon goût de ne jamais m'informer de la couleur des cheveux
de ses amants. Ce que j'en ai pris de ces tomates, à sa brasserie !
(La tomate en style boulevardier et même en style boulevar-
dier-extérieur est une absinthe à la grenadine).
A quelque temps de là, Philo fit connaissance d'un Moldo- Va-
laque, qui fut pris d'un fort béguin pour elle.
Moi je m'effaçai un peu devant ce grand diable, tout noir,
qui avait du poil jusque dans le nez et puis je suis toujours
très-poli avec les étrangers de peur d'amener une conflagration
universelle.
Ils se collèrent, c'était, il m'en souvient, à peu près à l'époque
où le général Boulanger ordonna le port de la barbe dans l'ar-
mée.
Le soir, j'achetai la Revue des DcuX-Mondcs et j'en fis couper
les feuillets à mon concierge, un homme qui a fait ses huma-
nités. ,
Sur ces entrefaites je lâchai la théologie pour la Paléonto-
logie et je ne revis Philo que très-rarement. J'en ai VU bien
d'autres femmes de brasserie mais ce n'était plus cela, tontes
saoules à minuit moins le quart.
11 v a huit jours, je prenais une absinthe suisse à la terrasse
du Madrid je ne prends plus de tomates parce qui' ça me donne
des borborygmes . quand je vis venirà moi Philo, avec des mu-
guets à son' chapeau et une serviette sous le bras.
Tu sais, mon petit, que je vais entrer dans les Postes et
graphes.
— • Allons-donc.
Mais oui, Dimitri le nom de son Valaque ma fait pren-
dre des leçons de français et je vais passer bientôt mon examen.
"Tes pères et ta mère seront bien contents.
Certes. Dis-donc, toi qui es bachelier, faut-il deux / à
collidor ?
CHARLES PICARD
AU LION DE BELFORT
Cette corde est usée.
(Un j
Puisque ni sang, ni nerf, ni fibre
Ne bout, ne frémit ni ne vibre
Au seul nom d'Alsace ou de Rhin
Redits par la corde d'airain;
Puisque cette corde brisée
N'excite plus que la risée,
Rentre tes griffes, ô Lion,
Couvre tes yeux de ta crinière
Et dors sur ton socle de pierre!
Que l'Alsace, sous le bâillon.
Se débatte et meure étouffée !...
Sa plainte sourde, par bouffi
Mêlée aux vents, mêlée aux Ilots,
Passant les monts, passant la plaine,
— Chanson monotone et lointaine —
Te bercera dans ton repos!...
Le Gérant : Rmi OODFBOV
MM. les Libraires de province et de l'étranger qui ont reçu
d'office le N° i du Cri-Cri. sont instamment priés d'en adresser
le montant à M. Godfroy, imprimerie du Cri-Cri, 62, rue Tliiers,
au Havre.
Imprimerie GODFROY, 62, Rue Thiers, Le Havre
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.^-"c'Ih/ BJSSSSfe,
Tous (es Samedis
Q^^ DIX Centimes
NARCISSE LEBEAU
CADEAUX DE NOCES
Monologue en Prose
3Î. ^oquelin c&adet, de la Comédie 'Française
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 19
TOUS DROITS RESERVES.
fiSïfêfi
ïiïli8&îî£toïï-4®4
:CMJT
[cy^^*C'-5vi>c'^v
CADEAUX DE NOCES
.1 Georges Auriol.
Il existe en France et dans certaines campagnes environnantes
une institution fallacieuse et quasi-démodée, connue sous le nom
de mariage.
Le mariage est L'échange de deux monosyllabes et le contact
de deux capitaux, a dit Chamfort. un journaliste qui avait du
nez.
Quand un père vous donne sa fille, la plus élémentaire pudeur
lui commande de vous offrir, comme dédommagement, une
somme d'argent que les notaires appellent dot.
Il est également d'usage que les parents et amis de la famille
apportent leur tribut au jeune ménage, sous forme d'objets dis-
parates mais tirant l'œil, dits cadeaux de noces, rapport à la cir-
constance.
C'est contre la futilité, la niaiserie des cadeaux de noces que
je veux m'élever.
Que donne-t-on généralement aux époux en fait de cadeaux de
noces? Des bibelots, des cachemires, du ruolz, des parures, des
bijoux, toutes choses flattant la vanité des donateurs, des bêtises,
quoi !
Personne ne songe à les gratifier des objets de première né-
cessité, des choses urgentes; pas un ne pense à leur offrir des
clous, par exemple!
Soyez sincères. Avez-vous vu quelquefois offrir des clous aux
nouveaux mariés, le jour de leur noce?
Avez-vous jamais entendu un père prévoyant dire à celui qui
lui ravissait sa fille, au moment douloureux de la séparation :
— Mon gendre, voici une boîte à compartiments. Vous trou-
verez dedans des clous.- une- paire de tenailles et un marteau....
Tachez de rendre Ernestine heureuse.
\*->n, n'est-ce pas? Et c'est ici qu'apparaît le peu de sens pra-
tique du peuple léger et vain que nous sommes.
En effet, le premier soin de deux êtres, une fois liés par le sa-
crement, est de chercher un appartement, un nid, avec gaz et
robinet sur la pierre d'évier.
L'appartement trouvé, il s'agit d'emménager.
Alors le besoin des clous commence à se faire sentir.
Ont-ils des tableaux? il devient urgent de les accrocher à la
muraille.
Le plus joli Claude Monet perd les 13/15 de ses qualités de
lumière quand on le laisse dans le fond d'une malle.
■ mment les accrocher, vos tableaux, si vous n'avez pas de
clous?
Si. par malheur, le portrait de votre beau-père se trouve dans
les peintures que vous possédez, votre situation à vous, époux,
est tout à fait critique.
— Comment, Alfred, vous n'avez pas encore pendu papa ?
— Je vais te dire, ma chère amie, je n'ai pas de clous.
— Monstre ! Je savais bien que papa vous avait toujours été
antipathique !
— Je vous répète, Clémentine, qu'il n'y a pas de ma faute ; si
j'avais un clou seulement....
— Pas de clous ! pas de clous ! sanglote votre épouse ; ah ! vous
ne disiez pas cela avant notre mariage ! !
Le soir, belle-maman, de son regard de lynx, remarque les
yeux rouges de sa fille et la scie recommence :
— On dirait que tu as pleuré, Clémentine. Pourquoi?
— Demande à Alfred, maman.
— Comment, c'est lui ? Et vous osez venir dîner à la maison,
le jour où vous avez battu n^tre fille !
Impatienté, vous essayez de vous expliquer :
— Mais non, je ne l'ai pas battue; voilà l'affaire : je n'avais
pas de clous
Rarement cette simple raison suffit à calmer la famille. Au
contraire. Votre femme, poussée par ses parents, introduit une
demande en divorce. A l'audience, l'avocat de la partie adverse
vous trahie dans la boue : « Oui, messieurs, larmoye-t-il, après
deux mois de mariage, ce misérable lui refusait des clous ! C'est
fini, vous êtes déshonoré ! Vous n'avez plus qu'à prendre un parti
extrême : vous retirer à la Grande-Chartreuse, ou vous porter
pour la députation.
Deux sous de clous achetés en temps opportun conjuraient ce
malheur. Si l'on se doutait de l'importance qu'ont les clous, les
quincailliers ne les délivreraient que sur ordonnance.
Maintenant que j'ai fait toucher du doigt, aux plus incrédules,
la nécessité de posséder des clous dans un jeune ménage, je veux
mettre le comble à ma complaisance en indiquant la manière de
s'en servir.
Prenez d'abord le clou par le milieu, c'est-à-dire à égale dis-
tance de la tète et de la pointe.
La tète est l'extrémité aplatie, et la pointe l'extrémité affilée.
Se bien pénétrer de cette nuance, car le clou entre difficile-
ment quand on tente de l'enfoncer à rebours.
Appliquez donc la pointe du .clou contre le mur. A l'aide d'un
marteau, assénez quelques coups bien d'aplomb sur la tête : le
clou s'enfonce de lui-même.
Quelquefois aussi il tombe de lui-même. C"est que vous avez
eu l'imprudence de l'enfoncer dans une cloison en plâtre.
Alors vous cherchez une autre cloison qui ne soit pas en plâtre.
Dans certains appartements, toutes les cloisons sont en plâtre.
Alors vous cherchez un autre appartement.
Il faudrait que vous fussiez bien déveinard pour que vers le
cinquième ou sixième immeuble, vous ne trouviez pas à enfon-
cer votre clou.
Le maniement du marteau n'offre rien de particulier.
Pourtant, dans les commencements, on se tape fréquemment
sur les doigts ; dans les commencements seulement, parce que
bientôt, l'expérience aidant, on en arrive à faire tenir le clou par
sa petite femme.
On peut dès lors y aller carrément en chantant le Père la Vic-
time.
Voilà, en quelques mots, une méthode simple et pratique qui
permettra d'enfoncer les clous dans la perfection, au bout de
Jeux OU trois séances. Des empiriques préconiseront d'autres
movens peut-être plus expeditifs : je doute qu'ils obtiennent les
mêmes resul;
Je termine cet aperçu en prémunissant le public contre l.i
mauvaise qualité de certains clous assez répandus dans le com-
merce parisien.
Dernièrement, j'entre chez un quincaillier et je demande des
petits clous pour fixer des adresses sur une malle.
1 e commis m'enveloppe quelque chose dans du papier et me
dit :
— Ça fera votre affaire, c est de la semence.
le réfléchis : 11 dit que c'est de la semence, nous allons bien
voir!
Et j'ai plante mes clous dans un coin de jardinet que je pos-
sède à cote de la Grenouillère.
Eh bien ! le commis m'avait trompé, ils n'ont pas levé.
Pour être impartial, il faut ajouter que nous avons eu un été
ptionnel. Tous les cultivateurs que j'ai interrogés à ce sujet
m'ont affirmé que. cette année, rien n'avait réussi, rien de rien.
Le Gérant : René GODFROY.
PRi; >NNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France.
» 8 » les Pays de l'Union postale.
chez tous ks Libraires. Marchands
et de Musique de France, de Belgique, de Suiss
t dans t.
Pour satisfaire aux demandes qui affluent de toutes parts,
l'Administration vient de procéder à un nouveau tirage de
Cri-Cri-Noël.
Nous rappelons que ce Numéro exceptionnel comprend 15
Monologues ou Poésies de MM. Alphonse Allais, Marcel Bailliot,
J. Barthélémy. Henri Brière, Geo Denis-Jean, Henry de Braisne,
Laurent des Aulnes, Albert Fox, M. Faust, E.-H. Marcella, Raoul
Oger. Charles Picard, H. Tréven, etc., et qu'il est vendu 25 cen-
times.
Le N° 20 du Cri-Cri se composera de :
M m Salon, Monologue en prose, de Fanfark.
Balayeurs, Fantaisie en vers, de Albert Fox, avec illustrations
;.ix.
//// ont
l'en adr
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Imj.rim'-rie GODFROY, W, Rue Thiers, Le Havre.
rfpmm^
6" ■-. ^i.. .. .. -. •— .
7iw.ç tes Samedis
\vb
- \Q^ DIX Centimes
MARCEL BAILLIOT (FANFARE)
MON SALON
Monologue en Prose
DIT PAR
31. Nerval, du théâtre du cParcJ de 'Bruxelles,
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 20
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
><*_o <*-'"> Mo Mo Mo Mo Mo Mo m_o Mo Mo Mo M^
jT^n jT^ jTt^s jT^s jT^s >
MON SALON
Monoi ogui Purgatif
.1 ///"// ami Arvid Johansen.
Tel que vous me connaissez avec mon air timide je suis peut-
être le type le plus difficile a épater île tout l'Angoumois, et
même du Rerrv. Si M. Eiffel a construit une tour qui s'élève
insolemment dans les airs c'est évidemment un peu pour m'épa-
ter. mais ça n'a pas réussi. Je me souviens trop de la tour de Ba-
.1: n'a servi qu'a la confusion des langues, un bien doux
temps d'ailleurs, surtout avec une jolie femme.
Dans un autre ordre d'idées, Y. Hugo, le grand poète, avec son
front olympien et ses rimes clangorantes, ne m'a jamais épaté.
• en somme une affaire d'éducation; quand on vous prend
tout petit et qu*on vous disloque l'esprit, plus tard, on arrive à
faire de véritables sauts périlleux avec la césure et des clowne-
ries remarquables avec les assonances.
Donc, je le répète, bien peu de gens m'ont épate de Pîthi-
viers . Pourtant je dois avouer qu'une chose m'étonne légère-
ment, c'est le nombre considérable d'uuvres picturales qui sont
chaque année envoyées au Salon. Statistique effrayante. Tout le
monde fait de la peinture depuis la petite aquarelle des jeunes
filles jusqu'aux morceaux sérieux des peintres en renom.
le ne vais pas à ce propos recommencer l'éternelle question
de savoir si la peinture à l'huile est plus difficile que la peinture
à l'eau et si la peinture à l'eau est plus belle que la peinture a
l'huile. Adhuc sub judice //s est.
Je constate simplement que le nombre des toiles exposées va
toujours en croissant.
Je ne pense pas d'ailleurs, malgré votre fichu caractère, que
vous ayez envie de me contredire. Chiffres en main je vous mon-
trerais que vous avez tort.
Alors je me suis dit un jour : Pourquoi ne prendrai-je pas
aussi un pinceau? Il y a tant de barbouilleurs qui arrivent à en
imposer au public avec leurs croûtes multicolores. Mes connais-
sances en esthétique ne sont pas très-grandes mais avec un peu
de travail on arrive toujours.
Mon premier tableau n'eût aucun succès. C'était Vouverturc
du porc, d'après des croquis pris sur nature morte à l'étalage des
bouchers. Pourtant je dois dire qu'il fut reçu à l'Exposition des
arts Incohérents du Havre en ixx-y.
Travailleuracharné, chercheur épris de l'art, je me mis de nou-
veau à l'ouvrage sans me décourager.
Le second envoi fut fait en avril [888 : une grande toile tres-
léchée qui m'était commandée par un pharmacien de la \ "dette
avec cette légende que je crus spirituelle :
— Allez-vous à la selle ?
— Non, monsieur le major, je suis dans l'infanterie.
Le tableau avait la prétention de représenter une salle de ma-
lades à l'Hôpital militaire. Dans cette salle des lits blancs bien
alignés sur deux rangées et à la tête de ces lits des crachoirs,
des pots de tisane et des fioles à potions bardées d'étiquettes.
C'est l'heure de la visite. Le major, suivi de son aide-major,
de trois infirmiers en tablier, plus une sœur de St-Vincent-de-
Paul commence sa tournée. Il arrive au numéro ioo et c'est alors
qu'il pose cette question que vous savez suivie de cette réponse
que vous savez également.
Quand on apporta cette toile de 16 devant le Jury quelques-
uns sourirent, d'autres plus consciencieux s'approchèrent pour
constater l'exactitude des détails ; bref, après un examen qui ne
dura pas moins d'un quart d'heure mon tableau fut refusé à
l'unanimité moins deux voix.
Evidemment c'était une veste, mais je fus bien vengé car tous
les membres du jury furent purgés d'une façon que j'oserai qua-
lifier de drastique.
J'avais peint à Thuile de ricin.
ALBERT FOX
Ils sont là cinq ou six bons vieux
Crottés, mouillés, mélancoliques,
Vermoulus, cassés, malheureux.
Ils sont là, cinq ou six bons vieux
Bougonnant en mâchant leurs chiques
Ils sont là, cinq ou six vieillards
Aimant à jacasser, a boire
Indolents, impotents, traînards,
Ils sont là. cinq ou six vieillards
Pataugeant dans l'eau sale et noire.
Qu*il vente, pleuve ou fasse beau,
Qu'il gèle ou qu'il fasse tempête,
L'été, les pieds dans le ruisseau,
Qu'il vente, pleuve ou fasse beau,
Ils vont toujours, hochant la tête.
Et quand vient l'hiver, tout transis,
Grelottants sous leurs pauvres nippes,
Les vieux que le froid a saisis,
Réchauffent leurs membres transis
Au culot brûlant de leurs pipes.
Le Gérant : René GODFROY.
LE CRI- CRI EST EN VENTE :
A VERSAILLES, Librairie LHUILLIER, 69, rue de la Paroisse.
A ALGER. Librairie CHENIAUX-FRANYILLE.
Imprimerie GODFROY, K>, Rue Thiers, Le Havre.
Tous les Samedis
*
a*
*AÛ^ DIX Centimes
FERNAND BARTHELEMY
LE BOUILLON DU CAPITAINE
Monologue en Vers
31. Wuvhard, de °La S cala.
PARIS
Librairie SICHLER, 8. Rue du Croissant
Et che^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 21
TOUS DROITS RESERVES.
LE
BOUILLON DU CAPITAINE
. I mon ami Ouvrqrd.
: moi ; je me nomme Sosthène....
Y.uii '... Sosthène dit : Bouche-en-Cœur,
L'ordonnance du capitaine
Et du beau sesque le vainqueur.
Faut que je \ous conte une histoire
Qui m'est-z-arrivé l'autre jour
ce à la belle Viquetoire,
L'objet chéri de mon amour.
D'un capitaine l'ordonnance
Est le confident, c'est certain ;
C'est à lui que, de préférence.
Il ouvre son cœur-z-et sa main.
Donc, avant-z-hier, pour une faute
Que sans doute il avait commis,
Le capitaine, à propos d'hotte,
Pour huit jours aux arrêts fut mis.
Quand vint le soir, le capitaine
Voyant qu'il ne pouvait sortir
Me dit : « — Tu vas aller, Sosthène,
" Chez Paméla, la prévenir.
« Tu diras à cette personne
« Que je suis en punition,
" Qu'il faut alors qu'elle te donne
« De la volaille et du bouillon. »
Je me dirige d'un pas leste,
Mon panier d'osier-z-à la main,
Chez Paméla.... Je sonne.... Peste!...
La belle femme !... cré coquin ! ! ...
C'était-z-une particuillère
Plus grande qu'un tambour-major,
Plus joli' que la cantinière.
Et moins plate qu'un-n-hareng saur.
Eu deux mots, j'y conte la chose;
Mais v'ià qu'ell' tombe en pâmoison,
Sur un sopha je la dépose....
Ah !... cristi !... le beau nourrisson !...
Vit' je lui dégraf ' son corsage
Afin de lui donner de l'air.
Oh !... nom dé nom ! !... quel étalage !!!...
Deux montagnes dans le désert!!!...
Quand elle eût repris connaissance,
Elle me dit, la larme à l'œil :
" — C'est vous qu'êtes son ordonnance?... •/
C — Youi !... qu' j'y réponds avec orgueil. //
" — Alors, attendez-moi. Sosthène,
c M' dit-elle, je vais sur-le-champ
« Préparer pour le capitaine
C l'n bon bouillon incontinent. //
Eu Vente : CRI-CRI NOËL
Puis ell'me porte une avalanche
D'assiett's qu'ell' four' dans mon panier,
Recouvert a un' sarviette blanche ;
Le bouillon était le premier.
Je laisse la Capitainesse
Toute entière à son désespoir,
Et moi, je pars, plein d'allégresse
De ce que je venais de voir ;
Lorsque soudain, ô jour de gloire !
Je vois assise sur un banc
La belle et douce Viquetoire
Agrémenté' d'un tabier blanc.
J'm'approch' d'elle avec mystère
Et le cœur tout plein d'émotion,
Je dépos' doucement par terre,
Mon panier-z-avec le bouillon ;
Puis, m'asseyant près de ma belle,
Je lui dis : « O toi, mes amours,
En ce jour ne sois pas cruelle,
C'est le plus beau jour de mes jours !.. »
J'étais là, lui pressant la taille....,
Et dans mes amoureux élans,
J'oubliai panier-z-et volaille.
Et le bouillon qu'était dedans.
Quand tout-à-coup, tournant la tête
Jugez de mon épatement ;
Y-a de quoi-z-en devenir bête,
Bête à manger du foin vraiment !
Sur la sarviette délicate,
Qui recouvrait le bon bouillon,
Un gros chien noir, levait la patte
Et faisait une innondation ! . . .
D'un coup de pied, je le régale,
Et laissant là mes beaux discours ;
Avec mon panier je détale,
Laissant l'objet de mes amours,
Quand j'arrive, le Capitaine
Qu'est de bonne composition
Devant la soupière si pleine
M'offre de boire du bouillon,
Je voulais refuser la chose
Mais comment faire... pas moyen...
Sûr, ... il ne sentait pas la rose, . . .
Et je pensais toujours au chien
« En récompense de ta peine
« Tu peux le boire tout entier. . . .
« Je me contenterai Sosthène,
« Du poulet qu'est dans le panier.
« Allons!... qu'y m'dit..., mets-toi-z-à table.»
Aussitôt, voila qu'il me sert. . . .
Ce bouillon était détestable. . .
Et vous avait un goût amer !
Tout entier il fallut le boire. . .
Mais j'en eus une indigestion, . . .
Et c'est la faute à Viquetoire . .
Si j'ai-z-avalé ce bouillon.
Le Gérant : René GODFROY.
En Préparation : CRI-CRI 1er AVRIL
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis ANQUETIL, 7, Rue cTArmaillé, à Paris.
Les manuscrits nr sont /v>- voulus.
Cri-Cri publie chaque semaine un ou plusieurs Monolo-
Les 21 Numéros parus sont en vente chez tous les li-
braires et marchands de musique de France et de Belgique, dans
les principales gares françaises et belges et dans les principales
librairies françaises de Londres, Genève, Rome, Vienne, etc.,
Les personnes habitant une localité n'ayant pas de librairie
peuvent s'abonner pour un an s: Numéros), en adressant un
mandat-poste de fr. 5, pour la France, de fr. (S pour les pays de
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A TOORS. . ellérie.
Socirt''' littéraire de France, fondée en {883, pour favoriser le
progrès des Lettres, des Arts, des Sciences et de l'Enseignement,
et pour en combattre l'exploitation (Médaille d'honneur de la
ttionale d' encouragement au bien).
Siège : chez le Directeur-Fondateur, Albert Berrot, à Soissons
(Aisne).
Président : L. Bourgaut, de la Société des Gens de Lettre*, à
Lan<::
Vice-Présidente : H. de la Ville de Mirmont, professeur de Fa-
culté à Bordeaux ; Carolus d'HARRANs, de la Société des Gens de
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.me : GERBE-REVUE, 0 fr. 50 cent, le numéro.
La Gerbe ouvre son seizième concours. Tous les genres et sujets
sont admis et divisés en autant de sections qu'il y a lieu. Un seul
sujet est imposé, en prose et poésie : Hommage aux héros inconnus.
Il faut envoyer les œuvres a M. L. Bouroaut, à Lan grès, et le droit
de concours (1 fr. par manuscrit), avec le nom et l'adresse, à M. Al-
bert lir.KKoT, directeur à Soissons.
Elle- fait publier à très bon marché, en beaux caractères et chez
surs parisiens, les œuvres qui le méritent. File se charge
de faire corriger avec soin, et à peu de frais, tout ;s celles qu'on
désire lu '. ant toutefois la plus grande fran-
■ et la plus entière indépendance dans ses appréciations.
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ç^ DIX Centimes
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(GEO DENIS-JEAN)
D MANDEZ L' CRIME
Monologue en Prose
DIT PAR
M. c&lovis, de "La S cala.
PARIS
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Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
M» 22
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A Ch.-G. Marti,,.
D'mandez l'journal V Intransigeant ï Voir les premiers détails
et les épouvantab1 révélations su1 l'crime inouï d'ia rue d'ia
Montagne-Sainte-Geneviève ! Demandez V Intransigeant] ...
Flairez, filez, pincez, les cognes !
Vlà du coton, hein ? les mouche^ !
Tout' la sacrée rousse su' les dents !
mine dit Joseph, el' machinisse : c'est farce, tout d'mème !
J'ajoute que c'est rupint.
Allez! flairez, filez, pincez!
Et maintenant, juges d'ia terre, instruisez !
Argousins, limiers, ohé! larbins d'ia fichue robaille, ohé! via
du coton !
D'mandez l'Intransigeant, l'crime inouï d'ia rue d'ia Monta-
gne-Sainte-Geneviève !....
J'ai été trouver Rochefort, et j'y ai dit :
< — Y a pas longtemps — pas vrai? — vous tiriez à 20,000.
L'brav' général vous a v'nu voir un jour et i' vous a dit : « Tiens !
v'ià l'plébiscite, prends-le ; je n'te dis qu'ça ! » Vous, malin, vous
n'avez pas craché su' l'plébiscite ; et alors, vot' journal, il a monté
à 140,000 exemplaires. Bonne opération, savez-vous, M'sieu
l'ianternier !
Rochefort, i' m'a répondu :
— Bonne opération.
Alors, moi. j'y ai dit, à Rochefort :
— L'plébiscite. j'en suis. C'est mon opinion ; mais j'viens pas
pour el' plébiscite. Moi. j'vous apporte l'crime d'ia rue d'ia
M<>ntagne-Sainte-Genevieve. Prenez-le. Je n'vous dis qu'ça !
Demain vous tir'rez à 300,000!
D'mandez V Intransigeant .'....
— " qu'i' m 'dit Henri, tu blagues!
— Non. que j'blague pas. J'connais l'bibelot. C'est un copain
qu'a fait l'coup, et y a des détails pour vingt-cinq numéros;
chaqu' fois, la première page y passe. Voyons! c'est-y ou c'est-y
pas une occase ? ...
— J'dis pas. mais....
— \ oyons! Quand Boulanger i' vous a apporté l'plébiscite?
— Ah! l'plébiscite, bonne opération !
— Eh ben ! voulez-vous tirera 500,000? Prenez mes détails!
— Vous en avez beaucoup ?
En Vente : CRI-CRI NOËL
— Plein mon sac. Et, en échange, j'vous d'mand'rai pas 500
balles par artic'; vous m'iaiss'rez seul'ment crier l'journal su'
l'boulevard.
Rochefort, i' s'épate de rien. Y m'a dit :
— Tope !
D'mandez l'Intransigeant I....
L'meurtrier, je l'connais.
C'est moi, Gérasime.
J 'l'ai pas dit en toutes lett'es à Rochefort, parc' que — on n'peut
pas savoir — ça l'aurait p't-êt' vexé.
Mais, tout d'même, j'crois ben qu'i' m'a compris.
Il est intelligent, Rochefort.
Moi et Rochefort, ça fait deux zigues !
Oui, l'meurtrier, c'est moi.
Et c'est moi que j'crie l'assassinat su' la voie publique.
Alors, vous voyez ça ? les limiers....
Pfff ! ! ! enfoncés, les limiers !
D'mandez V Intransigeant l les odjeux détails !!!...
Eh ben! ça, j'espère, c'est humouristique ?
Humouristique, un verbe qu' tout 1' monde i' connaît pas, à
« La Panthère des Batignolles ! »
Moi, je l'connais !
C'mot là, i' fait rien d' l'effet, quand j'parl' dans les métin-
gues !
D'mandez V Intransigeant ! Voir son saisissant numéro !
L'monstrueux assassinat d'ia rue d'ia Montagne-Ste-Geneviève !!
Cinque centimes!...
Argousins, limiers, ohé ! larbins d'ia fichue robaille, ohé !
v'ià du coton !
Vous trouvez pas ça rigolo ?
SOUS PRESSE :
LE MONOCLE, Monologue en prose, de Colias, dit par
M. Georges Berr, de la Comédie Française.
Le CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
un Monologue vendu cinquante centimes ou un franc chez les
éditeurs spéciaux.
Adresser toutes communications concernant la rédaction
à M. Louis AN QU ET IL, 7, Rue WArmaillé, à Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
En Préparation: CRI-CRI 1er AVRIL
LAURENT DES AULNES
L'OMBRE POUR LA PROIE
Pour Félix.
I Idéal meurt — bulle qui crève — ;
L'âme, à l'ici-bas asservie'.
Boit, au lieu du nectar du rêve,
L'aigre piquette de la vie.
L'âpre liqueur! Dès qu'on y goûte,
L'œil se trouble, le front se plisse,
Mais, jusqu'à la dernière goutte,
II faut qu'on vide le calice!...
Pourtant, la boisson tant amère
Semblerait moins avilissante,
Si l'ancien goût d'une chimère
Rappelait la chimère absente.
Car, à la cervelle rebelle,
L'Illusion ne coûte guère,
Qui rend la laideur presque belle
Et rend superbe le vulgaire.
Ainsi, quand, sous des cieux sans voiles,
Eclosent mes désirs pubères,
Rêvant d'enlacer les étoiles,
Je prends la taille aux réverbères....
Le Gérant : René GODFROY
DÉPOSITAIRES DU « CRI -CRI >» (Suite) :
BOULOGNE-SUR-MER. — Librairie CHIRAUX, rue Faidherbe.
ANNECY. — Librairie BURNOD.
SUISSE. — Agence des Journaux, Charles ALIOTH, direct',
5, rue Pécolat, à Genèv<\
BELGIQUE. — Librairie Ch. ISTaCE, Montagne aux Herbes
Potagères, à Bruxelles.
— Librairie Ch. DESOER, à Liège.
Imprimerie GODFKOY, 02, Rue Thiers, Le Havre.
^*m%K^
^ Tous les Samedis
\Q* DIX Centimes
• v
1
Jt
31.
COLIAS
LE
Georges
MONOCLE
Monologue en Prose
DIT PAR
'Merr, de la Comédie française.
PARIS
Librairie SICHLER, 8, Rue du Croissant
N° 23
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et cheç t°us les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
%Q%Q%^3%<2 JgO JBO Jjk5 **o ^-O JBg3 jB£ **0 JBc
r^sV^^"^ i»^ iTt^s |Tt^s jTt^s jTt^s *t*s *t*s £t*s *t¥\ *1*s
LE MONOCLE
/.' entre en s'efforçant de faire tenir sou ///duo 'le sur son oeil).
Je suis sûr que vous vous demandez avec anxiété pourquoi
je fais de vains efforts pour maintenir ce monocle en équilibre.
3 cinq minutes, votre anxiété n'aura plus sa raison d'être.
Elle n'aura plus de raison d'être, parce que je vais vous faire
part de ma situation qui est des plus pénibles; du reste, il a bien
fallu qu'elle fut pénible, pour que je me permette de venir ra-
conter mes petites histoires devant une assistance aussi nom-
breuse.
Il y a quinze jours, en me levant, zim ! je m'aperçus que j'étais
amoureux. J'eus beau me secouer, ouvrir ma fenêtre, me lotion-
ner. ça ne s'en allait pas; j'étais amoureux, amoureux de ma
voisine, une petite veuve adorable.... toujours en noir. Ça n est
très gai, mais ça lui va si bien! Un temps.) Avez-vous
remarqué comme le noir va bien aux veines? — C'est peut-être
pour ça qu'il y en a d'inconsolables.
Je mets donc des gants.... noirs, par délicatesse et je frappe
discrètement à sa porte.
Notre entretien a été inouï. Inouï ! .. Vous allez voir. « Mon-
sieur, m'a-t-elle dit, votre demande me flatte, mais l'image de
mon premier mari est trop présente à ma mémoire pour que je
soie tentée d'en prendre un second — g. Je. comprends ça,
madame, mais il suffirait de faire une exception en ma faveur.
Ça m'a pris le matin en me levant... Zim ! j'ai eu beau me se-
couer, ouvrir ma fenêtre.... // * Si je cédais, monsieur, ce serait
à une condition tellement étrange... /, . 1 u public I Voilà l'inouï,
vous allez voir, inouï ! — « Mon premier mari, continua ma
veuve, s'appelait Thémistocle. •• — " Je ne connais sous ce nom
qu'un grand général grec de l'antiquité. // — « Ce n'était pas lui.
Thémistocle m'aimait et je l'aimais. // — « Passons, madame,
passons. •/ — « Il était doux, serviable; il ne rentrait jamais
après dix heures. Le matin, je lui apportais son chocolat dans
son lit et il me disait : Merci ! d'une voix douce. Il était officier
d'académie et avait une cicatrice à l'épaule. •/ — * Oui, madame,
c'était un brave, mais.... „ — « Et son monocle, monsieur! 11
avait un monocle admirablement campé sur son œil. Je me de-
mandais toujours comment il arrivait à ce prodigieux équilibre.
En Vente : CRI-CEI NOËL
Monsieur, je me résume. Efforcez-vous de ressembler à Thémis-
tocle. Prenez son nom, prenez sa figure, prenez sa physionomie
et que ce second mariage me paraisse être la suite du premier. »
— « Le tome deux. — Est-ce que le monocle est urgent? » —
« Indispensable, monsieur. Tout Thémistocle était là ! /> — (Un
temps.) Vous ne trouvez pas ça inouï?... J'ai couru chez mon
coiffeur et je me suis fait faire la tête de Thémistocle. Je pren-
drai son nom, bien qu'il ne soit pas joli ; dans les moments d'ex-
pansion, s'entendre appeler Totocle!....
Le chocolat le matin dans mon lit, ça, ça n'est pas plus désa-
gréable qu'autre chose.
Thémistocle lui disait : Merci ! d'une voix douce ; je lui dirai
merci! d'une voix douce. (Voix de tête.) Merci ! ou bien (avec
expansion.) Ah! merci! J'aime mieux: ah! merci ! parce qu'en
disant : (voix de tête) Merci ! j'ai l'air d'annoncer une station.
Comme Thémistocle était officier d'académie, je me suis
acheté du ruban violet, mais j'attendrai quelque temps, je ne me
crois pas encore digne de le porter. Quant à la cicatrice à
l'épaule, elle ne me paraît pas indispensable ; quand ma femme
sera à même de constater qu'elle n'y est pas, il sera trop tard
(souriant), il sera évidemment trop tard. — La cicatrice, le cho-
colat, la décoration, tout ça, c'est très bien.... mais c'est le mo-
nocle!... Le monocle, impossible de le faire tenir. — Après huit
jours d'essais infructueux, j'ai envoyé à mon adorable Pasiphaé
— j'ai oublié de vous dire qu'elle se nomme Pasiphaé — quel-
ques vers.
Je ne puis résister à l'envie bien légitime de vous les dire. —
Je les sais par cœur :
A une femme qui m'ordonnait de porter un monocle, bien
que cet instrument d'optique changeât complètement ma ma-
nière de voir :
QUATRAIN
C'est vrai, je suis votre esclave; marquise,
Mais vous abusez de vos droits.
Avec deux yeux je vous trouvais exquise,
C'est de la cruauté que m'en ordonner trois!
(Il regarde longuement le publie avee satisfaction.) On fait ce
qu'on peut !
Elle m'a répondu qu'elle tenait au monocle. S'il tenait autant
qu'elle y tient, ce serait un rêve; mais si je n'ai pas l'arcade
sourcilière conformée comme celle de Thémistocle, qu'y faire?
Chacun a son arcade !
..Depuis.ce matin, je suis arrivé à le faire tenir sans changer ma
physionomie. (Il le met et fait une horrible grimace.) Quand je
me tais, il ne bouge pas, mais dès que j'ouvre la bouche, il
tombe. Teng ! (Il le met et pousse un cri rauque.) Ah ! ! ! (Le mo-
nocle tombe.) Vous voyez! j'avais vaguement songé à le coller,
mais alors je ne pourrais plus le quitter — il pourrait me gêner.
En Préparation : CRI-CRI 1C1 AVRIL
S nant. Il y a des moments où il pourrait me gêner.... —
D'autant plus qu'il m'empêche totalement de voir clair; si
jamais j'arrive à le faire tenir, il me faudra un caniche. | // le met
machinalement.) Ah! je ne connais pas l'inventeur de ce verre
solitaire.... mais si je le connaissais, je lui dirais : « Monsieur... »
v ' que le monocle tient.) Mais il tient! il tient!... je
vais faire ma demande! | // sort à tâtons,
La Gérant : Kun* OODFROY
Mous recommandons tout spécialement à nos lecteurs le mono-
logue que nous publions aujourd hui : LE MONOCLE, dit par
M. Georges Berr.
M. Georges Berr qui, après avoir obtenu en 1886 le premier
prix de Comédie au Conservatoire National, a débuté si brillam-
ment au Théâtre-Français dans Les Plaideurs, est un des comé-
diens de grand avenir de notre première scène.
T(>us les rôles qui lui ouf été confiés à la Comédie, soit dans l'an-
cien répertoire, soit dans le répertoire moderne: Mascarille, des
Précieuses, Pierrot, du Baiser, Le Fossoyeur, d'HAMLET, etc., ont
été pour lui de nouveaux succès.
Tous ceux qui s'occupent de théâtre savent, du reste, quel cas
M. Francisque Sarcey fait du jeune artiste, et nous n'ajouterons
rien à sa haute appréciation.
Colias, l'auteur du MONOCLE, ne nous en voudra pas si nous
faisons passer Georges Berr avant lui ; Colias est d'ailleurs un
auteur charmant, plein de délicatesse et d'esprit, qui ne trouve de
rival qu'en Georges Berr; s'il faut nous expliquer davantage, nous
dirons, comme dans Mademoiselle Nitouche : « Floridor, c'est
Célestin. et Célestin, c'est Floridor. » — Hommage donc à l'au-
teur interprète.
Le Cri-Cri est en vente chez tous les Libraires. Marchands
de Journaux et de Musique de France, de Belgique, de Suisse et
d'Angleterre, et dans toutes les Gares françaises.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Fr. 5 par an pour la France,
// 8 > les Pays de l'Union postale.
/. CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
un Monologue d'une valeur réelle de Un Franc.
Imprimerie GODFROY, KL, Rue Thiers, Le Havre.
28^^ Tous les Samedis
I %
3W,,,«f*^
|<^|
ï^ DIX Centimes
ALBERT FOX
SOUS LES POMMIERS
POESIE
DITE PAR
31. ^OCHERIS, de la Comédie française.
PARIS
Librairie SICHLER, 8; Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et che% tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 25
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
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#VI
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f*Mry
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SOUS LES POMMIERS
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fine
lin.
ut sombre.
tremblii ur...
?... Dans I o
ur.
Dou Di\ ins dictain
us troublants !.. Rêves '... Ara
Qui fireii mes
iir...
Pour ro »ir,
»urs bru is la feui
Petits apprennent a causer.
Mais la Nino t allée,
Chercher d'autres cœurs à bris
Et bien e rappel I
charmail îlle,
Mer iers,
-hantaient a tue-t€
Al.RERT T1NCHANT
PRÉSENTS
-i aujourd'hui votre fête,
Mignonne : que voulez-vous ?
Des roses pour votre tête,
Un baiser, ou des bijoux ?
Il
Les fleurs fraîches, embaumées,
Cela sied à votre front.
Mais les jeunes bien-aimées
Si vite se flétriront.
111
le soir, le parfum des roses
S'envole au ciel sans retour,
Comme un essaim d'anges roses
Vers le radieux séjour.
IV
Un baiser ? Votre âme tendre
En a peut-être eu désir :
Mais je n'o-serais le prendre.
Car j'en mourrais de plaisir.
V
Une bague d'hyménée,
C'est un trop grave cadeau.
Le cœur change en une année
Et l'amour devient fardeau.
VI
Vous aurez pour votre fête
Un bracelet, des colliers,
Des perles sur votre tète...
Mon cœur à vos petits pieds !
Le Gérant : René GODFROY.
DÉPOSITAIRE DU " CRI-CRI " EN RUSSIE :
Librairie ROUSSEAU & C "'. à Odessa.
/. CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
un Monologue d'une valeur réelle de Un Franc.
Imprimerie GODFHOT, 62, Rue Thiers, Le Havre.
77?&ç les Samedis
ïSi^
^ DIX Centimes
FERNAND FAUTREL
DÉCROTTEUR PAR AMOUR
Monologue en Vers
31. ^Iony-ŒjAURENT, du (jrrand- lhéâtre du Zflavre
GfhA.
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 26
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
DKCKOTTEUR PAU AMOUR
L'autre soir je rentrais chez moi. Le boulevard
Etait presque désert, il était déjà tard,
le marchais lentement, j'allais à l'aventure;
Une femme passa pics de moi, sa tournure
Me parut élégante, et voilà qu'aussitôt
Je me mis à la suivre ; un lourd et long manteau,
Lui dessinant la taille, — une taille de guêpe, —
l'n chapeau noir, de deuil, avec un très long crêpe,
Telle était sa toilette. Oh ! les femmes en noir!
On devine un chagrin, leur deuil est votre espoir;
C'est doux de consoler une peine encor neuve,
Et puis on peut toujours supposer qu'elle est veuve.
Je la suivais, rêveur, et machinalement
Déjà je préparais un galant compliment,
Et j'allais lui parler quand elle ouvrit sa porte,
Et sans se retourner la referma ; de sorte
Que, sans avoir rien dit, que sans même la voir,
Je restai tout confus, debout sur le trottoir.
Oh ! je fus très froissé par cette indifférence;
Aussi je me promis, — voyez ma suffisance, —
« De plaire à cette femme et d'être son amant. »
Alors, nouveau Ruy-Blas, je pris l'accoutrement,
Je pris même le fonds du décrotteur d'en face;
Moyennant quelqu'argent il me céda sa place.
Et moi, l'homme du monde, et moi, le séducteur,
Pour cette femme, hélas! je me fis décrotteur 1...
Pour faire connaissance, un vieux commissionnaire,
Mon voisin de trottoir, m'offrit de boire un verre,
Et je dus accepter ; oh ! je ne fus pas fier.
Cet homme est mon égal... Fier, je l'étais hier,
Mais aujourd'hui, manant, j'entends la populace,
Non sans quelque mépris, qui me jette à la face
Ce mot de « fainéant /•, et ce cri des passants :
« faire un pareil métier, quand on n'a pas trente ans! »
Sans paraître écouter, narguant la clientèle,
Je me sens tout heureux, car je souffre pour elle !
Tout soulier qui n'est pas le sien me laisse froid ;
Le pied d'un député, le pied même d'un roi,
Ne saurait inspirer ma brosse et mon cirage.
Oh ! mais si, quelque jour, après un temps d'orage,
Ma belle allait venir poser son pied mignon,
Que de soins je prendrais pour brosser son jupon,
Que d'ardeur je mettrais à cirer sa bottine;
Comme je lui dirais tout bas, à la sourdine :
« Je vous aime, ma chère, et je suis à vos pieds !
Oh ! tous vos mouvements par moi sont épiés;
Je me suis établi droit sous votre fenêtre
Pour vous voir chaque jour, quand vous daignez paraître.»
Ce jour vint. Un matin, jugez de mon émoi
Quand je la vis sortir se dirigeant vers moi,
En Vente CRI-CRI NOËL
Et je sentis mes yeux qui s'emplissaient de larmes ;
Mes brosses à la main, je me tins sous les armes.
Elle vint près de moi ; troublé, fermant les yeux,
J'attendis un instant; oh ! j'étais radieux.
Mais soudain je sentis chanceler ma boutique....
Quand je rouvris les yeux, ciel! un transatlantique
Venait de s'échouer sur ma planche à cirer !...
Et c'était là ce pied, ce pied tant désiré!
Amour, illusion, tout cela n'est qu'un rêve,
Heureux à son début, triste quand il s'achève....
Jugez de mon chagrin, jugez de ma douleur;
Et sur son large pied, laissant tomber un pleur :
« Pour cirer ce soulier, lui dis-je, non sans rage,
« J'ai bien peur de n'avoir pas assez de cirage. »
E.-H. MARCELLA
LA TROISIÈME LUNE
MONO-DIALOGUE
Un Monsieur en costume de voyage ; à la main une valise et un carton
à chapeau, une couverture sous le bras.
Non, ce n'est pas drôle du tout, ah ! non ; il n'y a qu'à moi
qu'il arrive de ces choses là.... se trouver à deux heures du
matin sur le quai d'une gare par un froid, oh ! un de ces froids!
brrr ! j'en suis congelé !... et tout cela à cause de votre infernale
jalousie, Clotilde.... Allons, ne vous fâchez pas; allez-vous en-
core me faire une scène? ce n'est pas le moment Comment
dites-vous ?.... ah ! mais je vous jure que je ne lui ai rien fait à
cette dame, mais rien ! C'est seulement sous le tunnel que son
genou s'est trouvé contre le mien, par accident; alors j'ai mis
ma main dessus, toujours par accident, je croyais que c'était le
vôtre, (doucereux) oh! j'ai reconnu mon erreur tout de suite, il
était d'un pointu ! Il n'y a encore que le vôtre, vous savez !
(A part) Ça ne prend pas. (Haut) Et puis, après tout, ce n'était
pas une raison pour me faire une scène comme celle-là ; à peine
le train arrivé vous sautez sur le quai, je vous suis, vous m'ac-
cablez d'injures, — je ne sais pas trop si vous ne m'avez pas
donné un soufflet, — pendant ce temps-là le train part et....
nous voici ici pour la nuit.
Il faut en prendre son parti : allons à l'hôtel comment,
non? c'est le comble! est-ce que vous avez l'intention de passer
la nuit sur le quai ? ce n'est pas sérieux. Je suis gelé, moi ; vous
avez chaud, vous, c'est possible, la colère vous échauffe, mais
moi, je suis loin de la température des vers à soie.
Ah ! tenez, ce que nous devons avoir l'air bête ! . . . moi surtout.
J'ai connu bien des femmes.... — quoi? je vous dirais le con-
traire, vous ne me croiriez pas, — eh! bien, je n'en ai jamais
connu comme vous : j'aimerais mieux voyager avec dix valises,
En Préparation : CRI-CRI 1er AVRIL
cinq cartons à chapeau et une cage a serins, qu'avec une seule
femme !... ah ! je vais finir par m'échauffer à la tin.
(Changeant de ton). Voyons, ma petite Chlo-Chlo, allons à
l'hôtel : vous me bouderez, vous me tournerez le dos, nous
ferons chambre à part si vous voulez, j'aurai encore plus chaud
qu'ici.... ut sur sa valise).
Inflexible!.., Qhl le mariage!... D'abord, la lune de miel:
oh ! c'est loin ça. bien loin ; puis la lune rousse : ça y est, oh !
en plein \ quand la troisième lune?... Oh! madame, n'at-
tende: pas qu'il soit trop tard! (Un silence.) Tenez, madame,
savez-vous où nous sommes ici?.... Non?.... Nous sommes à
Mézidon.
Ecoutez : 11 y a trois ans, moins une semaine et plusieurs
heures de cela, ce jour-là je vous enlevais pour la première fois
aux bras de votre famille en larmes. Belle-maman me disait :
« Théodore, ménagez-la »•. et bon papa, d'une main me pressant
sur son cœur, de l'autre renfonçant ses pleurs, me gémissait :
« Monsieur, rendez-la heureuse, notre Clotilde !... » Une heure
après, nous roulions sur Paris, pelotonnés dans un coin de pre-
mière— suspension intérieure. — Ah! quelle douceur de re-
gard !.... non, ne me regardez plus, ce n'est plus ça du tout....
Quelles douces paroles!.... non, taisez-vous, ce n'est plus ça
Et moi. dans l'impatience de mon amour, je vous dis : «Clotilde,
ne trouvez-vous pas que la route de Paris est bien longue? »
Et comme un coup de sifflet strident coupait en deux notre 351e
baiser : « Si nous descendions », repris-je. Vous soupirâtes un
« oui /> timide en baissant les yeux C'était Mézidon, madame.
\Sne heure après, dans une modeste chambre d'auberge, nous
perdions, moi, mes illusions, vous, votre talisman
Avec émotion). Eh! bien, Clotilde, cette chambre voulez-
vous, veux-tu la revoir?... Veux-tu retourner de trois ans en
arrière?... Oh! tu as tremblé, Clotilde, tu frissonnes — et ce
n'est pas de froid.... au contraire.. .. — Oh? la troisième lune,
la voilà, je la tiens et il est encore temps Garçon ! un lit
pour deux !
Le Gérant : René GODFROY.
Rl-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
un '- 1e d'une valeur réelle de Un Frv
.1 dater de ce Numéro, et pour répondre aux exigences d'une
vente eu augmentation chaque semaine, le Dépôt Général du
CRI-CRI est transféré à la Librairie J. STRAUSS, 5, rue du
Croissant.
MM. les Libraires sont priés de s'adresser à celte Maison,
chargée de la vente cou urremment à la Librairie Universelle, 41,
rue de Seine.
/. réassortiment s'opérera, comme par le passé, par l'intermé-
diaire de MM. les Commissionnaires .•.Hachette & C°, Ch. Delà-
grave, G. Guérm & C", Cm. Gaui.on, Groi.w & C", Vye Mellier,
-sois, Challamee, Borrani, Le Soudier, etc., etc.
rimerle GODFROY. 82, Rue Thiers, Le Havre
«/MBSESi
—. ""••5%..,
faw tes Samedis
&
^
DIX Centimes
ALPHONSE ALLAIS
LES TEMPLIERS
Monologue en Prose
cV. rÔOQUELlN ^adetj de la c(5omêdie française
PARIS
Librairie J. STRAUSS, S. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seîne
Et clie^ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 3
TOUS DROITS RÉSERVÉS.
LES TEMPLIERS
A Léon Gandilîot.
En voilà un qui était un type, et un rude type, et d'attaqué!
Vingt fois je l'ai vu, rien qu'en serrant son cheval entre ses
cuisses, arrêter tout l'escadron, net.
11 était brigadier à ce moment-là. Un peu rosse dans le service,
mais charmant, en ville
Comment diable s'appelait-il? Un sacré nom alsacien qui ne
peut pas me revenir, comme Wurtz ou Schwartz... Oui, ça doit
être ça. Schwartz. Du reste, le nom ne fait rien à la chose. Natif
de Neufbrisach, pas de Neufbrisach même, mais des environs.
Quel type, ce Schwartz !
Un dimanche nous étions en garnison à Oran), le matin,
Schwartz me dit : « Qu'est-ce que nous allons faire aujourd'hui?»
Moi. je lui réponds : « Ce que tu voudras, mon vieux Schwartz.»
Alors nous tombons d'accord sur une partie en mer.
Nous prenons un bateau, souque dur, garçons! et nous voilà
au large.
Il faisait beau temps, un peu de vent, mais beau temps tout
de même.
Nous filions comme des dards, heureux de voir disparaître à
l'horizon la côte d'Afrique.
Ça creuse, l'aviron! Nom d'un chien, quel déjeuner!
Je me rappelle notamment un certain jambonneau qui fut ra-
tissé jusqu'à l'indécence.
Pendant ce temps-là, nous ne nous apercevions pas que la
brise fraîchissait et que la mer se mettait à clapoter d'une façon
inquiétante.
— Diable! dit Schwartz, il faudrait...
Au fait, non, ce n'est pas Schwartz qu'il s'appelait.
Il avait un nom plus long que ça, comme qui dirait Schwartz-
bach. Va pour Schwartzbach !
Alors Schwartzbach me dit : « Mon petit, faut songer à rallier.»
Mais je t'en fiche, de rallier. Le vent soufflait en tempête.
La voile est enlevée par une bourrasque, un aviron fiche le
camp, emporté par une lame. Nous voilà à la merci des flots.
Nous gagnions le large avec une vitesse déplorable et un caho-
tement terrible.
Prêts à tout événement, nous avions enlevé nos bottes et notre
veste.
La nuit tombait, l'ouragan faisait rage.
Ah ! une jolie idée que nous avions eue là, d'aller contempler
ton azur. 6 Méditerranée !
Et puis, l'obscurité arriva complètement. Il n'était pas loin
de minuit.
Tout à coup, un craquement épouvantable. Nous venions de
toucher terre.
En Vente CRI-CRI NOËL
Où étions-nous ?
Schwartzbach, ou plutôt Schwartzbacher, car je me rappelle
maintenant, c'est Schwartzbacher; Schwartzbacher, dis-je, qui
connaissait sa géographie sur le bi du bout du doigt (les Alsa-
ciens sont très instruits), me dit :
— Nous sommes dans l'île de Rhodes, mon vieux.
Est-ce que l'administration, entre nous, ne devrait pas mettre
des plaques indicatrices sur toutes les îles de la Méditerranée,
car c'est le diable pour s'y reconnaître, quand on n'a pas l'habi-
tude ?
Il faisait noir comme dans un four. Trempés comme des sou-
pes, nous grimpâmes les rochers de la falaise.
Pas une lumière à l'horizon. C'était gai !
Nous allons manquer l'appel de demain matin, dis-je, pour
dire quelque chose.
— Et même celle du soir, répondit sombrement Schwartz-
bacher.
Et nous marchions dans les petits ajoncs maigres et dans les
genêts piquants. Nous marchions sans savoir où, uniquement
pour nous réchauffer.
— Ah ! s'écria Schwartzbacher, j'aperçois une lueur, vois-tu,
là-bas ?
Je suivis la direction du doigt de Schwartzbacher, et effecti-
vement une lueur brillait, mais très loin, une drôle de lueur.
Ce n'était pas une simple lumière de maison, ce n'étaient pas
des feux de village, non, c'était une drôle de lueur.
Et nous reprîmes notre marche, en l'accélérant.
Nous arrivâmes, enfin.
Sur des rochers se dressait un château d'aspect imposant, un
haut château de pierre, où l'on n'avait pas l'air de rigoler tout
le temps.
Une des tours de ce château servait de chapelle, et la lueur
que nous avions aperçue n'était autre que l'éclairage sacré ta-
misé par les hauts vitraux gothiques.
Des chants nous arrivaient, des chants graves et mâles, des
chants qui vous mettaient des frissons dans le dos.
— Entrons, fit Schwartzbacher, résolu.
— Par où ?
— Ah ! voilà... cherchons une issue.
Schwartzbacher disait : « Cherchons une issue, » mais il vou-
lait dire : « Cherchons une entrée. » D'ailleurs, comme c'est la
même chose, je ne crus pas devoir lui faire observer son erreur
relative, qui peut-être n'était qu'un lapsus causé par le froid.
Il y avait bien des entrées, mais elles étaient toutes closes, et
pas de sonnettes. Alors c'est comme si il n'y avait pas eu d'en-
trées.
A la fin, à force de tourner autour du château, nous décou-
vrîmes un petit mur que nous pûmes escalader.
— Maintenant, fit Schwartzbacher, cherchons la cuisine.
Probablement qu'il n'y avait pas de cuisine dans l'immeuble,
car aucune odeur de fricot ne vint chatouiller nos narines.
Nous nous promenions par des couloirs interminables et
enchevêtrés.
Parfois, une chauve-souris voletait et frôlait nos visages de sa
sale peluche.
Au détour d'un corridor, les chants que nô*ùs avions entendus,
vinrent frapper nos oreilles, arrivant de tout près.
En Tente : CRI-CRI 1er AVRIL
Nous ctions dans une grande pièce qui devait communiquer
avec la chapelle.
— Je vois ce que c'est, fit Sehw art/bacher, nous nous trou-
vons dans le château des Templiers.
11 n'avait pas termine ces mots, qu'une immense porte de fer
s'ouvrit toute grande.
Nous fûmes inondes de lumière.
Des hommes étaient là, à genoux, quelques centaines, bardés
de ter. casque en tète, et de haute stature.
Ils se relevèrent avec un long tumulte de ferraille, se retour-
nèrent et nous virent.
Alors, du même geste, ils firent Sabre-main ! et marchèrent
sur nous, la latte haute.
J'aurais bien voulu être ailleurs.
ns se déconcerter, Schwartzbachermann, — oui, c'est
Schwartzbachermann, — retroussa ses manches, se mit en pos-
ture de défense et s'écria d'une voix forte :
— Ah '. nom de Dieu ! messieurs les Templiers, quand vous
série/ cent mille... aussi vrai que je m'appelle Durand !
Ah ! je me rappelle maintenant, c'est Durand qu'il s'appelait.
Son père était tailleur à Aubervilliers. Durand, oui, c'est bien
ça...
Sacré Durand, va ! Quel type !
Le Gérant : René GODFROY
CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES
un Monologue d'une valeur réelle de Un Franc..
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Et A? dernière neuf.' monologue en prose de George Auriol,
du Chat-Noir, dit par Coq.uei.in cadet, de la Comédie-Française.
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Ch. Beaugrand, Henri Brière, Marcel Bailliot, J. Barthélémy,
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L'Administration du Cri-Cri demande des Correspondants non
libraires dans chacune des villes ci-après désignées:
Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rouen, St-Etienne,
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Perrand, Caen, Troyes, Nice, St-Quentin, Limoges, Poitiers, Avignon,
Toulon. Amiens, Tourcoing, Roubaix, Versailles, Le Mans, Arras et
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Écrir.; immédiatement à M. Louis ANQUBTIL, 7, nu; d'Armaillé,
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Tous les Samedis
DIX Centimes
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ET LXDERNIÈRE NEUF!
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PARIS
Librairie J. STRAUSS, 8, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et che\ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N°32
TOUS DROITS RESERVES.
imm^mémmmm
ET LA DERNIÈRE NEUF!
Pans la famille j'avais toujours entendu parler de mon on-
cle Cuvelhard comme d'un homme extrêmement supérieur.
Tout ce qu'il faisait était remarquable ; tout ce qu'il avait fait
était admirable : tout ce qu'il ferait serait toujours extraordi-
naire.
C'était un gaillard qui n'avait jamais eu de faiblesses, qui n'a-
vait jamais menti, ne s'était jamais trompé, et n'avait jamais co-
ons sur ses camarades; aucun problème ne l'avait
jamais embarrassé : aucune date historique ne l'avait jamais aban-
donne : jamais on n'avait oui dire qu'il eût fait une heure de re-
tenue ni de piquet, et s'il n'était pas entre à Polytechnique, c'est
qu'il avait été invinciblement attiré par un commerce non moins
noble que tous ceux auxquels pourront jamais se livrer les lan-
de Polytechnique : mon oncle Cuvelhard était luthier.
Mes parents ne l'ayant pas vu depuis le jour de leur mariage,
il v avait de fortes chances pour que je ne le connusse pas. Je le
ttais amèrement, mais il n'en était que plus grand à mes
yeux.
Tous les ans. mon oncle Cuvelhard écrivait qu'il viendrait
nous voir. mais, au dernier moment, il était toujours empêché.
Mon père disait : « Tu ne verras pas encore ton oncle cette
année, gamin. // Et il ajoutait invariablement : « Pourtant, il ne
tiendrait qu'à toi... si tu avais le prix d'excellence, tu sais bien
que je t'enverrais faire un tour à Paris. /•
Mais les prix d'excellence, vous savez aussi bien que moi
comme c'est difficile à apprivoiser...
11 v avait dans le bureau de mon père un portrait de Poncle
Cuvelhard au daguerréotype, mais c'était bien la plus capricieuse
e que j'aie jamais rencontrée.
Elle était perchée au diable, si bien que je devais grimper sur
la table pour voir mon oncle, et encore fallait-il qu'il fut bien
disposé, car ce bougre d'homme se dissimulait la plupart du
temps derrière des reflets sans nombre, et j'en étais pour mes
frais.
tait un bel homme — un fort bel homi ut :
h favoris indiquant une âmefière.un œil hardi, et une jolie
touffe de cheveux frisés sur le haut du front.
11 avait une grande chaîne de montre qui, passant par le col,
faisait un chemin considérable à travers toutes les boutonnières
d'un beau gilet de velours à boutons d'or: et ma parole d'hon-
neur, il avait quelque chose à sa boutonnière !
Je n'affirmerais pas que ce fut la croix plutôt que le ruban
académique ou n'importe quelle autre décoration, mais ce (pie
je puis dire, c'est qu'il avait quelque chose à sa boutonnière. —
Et je pense que cela mérite d'être noté, hein ?
En Vente CRI- CRI NOËL
Enfin, c'était un homme incomparable, et j'avais beau cher-
cher dans toute la ville, je ne voyais personne qui pût rivaliser
avec lui — pas même le premier conseiller de préfecture qui
faisait des vers...
Or, il arriva qu'en 18... j'eus le prix d'excellence, et je puis
avouer maintenant que je ne m'y attendais guère ; une erreur,
probablement. . .
Ce qui était dit était dit ; on fit ma malle, on me confia à un
voyageur de commerce, et je partis à Paris pour y passer les va-
cances de Pâques.
L'oncle Cuvelhard était à la gare. Je le reconnus immédiate-
ment, bien qu'il fût un peu grossi. Cela vous semble drôle ; oui,
bien que je ne l'eusse jamais vu, je fis cette remarque. Considé-
rablement grossi, même.
Il avait toujours sa grande chaîne d'or, et je pus voir alors
qu'elle était ornée d'une quantité de breloques très originales,
au nombre desquelles je distinguai un petit violon en or, un
polichinelle articulé, une tète de mort en ivoire, un cachet
d'onyx, une bague de femme, un petit Napoléon Ier en argent,
deux pièces romaines, une dent de lion, quelques médailles et
divers autres petits bibelots fort intéressants.
Mon oncle Cuvelhard demeurait à deux pas de la gare .Sa
boutique était imposante ; l'odeur qu'on y respirait tenait de la
sacristie et du musée.
La tante Cuvelhard, qui était grosse et rouge, nous attendait
avec impatience : Vite, vite, dit-elle en m'embrassant, dépèchez-
vous, le déjeuner va être froid ; le haricot de mouton, ce n'est
rien de bon quand ce n'est pas bouillant . . .
Je n'oublierai jamais ce haricot de mouton, il était exquis.
N'étant encore jamais venu à Paris, — à propos, vous l'ai-je
dit ? — j'avais une foule de choses rà voir: le Jardin des Plantes,
la tour Saint-Jacques, les Champs-Elysées, la colonne Vendôme,
le bois de Vincennes, les Buttes-Chaumont, etc.
Mais, chose étrange, chaque fois que je parlais de ces endroits
à mon oncle, il paraissait extrêmement étonné : Comment tu ne
sais pas ? Diable de province, va !
Il affirma ainsi que la tour Saint-Jacques avait été démolie ;
que le Jardin des Plantes était un endroit dangereux situé à une
si grande distance du monde honnête qu'on ne pouvait songer à
y aller, à moins d'être complètement fou, ou d'avoir massacré sa
famille ; il me dit également que la colonne Vendôme n'avait
plus longtemps à vivre, que les Champs-Elysées étaient inondés,
que le bois de Vincennes avait été détruit par un incendie épou-
vantable, et que les Buttes-Chaumont étaient infestées de bri-
gands.
Après m'avoir donné ces terribles renseignements, mon oncle
Cuvelhard prenait son chapeau et m'emmenait sous prétexte de
faire un petit tour; mais nous avions à peine fait vingt pas qu'il
entrait dans un café ; il se mettait à jouer aux cartes et nous res-
tions là jusqu'au soir.
Moi, je ne buvais rien, comme de juste, mais en revanche je
devinais les rébus.
Lorsque nous revenions, mon oncle me recommandait de ne
rien dire à sa femme, et nous recommencions chaque jour le
même manège.
— Allons, petit, viens faire un petit tour!
— Au Jardin des Plantes, mon oncle?
En Vente : CRI-CRI 1er AVRIL
— Mais non; tu sais bien que le Jardin des Plantes est inonde.
— Et la tour Saint- Jacques ?
— Elle a été brûlée par les insurgés...
Et DOUS retournions au café des Peux-Mondes.
— Pique! Trèfle! Le Roi! Voyez mon jeu; cinq. six. sept,
huit — et la dernière neuf!
Vous pensez bien que. lorsque je revins dans ma famille,
i'etais complètement hébété.
Je racontai que les Champs-Elysées n'étaient plus qu'un dé-
sert : qu'on assassinait chaque jour plus de cinquante personnes
aux Buttes-Chaumont et qu'on se promenait en bateau en plein
Jardin des Plante
— Comment, me dit mon père abasourdi, comment, voilà ce
que tu rapportes après huit jours de séjour dans la capitale ! car
- bien resté huit jours : mardi, mercredi, jeudi, quatre, cinq,
six. sept. huit...
— Huit, et la dernière neufl répondis-je.
Pour le coup, mon père n'y tint plus: furieux, il me recon-
duisit au collège et me recommanda au prône, comme jamais
prix d'excellence n'a dû être recommandé, — certainement.
Eh bien! vous me croirez si vous voulez, après ce premier
voyage a Paris, je suis reste pendant plus de six mois en rete-
nue: je ne pouvais entendre prononcer le nombre huit sans ré-
pondre immédiatement : et la dernière neuf!
Ça m'a coûté plus de vingt mille lignes.
— Diable d'oncle Cuvelhard, va !
Le Gérant : René GODFROY.
chaque semaine, pour DIX CENTIMES
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N°33
TOUS DROITS RESERVES.
PLAIDOYER POUR ON AUVERGNAT
.1 Yves Ltrel.
(Tenue d'avoca( plaidant Gesticulation désordonnée. Grand effets ili* manches
et manchet
Profondément imbibé — pardon ! imbu — des principes de
l'honnêteté la plus candide et la moins désarçonnable ; nourri
et élevé à la mamelle succulente nudate verttaiis ; trempé dès
mes plus tendres ans au bain salutaire de la tempérance et du
savoir-vivre ; jeune encore, mais mûri par une expérience pré-
coce ; adorateur zélé du bon, du grand, du beau — en un mot,
de l'aimable, c'est le cœur rempli d'une crainte mitigée d'espé-
rance et de foi dans la bonne cause que je m'approche de ce
barreau sévère, austère, de ce barreau terrible, imposant, de ce
barreau froid, implacable, où tonnèrent — tour à tour et suc-
cessivement — les plus grands représentants de notre redoutable
éloquence judiciaire !
Oui, messieurs, j'ose l'avouer, je tremble. Je ne veux pas dire
par là que je faiblis !... Loin de là ! - L'imposante majesté de
votre sévère et auguste aréopage m'intimide ; voilà tout. Il est
bien permis à un jeune avocat d'avoir le trac à sa première
cause, — vous le comprendrez, messieurs.
Tout ce qui est est imposant produit sur nous une impression
quelconque ;
Or, votre sacré tribunal est imposant ;
Donc, et par là même, je suis impressionné.
Nonobstant cette timidité — momentanée, je l'espère — , je
vais — revêtant la cuirasse de l'invulnérable Achille, appelant
à moi toutes les lumières de ma raison, et m'appuyant sur la
large et solide épaule du bon droit — je vais, dis-je, aborder
franchement, loyalement, noblement, grandement, ut decit, ut
decebit, la cause qui m'appelle ici et sa défense qui m'y retient.
Bazuchon, mon honorable client, est recommandable sous
tous les rapports. Issu d'une famille de ces braves Auvergnats
qui se rendent si utiles chez eux et ailleurs, et qui sont les repré-
sentants les plus nobles et les plus énergiques de la race — que
dis-je ? de la caste intéressante et éminemment philanthrope
des porteurs d'eau, — mon client s'est vu, après une suite de
vicissitudes qu'il serait oiseux de raconter, de décrire, de pein-
dre et de narrer ici — ici, où pas un moment n'est à perdre — ,
mon client s'est donc vu, dis-je, amené, conduit, jeté par la for-
tune, le destin et son étoile, sur un coin du Pont Marguet, éta-
bjissement qui vous est bien connu, messieurs !
Là, armé d'une modeste voilure — à bras, messieurs ! — agré-
ablement enjolivée d'arabesques blanches, bleues et rouges (ce
qui prouve en faveur des sentiments de patriotisme démon client,
En Vente CRI- CRI NOËL
— (et qui dit patriote, peut-il dire malhonnête ?) là, dis-je, armé
également d'une bonhomie toute rabelaisienne et d'une écumoire
en étain, Bazuchon exerçait la noble et humanitaire profession
de marchand de frites.
Est-il besoin de dire que sa friture était la plus achalandée
du département ? Non, cela tombe assurément sous le sens. La
municipalité reconnaissante allait bientôt le couvrir de gloire en
lui décernant une médaille de fer blanc, grand module !
Il jouissait gaîment d'une paix sans égale, — quand le hasard,
mauvais farceur, — amena près de lui Berluchon, une gale ! —
ô douleur !...
Pardon ! la situation tragique de Bazuchon (cette malheureuse
victime !) me fait tomber dans un lyrisme déplacé ici, je m'en
aperçois.
Il y a deux semaines environ, le sieur Berluchon s'installait
auprès de mon client. — Etait-il autorisé ? — je ne sais.... tou-
jours est-il que, de prima visu, il voua à Bazuchon une de ces
haines que rien n'éteint que la tombe, que rien n'assouvit que
l'inéluctable destin ! ! I
Berluchon a un chien. Quel chien, dieux puissants ! ! ! Cras-
seux, teigneux, hargneux et roux! Un épouvantable barbet, ré-
sultat pitoyable d'une race mêlée et abâtardie. — Ce chien devait
être le Jcus ex machina du drame ! ! !
Bazuchon, doué d'un excellent caractère, répondait aux gro-
gnements du barbet par des dons non ménagés et fréquents de
quelques bribes de sa marchandise. Le chien, sans pudeur, ava-
lait les frites, mais il gardait son mauvais œil !
Poussé par son maître, homme perfide et sans principes, il se
jetait sur les chalands de mon pauvre et consciencieux client,
et les éloignait de son négoce par un tas de petites vilenies, de
grossières saletés, de procédés inénarrables. — Un beau jour,
Bazuchon n'eut plus une seule pratique !
Il ne se plaignait cependant pas et demeurait Vurbamis vir
des Romains, au milieu de son infortune.
Un jour, pourtant, jour néfaste et dont plus tard s'entretiendra
l'Histoire ! le chien, préalablement surexcité par son abominable
propriétaire, poussa la barbarie jusqu'à lever la patte sur le pan-
talon immaculé de mon client !
Ce dernier devait-il, sous peine de lâcheté et de couardise,
tolérer pareille ignominie ?... Non, messieurs ! il devait, n'est-il
pas vrai ? lancer son gant au barbet et lui ordonner de le porter
à Berluchon, son maître ! ! !
Et pourtant — ô modération louable ! — Bazuchon, l'honnête,
le trop excellent Bazuchon s'en fut trouver son ignoble voisin
et lui dit poliment :
« Berluchon, ton chien a piché chur ma culotte ; prie le de ne
plus recommencher pareil prochédé.... Je chuis pachient ; mais
tout doit avoir une fin ! »
L'autre lâcha un torrent d'injures — plus grossières les unes
que les autres ; mais Bazuchon, l'homme du tact et des conve-
nances, dédaignant d'y répondre, retourna à sa friture.
La patience a des termes. Du reste, tout ici-bas a un terme.
Les loyers ont des termes, et mon client les acquittait scrupu-
leusement. Mais, je reprends en ces termes :
Vint un jour où Bazuchon, excédé à juste titre, s'en fut trou-
En Vente : CRI-CRI Ve AVRIL
ver Berluchon : «Je te préviens honnêtement, que je tuerai Turco
le nom de cet ignoble barbet ch'il continue à che livrer à ches
débordements chur ma culotte »
C'était loyal, messieurs !
Les excès continuant. Ba/uchon, moins par férocité que par
point d'honneur, prit une resolution extrême et sa lardoire — et
transperça le chien de Berluchon
Notez bien, messieurs, qu'il eût pu. pour compenser tous ses
déboires, se livrer sur cet innommable animal à tous les excès
permis et néfastes, lui infliger les tortures les plus variées ! —
\ ni ! il le tua d'un coup, sans phrases ; le chien n'eut même
pas le temps de souffrir !
,:it noble, messieurs !
On impute ce fait a crime a mon client !
Eh ! messieurs, est-ce un crime que d'enlever Bordure de la
publique? — Kst-ce un crime que de purger la terre des
bêtes malfaisantes qui la tuent ? — Est-ce un crime que de dé-
barrasser les arbres des hannetons qui les dévorent ? — Est-ce
un cri nie. pour une mère, que de tuer la vermine qui a élu do-
micile dans les cheveux de ses chers petits ? — Est-ce un crime
que d'arracher une dent mauvaise au patient qui souffre et se
tord ? — Est-ce un crime, enfin, que de délivrer le monde d'un
misérable caniche qui vous pisse dessus, sans égards pour la
cherté des étoiles et la rapacité des repasseuses de tin ???
Eh quoi ! n'est-ce pas bien plutôt une action louable, un fait
glorieux, une œuvre philanthropique ! ! 1
Mais, vous-mêmes, messieurs, vous eussiez pu être le but des
incongruités de ce sale quadrupède ! Et alors, quelle atteinte à
la redoutable et immaculable majesté du Tribunal ! ! !..
Bazuchon s'est servi de la graisse du criminel pour faire ses
frites.
Eh bien ? Ësculape et Ricord ont-ils dit que la graisse canine
fût un poison ??? Et qui dit même que la graisse en question
n'est pas supérieure au saindoux et au graillon qui font irruption
dans la friture moderne et l'infectionnent ???
Mon client est un juste, messieurs, et en attendant qu'on le
canonnise, je me rasseois, plein de confiance et persuadé que
votre équité bien connue prononcera l'acquittement pour Ba-
zuchon et une peine pour Berluchon.
au contraire, vous condamniez mon client, alors, il ne me
resterait plus qu'à prendre le cilice, à me couvrir de cendres et
à m'écrier. dans le paroxysme d'une colère sacrée :
Impitoyable Dieu ! toi seul as tout conduit !
l.e Orant : René GODFROY. ~
L'Administration du f'ei-rei demande des Correspondants non
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Brest, Besançon, Reims, Angers, Dijon. Bourges, Angoul^me, Clennont-
Ferrand, Caen, Troyes, Kice, St-Quentin, Limoges, P-oitiers. Avignon,
Toulon, Amiens, Tourcoing, Roubaix, Versailles, Le Mans. Arras et
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AU PAS! AU TROT! AU GALOP:
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c5U. 'Paul 3ÎOUNET, du ^Théâtre ^National de V C>déon
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Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
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N°36
TOUS DROITS RESERVES
DEDICACE
.le les dédie a toi, ma mère,
Cea vers écrits par un enfant,
A toi qui dora : 1 1 1 cimetière,
La-bas, sons \o sol allemand.
Il est vrai, n'est-ce pas, ma mère,
Que ili- nos morta les ossements
Tressaillent, quand, près '1'' leur bière,
Etésonnenl dea pas allemands '.
Dora 'Mi paix, — Je chante, nia mère;
Longtemps encor je redirai
Ces chants d'espoir e1 dé colère,...
Jusqu'au jour où l'Alsace, fière
D'être française, je viendrai
ser près de toi, ma mère.
Al PAS! AU TROT! AI' <JAU)P
.1 Paul Mounet.
Je traversais Neudorf et je vis, sur le seuil
D'une porte formée de trois dalles de pierre.
Un tout petit enfant dans les bras d'un aïeul.
Ils se chauffaient tous deux au soleil. La lumière,
D'une auréole d'or éclairant le bambin,
Changeait en fils d'argent les cheveux du grand'père.
Or, en les contemplant, j'oubliai mon chemin.
Bébé, de ses bras nus, de ses mains potelées,
— Tel que les vieux tableaux nous montrent les amours, -
Caressant le vieillard, faisait un long discours.
Par ses lèvres d'enfant, vaguement épelées,
Les phrases ressemblaient à des chansons d'oiseaux..
— Le chant qui sort des nids monte aussi des berceaux — .
Cependant, le vieillard faisait la sourde oreille,
L'œil égaré, sans doute en quelque vision
Lointaine, ne voyant ni la lèvre vermeille.
Xi l'œil bleu de l'enfant lui dire : « Attention ! •/
Bébé bouda d'abord, un doigt rose en sa bouche,
Et. comme ce moyen ne réussissait pas.
Bébé, soudain, se prit, avec un air farouche,
A frapper le rêveur de ses deux petits bras.
En Vente CRI-CRI NOËL
Argument inutile, hélas ! vaine furie !
Grand'père prolongeait sa vague rêverie...
L'enfant ne connaissait certes pas «ses auteurs»
Fabulistes, rhéteurs, poètes, orateurs
Dont s'enorgueillit Rome et se vante l'Attique.
Alliant, cependant, la ruse au pathétique,
L'habileté d'Esope à l'art deCicéron,
Bébé trouva des pleurs comme péroraison.
Ce fut un vrai déluge, un nuage qui crève
Un jour d'été... L'aïeul dut sortir de son rêve.
Avec des soins de mère il prit, sur ses genoux,
Le bambin oublieux de sa fureur passée
Et le fit chevaucher. Et, d'une voix cassée,
Le grand'père chanta sur un rythme très doux :
Au pas ! au pas !
Ne pleure pas !
Que ta main frêle,
Dans ma main grêle,
S'appuie, enfant !
Clopin-clopant
D'une allure étrange
Nous allons, cher ange,
Toi, loin du berceau,
Moi, vers le tombeau,
La marche lente
Et chancelante,
Au pas ! au pas !
Au trot ! au trot !
Entends le flot
Qui gronde et passe
Plainte ou menace
Dans le lointain,...
Entends le Rhin !
Las ! comme son onde
Tout fuit en ce monde :
Rêve d'avenir
Se fait souvenir
Et la mort même
S'avance blême
Au trot ! au trot !
Hop ! au galop !
Je ne sais trop
Si ton grand'père
Un jour, sous terre,
Dormant, là-bas,
N'entendra pas,
Sur l'herbe foulée,
Passer la mêlée,
Cavaliers, canons,
Fourgons et caissons
De la Revanche,
En avalanche,
Hop ! au galop !
En Vente : CRI-CRI 1er AVRIL
ENFANTS ET GltAND'MÈRE
.1 Madame D.
its vermeils, corolles écloses
Ont menu- éclat, mêmes couleurs.
1 es petits enfants sont îles (leurs
Frères des lis et sieurs des ruses.
Les petits enfants ont des \ eux
Faits d'un rayon et d'un sourire,
Sans un recoin mystérieux
Où grand'mère ne puisse lire...
Souvent moineaux francs et pinsons
Se battent du bec et des ailes:
Les enfants ont mêmes ebansons,
Parfois aussi mêmes querelles...
Malgré ce bruit, malgré ces voix,
Grand'mère, les paupières closes,
Revoit ses rêves d'autrefois
Alors qu'elle était sœur des roses.
Le Gérant : René GODFROY.
Notre collaborateur et ami, Marcel Bailliot met la dernière
main à un recueil de nouvelles et ballades, titre : Les Fanfares
du Cœur, qui doit paraître le //m/s prochain à la librairie Dentu.
Le nom Je Marée! Bailliot est bien connu du public intelligent
et lettré, qui accueillera avec empressement l'apparition du livre
du sympathique écrivain.
Le CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
un ' ue d'une valeur réelle de Un Fr\^
L'Administration du Cri-Cri demande des Correspondants non
dans chacune des villes ci-après design
Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse. Nantes, Rouen. St-Etienne.
Brest. Besançon, Reims, Angers. Dijon, Bourges, Angouliime, Clermont-
Ferrand, Caen, Troyes, Nice. St-Quentin. Limoges. Poitiers, Avignon.
Toulon. Amiens, Tourcoing, Roubaix , Versailles, Le Mans. Arm*
Cariais. — Bruxelles. Anvers. Garni. Liège, Genève et Londres.
Écrire immédiat M. Louis Anqubtil, 7, rue d'Armaillé,
à Paris.
Imprimerie OODFBOY, 62, Hue Thiers, Le Havre.
Tous les Samedis
^
DIX Centimes
/
LOUIS BOGEY
'ONDE PURE
Monologue en Vers
DIT PAR
M. §■. ^De "Kernel, des "Bouffes-Parisiens
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N°37
TOUS DROITS RESERVES
L ONDE PURE
Pas fatigué du tout, vrai !... je vous remercie.
J'ai fait un bon voyage... oh! d'abord, l'Helvétie,
Ça me connaît : je suis membre du Club alpin.
J'aime à gravir les monts où verdit le sapin,
A fouler, d'un pied sûr, l'alpe à la cime blanche,
A suer sang et eau pour atteindre au rocher
Où l'aigle audacieux va gratis se nicher.
Où chaque fois on laisse, à l'instar de Saussure,
Quelque chose de soi : très souvent sa chaussure,
Et plus souvent encor le fond d'un pantalon...
— On glisse à fond perdu ! — Délices qu'un salon
N saurait vous offrir, j'en ai la certitude,
On ne peut trouver ça qu'à certaine altitude...
Mais ce n'est pas tout ça.
Vous pouvez m'écouter
Une minute?... Alors laissez-moi vous conter
Un incident bizarre, une aventure étrange
Dont le dénoûment est garanti sans mélange.
Il est midi. — Je viens d'escalader d'un coup
Douze cents mètres, et, si ce n'est pas beaucoup,
Ça m'a donné, du moins, la plus belle fringale
Du monde, et, par-dessus, une soif sans égale
Que vous — trop casaniers ! — ne connaîtrez jamais.
Aussi, près d'un ruisseau, qui, des plus hauts sommets,
Dévale bondissant en mille cascatelles,
De mon sac bien garni je défais les bretelles,
Et m'asseyant, fourbu, sur un maigre gazon
D'où je puis contempler un splendide horizon,
Je mange le veau froid qu'en deux temps je déballe.
Pour étancher ma soif je remplis ma timbale
D'une onde que le ciel me procure sans frais,
Et je bois, et je bois, et je bois à longs traits
En pensant :
— « C'est une eau si nature et si claire,
C Que nul vin ne pourrait autant qu'elle me plaire !
v Une eau comme jamais n'en boiront, c'est certain,
" Les rois mêmes, dans le plus somptueux festin !
e eau qui rougirait d'être de la famille
i De celle où, pour nos maux, le microbe fourmille
En Vente CRI- CRI NOËL
imiuujiih «»mii»«
« En dépit des efforts du système Pasteur !
« Une eau qui sut rester ce que le Créateur
« La fit au premier jour, longtemps avant que l'homme
« Eût mis partout son sceau... pas frelatée, en somme ! »
Pastoral déjeûner, tel que dans tout Paris
On n'en trouve pas... même en y mettant le prix !
C'est idéal !
Après avoir cassé ma croûte,
Ragaillardi, fringant, je me remets en route.
A peine ai-je quitté le lieu de mon repas,
Que je vois un chalet se dresser à deux pas
Plus haut. — C'est un hôtel, une moderne auberge
Où, tout l'été durant, un gâte-sauce héberge
De longs Anglais «spleeneux» qu'il écorche à plaisir.
— Ainsi qu'une araignée ayant pu se saisir
D'une mouche, il s'attache à sa naïve proie. —
Que voulez-vous ! en Suisse et de même en Savoie,
Aimez-vous les hôtels? on en a mis partout.
Quant à moi, je les fuis... oh ! maintenant surtout !
Rien que d'y repenser, je sais ce que j'éprouve...
Quand j'arrive au chalet, qu'est-ce donc que je trouve?
Je vois un gars laver — dans ce même ruisseau
Où je viens à l'instant de lamper un coup d'eau —
Tout ce que cet hôtel a de... comment vous dire?
Mon Dieu ! vous savez bien, car ça vous fait sourire...
Aidez-moi donc... voyez à quoi j'ensuis réduit...
Il lave les... qu'on met... dans les tables de nuit !...
J'en vois, de ces... objets, au moins une trentaine
Alignés au soleil... Aussi je dis : « Fontaine,
« Je ne boirai plus de ton eau ! » — J'aimerais mieux
— Sacrifice inouï ! — me gorger de vin vieux !
L'Administration du Cri-Cri demande des Correspondants non
libraires dans chacune des villes ci-après désignées :
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LE « GRI-GBI » EST EN VENTE :
à St-Etienne, Librairie Chevalier;
à Nancy, Librairie Balland ;
à Clermond-Ferrand, Librairie Saint-Germain;
à Amiens, Librairie Vion ;
à Chalon-sur-Saône, Librairie L. Petit.
En Vente : CRI-CRI 1er AVRIL
ALBERT T1NCHANT
SENTIERS
.1 Louis Denise.
Là-bas, dans l'étroite ravine.
Entre denx touffes d'églantier,
Plein de mousse et de fleurs, chemine
l'n sentier.
Ombreux, car les grandes ramures,
Cachant des nids sous leurs arceaux,
Frissonnent le soir aux murmures
Des ruisseaux.
Étroit, car les petites filles.
Le matin, dans leur blanc jupon,
N'y passent pas sous les charmilles
Deux de front.
A l'entrée, une roche sombre
Que le lichen couvre à demi,
Repose, comme un chien dans l'ombre
Endormi.
Par là s'en vont les chèvres blanches.
Vers les prés, au son argentin
De leurs clochettes, sous les branches,
Le matin.
Par là, dans les nuits étoilées,
Errent des couples enlacés,
Berçant leurs idylles voilées
De baisers.
Quand l'aurore quitte sa couche.
Là passe le cerf aux abois,
Fuyant le hallali farouche,
Dans les bois.
Comme eux, j'aimais ta solitude,
Petit sentier, tu le sais bien ;
Et de toi mon cœur, dans l'étude,
Se souvient.
Le Gérant : René GODFROY.
SOUS PRESSE:
Deux Erreurs, monologue en prose, de Raoul Oger.
Une Envie, monologue en prose, de E.-H. Marcella.
Imprimerie GODFROY, 82, Rue Thiers, Le Havre.
NUMERO EXCEPTIONNEL
(<F)
14 JUILLET
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0 O <b
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-44-
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et chc{ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 45
TOUS DROITS RESERVES.
1789-1889
LES AÏEUX
0 France des aïeux! pays vaillant, fournaise
i □ travail dans la cuve qui bout,
1 ève-toî dans ta force, à nation française ;
L'heure où tes aïeux géants étaient debout.
Lève-toi, car le Monde aujourd'hui te contemple,
O ma France ! et l'Histoire, ainsi qu'un grand témoin.
Te regarde, Vestale à la porte du Temple,
Où brûle encor le feu dont toi seule as pris soin.
Tu la gardes toujours, la rayonnante flamme
Que ta main attisait, avivant la clarté ;
Et le monde sait bien que la France est une âme
Et que sur son autel brûle la Liberté !
France ! pays du vin! pays de la lumière,
Pays de l'art superbe, au front tout radieux,
Toi qui bois du Soleil et non pas de la bière,
O ma France, debout ! Saluons les aïeux !
LA RÉVOLUTION
Le Roi ! Messieurs ! — Alors le Clergé, la Noblesse
Et puis le Tiers-Etat se levaient — Il parut.
Peut-être il était bon ; mais c'était la faiblesse.
Par l'orage emporté, le trône disparut !
Car vous l'aviez sapé, Rabelais et Voltaire,
Jean-Jacque-. D'Alembert, Diderot, les vaillants,
Répétant à la France et disant à la terre
Le cri qui vient d'en bas, des humbles, des souffrants !
Quand on les vit passer, ceux du Tiers, à Versailles,
On comprit qu'il naissait tout un siècle nouveau.
Ils étaient tout en noir, et, dominant leurs tailles,
me un lion puissant se dressait Mirabeau !
Sa voix grondait, tonnait ainsi qu'un grand orage.
Et les trônes tremblaient aux roulements profonds,
Et les rois se disaient, la pâleur au visage,
« Quel est donc tout ce bruit que les tonnerres font? "
Ce bruit, c'était la France ! — Elle éveillait la foudre
Qui frappe les sommets, châteaux ou bien clochers ;
Et l'on sentait partout comme une odeur de poudre,
Les roulements allaient de rocjiers en rochers !
— 3 —
Tout marcha vite alors. Tout croulait. — Les décombres
Servaient de piédestal à ces géants nouveaux.
Il naissait des tribuns qui sortaient de ces ombres;
Dans les nuages noirs il flottait des drapeaux !
Les éclairs de l'acier étoilaient ces fournaises ;
Du sol qui s'entrouvrait il sortait des soldats ;
Et, dans leur large vol, les fauves Marseillaises '
Chantaient, en tournoyant au-dessus des combats !
Ce fut Valmy, Fleurus. Arcole, enfin nos gloires ;
Ce fut le fer vainqueur, sauvant la Liberté,
La gerbe faite avec des moissons de Victoires ;
La France était debout dans sa mâle fierté!
TRAVAIL
Après cent ans passés, voici la République
Forte comme autrefois ; mais les temps sont changés,
Et la France, aujourd'hui, porte dans sa tunique
Le rameau d'olivier qu'elle offre aux étrangers.
Lumineuse et superbe, elle ouvre la frontière
A tout ce qui produit, à l'Art resplendissant,
Et dit à tous : « Venez, car je suis la lumière
Et je suis le soleil, toujours éblouissant !
Venez, car si je fus la blessée héroïque,
Si mon regard voilé va de Metz à Belfort,
Je suis le grand pays, la grande République,
Accueillant tout travail, accueillant tout effort,
Car cent ans m'ont légué la devise immortelle ;
Par les sillons je vais semant la liberté.
Aux peuples conviés à la fête nouvelle
Je dis ce mot sublime et doux : Fraternité !
Moi qu'on voyait jadis le front dans les tempêtes,
Défiant tous les rois avec leurs bataillons,
De la Paix aujourd'hui j'inaugure les fêtes,
Aux peuples, mes voisins, ma voix dit: Travaillons !
Travaillons pour la Paix ! et, si venait la Guerre,
Sans redouter la dent qui déchire et qui mord,
La France des combats, la France de naguère,
Chasserait dans la nuit ce fantôme de mort !
Car j'ai pour mission et j'ai pour but suprême
De jeter par le Monde et Progrès et Clarté,
Je suis la Nation qui laboure et qui sème,
Je suis Celle qui veut nourrir l'Humanité ! »
H. Brière.
4 —
AMBITIONS
\ ERS A.DO! ESCENTS
Pour //. De Révelac.
1 es jeunes n'ont pas tons de paisibles visées.
J'en s.iis dont les ambitions <
Rêvent le prompt éclair des lames aiguisées
El la mitraille ouvrant d'homicides sillons.
Ivres d'un récit de bataille,
Puérils de se croire aux siècles merveilleux,
Ils ne trouvent pas lourde à leur âge et leur taille
I.a témérité des aïeux.
En vain, mignons conteurs de sylvestres féeries,
Les .nais oiseaux peuvent chanter,
Eux regrettent le temps mort des chevaleries
Et cherchent les moyens de le ressusciter.
Epouvantant les cœurs de glace,
Ils seront des guerriers au courage fatal.
Ils seront des guerriers dès qu'ils auront pris place
Parmi les hommes de métal.
Oh! les grands cavaliers flamboyants et superbes
En leur impétueuse ardeur.
Dont ces héros prochains, héros encore imberbes,
Essaieront d'égaler l'éclat et la splendeur.
Oh! si quelque grande victoire
Les rangeait, par la voix des générations.
Parmi ceux dont les noms illuminent l'histoire
Et qu'honorent les nations !...
Frémissant au tumulte épars des sonneries.
Cherchant l'ennemi du regard.
S'ils devenaient des chefs de troupes aguerries
Ou les sous-lieutenants qui portent l'étendard,
L'existence serait la mise
En scène de leur songe et de leurs visions,
Le décor de la gloire a leur âme promise
Par les belles illusions.
En attendant l'instant des mâles épopées,
Ces espoirs peuplent leurs sommeils
De rêves scintillants de sabres et d'ép<
Ou s'allument des feux et brillent des soleils...
Moi. dédaigneux des aventures.
Fol amant des beautés, qui m'auront inspiré.
Je rêve simplement d'être, ô Miennes futures,
Votre adorateur adoré.
Laurent des Aulnes.
— 5 —
QUATORZE JUILLET
VOIX DE FRANCE
Salut, ô Liberté ! soleil dont nos aïeux
Acclamèrent jadis le lever radieux,
Quand tes rayons chassant les voiles et les ombres
Eclairèrent soudain ruines et décombres
Fumantes d'un passé désormais odieux
Tout homme sait ton nom que tout enfant épelle.
Quand tu parus, ce fut somme une aube nouvelle
Dans les cieux de lueurs ardentes sillonnés —
Et les peuples prostrés, et les rois couronnés
Frémirent secoués par la même étincelle.
On entendit alors Fais du trône royal
Craquer lugubrement en France, et tout vassal,
Tout serf, sentant un cœur battre dans sa poitrine,
Comprit qu'il était homme et de même origine
Que son seigneur et maitre et se fit son égal.
Quand tu parus ce fut la fin des vils servages.
En vain depuis le Ciel s'est empli de nuages,
De poudre, de fumée et de reflets de sang.
Toujours, ô Liberté, soleil éblouissant,
Tu surgis, dissipant d'un rayon les orages.
C'est pourquoi nous, les fils de la plèbe et des preux,
Ayant même pensée et formant mêmes vœux,
Oublieux en ce jour des rancunes stériles,
Nous acclamons ton nom par les champs, par les villes,
O Liberté chantée hier par nos aïeux.
II.
VOIX D'ALSACE
Or, c'est fête pour vous ce soir, frères de France,
Partout dans vos cités une clameur immense
Va saluer la fin du jour;
Partout se déploiera le drapeau tricolore,
Partout résonneront et le clairon sonore
Et les roulements du tambour.
— 6 —
! es feuilles et les fleurs jonchent partout les rues
•rment un tapis aux foules accourues,
France, pour acclamer ton nom.
Au chant que l'on chantait dans un âge héroïque,
Chant devenu pour vous l'hymme patriotique.
Se mêle la voix du canon.
Ton nom fera frémir et s'incliner la l'on le.
Comme l'on voit monter et s'abaisser la houle
Que soulève le vent du soir.
Et ce nom, sur tout dôme ou fronton d'édifice,
Resplendira dans l'ombre et les feux d'artifice
L'inscriront au fond du ciel noir.
Et nous, prêtant l'oreille à la rumeur lointaine,
Inquiets nous disons: « à l'Alsace-Lorraine
Donneront-ils un souvenir?
Penseront-ils à nous au miliea de leur fête,
A nous qui. rejetés loin d'eux par la tempête,
Ne songeons qu'à nous réunir? //
Au milieu des transports de leur gaîté bruyante
Penseront-ils à nous, dont la chaîne pesante
S'accroit chaque jour d'un anneau.
Penseront-ils à nous qui souffrons en silence,
A nous qui murmurons tout bas ce nom de France
Qu'ils proclament là-bas si haut !
Charles Picard.
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« — 7 —
Adresser toutes communications concernant la rédaction,
à M. Louis ANQUETIL, 56, rue de Verneuil, Paris.
Les Manuscrits ne sont pas rendus.
Le CRI-CRI donne chaque semaine, pour DIX CENTIMES,
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deurs pendant la période de l'Exposition. — Conditions excep-
tionnelles.— Ecrire immédiatement, avec timbre pour réponse,
à M. René GODFROY, imprimerie du CRI-CRI, 62, rue Thiers,
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PRIME DU " CRI-CRI
25 Morceaux de Musique pour piano, grand format, édition de
luxe du Ménestrel : Beethoven, Mozart, Weber, Bach, Chopin,
Haydn, Rossini, Schubert, Field, Hœndel, Schumann, Bocche-
rini, Mendelssohn, Martini, Gluck, etc.
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contre mandat-poste de Cinq Francs, adressé à M. Godfroy,
imprimeur du Cri-Cri, 62, rue Thiers, Havre.
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LIOT.— F. BARTHÉLÉMY.— Louis BOGEY. — Albert
BOUFFLET. — Henri BRIÈRE. — L. L. BERTHAUT. —
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CARLO. — P. COTTARD. — CAROLUS D'HARRANS.
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Laurent DES AULNES. — EBRAB. — F. FAUTREL. —
• Albert FOX. — M. FAUST. - Paul HASLER. — Nar-
cisse LEBEAU. — Henri LEFEBYRE. — Yves LEREL. —
Emmanuel LAMBERT. — E. H. MARCELLA. — Georges
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Charles PICARD. — Henri PIQUET. - MAURICE DE
SAVOIE. — H. TRÉVEN. — Albert TINCHANT.
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d'Angleterre, et il.ins toutes Les Gares françaises.
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» Librairie Universelle, 41, rue de Seine.
» Librairie Sauvaitre, 72. boulevard Haussmann.
» Librairie du Conservatoire, 25, faubourg Poissonnière.
» Comptoir de Musique, V. Durdilly et C", 11 M»i b'1 Hausmann.
MARSEILLE. — Librairies Blancart, Lafflte, Milhaud, Pessailhan,
Pinot.
LYON. — Librairies Bernoux et Cumin, Dizain, Evrard, Melon.
BORDEAUX. — Librairies Chaumas, Duthu, Hiigues, Chollet.
ROUEN. — Librairie Langlois.
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BOURGES. — i ibrairie Clermontel.
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LIEGE. — Librairie Ch. Desoer.
GENÈVE. — Charles Allioth, 5, rue Pécolat.
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ir>, Tichborn
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Le '. '.-.'• Usa . — Imprimerie GODFROY, 62, rue Tbien, Le Havre.
îitStok
77ws les Samedis
DIX Centimes
SOMMAIRE
Félix Galipaiix. — SUR LE P0\T
Fantaisie rimée, dite par Saint-Germain, du Gymnase
François Coppéc, — DANS LA RUE
Jacques Normand. — L'ARTISTE
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
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Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 58
Par ttaité passé avec la Société des Lettres, le Cri-Cri est autorisé
:\ publier des Monologues, Poésies, Nouvelles, etc., de F. Coppée, Guy de Mau-
passant, Th. de Banville. Jacques Normand. Eug. Chavette, Galipaux, Ch. Leroy, etc.
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FÉLIX G M.iPAI'X
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SUR LK POX
Je suis tout simplement un affreux misérable,
Un être sans pudeur, un altéré de s;
Un monsieur dénué de vertu, très capable
1 rass issine r le soir le paisible passant.
Et voulez-vous savoir pourquoi je suis cel homme,
Ce triste va-nu-pieds, infâme propre à rien ?
Je m'en vais vous le dire, oh! c'est très simple en somme.
Je viens avec bonheur de voir noyer un chien.
Oui. je vous vois bondir, ô cœurs par trop sensibles
Pour lesquels une puce est objet à garder,
Ht mon acte innocent, pour vous, gens irascibles,
Est un assassinat, dites-vous sans tarder.
sez-moi, c'est bon! ajoute/ la malice
Qu'étant très fort nageur, le chien était sauvé :
Mais, doux membres de la Société protectrice...
[ue vous salirez tout mon cœur sera lavé.
lit un jour de mai. parmi temps adorable.
1 soleil, cher poète, illuminant le cœur,
Donnait aux promeneurs un aspect frais, aimable,
Aux promeneuses un petit chic séducteur.
îais, nez au vent, sur le vieux Pont-au-Change,
Quand je vis seul et triste un ange aux blonds cheveux
Qui, sur le parapet accoudé, l'air étrange,
Regardait fixement et les larmes aux yeux.
ant voir devant moi quelque suicidisside,
Une enfant malheureuse ayant assez souffert.
Je m'approche et lui dis : «Ta vie est donc aride.
« Que tu veux en finir avec cet autre enfer ? /,
— ( 'est Bismark... mon bon chien... <|iii se noie... Ah ! dit-elle.
Si quelqu'un le sauvait... cher toutou, lui si beau...
Elle n'acheva pas, je sentis l'étincelle...
Et d'un bond, d'un seul bond, je me plongeai dans l'eau !
J'en sortis ruisselant mais en tenant la bute.
Elle était enrhumée avec le pouls très bref,
Moi, je toussais aussi... j'avais mal à la tête...
La Seine ayant gardé mon humble couvre-chef,
— eBadabe, alors lui dis-je, oici l'abi de l'obe ;
" I! est un heu bouille, bais il est sauf et sain.
" Boulez-bous be bermettre... Ah ! faucheux, on me nobe,
lier brendre du chien des nouvelles debain ?//
— Oui. dit en rougissant, cette chaste petite,
Mettant décidément le comble a mon bonheur.
I lendemain matin, je lui rendis visite
Et j'y restai huit mois, en tout bien... sans honneur.
Notre offre de Spécimens-Primes a remporté le plus vif succès; nous avons
reçu maine 242 nouvelles demandes. Plusieurs personnes ayant omis
d'indiquer leur adresse, nous les prions instamment de nous renseigner au
plus vite : elle- seront sen i toui du courrier.
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expédie franco h domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, direcl sur, 62, rue Thiers, au Havre.
Ce fut pendant trois mois félicité parfaite...
Un beau ciel sans nuage, un horizon vermeil.
J'avais rencontré là quiétude complète...
Bref, à celui d'un roi mon sort était pareil !
Trois mois et rien de plus ! car changeant de tactique,
D'archange ma compagne, hélas! devint démon.
C'était à chaque instant un combat homérique
Que j'avais à subir avec ce vil crampon,
Léocadie était assommante, ennuyeuse,
Une mouche enragée, insecte lancinant
Que j'aurais voulu voir pour qu'elle fût heureuse
Avec un vieux grincheux ençor plus bassinant.
Mon Dieu, j'aurais souffert son humeur détestable,
Et j'eusse supporté l'horrible statu quo,
Si je n'avais trouvé dans un tiroir de table
L'écarlate pompomd'un effronté schako!
Aussi le vingt-un mars, par un temps adorable,
Alors que le soleil illuminait les cœurs...
J'ai lâché carrément cet être méprisable
Dont le souvenir seul me donne des rancœurs!
Je vivais seul depuis, seul par intermittence,
(Réfléchissant)
Heureux comme un poisson... comme un poisson dans feau,
Fier de ma liberté, de mon indépendance.
Je trouvais tout charmant, tout bien, tout bon, tout beau...
Lorsque, passant hier sur le vieux Pont-au-Change,
Fumant avec joie un londrès délicieux.
J'aperçus devant moi mon idéal, un an
Dont l'œil clair et limpide eut fait pâlir les deux !
Sa taille était charmante et souple et gracieuse.
Son petit nez en l'air était signé : Gré vin,
Sa gentille personne en tout harmonieuse
Me faisait murmurer : « Ah ! ce serait divin !
«Car avec celle-ci, la dispute est bannie,
Elle doit être douce et fidèle à sa foi.
« Déesse des amours, ô sois trois fois bénie
« Si tu fais que l'heureux, le veinard, ce soit moi ! »
— Mais vous pleurez, lui dis-je, oh! les vilaines larmes!
Quel est donc le motif de ce méchant chagrin ?
Parlez. Je calmerai, mignonne, vos alarmes,
S'il s'agit d'un butor, je rouerai le coquin.
— Merci, monsieur, dit-elle, oh! la chose est moins grave;
Si je pleure c'est de voir se noyer mon chien
Qui tombe à l'instant même... Ah! si quelqu'un de brave...
— Comment, c'est pour cela ! mais, voyons, ce n'est rien.
Et j'allais enjamber le parapet de pierre
Lorsque dans mon esprit, ô spectre de Banco,
Je revis tout à coup Léocadie entière :
Ses soupçons, son tapage et surtout le schako !
Non, la vie assommante est à jamais finie.
Et m'adressant au chien que je voulais sauver,
Je lui crie avec rage et d'un ton d'ironie :
— Oh ! toi, mon vieux Bismarck, tu sais, tu peux crever !
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ABONNEMENTS AU CRI-CRI:
F. 5 par An pour la France. — F. 8 pour les pays de l'Union postale.
Le Cri-Cri prépare un Numéro exceptionnel consacré exclusivement a un jeune poète
de seize t, Laurent des Aulnes, appelé, croyons-nous, à un très l>el avenu- litté-
raire. — Nos lecteurs nous sauront gré <lo leur faire connaître un talent extraordinalre-
ment précoce, servi pur une érudition déjà savante et profonde.
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FRANÇOIS COPPEE
DANS LA RUE
A Jules Bonnassies.
I es deux petites sont en deuil,
Et la plus grande — c'est la mère —
A conduit l'autre jusqu'au seuil
Qui mène à l'école primaire.
Elle inspecte, dans le panier,
Les tartines de confiture,
Et jette un coup d'œil au dernier
I » \ oir du cahier d'écriture.
Puis, comme c'est un matin froid
Où l'eau gèle dans la rigole,
Et comme il faut que l'enfant soit
En ^ tat d'entrer à l'école,
Ecartant le vieux châle noir
Dont la petite s'emmitouffle,
L'aînée alors tire un mouchoir,
Lui prend le nez et lui dit : — Souffle.
JACQUES NORMAND
L'ARTISTE
A N. de Swetchinsky.
Va ! marche droit au but, dit la Raison glacée,
Sans détourner la tête et sans ouvrir ton cœur :
La gloire est à ce prix, et toute autre pensée
Est un vol fait à l'Art, ton maître et ton vainqueur.
Aime, dit la nature, aime! Bientôt passée,
L'existence pour toi n'aura point de douceur
Si par un peu d'amour elle n'est traversée ;
Aime, souffre : à ce prix, enfant, est le bonheur.
La gloire ou le bonheur? — O Nature. 6 ma mère !
Dans ce doute cruel où je me désespère.
Ta voix, ta grande voix peut seule m'émouvoir ;
Dût périr une gloire incertaine et qui passe,
Homme, je veux soufTrir et voir la vie en face :
Or vivre sans aimer, c'est regarder sans voir.
'.dfroy. — Imprimerie OODFROY, 82, rue Thiers, Le Havre.
Adresser toutes communications concernant ta tléflaolton et V.idmi-
ninlralion du " Cri-Cri à M. René GODFROY, directeur-gérant, rue Thiers, 62,
au Havre. — Les Annonces au " Cri-Cri" sont reçues Agence BLAVETTE, 9, fau-
bourg Montmartre, à Paris.
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Tous les Samedis
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^ DIX Centimes
SOMMAIRE
Alhert Fox : OU EST LE BOX DIEU ?
Monologue en vers, dit par M. Filix GALIPAUX, du Théâtre de la Renaissance.
m de Braisnc: DÉCEMBRE A FOXTUVEBLEUJ
Léon Lecontc : LE LIVRET D'UN TERRITORIAL
— SOMMEIL INTERROMPU
PARIS
Librairie J. STRAUSS, S, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et cJre{ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 61
/ I '-<>■!. le meilleur marché des journaux littéraires, publie d.-* Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., il>' François < ■ s di Mai passant, Th. db Ban-
vili.1 . A S •. Jacques Normand, Eugène Chavette, Ch. Leroy, Lemei
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Quand le bon Dieu créa Le monde,
El qu'il eut jeté Les humains
Sur la pauvre machine ronde,
11 se dit : « Lavons-nous Les mains,
» Voici l'homme, voici la femme,
// Mon travail est à peu près t'ait,
» Comme personne ne réclame.
>/ Que chacun parait satisfait,
„ Arrêtons-nous. /• Alors, à l'ombre
D'un arbre immense qu'il planta,
Contemplant les peuples sans nombre,
Notre créateur s'arrêta.
Devant lui — terrible cohue —
Des gens passaient et par leur ris
Ebranlaient la céleste nue.
Qui jamais n'ouït tant de cris.
Le bon Dieu trouvait tout t;trange
Et s'étonnait de ses travaux :
Des femmes à la tête d'ange,
Comme on en voit dans les vitraux,
Des hommes imposants, superbes,
L'œil en feu, graves, résolus,
S'avançaient par les hautes herbes
Qu'ils écartaient de leurs bras nus.
— C'est beau, mais c'est bien monotone,
Se dit tout-à-coup le bon Dieu,
" Cette uniformité détone,
// Modifions notre œuvre, au lieu
// D'êtres parfaits et magnifiques,
» Jetons en grande quantité.
// Les défauts moraux et physiques
// Dont souffrira L'humanité. /•
Il dit et l'on vit sur la terre
Surgir tout-à-coup des docteurs,
I) renverseurs oe ministère,
Des ouvreuses, des inventeurs
De pastilles contre le rhume,
badauds et des pick-pockets,
Des comédiens, des gens de plume,
Des amateurs de perroquets.
Adresser toutes communications concernant In ilêilnriion el l'/itltni-
nigfratioH du " Cri-Cri" à M. René GODFROY, directeur-gérant, rue Thiers, 62,
au Havre. — Les Annonces au " Cri-Cri " sont reçues Agence BLAVETTE, 9, fau-
bourg Montmartre, à Paris.
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Dans le but défaire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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Et — le plus beau des épilogues, —
Pour assommer ceux qui restaient,
Des fabricants de monologues,
Et ceux qui les interprétaient.
On vit des gros, des gras, des maigres,
Des estropiés, des bossus,
Des rouges, des blancs et des nègres,
Des pauvres gueux et des cossus.
Oh ! mais alors, ce fut terrible,
Dieu, lui-même, en fut alarmé,
L'existence devint horrible
Dans ce monde ainsi transformé.
C'était mal, ce fut pis encore,
L'univers fut affreux à voir,
Depuis le soir jusqu'à l'aurore,
Depuis l'aurore jusqu'au soir,
Des gens, l'esprit à la tempête,
Se querellaient, jurant très fort,
Pestant et criant à tue-tête :
— « Assez !... De grâce !... Un autre sort ! »
Tout ce monde pleurant ensemble,
Se lamentant, le jour, la nuit,
Sous la voûte des cieux qui tremble,
Vous entendez d'ici le bruit !
Dieu cria : « Grâce !... Mes oreilles !
» Avez-vous fini de gémir ?
» Voilà bientôt plus de cinq veilles,
» Par le bruit, je n'ai pu dormir,
» Taisez-vous donc ! » — Peine inutile. —
« Soit, se dit le bon Dieu, changeons
» Sans plus tarder de domicile,
» N'hésitons pas, déménageons ! »
On a dit souvent sur la terre,
Et chacun répète ici-bas,
Sans approfondir le mystère,
Que le Bon Dieu n'existe pas.
C'est une erreur, je vous le jure,
Sans nous prévenir, un matin,
Il est venu, la chose est sûre,
Fixer de chacun le destin,
Donner à chacun son ouvrage,
Mais quand tout fut bien réparti,
On a fait un si grand tapage....
Que voulez-vous? Il est parti.
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ABONNEMENTS AU CRI-CRI:
F. 5 par An pour la France. — F. 8 pour les pays de l'Union postale.
Mo - recommandés parus dans Le Cri-Cri :
Paulussonnerie. de A. H.vnck (N° 48). — Réhabilitation, lie RAOUL Oger (N° 46).
— Le Virus, de loris BoeEl iV 43). — L'Enfant, de P. COTTXdU (N° 41). —
L'Epouse de Fifrelin. de Km m. LAMBERT (N° 39), — Le premier Régiment, de Fa
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DÉCEMBRE A FONTAINEBLEAU
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Au seuil de la foret, sous les hêtres, les rocs
Qui moutonnent, voici que dort la Mare aux Fées,
rumeurs du chaos paraissent étouffées,
Le bois D'est plus trente par d'invisibles socs.
Sur le branchage grêle, à petits coups, sans chocs,
plantes de cristal soudain se sont greffées ;
Les collines de blancs bonnets se sont coiffées
Et les vieux baliveaux ont revêtu leur frocs.
Tandis que le vallon se pare, dans la brume,
Pour réchauffer ses doigts, une fillette allume
Un paquet d'arbrisseaux dont s'embaume l'éther.
Elle a fait son fagot — misère ! il faut bien vivre ! —
Et. le nez dans la flamme, ignore que l'hiver
Accroche au bout des lais des aigrettes de givre.
LEON LECONTE
LE LIVRET D'UN TERRITORIAL
TRIOLET
Ma cervelle aux livres livrée
Ignorait ce qu'est un livret...
Elle savait ce qu'un livre est,
Ma cervelle aux livres livrée !
Et ce qu'on nomme une livrée,
Et ce qu'on appelle l'ivraie....
Ma cervelle aux livres livrée
Ignorait ce qu'est un livret !
SOMMEIL INTERROMPU
lu schah de Perse ronflait fort...
femme vient et... l'embête. —
Le schah lui fait couper la tetc.
N'éveillez pas le schah qui dort !
ODFROY. — Imprimerie GÔDFROY, 62, rue Thiers, Le Havre.
PUBLICATION REC< ) \1 M A N DE E :
Rouen-Théâtre, journal hebdomadaire illosti - L5 a nt. le numéro. — Principaux
quois, Albert Lambert, Fernand Mazade,
ili, Charneuve, Richard Christian, Rictus, Le
Aulnes, etc.. etc. —
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Tous les Samedis
DIX Centimes
SOMMAIRE
F. Barthélémy : ON DEMANDE ll\ COUIUNDITAIRE
Monologue en vers, dit par M PRADIÉ, du Théâtre des Nouveautés.
Charles Leroy : LA JAMBE DE BOIS
Monologue en prose.
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
Et cheç tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 63
1 le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues \ '.elles, oii-.. de François Coipék, Gi \ de Mai passant, Th. de l'.w-
vu.i . - Su \ i m va . ,1 \« quks Noam \M>. li ai m Chavi ptb, i'm. Leroy, Lemer» ier
Ni Galipaux, Albert Millaub, Coquelin, Alphonsi Allais, etc., etc.
FERNAND BA^RTHÊLEMÏ
ON DEMANDE UN COMMANDITAIRE
.1 mon ami Pradié.
A me voir, dirait-on que je suis un génie?...
l"n phénix ?... un héros ? .. un homme de valeur ?...
Que ma mémoire un jour partout sera bénie ?...
El qu'en m'acclamera bientôt comme un sauveur ?...
Et pourtant, c'est ainsi. Parmi les découvertes,
La meilleure souvent c'est un fait reconnu),
Ne vaut rien. Eh bien ! moi, j'en ai fait une certes,
Et qui va resplendir, d'un éclat inconnu !...
cle a pourtant vu beaucoup de noms illustres,
Hugo, Sarah, Pasteur, et plus d'un immortel ;
Paulus et le Mitron, qui font pâlir les lustres.
Les pastilles Brachat. et même Gëraudel !!...
Eh bien ! tous ces savants, ces acteurs, ces poètes,
Tous ces renoms surfaits, bientôt ne vaudront rien ;
A moi tous les honneurs !... à moi. toutes les l'êtes !...
Tous ces grands noms seront écrasés par le mien !...
Par ces temps, ils ont tous, au moins une statue ;
Ainsi, vous pouvez voir, tous les jours, tel ou tel,
En bronze, en marbre, en zinc,... mais tous sont sur la rue,
Tandis qu'on me mettra moi,... sur la tour Eiffel !!...
Vous vous demandez bien quelle est cette merveille ?...
Oui da !... vous voudriez connaître mes secrets ?...
Pour vous plaire pourtant, dans le creux de l'oreille,
Je vais vous l'expliquer si vous êtes discrets.
Voici : Mon but. Messieurs, est je crois très louable,
.le veux rendre service a tout le genre humain,
En le débarrassant du nombre formidable,
De gens qui sont toujours à barrer le chemin.
Oui. mais il me faudrait, pour lancer cette affaire.
Beaucoup, beaucoup d'argent,... un chiffre colossal ! ..
Si parmi vous je trouve un bon commanditaire,
Je réponds d'un succès, alors pyramidal !!...
Le merveilleux produit, dont j'ai seul la recette,
A la forme et le goût d'un succulent bonbon,
A base d'arsenic, de sucre, d'anisette.
De nitro-glvcérine et de fulmi-coton !
IJas besoin d'avoir peur, de crime point de trace,
L'efiet ne se produit qu'à la digestion...
Vous donnez un bonbon à qui vous embarrasse,
Et trois heures après... il fait explosion !...
Adresser toutes communications concernant la tlrtlartion el l\tifmi-
ntMlriiliutt du " Cri-Cri " h M. Ren<i GODFROY, directeur-gérant, rue Thiers, 62.
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bourg Montmartre, a Paris.
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Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René GôDFROY, directeur, 62, rue Tbiers, au Havre.
Puis, ce sera très gai de voir, je vous assure.
Une dame, un monsieur, dans un riche salon.
Dissertant gravement ou musique, ou peinture,
Eclater tout-à-coup et voler au plafond !...
Si l'un de vous, trouvant la vie insupportable.
Veut se faire sauter par hasard le caisson ?...
Qu'il prenne mon bonbon, il est plus agréable
Que le feu, l'eau, le fer, même la pendaison !...
Votre femme vous trompe avec votre ami Jules,
Au lieu de les tuer, pour laver votre honneur...
Offrez-leur galamment une de mes pilules,
Et vous pourrez les voir, tous deux sauter en chœur !...
Le président voulant changer de ministère.
Usera maintenant de ce moyen, c'est clair.
Au cours d'une séance ultra-parlementaire.
Il pourra voir voler... ses ministre... en l'air !...
Eh bien !... que dites-vous, des pauvres locataires,
Qui donnent tant d'argent pour avoir un fover ?...
Avant peu, j'en suis sur. plus de propriétaires.
Les gens ne paieront plus qu'en bonbons leur loyer !...
Et les ouvereriers, ces parfaits démocrates.
Qui donnent aux borgeois la sueur de leur front ?...
Et les saute-ruisseaux ?... les clercs ? les bureaucrates ?...
Il ne restera plus, bientôt, un seul patron !...
Et celui qui d'un oncle attend un héritage,
Quand l'oncle ne veut pas dévisser son billard ?...
On lui donne un bonbon... un seul... pas davantage,
Et l'on évite ainsi les frais d'un corbillard !...
Ah !... c'est que voyez-vous, je suis humanitaire,
Tous au même niveau, c'est la suprême loi,
Je donne mon fameux bonbon égalitaire,
A tous ceux qui voudraient être plus haut que moi.
Mais ce qui me vaudra les plus riches affaires,
Les plus brillants succès, le plus bel avenir,
C'est la destruction des tendres belles-mères.
Que les gendres sans cœur ne peuvent pas souffrir !...
Eh bien, qu'en dites-vous, je crois que mon système
Est vraiment merveilleux et vaut son pesant... d'or ?...
...Vous sauterez aussi car pour un qui vous aime,
Vingt jaloux pour le moins désirent votre mort !...
Voyons !... qui donc sera l'heureux commanditaire ?...
Par mon moyen le monde étant détruit un jour....
.... Quand nous ne serons plus que tous deux sur la terre...
Je le ferai sauter... le bonhomme, à son tour ! !...
PUBLICATION RECOMMANDEE
Sous le titre de Florilège Normand, paraîtra, le 15 novembre, une
anthologie spéciale appelée U un grand succès auprès des délicats et des lettrés.
Dans ce volume, avec deux préfaces : Dédicace, du poète Fernand Mazade, et
Dialogue des Fleurs, de Carolus d'Harrans, entreront des poèmes, contes et
nouvelles de: Alphonse Karr, J. Ilichepin, (l. Vicaire, Jean Lorrain, H. de
Braisne, Fernand Mazade, Laurent des Aulnes, Carolus d'Harrans, J. Suzanny,
Albert Lambert, Ebrab, Catulle Blée, Albert Fox, Marcel Bailliot, Comte de
Sarran-d'AUard, etc.
La plupart des collaborateurs de Florilège Normand sont de nos amis. —
Nous prédisons à leur recueil la plus douce des destinées.
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ABONNEMENTS AU CRI-CRI:
F. 5 par An pour la France. — F. 8 pour les pays de l'Union postale.
Mo\ - recommandés parus dans Le Cri-Cri :
Paulussonnerie. de A. BA.NCB i\'" t^ï. — Réhabilitation, ila R.vour. OOSR (N° 46).
— Le Virus, de Loi is BoOfiï (N" 13). — L'Enfant. de !'. COTTARD <N° 41). —
L'Epouse de Fifrelin. de I'.mm. LaMBURI (N° 39). — Le premier Régiment, de FJ
Fautrel i Y' 38). — Une Envie, de E.-H. MàRCELLA |N" 38).
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CHARLES LEROY
LA JAMBE DE MOIS
L'invalide à la tête de bois, c't'une f... blague comme tout un
chacun il n'en ignore, mais c'qui n'esl p.is une farce, c'est les
invalides qui ont des jambes en même métal.
Pour lors, j'en ai connu un pauvre b... qui avait un pied à
terre, et l'autre qui était reste en Crimée.
1 'gour'nemenl lui avait fait la politesse d'une jambe de bois
pour préconiser d'reconnaissance envers ce vieux serviteur et la
croix.
S'tait r'tiré dans <a famille avec sa pension. Vu la chose d'un
coup d'sabre dont il s'était profusionné en sï... d'vant moi pour
m 'éviter d'un atout, j' lui rendais visite de temps en temps, et
un jour, je l'trouve en train d'fréquenter d'un bain d'pieds dont
il avait submergé idem sa jambe de bois.
— S'crongnieugnieu '. jlui propage, c'que vous intentionne-
riez d'ramollir vot'e bib'lot ?
— Non. mon colonel, qui m'transpose, c'est pour à seule fin
d'calmer les démangeaisons qu'j'ai dans l'mollet.
— D'vot'e jambe de bois !
— Oui, mon colonel.
— Çà, s'crongnieugnieu, c'que vous vous gondolez d'fantaisie
et autres, en m'f... l'propagement d'çui-ci ?
— Mais pas du tout, mon colonel, je vous assure...
— N... deD... faites-moi donc voir vot'e sacré machin.
Pour lors j'examine, et qu'est-ce que j'vois ? c'te n... de D...
d'jambe de bois était pleine de pucerons et d'asticots ; les bains
de pieds en effet troublaient ces bêtes et l'invalide restait tran-
quille pendant quéque temps, s'ment au bout d'huit jours, ça le
r'démangeait d'récidive.
Quand j'ai vu ça, j'y ai f... sa jambe de bois au feu et j'y en
ai fait faire une autre, mais c'pauv'e b... n'a décidément pas
d'ehance : sa nouvelle jambe était en bois vert, elle bourgeonne,
et l'n... de D... d'méd'cin craint un érésvpèle.
Aussi j'ai bien envie d'iui faire faire une jambe de bois en
tôle, c'que vous en dit
et ami, Henri Lefebvre, auteur de ha Mode, monologue
paru dam Le V 1 du Cri-Cri, vient de remporter un très grand succès
Judith chez Holopherne, scène tragique créée pur M"" Segoud-Weber, d#
• ■n vente, h TOURS, à la Librairie Hoisski.ikk,
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nt Rf.nl GoDBSOT. — Imprimerie GODFROY, 02, rue Thiers, Le Havre.
Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime,' Le Cri-Cri
expédie franco a domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressé! à M. René Godfboy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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FERNAND MAZADE
DE SABLE ET D'OR
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE, 41, Rue de Seine
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L>- Cri-Cri, le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logaes, Poésies. Nouvelles, etc., île Frakçois Coi'PÉK, Oui de Maupassant, Th. de Ban-
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FERNAND MAZADE
DE SABLE ET D'OR
ARIETTE POUR ARABELLE
Je ne connais point, rieuse Arabelle,
De poing plus joli que ton joli poing
A demi noyé parmi la dentelle: —
De bras plus dodu, d'épaule plus belle,
Je ne connais point.
S'il est ici-bas, quelque part au monde,
In mollet d'enfant mieux pris sous son bas,
l'n mollet ayant la courbe plus ronde,
Je l'ignore encore, Arabelle blonde,
S'il est ici-bas.
Le referait-on, pelote de neige,
Ton ventre aussi fin que le fin coton ?
Plus blanc que les ciels blancs de la Norvège,
A fossette, en fleur, reluisant, que sais-je!
Le referait-on ?
Et tes petits pieds, distique de grâce,
Sur quel chérubin sont-ils copiés ?
Pour tout compliment, veux-tu que j'embrasse,
Mon tendre oiselet, tes jambes de race
Et tes petits pieds ?
Que ces ongles-là sont cintrés et roses !
N'est-ce point un dieu qui les cisela
Dans des liserons, des muguets, des roses ?
Les dieux peuvent seuls d'aussi frêles choses
Que ces ongles-là !
Comme un col d'oiseau, d'une pure ligne,
Le tien sort aussi d'un divin ciseau :
Il est souple, droit comme un cep de vigne :
Il est velouté comme un col de cygne,
Comme un col d'oiseau.
Douillet et nerveux, il plonge en la soie
De ta collerette et sous tes cheveux,
cou qui sourit, se plisse de joie,
Dodeline un peu, s'éclaire, blanchoie,
Douillet et nerveux.
Adresser toutes communications concernant fa Mtéilaoïion et Vsidtni-
ninlrulion du " Cri-Cri " à M. René GODFROY, directeur-gérant, rue Thiers, 62,
au Havre. — Les Annonces au " Cri-Cri" sont reçues Agence BLAVETTE, 9, fau-
bourg Montmartre, à Paris.
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Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre..
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Ton menton a l'air de quelque azerole
De forme charmante et de teint très clair.
— Ne me raille pas pour cette parole ;
Ne te moque pas, Arabeile folle,
Ton menton à l'air!
C'est une chanson ! j'ai ta bouche à dire,
Où cent philtres doux n'ont qu'un échanson :
Tes lèvres de miel, ta langue de myrrhe,
Et tes dents de lys sonore ! Ton rire,
C'est une chanson.
Où s'envole-t-il, les ailes gonflées,
Ton nez adorable et bien puéril ?
Comme un ver luisant des nuits constellées,
Va-t-il se rouler par les giroflées,
Ou s'envole-t-il ?
Des yeux ! — Les plus chers ont le charme étrange
La largeur des tiens et leurs reflets verts ;
Mais, ce qu'ils n'ont pas c'est la double frange
De cils lumineux qui te fait l'archange
Des yeux les plus chers.
Parenthèse d'or, non close, la flamme
De tes sourcils purs, qu'attend-elle encor?
Tels, toujours de vierge et déjà de femme,
Ils peuvent répondre à qui dit : « Ton âme?
— Parenthèse d'or ! »
Comme un ruisselet recouvert de glace,
Ton front est uni, mon tendre oiselet !
Et c'est le chemin où ta toison passe
Quand ses flots vermeils coulent sur ta face
Comme un ruisselet.
Je n'ai pas fini. Dans ta chevelure,
Les Songes pimpants ont bâti leur nid
Avec de la paille et de la guipure.
— Ne t'agace pas : chercheur d'aventure,
Je n'ai pas fini !
Je voudrais savoir le mot de ton rêve :
Quel est l'horizon que tu peux bien voir?
Si c'est un vallon, si c'est une grève,
Et quel est aussi l'aigle qui t'enlève?
Je voudrais savoir,
Lorsque tu t'endors, la figure inerte,
Si ton esprit fuit avec les condors
Par le champ lointain de l'étoile verte.
La lune à tes yeux serait-elle ouverte
Lorsque tu t'endors ?
Mais enseigne-nous dans quelle contrée
Va se promener ton bonheur jaloux ?
Et quelle est, — quelle est la source sacrée
Où se rafraîchit ta lèvre altérée ?
Mais
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F. 5 par An pour la France. — F. 8 pour les pays de l'Union postale.
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Paulussonnerie. de A. Range i\" W). — Réhabilitation, de Raoul Oger (N° 46).
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L'Epouse de Fifrelin. de Kmm. LAMBERT |N" 39). — Le premier Régiment, de Fd
Fautrei \ 8).— Une Envie, de E.-H. MXRCBLLA ( \'° 38),
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I. "enfant saurait-il les grandeurs profondes?
Son esprit voyant, son esprit subtil
A-t-il le secret des ciels et des ondes?
.:>>. Vabelle. Ô blonde des blondes!
L'enfant saurait- il ?
Dieu t"a-t-il parlé de notre fortune.
De tel monde étrange et bleu de Schellej .
Où l'odeur, la joie et le clair de lune
Seraient une chose et \\\-w seraient qu'une?
Dieu t'a-t-il parle
D'Eternellement et de son mystère,
Si nous sommes terme ou commencement?
— Et. quand nous mourons, en fuyant la terre,
L'âme devient-elle une tributaire
D'Eternellement ?
LE COR
N'écoute point cet homme, ô toi simplement femme 1
Quoi qu'il dise, il n'est pas qui t'aimera. Son âme
Domine ta magie; au ciel orienté,
Son cœur est calme et plein comme l'éternité.
Ne l'écoute jamais le passant grave et pâle, —
Prophétique fantôme, ombre seigneuriale,
Etre échappé d'un cycle étrange et fermé, — qui.
Epée et cor d'ivoire, erre, cueillant le gui
Mvstique et s'il, parfois, lève sa main charmante,
Sonne sans s'arrêter le nom de son amante.
— 11 est celui qui rêve, en unique souci
De sa chimère! auguste ainsi, précaire ainsi
Que tel roi fabuleux de Thulé qui, sans doute
Tendre, à coup sur vaincu, n'avait, dans sa déroute,
Emporté que sa belle et qu'une coupe d'or.
Même, plus souverain, même, moins riche encor,
Lui marche, les yeux clos, dans les roses du songe,
Veuf à toujours ! — et sa chanson est un mensonge.
Et, vois-tu ! ce mensonge, il le voulut de tous
En même temps le plus cruel et le plus doux,
Et que son cor. écho de noblesse infinie,
Fût moins ensanglanté d'amour que de génie.
Le CRI-CRI est en vente, dans toute la région du Sud -Ouest,
chez les dépositaires de la " Petite-Gironde."
Sur tous les Pianos :
MARCHE DE FRANÇOIS Lr, par PU. Simon ; eouverture illustrée,
par Steinlen. — Franco, contre mandat-poste de fr ï, adressé a
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H.-C. PETIT
AUX MACCHABÉES
Une lueur jaunâtre
1 >i scend des soupiraux,
Semble jouer, folâtre,
Devant tous ces Egaux.
Luttant dans les ténèbres,
1 es rayons du soleil
Semblent narguer, funèbres,
Les Morts dans leur sommeil.
Sur la table de pierre
Ofi les a disposes :
Pas même au cimetière
Ils ne sont déposés.
Comme tout misérable,
Eux. ils ne peuvent pas
Se pourrir dans le sable,
Servir aux vers d'appâts.
Ils attendent, tranquilles,
Qu'un pâle carabin
Vienne sur leurs guenilles
Etudier le chemin
D'un nerf ou d'une artère.
Puis on les laisse enfin,
Bons à jeter en bière :
Tel est tout leur destin.
MON SQUELETTE
Au plafond suspendu
Ainsi qu'un vrai pendu
La housse de lustrine
Qui lui ceint la poitrine,
Voilant sa nudité.
Feint en l'obscurité
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nistruliott du " Cri-Cri " à M. René GODFROY, directeur-gérant, rue Thiers, 62.
au Havre. — Les Annonces au " Cri-Cri" sont reçues Agence BLAVETTE, 9, fau-
bourg Montmartre, à Paris.
Le Cni-dti « Kt en vente î»ii Comptoir Ciénéral «le *HiHiq«
Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Tbiers, au Havre.
Légère de la chambre
Un linceul noir. Un membre
Sous l'étoffe esquissé
Par un ferme plissé
Berce comme un pendule
Son ossature. Hercule
Sans muscle et sans cerveau,
Ce déchu sans caveau
Figé dans son squelette
Semble un anachorète
Battant dans l'Infini
La mesure du Défini.
SUR LA MORT
O Mort, hideuse impasse où tout être qui vit
Se butte tôt ou tard ! Précipice insondable
Où l'on voit tout rouler, depuis l'enfant qui rit
Jusqu'au vieillard tremblant! O gouffre insatiable
Que nous côtoyons tous, où la Fatalité,
L'amante du Néant, nous guide et nous entraîne !
Quand, implacable Mort, dans ta voracité,
De cadavres, de pleurs gavée et toute pleine,
Poseras-tu ta faux avec ton noir manteau !
Quand pourrons-nous connaître et comprendre la cause
De cette loi du sort qui veut que le tombeau
Soit l'ultime demeure où tout chacun repose ?
Si seulement encore on savait les secrets
Des tombes silencieuses !
Mais les Morts sont muets,
Mais la Mort est muette, et dans les fosses creuses
Eux aussi les vers sont discrets.
LE GARÇON D'AMPHITHÉÂTRE
A toute heure de la journée
Cet homme est là parmi des corps :
C'est lui qui garde la fournée
Qui git dans la Salle des Morts.
Quand l'autopsie est achevée,
Du Macchabée empli de son
Il recoud la peau crevée,
En fredonnant une chanson.
Il drape, habille, grime, coiffe
Ceux qui sont classés : « Reconnus. »
Aux femmes il pose une coiffe
Et cache avec art les seins nus.
ABONNEMENTS AU CRI-CRI:
F. 5 par An pour la France. — F. 8 pour les pays de l'Union postale.
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SUR TOUS LES PIANOS:
Marche de François T1, par Pu. Simon : couverture illustrée oar Stkinlen. —
ontre mandat-poste de tv. 2, adressé .;i M. Reni Godfroy, 62, rue Thiera, au
Havre.
Aux hommes c'est un «coup d'épongé
Qu'il leur passe sur le museau // :
Pour voiler le cou qui s'allonge.
Il remonte un peu le sarrau.
A celui-ci, la mentonnière;
Pour cette autre un foulard tout blanc.
— Tout ça ressort bien dans la bière.
Et ça se t'ait pour de l'argent.
Si ce n'était l'amphithéâtre
Ht l'odeur acre du phénol,
On se croirait dans un théâtre
Ou dans quelque hideux guignol.
L'homme est un ouvrier honnête,
Aimant sa femme et ses enfants,
Qui. lorsque sa besogne est faite,
Eu ville va poser des... dents.
LITANIES
Quand ma dépouille, pourriture
Sur qui les vers s'escrimeront,
Reposera dans la sciure,
Les Femmes encore aimeront.
Quand ma guenille, en son suaire,
Ne suera plus par les labeurs,
Les Femmes qui seront sur terre
Tortureront encor les cœurs.
Alors que ma pierre tombale,
Souvenir d'héritiers pieux,
Lisse comme toute autre dalle,
N'aura plus l'inscription d'adieux ;
Alors que la pluie et l'orage
Auront rayé mon nom du grès,
Et que mon corps pour tout ombrage
N'aura qu'une reine des prés ;
Comme jadis, en cette époque
La Femme soufflera l'Amour,
Et pour y frotter sa défroque
L'Homme encor lui fera la cour.
t . Rlnl GODFKOT. — Imprimerie GODFBOT, 62, rue Thiers, Le Havre.
POUR PARAITRE LE l>l DÉCEMBRE:
GRI-GRI-NOEL 1889.— DIX Monologue» et Poésie» de François Coppée, Guy de
-, Théodore de Banville, que-. Normand, Lemercier de
iie, Louis Ratiabonne Lai Félix Ctalipaux et Paul Harel. — Prix de ce
ro exceptionnel, 25 centimes.
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DIX Centimes
SOMMAIRE
MARIE-LOUISE NERON
INFLUENCÉ PAR SA. BEIiliE-lfïÈRE
Monologue en Prose
Albert Fox : MISANTHROPIE
ii-on Lccoute : PLAINTE IV AJIfll: R
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Et che% tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
Le Cri-C '. le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., il<> François Coi'PÊb, Gutî de Mai passant, Th. de Bak-
■ lnd Silvkst&b, Jacques Normand, Bu déni Chavettb, Ch. Leroy, Lembrcibr
N I ivu i i . (mm: U \. A.LBKRT Mil I IUD, COQUELIN, ALPHONSE Ail us, etc., «Mr.
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MARIH-LOl'lSH NKRON
[NFLDENZE PAR SA BËLLE-MKRE
— Eh bien ! cuii. mes amis, je viens d'être influenzé. — In-
fluenzé ça n'est rien, n'est-ce p;is, la mode est là. — M;tis être
influenzé par s;i belle-mère, coquin de sorti c'est être influenzé
deux t'ois. — Vous pense/, comme moi. n'est-ce pas? 11 n'en est
peut-être pas un parmi vous qui n'ait une belle-mère à vendre,
car je ne sais pas pourquoi ces femmes-là ont fait le vœu de
vivre longtemps; probablement pour faire gagner le ciel à leur
gendre !
Moi. pour ma part, j'en ai une soignée, croyez-m'en sur parole
— une vraie tête de croquemitaine ! — 11 y a (in an que je suis
marié. J'ai épousé une femme charmante, elle sortait de pension.
Je me disais : voilà bien mon affaire — une cire molle, je pétri-
rai va à mon idée, je lui donnerai mes goûts, mes habitudes; je
me ferai un intérieur à dégoûter un célibataire de rester céliba-
taire.
Ah! bien oui... j'avais compté sans la mère!... — Non, mais
voyez-vous, cette femme là, c'est un dégel !... Elle est toujours
là comme mon ombre. — Suis-je un instant seul avec ma
femme il y a des moments, que diable, où on a besoin d'être
seul avec sa femme . — L'autre jour, par exemple, à la suite d'une
petite discussion, j'étais en train de faire ma paix, un bon baiser
et tout était fini. — Eh bien, pas du tout. — On frappe. — En-
trez. — Ciel! ma bêlle-mere ! ça ne pouvait être qu'elle). —
scènes-là se recommencent dix fois par jour; je ne peux
rien faire, rien dire, sans voir apparaître sa tête de Méduse. Ah !
mes amis, le mariage dans ces conditions-là est un bagne: le
ire est un forçat et tire un fameux boulet, — sa belle-mère !
Mais je reviens à ma maladie.... Il y a huit jours, j'allais
me coucher. — Monsieur, crie la domestique, votre belle-mère
est bien mal; vite, dépêchez-vous, elle vous attend. — Moi, je
crois que c'était pour mourir. — Diable ! je me dis, faut pas La
faire languir! — Ma femme a une attaque de nerfs — bien en-
tendu, elle ne pouvait pas faire autrement. — Je me rhabille.
— Qu'est-ce qu'elle a donc, dis-je à la bonne ? — Ah ! Monsieur,
pour le nom. je ne peux pas vous le redire, je n'avais jamais en-
tendu des mots si biscornus ; mais c'est cette maladie, vous savez
bien, dont on parle tan t. mémo que sans le respect que je vous porte,
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expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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elle prend les chevaux aussi, maintenant. — Ah I très bien ; j'au-
rais dû m'en douter ; une femme comme ma belle-mère ne pou-
vait que se mettre à la mode. — Enfin, nous voilà prêts, ma
femme et moi, nous partons, nous arrivons ; ma belle-mère était
couchée, geignant à nous étourdir; mais je constatai qu'elle
avait encore l'oeil bon ; elle me regardait avec son air méchant
et mauvais — un air de jeune hyène — et elle allait m'adresser
quelques-unes de ces paroles aigre-douces dont elle a le mono-
pole, mais je l'avais devinée, et à son grand désappointement je
lui tirai ma révérence, lui laissant sa fille pour la soigner.
Je rentre chez moi, mais, hélas! pincé!... et pincé à cause
d'elle... Je parie qu'elle n'avait pris la maladie que pour me la
céder. Dieu ! quelle chance si je puis jamais la lui rétrocéder;
mais là, une bonne, une de ces infiuenza qui vous nettoient pro-
prement et en peu de jours.
Enfin, pour moi, j'en ai été quitte moyennant quelques dro-
gues et la visite de quelques charlatans en renom. Bref, mon
infiuenza s'est passée — totalement passée, — j'en suis fort aise.
C'est que ma belle-mère n'est pas passée — du tout, elle, —
oh! mais, pas du tout. — Tenez, je l'entends qui m'appelle...
Oui, oui, c'est bien elle... Pas moyen de s'y méprendre, allez —
une voix de crécelle antique !
Sur ce, bonsoir; je vais reprendre mon boulet !... Si jamais je
l'égaré et que quelqu'un parmi vous le retrouve, ne le rapportez
pas, car il n'y aura pas de récompense.
ALBERT FOX
MISANTHROPIE
Ne voir et n'adorer qu'un seul être : une femme ;
N'avoir qu'un cœur, son cœur, et qu'une âme, son âme ;
Vivre éternellement enlacés, éperdus ;
Se griser de baisers ou volés ou rendus ;
Brûler du même amour, souffrir des mêmes fièvres ;
Et les yeux sur les yeux, les lèvres sur les lèvres,
Poursuivre son chemin sans regrets, sans douleurs,
Sans larmes, sans sanglots, sans soucis et sans pleurs.
Oh ! vaine illusion. Rêve insensé ! Chimère !
Qui rend le noir plus noir, la douleur plus amère,
Qui retire à nos cœurs les lueurs de l'Espoir.
L'Amour est une fleur qu'un souffle fait éclore,
O dieux ! pourquoi la faire entr'ouvrir à l'aurore
Et venir la faucher le soir.
l*e Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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Le Cri-Cri traite, ?» des Httons tionnelles, avec | MM. les Directeurs de
Théâtres, de Concerts, de Sociétés lyriques, <'ir.. désireux de foire vendre dans les salles
de spectacles les monologues el poésies publiés dans notre journal.
Ecrire h M. R loy, 62, rue Thiers, au Havre.
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LEON LECONTE
PLAINTE D'AMOUR
11 murmurait tout bas, ravi d'être auprès d'elle,
Entourant doucement sa taille de son bras :
% — Hier, j'étais à t'attendre, au rendez-vous fidèle,
Méchante!... Et la nuit vint, mais toi tu ne vins pas !
" Mille astres scintillants du ciel perçaient les voiles.
Pensif, les yeux perdus dans les splendeurs des eieux.
Je rencontrais partout le regard des étoiles,
Nulle part ton regard profond et gracieux.
% J "entendais accourir les rafales puissantes,
Courbant l'herbe des prés et les arbres des bois ;
Et parmi les éclats de ces voix mugissantes
Vainement je cherchais ton amoureuse voix.
« Je sentais sur mon front pâle et brûlant de fièvre
Le froid baiser du vent tristement se poser;
Et, seul et morne, en vain j'implorai pour ma lèvre
Le contact enivrant de ton ardent baiser...
« J'ai vu champs et sentiers comme mon âme vides ;
J'ai vu, comme mes sens, les rameaux agités ;
J'ai vu courir dans l'air des nuages livides,
Et, comme mon esprit, sombres et tourmentés ;
« J'ai vu, tourbillonnant sous la bise inclémente,
Les feuilles fuir — ainsi que mon espoir, hélas!
Et l'ombre emplir le ciel et mon cœur! »
Son amante
Sourit et dit : « — As-tu... vu la lune, mon gas?»
/> Cri-Ci. dont le succès grandit chaque jour, est très Bensible à la sympathie
qu'il rencontre dans la presse de Paris et de province. Il remercie tous les
journaux qui ont tiien voulu annoncer el recommander sa publication, et tout
particulièrement ses confrères «le Pari*: Le Réveil du Quartier, La Plume,
L'Avenir des Concert*, Le Progrés Artistique; «le faille:
Le Révt il du Nord : «le Toulouse : La Renie Théâtrale, La Marseillaise ;
«le Lyon : Lyon-Arti te; «le Marseille : /.. Bavard; «le Rordeaux : La
«lu Havre: le journal Le Havre, \<- Courrier, le Journal
du Havre, la H tique* La Cloche; de Rouen: Rouen-Artiste; de
«Thartrei» : ?Écho de Montpellier, le Moniteur Judiciaire ; «le Tonnerre :
L'A pi «l'Aiisnon : La Caravane; «le Troyes: L" Lune Troyenne; «le
Foix : t Avenir; «le Viehy : le Journal de Yichy\ «l'Arra*: l'Avenir; de
Viliefranctie : l'Indépendant : 4e Castellatiae : la Sentinelle des Alpes;
de Digne : /'/•.'< ho : «!«' l>tnparic : le Jour, "il du Médoc : «le Cognac : la
• «i»' Matâtes i te Rappel, la République; «le RouileriN : Vin*
dépendant : dMhheville : le Progr» : de F«'>«-.anip: le Journal de Fécamp;
de .\aiiiur : i LutU : «le iMllehonne : le Lillebonnais, etc.,
Le titrant Bsmi GoDFROY. — Imprimerie GODFROY, 02, me Thiers, Le Havre.
ochainement :
Poèmes Nationaux, de Léon Berthaui : ouvrage recommandé à tons les patriote*.
Diurne, édition de luxe, prix : 3 fr. — Adresser mandai à M. René Ôodfroy, 02,
rue Thiers, le H
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Tous les Samedis
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LEON-L. BERTHAUT
POÈMES NATIONAUX
>es Affres d'iiix Roi
Bouvines
-A.tx Vercingétorix
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j COMPTOIR GENERAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
Et che{ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 74
7.r- Cri-Cri. le meilleur marché des journaux littéraires, publie dos Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., de François Coppéb, Gtrs Dto Mai tassant, Tu. he Ban-
ville, ArKAND Su vi si hk. J«eQtTBS Normanp. KrflÈNK CHaVKTTE, Cb. Leroy, I.kmkrcikr
PI Nel'VILLE, Galitaux, ALBBRT Mim IUD, COQÙl I in, Ai PHONSK Allais, etc., etc.
LES AFFRES D'UN ROI
.1 Sitllv-PriiJJioDirHC.
Blême, les yeux hagards, la sueur a la face,
Clotaire l'assassin gémît lugubrement;
Il frappe la muraille et sa main maigre efface
L'ombre qui devant lui revient obstinément.
Le prince, furieux et grelottant, halète,
S( - grands ongles de fauve enfoncés dans le mur,
Ainsi qu'en expirant dans son antre, la bête,
Pour l'éternel sommeil, creuse son lit futur.
Les quatre successeurs de ce royal cadavre
Sont là. Pas un ne bouge ; ils ont des cœurs de roc ;
Mais ce monstre est leur père ; un saint remords les navre;
Leur ambition gît, un moment, sous le choc.
Clotaire les implore en sa folle épouvante ;
Les ayant vus cloués au sol par la terreur,
Hanté des châtiments que l'agonie invente,
Il croit les voir sourire et frissonne d'horreur.
Il hurle : « Brûlez-les! brûlez ces fils rebelles !
« Je suis Roi ; je suis maitre : obéissez ! brûlez !
C Aux cendres nous ferons funérailles si belles
€ Que les peuples croiront nos yeux inconsolés. »
A cet ordre, jeté par saccades rapides,
Gontran, le moins haï, s'avance vers le Roi :
Clotaire se retourne ; il tend ses bras stupides,
Mais le fils se dérobe en un geste d'effroi.
Délaissant le vieillard qui leur donna la vie,
Et dont le cri suprême est encore puissant,
Tremblants sous le pouvoir que chacun d'eux envie,
Les rois sortent, maudits par cet homme de sang.
Alors, abandonné de tous, le vieux Clotaire,
Dont le bras impuni demeure audacieux,
Vaincu dans son orgueil de prince de la terre,
Râle, en montrant les poings à l'Inconnu des Cieux.
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Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
BOUVINES
A Louis Joly.
O victoire des miens, salut ! Salut, réveil
Des fraternités saintes !
Salut, ducs et manants, vous dont ce soir vermeil
A béni les étreintes !
Voici donc tous tes fils, ô France, rassemblés
Sous la même oriflamme ;
Ces nouveaux bataillons, par la gloire appelés,
N'ont qu'une âme : ton âme.
Le sang des vilains vaut le sang des chevaliers,
La pique vaut le heaume ;
Tu pourras fièrement dénombrer par milliers
Les braves du royaume.
Les humbles ont sué la sueur des héros
Sur la glèbe féconde ;
Et les siècles feront naître de ces marauds
L'épouvante du Monde.
Salut, roi ! salut, ducs, salut, ô mes aïeux,
Qu'un noble amour nivelle !
Je vois de vos tombeaux s'élever vers les cieux
Une étoile nouvelle :
L'Univers étonné, proclamant ses splendeurs,
Tressaille d'espérance.
J'aperçois l'Avenir, vague en ses profondeurs,
L'œil levé vers la France !
AU VERCINGETORIX
A Eugène Longuet.
Tes frères, ces vaillants, avaient jeté les armes,
Blasphémé les aïeux;
Pas un croyant n'osait dans tout le peuple en larmes
Au ciel lever les yeux !
« Teute est sourd, disaient-ils ; à quoi bon, la prière ?
« A quoi bon, les combats?
« L'Ancêtre n'entend plus, là-haut, dans sa lumière,
Ceux qui souffrent en bas. »
Le druide criait, en son langage austère :
« Femmes, n'enfantez plus ;
« Hommes, ne jetez pas de semence à la terre
« Qui nourrit des vaincus ! »
K.e Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
AlîO\\i:il EN TS : Fiance, fr. 5 — Union Postule, fr. 8.
' faire atuvre patriotique que de souscrire aux. Poèmes Nationaux, de
\-L. Ber.tha.ut. — Adresser mandat-poste de iV. 3 à M. René Godfrot,
ne Thiers, au Havre.
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Alors, comme affaissés en leur désespérance,
Femmes, soldats, vieillards,
Tremblaient de dévouer à la dernière chance
1 es derniers étendards.
Comme, sanglant encor, César allait paraître,
Fort de récents exploits.
Tu ranimas les deeurs ; tu leur parlas en maître
Digne des fiers Gaulois.
A l'âge OÙ le Consul n'était qu'un roi d'orgie.
Pâle, aux membres tremblants,
Tu levas, d'une main, l'arme lourde et rougie
Des chefs aux cheveux blancs.
Dans la lutte accablé, pour la rendre féconde,
Tu mourus en martyr ;
Tu vis, à ton aspect, César, tyran du Monde,
Se troubler et pâlir.
Gloire à toi, dans ton âme et dans ta chair meurtrie.
Auprès du Dieu Vivant!
Car de ton noble exemple et de ta cendre au vent
\ germé la Patrie.
Les (rois poésies que nous publions aujourd'hui sont extraites des Poèmes
"in. c de Léon-L Berthaut, ouvrage en préparation et que nous comptons
livrer au public dans le courant de Février.
Rappelons q:.e notre dévoué collaborateur est déjà connu par la publication
de Veillées d'Armes, ouvrage récompensé le i Juin dernier par la médaille
d'honneur de la Société Nationale d'Encouragement au lli>>ii et que M. Ber-
thaut a obtenu une troisième place, une seconde et douze fois la première
sur les quinze grands concours auxquels il a pris part depuis dix-huit mois.
Au dernier concours de V Académie Lamartine, le jeune poète, qui luttait
dans sept sections pour les grands prix, en a obtenu six premiers et un
second.
C'est dans ce tournoi, surveillé par un jury d'une compétence exception-
nelle, que l'appréciation suivante a été donnée des Poèmes Nationaux :
« On sent vivre, dans l'œuvre de M. Berthaut, une âme de poète et de Fran-
« rais. L'auteur chante les gloires de la Patrie, depuis Vercingétorix jusqu'à
o dos jours. Sincère, large et hardie, l'œuvre du poète a toute la mâle énergie
« d'un en jeté dans la tempête. Vision, Ambiorix, Ii<s Qdllice, Bouvines,
« Jean." d'Arc, Bout autant de pièces où l'on sent le cœur battre et le sang
« courir. Ce livre est un cordial; cette gorgée de liqueur forte vous retrempe
* et vous guérit. Dans la Plainte des Drapeaux, ce n'est pas de la poésie,
c c'est le roulement d'une charge de cuirassiers.
« Beaucoup de poètes ont tenté l'épopée des angoisses nationales, mais au> un
« n'y a mis plus de nerfs, de cœur, de muscle.
« Toutes nos félicitations à M. Léon-L. Berthaut. Note : 20 sur 20. »
ri, qui s'est imposé la tâche ardue d'ouvrir aux jeunes et aux vail-
lants de la littérature la porte du succès Bi impitoyablement gardée par les
grands prêtres de l'édition, est certain de faire œuvre artistique en se char-
le la publicatioi itionaux
js sommes convaincus que nos leoeurs voudront sanctionner et encou-
re tentative et récompenser les efforts du patriote et poète Léon
Berthaut.
. GoDTOOY. — Imprimerie GODFBOY, 62, rue Tliiers, Le Havre.
t. — Noi amit Marcel Bailliot [Fanfare el Henri
Piquet ont obtenu deux n • i concours" organisé par le « Cercle de la
» : le premier, pour une nouvelle, La Soin'; le second,
œ comédie en un acte, /•
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X Centimes
FERNAND BARTHELEMY
LE FILAGE
Monologue Marseillais
DIT PAR
£M.cPbadié, du Théâtre des Nouveautés.
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5? Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE COMPTOIR GENERAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Ce
41, Rue de Seine, -4L 11 bis, Boulevard Haussmann
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 76
Le Cri-c>i. le meilleur marché des journaux littéraires, publie dos Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., de 1 i dj Mai passant, Th. of Ban-
ville, Ari lk Siltestre, Jacques Normand, Eugèni Cbavbtte, Ch. Leroy, Lembrcibr
db Xelvilif. G.mii'.u'x. Albert bIillaud. Coquelin, Alphonse Allais, etc., etc.
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LE FILAGE
Vous me croirez si vous voulez,
Mais ze suis de Marseille.
Un bien zoli pays allez !...
Faut le voir... Ze vous le conseille.
( est plus beau que Paris, d'abord ;
Malgré tout ce qu'on peut en dire,
que les parisiens y-z-ont un port ?...
Avec leur Seine, ils me font rire !..
Y-z-ont des monuments c'est bien certain
Devant lesquels ze me découvre;
L'Odéon, Saint Thomas d'Aquin.
1 e l.ut/embourg et puis le Louvre,
1 es Invalides. l< )péra,
Le Palais-Royal, la Concorde,
I a Madelaine eteetera ...
C'est zoli, ... ça ze vous l'accorde...
Notre-Dame — le Panthéon
Et l'Hôpital Larriboisière
st zoli... Je ne dis pas non
Mais ils n'ont pas de cannebière !!...
Et puis, voulez-vous le savoir? ... à Paris
Té !.. la seule sose qui me convienne ?...
Entre nous.... là... ze vous le dis...
Eh bien!... pour moi. n'ya que la parisienne !
Elles ont un cic épatant
Pour se retrousser, les mâtines,
Et vous font voir en soulevant
Leur zupe... un peu plus haut que leurs bottines.
Aussi.... moi.... que voulez-vous.... quand ze vois,
Le bas d'une zambe de femme,...
Ze ne me connais plus,... ze crois
Que tout mon corps il est en flamme !...
Tenez,... z'étais à Paris l'autre zour,
II pleuvait, ne sasantque faire,
Ze m'en vais faire un petit tour.
Tranquillement pour me distraire;
Quant une pitzoune,... un bizou...
de moi passe, et se perd dans la foule,
En faisant voir zusqu'au zenou
Un zoli molet fait au moule!...
Ah bagasse !... quand ze vois ça !...
Ze me dis faut que ze la file
Pour contempler ce molet-là !...
s d'elle alors, bientôt ze me faufile...
Elle prend la ru' Ricelieu.
La ru'" Saint-Marc, la ru'Yivienne,
Coupe le Palais-Royal au milieu...
Moi ze Biais touzours ma parisienne.
Aux magasins du Louvre, ze la suis...
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La Pissotière, monologue réaliste de Sock, illustré par l'auteur, obtient toujours
le plus vif succès dans les réunions intimes. — Pour se procurer cet éclat de rire, il suflit
d'adresser un franc en timbres ou mandat à M. Mené Godfroy, 62, rue Thiers, au Havre.
Elle entre, z'entre derrière elle;
Elle acète un tas de produits,
Des cornissons,... de la dentelle;
De l'eau de Cologne,... un sapeau,...
Un clysopompe... un tas de soses...
Une lampe... un porte-manteau...
Et douze paires de bas roses !
Enfin elle sort... Retrousse encore son zupon,
Troun de laire ! il pleuvait averse !
Pour mieux voir son molet fripon,
De l'autre côté ze traverse.
Qu'elle était mignonne, corbleu !
En trottinant comme une bice !...
Sous mon riflard, la tète en feu
Ze la suivais comme un canice.
Elle fait un tas de détours,
Passe un pont ; tourne à droite, à gauce,
Encore à droite., puis touzours,...
Ze me dis,... pourtant... faut que ze Tapproce !
Enfin, après avoir marcé
Plus de deux heures derrière elle,
Ze vois qu'elle entre au Bon Marcé !...
Ah ! pristi !... Z'entre avec ma'belle !...
Elle fait dans cette maison,
Bagasse ! Encore un tas d'emplettes
Un sandelier,... du saucisson
Des gants, ... des moussoirs... des boîtes complètes.
Elle aurait ze crois dévalisé tout
Sans se faire la moindre bile...
Ze la suivais touzours partout ;
Elle s'en va... Ze la refile !...
Elle marce vite,... ze cours....
Mais bon !.. voilà qu'au détour d'une rue,
Comme il pleuvait touzours, touzours,
Tout à coup ze la perds de vue.
Ze vais, ... Ze viens, ... Ze tourne plusieurs fois
Sans l'apercevoir, troun de laire !..
Lorsque dans un magasin ze la vois !...
Ah ! bagasse !... c'est mon affaire !...
Que ze me dis.... pas besoin de réflécir,
Té ! c'est zustement une crémerie,
Ze vais la faire rafraicir, ...
Ze connais la galanterie.
Z'ouvre la porte carrément,
La tête en feu, les yeux en flammes...
Quand la marzande, poliment
Me dit : « Ici, c'est le côté des dames,
Pour les hommes.... la porte au fond. »
Z'aurais bien dû me douter de la sose,
Car ça ne sentait pas très bon,
La crémerie était un Watcr-Closc !...
Sans dire un mot, de là ze sors
Tout déconfit,... l'oreille basse,
Attendant, inondé dehors
Que ma belle nymphe repasse.
A la fin, ze la vois sortir
Carrément, ze m'approce d'elle, ..
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et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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Dans le but de faipé connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco a domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
peste adressés à kl. René* Godfroy, directeur, 62, rue Thders, au Havrk.
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« Que pourrais-ee bien vous offrir?...
« O ma divine tourterelle !..
« Depuis quatre bernes /e vous suis,
" Trempe .'usqu'aux os par les omles.
« l'oinme un barbet crotté le suis,
" Pour admirer vos zambes rondes !.. »
l:t sans faire aucune façon,
Elle accepte le tête à tète
Pu n petit dîner de garçon,
Dans un cabinet ces Vacette.
Ze tais apporter du melon....
Quand, tout a coup, ma sarmante voisine
Me dit : « Mais.... t'es de Marseille, mon bon ?...
" A ton accent ze le devine !...
« Eh ! bagasse nous sommes pays !...
" Moi /e suis de la Cannebière !..
" En plein Marseille ze te dis !
" Et troun de laire. zen suis lîère !! »
Ah ! pécaïre! mes cers amis !...
< lest moi qui la trouve mauvaise!...
Venir de Marseille à Paris
Pour titer une Marseillaise !!!...
C'est fort !... Mais ce qui me console un peu,
C'est qu'à Paris, celles qui font merveille
Pour se retrousser, té ! parbleu !..
Ce sont les parisiennes de Marseille !!!
ASSOCIATION UNIVERSELLE
Concours de l'Académie des Palmiers
EXTRAITS DES STATUTS
Aux. XIX. — U Association universelle met à la disposition de
V Académie des Palmiers, sa commission littéraire et artistique,
une somme d'argent et un certain nombre de médailles, destinées
à être données en prix, applicables indifféremment à la Poésie, à
la Prose, à la Musique, à la Sculpture, à la Peinture, aux Scien-
ces diverses, et aux personnes qui ont, bien mérité de l'humanité.
Art. XX. — En vertu de cette délégation, Y Académie des Pal-
miers organise deux concours par an, — un tous les six mois, —
gratuits pour les sociétaires, afin de provoquer unenoble émulation
et pour mettre en lumière les talents et en relief les actions louables.
ART. XXI. — Le premier, dit concours Simple, se clôt le 30 avril;
cond, dit grand concours annuel, le 31 Décembre. Ces termes
-ont de rigueur.
Tout le monde ^eut prendre part au premier et au second de ces
concours, ou à tous Les deux successivement. Pour plus amples
renseignements, demander V Annuaire 1889-90, envoyé franco con-
tre 1 tV. 20 'Mi timbres-poste, adressés au Secrétariat général, 5, rue
Carnot, Courbevoie-Paris (France).
Non- apprenons la fondation d'une nouvelle Agence destinée à
rendre de grands services à Paris qui pense, écrit, travaille, in-
vente, etc., entln au tout Paris qui s'intéresse à ce qui s'imprime
chaque jour dans tous les journaux, du monde. — Le Courrier de
la Presse, 19, Boulevard Montmartre, A. GALLOIS, Directeur, com-
munique les extraits de tous les Journaux sur n'importe quel sujet.
rant : René Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 62, rue Thiers, Le Havre.
L'Administration 'Ju Cri-Cri prie in tamment MM. les Abonnés en retard peut le
tentent an mandat-poste de fr. 5 à M.
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René
Tous les Samedis
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SOMMAIRE
Marc Anfossi. — SCIE MAJEURE
Montée par Coquelin cadet, de la Comédie-Française
François Goppée. - UN ÉVANGILE
Albert Fox. — AVRIL
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j COMPTOIR GENERAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 77
Lf Cri-Cri. le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., de François Coppék, Qxn de Maupassant, Th. db Ban-
yillb, - . Jacques Normand, Eugène Chavbtte, Ch. Leroy, Lrmercibr
DB NBUn U \. Ai mur Mm 10D, CoQUBLIN, A.LPHONSB Allais, etc., etO.
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MARC ANFOSSI
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SCIE MAJEURE
Elle allait rendre son ouvrage ;
Moi je la suivais bêtement.
Comme ça, sans savoir comment,
Ni pourquoi, ce jour, justement,
Elle allait rendre son ouvrage.
Elle avait à peu près cet âge
Où, terminant l'apprentissage,
On peut sortir impunément,
Ht le nez en l'air, carrément
Par un soleil éblouissant,
Elle allait rendre son ouvrage.
Si vous aviez vu son visage !
C'était radieux et charmant,
Jolie à dévorer, vraiment,
Et comme moi, probablement,
Vous l'auriez suivie en flânant
Jusqu'à l'endroit où, gentiment,
Elle allait rendre son ouvrage.
Elle traversa le passage
Du Saumon, lit énormément
De chemin, (on trotte à cet âge) ;
J'étais essoufflé, tout en nage,
Et j'attendais l'heureux moment
Où, mettant terme à mon tourment,
Dans un grand établissement
Elle allait rendre son ouvrage.
Patatras! Un encombrement
De voitures. Moi, prudemment,
Je restai là, tranquille et sage...
vient vite un écrasement)
Elle avait filé presten
Et je la cherchai vainement
De sorte que, fatalement.
Je n'ai jamais su ni comment,
Ni pourquoi, ni dans quel moment
Et dans quel arrondissement
Elle allait rendre son ouvrage.
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OODFROY, dir '• rue Thiers, 62, au Bavre. — Le« An-
nonce, BLAVETTE, 9, faubourg Montmartre, a Paris.
ABOWlilIKVTS : l'f r. fr. 5 — Union Pomtale, fr. 8.
Le Cri-Cri est en vente chez tous les dépositaires du
Progrès Artistique.
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FRANÇOIS COPPEE
UN ÉVANGILE
En ce temps-là Jésus, seul avec Pierre, errait
Sur la rive du lac, près de Génésareth,
A l'heure où le brûlant soleil de midi plane,
Quand ils virent, devant une pauvre cabane,
La veuve d'un pêcheur, en longs voiles de deuil,
Qui s'était tristement assise sur le seuil,
Retenant dans ses yeux la larme qui les mouille,
Pour bercer son enfant et filer sa quenouille.
Non loin d'elle, cachés par des figuiers touffus,
Le maitre et son ami voyaient sans être vus.
Soudain un de ces vieux, dont le tombeau s'apprête,
Un mendiant, portant un vase sur sa tète,
Vint à passer, et dit à celle qui filait :
« Femme, je dois porter ce vase plein de lait
Chez un homme logé dans le prochain village,
Mais, tu le vois, je suis faible et brisé par l'âge.
Les maisons sont encore à plus de mille pas
Et je sens bien que, seul, je n'accomplirai pas
Ce travail, que l'on doit me payer une obole. »
La femme se leva sans dire une parole,
Laissa, sans hésiter, sa quenouille de lin
Et le berceau d'osier où pleurait l'orphelin,
Prit le vase, et s'en fut avec le misérable.
Et Pierre dit :
« Il faut se montrer secourable,
Maître ! mais cette femme a bien peu de raison
D'abandonner ainsi son fils et sa maison
Pour le premier venu qui s'en va sur la route.
A ce vieux mendiant, non loin d'ici, sans doute
Quelque passant eût pris son vase, et l'eût porté. »
Maisjésus répondit à Pierre :
« En vérité,
Quand un pauvre a pitié d'un plus pauvre, mon Père
Veille sur sa demeure et veut qu'elle prospère.
Cette femme a bien fait de partir sans surseoir. »
Quand il eut dit ces mots, le Seigneur vint s'asseoir
Sur le vieux banc de bois, devant la pauvre hutte ;
De ses divines mains, pendant une minute,
Il fila la quenouille et berça le petit ;
Puis, se levant, il fit signe à Pierre, et partit.
Et, quand elle revint à son logis, la veuve,
A qui de sa bonté Dieu donnait cette preuve,
Trouva — sans deviner jamais par quel ami —
Sa quenouille filée et son fils endormi.
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et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
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AVRIL
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Le printemps a mis du rose à la rose.
De l'or dans les blés, des nids ;uix buissons,
l'n rayon vermeil dans Pâme morose
le printemps a mis du rose à la rose,
Des parfums troublants dans la fleur éclose,
Au cœur des amants de folles chansons.
Toinon. ce matin, m'a semble si belle.
grands veux troubles m'ont semblé si noirs,
Avec son coquet bonnet de dentelle,
Toinon, ce matin, m'a semblé si belle,
je suis allé vers mon infidèle
Avec tout l'amour de nos premiers soirs.
Reviens au pays, Toinon. c'est la fête,
ur plein de soleil, mains pleines de fleurs,
Tu retrouveras ton pauvre poète.
Reviens au pays, Toinon c'est la fête,
Pour toi j'ai toujours des rimes en tête,
Un baiser brûlant sèche bien des pleurs.
Je veux croire encore à l'ivresse étrange,
A mes visions de blonds séraphins
Aux cieux constellés, au bleu sans mélange ;
Je veux croire encore au pays étrange
Où pour les humains l'amour est un ange
Qui ne vend jamais ses regards divins.
Car l'Avril a mis du rose à la rose,
De l'or dans les blés, des nids aux buissons,
In rayon vermeil dans l'âme morose;
Oui l'Avril a mis du rose à la rose,
Des parfums troublants dans la fleur éclose,
Au cœur des amants de folles chansons.
PRIMES DU " CRI-CRI "
La Pissotière, monologue réaliste de Sock, illustré par l'auteur. —
Prix : 1 fr.
L'Anglaise, monologue en ver», 'le Henri Lepbbvbe, illustré par Albert
.rt, de rOdéon, créé par Georoes Bbrr, 'le la Comédie Française. —
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Un Jour de Fête, monoloj . de Albert F\>x, illustré par Félix,
Prisa, des Variétés. — Prix : 30 centimes.
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logues Nouvelles, etc., de François Coipék. Gin de Maupassant, Tbt. os IUn-
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SUR LES MAINS
.le ne peux pas! Non, ma parole je ne peux pas... et... si
vous saviez tout ce que j'ai fait pour y parvenir! Mais je ne
peux pas... et le ne pourrai jamais !
Voici : J'ai vingt-six ans. On ne le croirait pas, n'est-ce pas ?
F.h bien ! c'est comme ça. j'ai vingt-six ans et j'ai déjà songé" à
Phy menée... la tante à Jules... vous savez bien le grand Jules...
Je le rencontre un jour, il me dit : « Veux-tu voir un essaim de
jolies temmes ? „ Moi. quand on me parle de jolies femmes, on
me tient tout de suite. Je réponds " Oui // — Entendu, j'irai
te prendre ce soir à neuf heures.
A neuf heures précises, la porte s'ouvrait... Ce n'était pas lui.,
c'était quelqu'un qui se trompait... mais à dix... très exactement..
Jules arrive, et quelques instants après nous étions chez la com-
lesse de San c ta Matrimonia, femme exquise, cette comtesse...
elle vous reçoit !
Jules avait dit vrai. Il y avait là tout un stock de beautés :
des brunes, des blondes, des jaunes, des rousses ; pour tous les
goûts, quoi ! Jules me souffle : « Hein ! si l'on voulait se ma-
rier... quel choix '.'.... „ Ah ! que m'avait-il dit ? Je ne pensais
plus qu'à ça ! Chaque fois que je passais devant une glace, je
me regardais en disant : « Hé ! hé ! pourquoi pas ? » Je me sen-
tais capable de faire le bonheur d'une femme.
Onze heures sonnaient, quand je l'aperçus, elle, l'idéal, celle
que mon âme avait tant de fois rêvée.. Pan... un grand coup...
là... ça y était... Un mois après, je me faisais présenter... Jules
m'avait prévenu... « Tu sais, pas celle-là '. — Pourquoi ? —
Belle-mère fantasque, excentrique. //
Durestetout autre avertissement eut été superflu... jetais
pincé... et quand je le suis, moi... eh bien ! je le suis.
I obtins mes grandes entrées chez mon idole... elle s'appelait
Gilda. mon idole... joli nom. hein ? pas commun surtout.
Je plaisais à tout le monde. Le concierge avait daigné me trouver
distingué, la cuisinière, bien bâti, et la femme de chambre, gé-
néreux... Alors je me risquai à faire la demande... on débattit
les conditions... j'acceptais tout... lorsque ma belle-mère vou-
lut me parler en particulier.
Une fois dans le petit salon. M " Mentaleau prit la parole en
ces termes :
— Monsieur, ma fille vous appartient, c'est un ange !
— Je le sais. Madame.
— Elle vous appartient... mais à une condition.
— Je l'accepte d'avance.
.•es coromuoK l:i lti-<itw-ti»n et l'Administration du
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Le Cri-Cri fait des conditions très avantageuses h MM. les Libraires, Marchands de
Musiqu* et de Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Cûefs d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, eic, etc., désireux de s'occuper de h vente de cette
publication. — Ecrire a M. Rei'é Uodkroy, 6-2, rue Thiers, au Havre.
— Ah ! je le vois, vous aimez mon enfant...
— Et je la rendrai heureuse... Parlez, Madame.
— C'est que c'est difficile à dire.
— N'ayez aucune crainte, je suis décidé à tout.
— J'ai peur de vous paraître ridicule.
— Ridicule ! une belle mère !!
J'avoue que ce préambule m'avait donné le trac.
— Eh bien ! Monsieur, pour devenir mon gendre, il faut que.,
vous me prouviez que... vous savez marcher sur les mains.
— Sur les mains !!!
— Oui, sur les mains, comme ça... la... (geste).
— En voilà une idée !!!!
— Ma fille n'appartiendra qu'à l'homme qui pourra marcher
sur les mains.
— Mais je ne suis pas clown, Madame.
— Apprenez.
Ah ! Jules avait raison : « Belle-mère fantasque, excentrique. »
Ce jour-là je partis furieux et voulais tout abandonner... mais le
souvenir de Gilda me poursuivait. Vivre sans elle, impossible!
j'étais pincé... et quand je le suis... du reste je vous l'ai déjà dit...
Je me résignai donc à faire ce que l'one xigeait de mon amour...
le difficile était de trouver un professeur... discret... un homme
du monde... seulement il n'aurait pas su m'enseigner !
Je m'enfermai chez moi et j'essayai.
J'allais près du mur, je mettais les mains par terre en levant
les jambes : « Une ! deux ! » Le premier jour je cassai un verre
d'eau, une lampe et trois porcelaines de Sèvres ; le lendemain,
je crevai un tableau de famille ; et le troisième jour, je glisse et
tombe sur le nez après avoir renversé la table... Mes fournis-
seurs enchantés prétendent que j'engraisse. « Monsieur doit faire
beaucoup d'exercice , nous ne saurions trop engager Mon-
sieur à persévérer. » Et je persévère, parbleu ; ça me coûte
cher, mais je persévère.
Tenez, avant-hier, j'avais oublié de m'enfermer..., je venais
de commencer mon petit exercice..., jetais contre le mur, la
tète en bas..., les jambes en l'air...; j'allais lâcher mon appui
pour essayer de marcher, quand, tout-à-coup, la porte s'ouvre,
et j'aperçois devant moi mon notaire et deux dames de notre
connaissance. On avait frappé, je n'avais rien entendu... et on
avait pris les mots que je criais pour m'exciter : " Hop là ! hop
là, allez ! » pour une invitation à entrer. — « Tiens, qu'est-ce
que vous faites donc là ? » me dit le notaire. »
J'étais tellement saisi que je n'avais pas bougé.
— Moi ? je... cherche une épingle !
Les deux visiteuses s'étouffaient, j'étais tout rouge.
C'est à la suite de cette scène que j'ai résolu d'en finir... Je
vois que je ne pourrai jamais c'est ce que je viens d'écrire à
mon atroce belle mère ( montrant une Ictrc). « O Gilda, reine de
» mes pensées, étoile de mon âme !... Puisse-tu rencontrer un
» plus vaillant que moi qui pourra courir à ta conquête, sur les
» mains... Sur les mains!... » Allons jeter ma lettre fou frappe) .
Tiens on a frappé ? Qui ça peut-il être ? (à la porte) Tjn billet
pour moi ? Vite, ouvrons... c'est de la mère de Gilda..., la
réponse à ma lettre... Que je suis bête..., elle n'est pas encore par-
tie... C'est l'émotion, f Lisant) « Cher monsieur, votre notaire à qui
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// j'ai demande des renseignements sur vous. nTa raconte l'his-
» toire de votre petite promenade sur les mains..., j'ai bien ri..
i plaisanterie a assez dure... Je voulais vous éprouver...,
»: mais je ne croyais pas que vous iriez si loin Venez survos
// pieds, nous signerons quand vous voudrez. Une plaisanterie !
Ah bien!... elle est vertecelle là '. Comment, je consacre mon
temps le plus précieux à des études elow uesques, je casse tout
chez moi, et cela pour rien I C'était une plaisanterie ! Belle-
maman. VOUS me la paierez... Au l'ait, j'aurais dû m'en douter...
la, ma Gilda, tu m'es rendue ! J'éprouve le besoin de pincer
un petit... il esquisse un pas comique). Non. je n'ai pas le temps
Cette lettre est inutileà présent // la déchire). Allons retrouver
ma fiancée..., lui peindre mon bonheur. Pourvu que sa mère ne
lui ait pas raconte l'histoire du notaire... Hxcusez-moi si je vous
quitte si vite, maisjesuis pressé... Vous comprenez, n'est-ce
pas ? Je n'oublie rien... Ah ! si... faisant signe au public d'ap.-
. dir Sur les mains.
Principaux Collaborateurs du CRI-CRI :
MM. François Coppée, Alph. Daudet, Guy de Maupassant, Paul
Bourget, Th. de Banville, André Tlieuriet, Jacques Normand, Henri
de Bornier, Armand Silvestre, Lemercier de Neuville, Coquelin,
Eug. Chavette, F. Galipaux, Louis Etatisbonne, Edm. Thiaudière,
Rameau, Mélandri, Paul Harel, Colias, II. de Braisne, A. de
Launay, Marc Anfossi, A. Allais, F. Mazadej A. Tiiu-hani, G, Auriol,
Marcel Bailliot, Narcisse Lebeau, Georges Docquois, 11. Lefebv.re,
F. Barthélémy, Laurent des Aulnes, Alberl Fox., H. Brière, 11. Pic-
quet, F. Fautrel, P. Cottard, II. C. Petit, H. Trèven, Léon Berthaut,
P. Hasler, Ch. Picard, Ch. Beaugrand, Jean-Bernard, Louis Bogey,
IL Passerieu, A. Boufflet, K. Ogflpj etc., etc.,
- ius le titre Après le Pnneli, l'éditeur FerReyrol, 49, rue de
Seine, réunit à son tour une série .le nouvelles publiées par notre
collaborateur Henri de Braisne dans le supplément littéraire des
journaux quotidiens. Henry de Braisne, Pauteur de Dédaignée et
de Sur l'Estrélle, retrouvera cette fois encore, nous en sommes cer-
tain- li l'a signalé à la critique parisienne.
D'ailleu nouvelles diffèrent 'les autres publications du
même genre parues depuis quelques années, en ce qu'elles décè-
lent visiblement le poète et l'auteur dramatique. Chacune d'elles
m drame, une comédie, un poème en raccourci.
Et de très nombreux, lecteurs ont déjà pu juger delà valeur de
ces récite, puisque les nouvelles qui composent Apre» l«* IMmcli
ont eu les honneurs de l'illustration à Paria el de la traduction ;'t
l'étranger, après avoir été lues dans ['Evénement, la Paix, le Bon
,V Indépendance belge, la Jeune France, Vin-
■ i littéraire, la Chronique moderne, la Plume, le Cri-Cri,
Le Gérant : René Godfkoy. — Imprimerie GODFfiÔY, 62, rue Thiers. Le HaTre.
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Il - :. \ : . Le Pliage. de F. Barthélémy (N« 70). - Scie Majeure, de Marc Anfossi (77).
— Bor.imt:it de Somnambule de 1 élix Galipaux N" ~U — La Jambe de Bois, de Ch. Leroy (N»6;î).
— Ou est le bon Dieu, de Albert Fox Mon Suicide, de George» Docq)
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J.f Cri-Cri. le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues . Nouvelles, etc., de François Coi-pék, Gm di M au passant, Th. de Ban-
villk, Armand Silykstrk, Jai -m>. Eugène CàAVÉTtB, Ch. Leroy, LSMBRCtBR
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S is le litre : Chansons sans gène, le spirituel autour des Chansons
Parisiennes, Léo \< paraître un vwume des plus inté-
ts et dos |»lus originaux.
Grâce à l'amabilité bien connue dn sympathique éditeur Ondet, nous sommes
heureux d'offrir a nos lecteurs quelques extraits îles Chansons sans §éne-
\ tre cadre restreint nous prive de les faire profiter, autanl que non-. |.-
voudrions, de l'excellente occasion qui nous est offerte; aussi les engageona-
dous a m1 procurer ce volume, délicieusemenl illustré par T. St-Maurice, Capy,
Grûn, De Thoren, Cain, etc., et agrémenté d'une musique « fin de siècle. »
La Ballade du Vitriolé, VHôtel du N' .'•', VEncombretnmt, les Quatre
tideamus, autant d'éclats de rire I autan I de fantaisies pecom->
mandées aux « joyeulx iliillcs.
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TRÈS-BIEN
Vous engageant à la poursuite.
Sa nuque avait des tons rosés,
Elle marchait presque aussi vite
Que des intérêts composés.
Elle était idéale, exquise,
A droite, question d'maintien,
Elle penchait comme la tour de Pise.
— A part ça. elle était très-bien,
Très bien.
Elle avait des yeux très-étranges
Pas pareils, malheureusement :
L'un dans le ciel cherchant les anges
L'autre baissé timidement.
Oh ! l'œil droit, troublant et sévère,
Et fixe, comme un œil de chien...
J'ai su, depuis, qu'il est en verre ;
— A part ça, elle était très bien,
Très bien.
Son organe était mal', — mais tendre;
Quant à l'esprit, elle avait dû
Je suis sur, en avoir à vendre,
— Mais, sans doute, elP Pavait vendu.
Elle était pas mal étoffée;
Avec un ballon connu' le sien
I'n' lui manquait plus d'être truffée
— A part ça. elle était très bien,
Très bien.
Quoiquell' parlât avec emphase
On eût tiré facilement,
]) s cuirs qu'ell' taisait dans un' phrase
De quoi chausser un régiment;
Quand elle causait à sa bonne,
A propos d'tout — et mém' de rien —
Elle lui citait du Cambronne...
— A part ça, elle était très bien,
Très bien.
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Le Cri-Cri fait des conditions très avantageuses à MM. les Libraires, Marchands de
Musique et de Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Chefs d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messet et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Sodfroy, 62, ni'- Thiers, au Havre.
LA DEVANTURE
Un jour, un petit commerçant.
Dont T commerce était florissant,
Pour sa boutique avait fait fair'
Un' devanture en fer.
Comm'y'avait plus les volets d'bois,
On allait mettr' l'autr' devanture,
Lorsque passa par aventure,
Un agent soucieux des lois.
11 dit: « J* dress' contravention ;
Faut un' autorisation. »
Le commerçant fut, pour l'avoir,
Chez l'commissair' le soir.
L'commissaire' dit : « Ça n'me r'gard' pas,
Quand il s'agit d'une devanture,
Faut un ord' de la Préfecture ;
J' vous engage à y' aller d' ce pas. »
Le commerçant, l'iend'main matin,
S'étant mis sur son trente-et-un,
A la Préfectur' se rendit,
Sur le coup de Midi.
On lui dit: « Ça n'nous r'garde pas;
Quand il s'agit d'un' devanture,
C'est F Mair' qui donn' sa signature ;
A la Mairie allez d'ee pas. »
Le commerçant, l'iend'main matin,
S'étant mis sur son trente-et-un,
Chez Monsieur le Mair' se rendit,
Sur le coup de midi.
Le Mair' dit: « Ça n'me r'garde pas ;
Quand il s'agit d'un' devanture
C'est question d'architecture ;
A la voirie allez d'ee pas. »
Le commerçant, l'iend'main matin,
S'étant mis sur son trente-et-un,
Chez l'Agent-voyer se rendit,
Sur le coup de midi.
L'Agent dit : « Ça n'me regarde pas,
Quand il s'agit d'un' devanture,
La police a la procédure ;
Chez l'Commissaire allez d'ee pas. »
L'homm', perplexe, rentra chez lui,
Mais des voleurs, pendant la nuit,
L'fir'nt passer de vie à trépas :
Ça l'tira d'embarras.
E.e Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
.tltO\'\Ell li.VI S : France, fr. 5 — Union Postule, fr. 8.
Dans le but do faire connaître sa publication et à titre <le Prime, Le Cri-Cri
lie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. Rend Godfrot, directeur, 62, rue Thiers, au H.wuk.
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CONCURRENCE
Dans un' ru" peu passagère,
l'n épicier qui faisait
Péniblement s» »n affaire,
Triste et seul s'abrutissait :
1' - d'une idé' saugrenue,
l'n autre épicier, un soir,
Ouvrit, dans la même rue.
Sa boutiqu' sur haut' trottoir.
Pour ret'nir sa clientèle.
[/premier, — qu'était un malin. —
ment' sa boutique d'une aile
Et la fait r'peindr' le lend'main.
md — jeune et plein d'audace, —
Fait poser immédiat nient,
l'n' belle marquise et un' glace,
Afin d'attirer 1 client.
Apres s'etr' creusé la tète
L'premier, — qu'était un malin. —
Ouvrit, ça n'était pas bête,
l'n comptoir de marchand d'vin.
ond — jeune et plein d'audace, —
Adjoignit à son métier.
Gomme il avait un peu d'place
l'n p'tit fonds de charcutier.
Voulant triompher quand même
V premier, — qu'était un malin, —
Exposa, changeant de système
De beaux jambons d'outre-Rhin.
L'second, — jeune et plein d'audace —
Fit annoncer sur-le-champ
Des bouteill's de biér' d'Alsace,
Dans un langage touchant.
Jurant de ne pas se rendre,
1." premier, — qu'était un malin, —
-te. se mit à vendre.
Du vin feint qu'il disait tin.
cond, — jeune et plein d'audace, -
Offrit des liqueurs pour rien
se disant : « Sur la masse
Je m'rattrap'rai toujours bien. »
A c" commerce fantastique
1 premier, — qu'était un malin, —
I fermé boutique.
Fit faillite un beau matin.
I -cond. — jeune et plein d'audace, —
D's - ommanditair's pleuré
S'enfuit, et, par coutumace,
En banqu'rout' fut déclaré.
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1 ■• Cri-Cri, le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc.. de François C ■ \ de Mai passant, Th. de Ban-
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Dix-sept ans. Le regard hypocrite el farouche,
Pâle, les veux cernés, maigre, l'air souffreteux
D'un enfant sans pain, la cigarette à la bouche-
Autour du COU, sans soin, un foulard loqueteux.
Sur ses cheveux crasseux, très longs, une casquette
Qui rend plus insolenl encor son air moqueur
se aux tempes tomber un gros accroche-cœur :
la rouflaquette.
D'où vient-il? De la rue. Où va-t-il ? A la rue.
La rue est son berceau, la rue es1 sa maison ;
Toute sa vie est là. Sans jamais l'avoir vue,
Sa mère est morte un jour, parait-il, en prison,
Quant à sonpère, un «r zig /, bien connu dans Grenelle
Où des rôdeurs de nuits il était le plus fort,
Voilà bientôt six ans que là-bas il est mort,
A la N( iu\ elle.
Lui, l'enfant, le perdu, au hasard par le monde,
Portant ses pas errants, bon. méchant, tour à tour,
Il poursuit, paria, sa course vagabonde,
Sans remords, sans regrets, en attendant le jour
Où, cheveux ras, devant la veuve qui le guette.
Pour la dernière fois il viendra voir Deibler,
A l'aube, un beau matin, près de la porte en fer
De la Roquette.
NOYÉ
Il s'en va, le corps, en dérive,
Glauque, au hasard, au gré des eaux,
Et sur lui quelquefois arrive
Une bande de gros oiseaux.
Sous les becs durs, la peau bleuie
S'ouvre, hideuse, et met du sang
Sur cette chair flasque, sans vie,
Que le flot amer en passant
Lave de sa blanche salive,
Laissant bientôt à nu les OS...
Il s'en va, le corps, en dérive,
Glauque, au hasard, au gré des eaux.
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phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux dé s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Godfroy, 62, rue Thiers, au Havre.
Couvert d'algues, gluant squelette,
Avec deux grands trous dans les yeux...
(La mer fait ainsi la toilette
Des désespérés .et des gueux
Qui lui demandent un asile,
Un soir de misère, en tremblant.)
Au flot capricieux docile,
11 va toujours, le corps tout blanc...
Qui tua? Faim ? Amour? Roulette?
Qu'importe! Il va, mystérieux,
Couvert d'algues, gluant squelette,
Avec deux grands trous dans les yeux.
CROQUE-MORTS
Blanchis, râpés, graisseux, cassés,
Le fardeau pliant leurs épaules,
Les croque-morts moulus, brisés,
Blanchis, râpés, graisseux, cassés,
Marchent à pas lents sous les saules.
Dans les arbres crient les corbeaux,
Troublant le silence champêtre,
Ils errent parmi les tombeaux ;
Dans les arbres crient les corbeaux,
Pater Noster chante le prêtre.
Amen! Et tout est terminé.
La pleureuse éteint la bougie ;
Par le chemin tout raviné,
S'en vont contents, tout terminé,
Les vieux à la trogne rougie.
Alors, pour s'amuser un brin,
Mêlant leur frac noir à la blouse,
Au cabaret le plus voisin,
Les gueux pour s'amuser un brin,
Vont siroter un « litre à douze ».
MINSTRELS
Noirs, hideux, barbouillés de suie,
Par les beaux ou les mauvais jours,
Bravant ou la neige ou la pluie,
Noirs, hideux, barbouillés de suie,
Les vieux minstrels chantent toujours.
Sous les reflets glauques et pâles
Des lampes du pub enfumé,
Où, bruyants, femelles et mâles,
Sous des reflets glauques et pâles,
Boivent le wiskey tant aimé,
lie Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
ABONNElIEVrS : France, fr. 5 — Union Postule, fr. 8.
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On les voit, dansant une gigue,
Pinçant les cordes du benjo,
Chanter, heureux, gais, sans fatigue,
Et tout en dansant une gigue:
" Give a penny, give, oldféllo* »
Puis quand tout s'éteint et que l'ombre
Envahit tout, brisés, tremblants.
Courbés SOUS leurs peines sans nombre.
ignenl leurs bouges dans l'ombre
i '.eux minstrels aux cheveux blancs.
GUILLOTINE
Sur les grands murs de la Roquette,
rée et coquette,
s détache dans le jour gris.
1 -bas, là bas. comme la houle,
Hideuse, grouillante, la foule
Pi »usse des cris.
On chante aussi. N'est-ce point fête ?
On vient voir tomber une tête,
Grimaçante, sous le couteau...
Elle est prête, elle attend, la veuve,
Voici la sciure toute neuve,
Les seaux pleins d'eau.
Porte ; armes ! ... Voici l'escorte
S'avançant sous la grande porte,
Lentement sur le pavé gras...
La veuve, farouche et rapace,
Saisit sa victime et l'enlace
Entre ses bras.
Clic ! Floc !... Clac !... La vie et la tombe.
Un bruit sourd : c'est le corps qui tombe ;
Un filet de sang qui jaillit ;
Un mort qu'on jette dans sa bière,
Un prêtre immobile, en prière,
Qui le bénit.
Tout est fini... La nuit s'achève.
Timidement l'astre se lève,
Plaquant d'or feuilles et rameaux.
Le sang noirci se coagule...
On entend, comme au crépuscule,
h g chants d'oiseaux.
PRIMES DU " CRI-CRI "
Le Baiser Marseillais, monologue de Jeah Bernard, édition de luxe,
L'Anglaise, monologue de Henri Lepebvre, illustré par Amjkrt Lam-
... l'Odton.
Un Jour de Fête, monologue de Albert Fox, illustré par Peux.
Chaque monologua", ru lieu de In franc, franco contre 30 centimes en timbres-
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Le Garant : René Godproy. — Imprimerie GODFROY, 02, rue Thiers, Le Havre.
Mon ;.i POÉSIES de ALBERT FOX, pnbliêfl dans le CRI-CRI:
Monsieur Arsène (N- 3). — Noël de bonnes gens i\" 15). — Balayeurs j(N° 20).
Sous les Pommiers (N" 25). — Un Soir d'Août <\" 42). — Misanthropie (N° 73).
Avril fN°77).
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CHARLES BEAICKAND
MORS ET VITA
C'était pendant la guerre el non loin d'Abbeville.
Cherchant vers le sud-ouest une rouie facile,
1 ennemi lentement traversait le marais.
\ - vaillants franc s- tireurs s'embusquèrent tout près,
Essayant, niais en vain, d'occuper le passage.
Nous eûmes, tout d'abord, un léger avantage,
Et les uhlans n'ont pu nous passer sur le corps.
iir, on s'arrêta, pour enterrer les morts.
On entendait encore au loin la fusillade,
Cependant, ça tombait moins dru.
Mon camarade
Un sergent, médaillé quand on prit Puebla),
Me rassurait, disant qu'après tout, c'était là
Une simple escarmouche ; il en avait vu d'autres.
« Eh ! mon Dieu, laissez-les tirer, ces bons apôtres!...
c On n'en meurt pas... et puis, l'on se doit à l'Etat... »
Un boulet vint, brutal, qui le décapita.
Le corps frémit un peu, puis, devint immobile.
La tète quelque temps suivit le projectile,
Et retomba sanglante au milieu des roseaux. •
Deux ans se sont passés depuis, et les oiseaux
Chantent dans le marais où reposent nos frères.
La violette alterne avec les primevères
Pour égayer ce champ des morts. Deux roitelets
Vont, en se poursuivant, comme deux feux follets,
Chercher, dans les roseaux, un endroit solitaire.
In nid se cache mieux sur l'eau que sur la terre.
Tout-à-coup, l'un des deux s'arrête; il vient de voir
Juste au-dessus de l'eau qui se détache en noir,
Un objet blanc, tout rond, et d'as] cet fantastique.
I s oisillons, saisis d'une folle panique,
Fuient et s'en vont au loin, bien vite se cachant!
. . . L'objet ne bouge. . . "Il n'est peut-être pas méchant! »
Pensent les roitelets, race fort curieuse.
Puis, s'approchant, on vit que la sphère était creuse.
Très bravement, le mâle entra. Cette maison
Lui parut confortable ; or, c'était la saison
Où les petits oiseaux se mettent en ménage.
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publication. — Ecrire à M. René Godfroy, 62, rue Thiers, au Havre.
L'un entré, l'autre en fit autant, avec courage ;
Puis le couple un moment parut se concerter.
Bientôt l'accord se fit, et chacun d'apporter
Du duvet, de la laine, avec beaucoup de mousse.
Lorsque la couche enfin leur parait assez douce,
Le plus petit s'installe, et de longtemps ne sort....
Car la vie a germé dans la tète du mort ;
Le crâne ouvert devient berceau ; le grand mystère,
Le mystère d'amour s'accomplit où naguère
Un brave avait trouvé des roseaux pour cercueil !
La nature jamais ne porte notre deuil,
Elle est toujours féconde, elle est toujours la même.
Et souvent quand on quitte, après l'adieu suprême,
Une tombe, et que seul on va, le cœur navré,
Un oiseau vient, qui chante où nous avons pleuré.
MARS
Mois hybride, douteux, bâtard,
Mois embrumé que rien ne dore,
Qui n'es plus l'hiver, c'est trop tard ;
Et n'es pas le printemps encore !
Mois où les arbres nus et laids.
Les vieux chênes et les grands ormes,
Secs comme manches à balais,
Esquissent des bourgeons informes.
Mois encor dur au malheureux,
Qui, sans feu, dans son lit frissonne,
Tandis que, vieillard catharreux,
L'hiver épuisé s'époumonne !
Les jours sont courts, tôt vient le soir,
Ce n'est pas la saison nouvelle ;
Mais, le matin, suprême espoir,
On peut se lever sans chandelle !
Et, là-bas sous le firmament,
Songeant à leurs amours futures,
Les chats s'en vont, languissamment,
Méditer... le long des toitures.
Tout au sommet de l'arbre noir.
Ou dans le trou de la muraille,
L'oiseau futine, dans l'espoir
D'un petit coin pour sa marmaille,
Salut, Mars, heureux précurseur
Du bon soleil ; toi qui peut-être
Viens annoncer, d'un air boudeur,
Que « le roi Printemps » va paraître !
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OCTOBRE
11 vient lentement. l'Octobre aux tons roux,
Qui des mois d'été sonne L'agonie ;
Octobre où, souvent, du soleil jaloux
A peine l'on voil La face embrume.
On >e donne eneor quelques rendez-vous :
si des amoureux la douce manie.
i Peut-être, à demain ! demain... pourrons-nous
Fro - - nos pas la feuille jaunie ? „
N - bons paysans aux nez rubiconds
Murmurent entre eux : « Nos vins seront bons,
t — Si rien, toutefois, ne les en empêche. »
El l'on voit, espoir de nos vignerons,
Pour remplir les fûts aux gros ventres ronds,
Tout Le Long des quais... des bois de campéche.
RIMES MUSICALES
Pour moi, faire des vers est un pesant far do
On craint d'être trop sec, ou bien trop manié ré
Ce travail fùt-il fait pour plaire à quelqu'a mt
Car s'élever au ciel me semble un peu trop fa
Et puis, on risque fort de tomber sur le sol
Et rien n'est dangereux comme ces chûtes la
Ça ne vient pas tout seul, les vers; quant à ceux si
Veuillez les agréer, je vous en fais ca do
Notre collaborateur, M. Çn. Bba.UQCU.ND, vi(jnt de faire représenter Vln-
fluenza, comédie-vaudeville en un acte. — Le grand succès obtenu par cette
pièce, succès constaté par toute la presse parisienne, fait qu'elle est déjà de-
mandée un peu partout, même a l'étranger, pour les théâtres, et. surtout les
casinos, dans les stations balnéaires, dans les villes d'eaux. Ce sera assurément
un de* - ki de 1 année. D'autre part, la simplicité de la mise en scène
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- Où est le bon Dieu, de Albert Fox (!*• 61). - Ion Suicide, de Georges Docquois (N» 35;.
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Soleil, troubleur des longé dodos.
Descends traverser ces rideaux.
Vois : N i ni rêve sur Le dos.
Lutinant les rieurs de la perse,
Sur son beau corps à la rein erse.
Vite, répands ta blonde averse.
Bon. Ninette a rouverl les yeux,
Car j'entends ce refrain joyeux :
" Qu'il fait doux au bois dcBaycux... »
Et la chatte blanche s'étire
Avec un air qui semble dire :
" Mon cœur n'a pas ce qu'il désire. »
Pourléchant son ventre replet.
Elle pense à la boite au lait
Que va monter le pipelet.
Allons. t< »ute la mais* innée,
Chatte et femme, sa sœur aînée,
Debout ! car l'aubade est sonnée.
I - moineaux chantent sur le toit
De leur petit bec plein d'émoi :
« Pouvons-nous déjeuner sans toi ? »
ELLE s'est mise à la fenêtre
Par où se répand et pénètre
L'astre du jour qui vient de naître,
Et donne, en jouant avec eux.
Son pain aux petits partageux
Picorant jusqu'en ses cheveux !
Mais pendant que Nini babille,
Son réveil-matin l'émoustille ;
II est grand temps qu'elle s'habille.
De la poudre sur un pompon,
De la dentelle à son jupon.
Quelque nœud de ruban fripon,
Et voilà l'enfant si bien mise,
Qu'elle frétille en sa chemise,
Savourant l'ivresse promise
D'aller gambader dans les bois
Pour mettre les bons villageois
Et leurs cerisiers aux abois.
A présent, pimpante, attifée,
I )e son joli chapeau coiffée,
On peut voir la mignonne fée
Trousser un peu ses blan< ous »
P hé charmant toujours absous
Ht mettre un bouquet de deux sous...
\,\ ant la Réduction et l'Administration du
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Musique et de Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Cnefs d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Godfroy, 62, rue Thiers, au Havre.
Le frais bouquet de violettes,
Ornement des humbles toilettes,
Au beau milieu de ses bouffettes.
« — S'offrir le luxe d'un sapin ?
C'est trop cher. D'un pied galopin,
Partons, comme un petit rapin. »
En haut il fait bleu. Mais la pluie
Que le soleil tardif essuie
Rend les pavés couleur de suie.
On se croirait à Birmingham.
Un balayeur, affreux quidam,
Peint des tableaux de macadam.
Sans une tache a ses bottines,
Nini lorgne ses mousselines
Et se sourit dans les vitrines.
Tout est parfait du haut en bas.
Le diable lui souffle bien bas
De montrer l'éclat de ses bas.
Un vent, moins d'été que d'automne,
Précurseur de l'éclair qui tonne,
S'élève, murmure et chantonne
Comme un plaintif accordéon,
Mais, pour éviter l'ondée, on
Prend l'omnibus de l'Odéon !
Voici, tout fumants sous la brise,
Trois percherons à robe grise,
Et d'assaut la voiture est prise.
— « Psitt ! psitt ! Arrêtez, s'il vous plaît? »
Le conducteur grincheux et laid
Dit d'un ton bourru : « C'est complet »
Du véhicule qui décampe
Nini glisse, lâchant la rampe,
Sur les pavés à la détrempe !
Une neigeuse vision
De dentelle a profusion,
Puis un cri de confusion,
Et la mignonnette s'étale,
Suivant la ligne horizontale,
Tandis que son rêve détale,
Emporté par monts et par vaux,
Sur l'aile des fringants chevaux,
Au-devant des bourgeons nouveaux.
Se relever, le rouge aux joues,
Patauger à travers les boues,
Dans l'éclaboussement des roues,
Ce n'est pas tout encore. Il faut
Subir le concierge, et très haut
Monter... ainsi qu'à Téchafaud,
Jusqu'au fameux cintième étage,
But de ce douloureux voyage,
Où Nini fond en pleurs de rage.
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Le Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication et a titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco a domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés a M. René Godfroy, directeur, 62, vue Thiers, au Havre.
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Joli vaisseau si bien paré
Dont le guignon s'est emparé,
Te vi lilà tout désemparé !
Un à un tu cargues tes voiles,
res pavillons de blanches toiles.
Tisses de lins rayons d'étoiles,
Un à un tombent les rubans
Don! ienl tes tiers haubans
En proie aux destins, noirs forbans !
« Arrachons l'aimable défroque,
— Jusqu'au corset, piteuse coque,
Dure prison où L'on suffoque !
Maintenant que tout est fini.
Puisque l'on peut dire n-i-ni.
Mettons-nous à l'aise. „ — Ht Xini
Paraît, blanche, splendide et nue
< mine une Hébé descieux venue
Sur l'éclair fourchu de la nue.
— « Hélas! pense-t-elle) IL m'attend.
S'IL allait m'en vouloir, pourtant? »
lu do couples s'en vont chantant !
Les poings sur ses veux, accroupie,
Triste Magdeleine, elle expie-
Son ivresse tôt déguerpie.
De soleil un rayon gourmand
Mord sa nuque comme un amant,
Chaque larme est un diamant
Qui tremble au bord de sa paupière,
Tombe et s'éparpille en poussière
Dans le réveil delà lumière.
A l'horizon mal éclairci
Le soleil reluit, jaune ainsi
Qu'une large fleur de souci.
Blottie en un recoin plein d'ombre,
Ninette voit d'un regard sombre
Grimacer des lutins sans nombre
Qui sautillent dans les rayons
Comme un grand vol de papillons
Mêlant leurs narquois tourbillons ;
Tirant des langues non pareilles,
Parés de cerises vermeilles,
A cheval sur leurs deux oreilles !
Oh ! combien les printemps moqueurs,
Malgré les renouveaux vainqueurs,
Nous réservent de crève-cœurs !...
Pauvre Nini, les giboulées
Au creux du ciel amoncelées
Ne sont que des larmes gelées.
rut : Rln-l GoDYBOY. — Imprimerie GODFROY, 62, rue Thiers, Le Havre.
/ CRI-CRI Influenzé par ?a Belle-Mère, 'le Marie-
75). — Le Filage, de F. Barthélémy 'N* 70;. - Scie Majeure, de Marc Anfossl (77).
— Boniment de Somnambule, de Félix Galipanx N" 7.V. — La Jambe de Bois, de Ch. Leroy (N« 83).
- Billet de faire part, de Jacques Normand N- 71, - Mon Suicide, de Georges Docquoii (N° 35).
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SENSATION 1VKTÉ
Des seins, dos seins, encor des seins, partoul des seins !
Des seins ronds, des seins lourds, d'énormes seins de femme,
Pendus .m haut des corps comme de gros raisins
Dont la pulpe charnue et savoureuse affame !
Des seins '. à l'infini, des seins ! des seins mouvants !
Un grand moutonnemenl de seins drus qui m'effare.
Un océan de seins dont les flots énervants
Se brisent sur mon torse ainsi que sur un phare !
Des seins '. oh ! je ne vois que des seins, .que des seins !
J'en vois partout, j'en sens partout, j'en prends, j'en tàte ;
Tout en est : les gazons en semblent des coussins.
Et l'air blond que je bois en semble être une pâte.
Et j'en ai plein mon cou. mes narines, mes yeux ;
Et tout ce que j'entends de chansons sans pareilles
Me vient, non des oiseaux qui chantent dans les deux,
Mais de deux seins rosés entrant dans mes oreilles.
Je marche dans desseins! Quand le soleil parait,
Je crois voir ruisseler sur moi des seins en tranches,
Et je suis comme un arbre immense qui verrait
S\ mvrir au lieu de fleurs de grands seins sur ses branches !
Tout est seins : il en passe, en l'azur, en l'air chaud,
On en trouve des bouts dans les fleurs purpurines,
Et tous ces mamelons nuageux sont, là-haut,
De grands seins déformes, ô dieux, sous vos poitrines.
Tout est seins : le soleil est un sein enflammé,
La terre est un sein rond aplati sur ses pôles,
Et cette bonne vie où je nage, pâmé,
Doit être un sein géant fondant sur mes épaules.
Vivent les seins ! les seins sont seuls grands, seuls sacrés !
Bouches, fronts, lèvres, yeux, tout ment, tout est infâme !
Tout est l'œuvre infernal des démons conjurés ;
Dieu n'a fait que les seins dans le corps de la femme !
O seins, lumineux seins, béatifiques seins,
O rougeurs de cerise, 6 blancheurs de carrares,
O vous qui dans nos lianes ébranlez des tocsins,
O vous qui dans nos chairs éveillez des fanfares,
Vous qui faites surgir des astres dans nos yeux,
Vous qui faites, parfois, trouver douce la vie,
O seins, soyez loués ! et, sous l'azur joyeux :
Qu'en chœur tout vous exalte et tout vous glorifie !
munication la Béd»etion et l'Administration du
•i .'i M. Rkms OODFROY, directeur-garant, rue Thiers, 6?, au Havre. — Les An-
nonces au Cri-f.ri sont reçues Agi ■ 1 I lVETTE, :», faubourg Montmartre, h Pa
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Le Cri-Cri fait des conditions très avantageuses h MM. les Libraires, Marchands de
Musique et de Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Cnefs d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire a M. René Godfroy, (>-2, rue Thiers, au Havre.
Et que pour vous, ô seins, dévotieusement,
Je délaisse les bois, les nids, les cieux, les roses ;
S'éteignent les soleils au fond du firmament.
Si brillent deux seins nus devant mes yeux moroses.
Et soit hué mon nom, et soient mes vers maudits,
Et me geigne le corps, et me sanglote l'âme,
Que je tombe en enfer : j'aurai le paradis
S'il me reste deux seins pour mes lèvres de flamme.
Et sèche mon cerveau sous mon crâne enchanté,
Et qu'à la fin je meure, inconnu, pauvre et blême,
Pourvu que mon front las dorme l'éternité
Entre les seins bénis d'une femme qui m'aime.
EN PASSANT
Le ciel était en joie, on y sentait des anges,
On croyait voir flotter des coins de paradis ;
On rencontrait des fleurs, on oyait des mésanges,
Et des chansons d'amour montaient des bois tiédis.
Et, comme je passais, je vis une chaumine,
Un champ, un bœuf, et puis une fille : un tendron.
Le toît : gris ; le champ : vert ; le bœuf: roux ; la gamine
Avec deux rayons bleus d'étoile dans le front.
Et le chaume fumait. Et le champ d'un vert tendre
Exhalait un parfum de roses vers les cieux.
Et, levant son museau, le bœuf semblait m'attendre.
Et la pastoure ouvrait sur moi ses deux grands yeux.
Et chaume, champ et bœuf disaient : « O toi qui passes,
Viens ! Nous avons la paix pour ton cœur abattu. »
Et, de ses yeux d'aurore éclairant les espaces,
La vierge me disait: « Moi, j'ai l'amour. Viens-tu? »
La paix ! l'amour !... Adieu, chaume, champ, bœuf et roses !
Adieu, vous, grands yeux bleus pleins de vagues regrets !
Je passe, et, jamais plus, je ne vous verrai, choses !
Je passe... Oh ! si j'avais le temps, je pleurerais !
LE CHEF-D'ŒUVRE DE DIEU
Quand il eut tout créé: cieux clairs, oiseaux siffleurs,
Arbres chantants, soleils rieurs, dolentes ondes,
Quand, du bout de son doigt, il eut brodé les fleurs,
Et du bout de son pied donné le branle aux mondes,
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lie Cri-Cri est en vente chez tous Les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
AKOWlîllEXT* : France, fr. 5 — Union Postule, fr. 8.
AVIS IMPORTANT
Dan? le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy. directeur. 62. pue Thiers. au Havre.
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Dieu tit l'Homme et, voulant lui montrer l'univers,
chétive main dans sa main grandiose,
Puis l'emmena, par les champs blonds, par les bois verts,
Comme un grand aïeul doux menant un enfant rose.
Or, l'Homme vit soudain, dans le matin joyeux,
Des roses au calice étincelant de gouttes,
Oh ! si chères au coeur ! Oh! si chères aux veux
Qu'on eût voulu mourir en les embrassant tontes !
« Oh! comme c'est joli ! » dit-il, joignant les mains.
Et, t.mibant à genoux, comme un enfant qui n'ose,
L'Homme, pour s'embaumer le long desnoirs chemins,
Mit ses doigts dans les fleurs et cueillit une rose.
Puis Dieu l'emmena loin, parmi des monts géants,
Et lui montra la neige, à leurs pies fantastiques.
Si blanche! que les veux se dilataient, béants.
Comme ivres de Lumière et de splendeurs mystiques.
« Oh ! comme c'est joli ! // dit l'Homme radieux.
Et, voyant s'écrouler une grande avalanche,
Pour s'égayer en route et se charmer les veux,
11 prit sur la montagne un peu de neige blanche.
Et puis. Dieu l'emmenant dans le ciel, tout d'un trait,
Lui montra des vols blonds d'étoiles immortelles.
Si douces ! qu'ici-bas, toujours, l'âme voudrait
Vertigineusement prendre l'essor vers elles!
" Oh ! comme c'est joli ! » dit-il, les bras tendus.
Et. pour illuminer ses nuits aux sombres voiles,
1 'Homme, enlevé sur Dieu, par grands bonds éperdus,
Escalada le ciel et lui prit deux étoiles.
Or. comme il était las d'avoir tant cheminé,
L'Homme, qui revenait vers la terre morose,
S'endormit dans un pli de Pazur satiné,
Ayant à ses cotés étoiles, neige et rose.
Et le bon Dieu voulant que l'Homme, à son réveil,
Vit en un seul objet ces choses mirifiques :
_-.• aux pures blancheurs, rose à l'éclat vermeil,
Etoiles aux rayons doux et béatifiques;
Voulant qu'il fut heureux, voulant qu'il fût joyeux,
Voulant qu'il n'eut plus rien à désirer au monde,
Qu'il ne regrettât plus les anges et les cieux,
Mais qu'jl vécût vibrant dans l'extase profonde,
Dieu prit étoiles, neige et rose en ses doigts saints,
Et. rêvant un chef-d'œuvre avec cet amalgame,
Fit de la rose un front, de la neige deux seins,
toiles deux yeux, et du tout une Femme.
Le Garant : René Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 02, rue Thiers. Le Havre.
\ lire : Les Originaux à Vichy. — Le Mariage de La Petite Providence, de
Louis Petitbon, deux \ librairie <1<; la Maison Dhntu.
it en vente chez le hibliopole Lkon Vanieu, [9, quai Saint-
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Marc Aufossi. — SCIE MINEURE
PARIS
Librairie J. STRAUSS, S. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j COMPTOIR. GÉNÉRAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & C»
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
Et chez tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
L» Cri-Cri, le meilleur marché des journaux littéraires, publie <li>s Mono-
logues, Poésies, Nouvelles, etc., de François Co pêe, Gin db Mm passant, Th. de Ban-
No \;\m>. Eugène Chavbttb, Cr. Lbroy, Lemercibr
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LE SPLEEN
Yès, Sir. \As. je avai devenou triste considérable !
Je souis très malhérouse de toute ce qu'il mè dévient arriver ;
je paouvai jémai faire comme toute le monde, aussi je crois que
je avai plousse qu'a devenir mort !
Toute petite, je étais pas très adroit, c'est une malheur, niais
comme ça. Si je caourais, jefésais toujours taomber des
petites garçons; si je jouais à la toupie, mon ficelle, il devenait
soi mal arrangée, jecroa, bref, mon toupie, il tombait taoujours
sur le visège d'une petite gamarate.
Aoh ! je avais vraiment pas du chance !
Plusse tard, jène haomme, mon kieur il devient possession
d'une miss jaolie d'une manière considèrèble.
Pour commencer relations, je souis cette perfète damesselle,
et je aperçois il allait soi à l'église.
Je caourre rèpidement devante ; j'entre ; je retire mon chè-
peau, et planté devant bénitier, je attends cette joune fille pour
lui offrir eau bénite.
Il entre! Traoublé dans mon dédans, je perds mon pauvre tête:
je trempe mon chèpeau dans eau bénite, et pour avoir cette
grande bonheur de offrir moa-même cette chaose, je prends soi
dépécher, et quand le damesselle, il s'avance, je lui crevé un œil
avec mon doigt.
Aoh ! je avais vraiment pas de chance !
Oune autre jour, plousse tard, je dinais chez mon fiancée, et
pouis on m'a mis à le porte ; voilà porquoi :
Le diner il s'avait devenou fini te. On disait des chaoses très
remerquèbles.
Moa aussi, je disais des choses très remerquèbles.
J'avais devenou penché dessusse mon tchèse.
— Aoh ! devenez attention, il me dit mèdème mère, cette
parquette il est ciré et vous aller devenir tomber.
— Nao ! je dis ; tombe jèmais, et je continoue mon remerquè-
ble chose que je avais commencé.
Tout d'un coup, mon tchèse il glisse ! Alors pour me soi re-
tenir, je mè rètreppe à le nappe ; mais je tombe tout même, en
emportant le nappe et la toute vaisselle, candélabres, fiers, etc,
qui se trouvait dessus, et je casse toute cette méchine.
Traoublé, ému. une traoublé il mè prend et je laisse échapper
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Musique et de Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Cliefs d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Godfroy, G2, rue Thiers, au Havre.
une chaose très.... vilaine, que toute le monde il en a dit :
schoking !
Oh ! je avais vraiment pas du chance !
Oune autre jaour, un de mes émis il achète oune très joalie
pendoule paorcelaine de Sexe.
C'était un chose very remerquèble, rare, très chère, mégnifi-
que ; il était heureuse baocoup de son équisichonne..
Aoh ! je dis, c'est une chaose edmirèble ; permettez je ré-
garde.
Je prends cette pendoule ; je la tourne, je la retourne, et au
moment de la replacer, je fais elle tomber sur marbre du che-
minée de ma ami.
Aoh ! il était en tout pleine petites bouts !
Je avais vraiment pas du chance !
Por faire corne toute mes concitoyens du beau pays de l'An-
gleterre, je me mérie, et jouste, mon dème il avait pas toujours
idée comme pareille de moa.
Alors je souis obligé toujours lui donner des calottes ; c'est
dommège,... parce que mè fatigue.
Aoh ! que je avais donc pas de chance !
Dernièremente, une pauvre messie il est renversé par oune fia-
cre ; il avait toute plein mal à son guibolle.
Alors, comme j'ai oune grande bon kieur, et puis oune autre
aussi messie, nous prenons cette pauvre bonhomme pour trans-
porter lui chez messie le phermècien.
L'autre, il avait pris le vieux par jambes, et môa je le tenais
par son tête.
Je aperçois pas le troattoar, je cogne soi-même ; pour pas tom-
ber, je lâche cette bonhomme et lui casse son tête sur le pavé !
Aoh ! que je avais donc pas du chance !
C'est comme le semaine qu'il est finite : on arrangeait oune
maison ; des peintres, ilsfesaient tomber des petites gouttes de
caouleur sur toute le monde. Je vois cette chose désagréable et
un dème vieux qu'il allait recevoir de cette machine surson tête ;
pour éviter lui cette grande contrariété, je le prends par son
bras de vieille dème, je tire, et sans vaouloir lui causer le plus
petite déségrèment, je fais tomber lui lefigoure dans le crotte.
Aoh ! je suis vraiment pas une messie qu'il a de la chance !
Aoh ! tenez voilà qu'il est encore une chaose bien ennoyouse
à me soi rappeler :
Oune fois, oune ami de moa il avait oune douel avec oune au-
tre gentleman. Je étais témoin de mon ami. On se battait à la
pistolette.
En remettant la pistolette chargea mon ami, je ne sais com-
ment je fais mon compte ; je crois lui donner un bon paignée
de main ; je serre, quoi ? le détente, sans doute. Bref, je le
tue !
Mais c'est qu'on m'a dit un tas de sottises encore !
S» Ci.»
l.e Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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AVIS IMPORTANT
Dans le but 'le faire connaître sa publication et à titre de Frime, Le Cri-
lie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés a M. René GoDFROY, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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Avouez que je n'ai vraiment pas du chance '.
A ùté du existence, et je voudrais bien deve-
nir mort : mais j'ose même plous essayer souicider môa, car il
m'errive des chaoses comme personne il arrive.
Ainsi tenez, hier, je prépare oune verre d'eau sucré avec poi-
dans le chai -
Lédèra qu'il fait mon ménège pendant que mon
dème et le bonne ils sont devenus partis à le campègne : il croa
oune bonne chaose, il avale cette verre d'eau, et c'est lui
qu'il s'empoisonne à mon pièce.
vraiment bien indélicat de la part de cette dème 1
Aussi je souis très contrarie, car l'existence il est vraiment
mnoyeuse quand on a si peu de chance : comment voulez-
vous que je aie pas le spleen ! '. ...
MARC ÀNFOSS1
SCIE MINEURE
La Chine est un pays à thé, chacun sait s-a.
Du thé la fleur est bleue, en clochette et bien belle '.
La perle du canton, la jeune Kin-Kr-Na,
Le long du fleuve Jaune, en sa svelte nacelle,
Cueille la fleur d'azur sous les brindilles d'or
is légers l'oiseau prend son essor.
Tandis que. l'air pensif, penchés sur des problèmes
Insondables qui font les cœurs froids, les fronts blêmes,
Les mandarins lettrés cherchent où l'âme va...
La Chine est un pays athée, — on sait cela !
* *
Pontoise est le pays des veaux par excellence,
On les voit aux marchés affluer par milliers.
Leurs beuglements plaintifs réveillent l'assistance
Qui dans la froide église et sous les hauts piliers
Ecoute vaguement l'orgue à large cadence ;
Pontoise est le pays dévot par excellence.
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Dieu vous garde de la colique,
A pied, en voiture, à cheval !
De tout désordre stomachique
Dieu vous garde surtout au bail
0 l'effroyable rem immée
Que peut valoir un cas pressant!
1 e commandant du corps d'année
Donnait un bal resplendissant;
Parmi la foule éblouissante
Des beautés de la garnison,
L'une surtout est ravissante :
( )'es1 la tille de la mais. .n.
Tous les veux sont fixés sur elle ;
A grand peine, sur son carnet
Je m'inscris... A la Pastourelle,
Je débitais le chapelet
De ces mille riens, que souligne
Un soupir, un tendre regard :
Elle m'econtait. quoique indigne.
Quand soudain je deviens blafard.
A mes transports elégiaques
Succède un silence de mort ;
Des tortures démoniaques,
Couvant de tribord à bâbord,
M'ebranleiit jusqu'à fond de cale.
Une attaque... deux! Je tiens bon :
A la troisième, je détale...
Laissant, rouge comme charbon.
Ma danseuse loin de sa chaise.
Je traverse plusieurs salons;
O Dieu ! que la route me pèse!
Et pour comble, sur mes talons
Je sens Contran qui me harcèle.
" — Fais-tu vis-à-vis? // " — Oui, suis-moi ! »
J'avais la main sur ma bretelle :
Il devine mon désarroi
Et m'abandonne au vestiaire.
« — Garçon, voulez- vous m'indiquer?... ~
« — Le buffet ? // — « Non... tout le contraire. //
" — Monsieur, je vais vous expliquer :
" En bas, deuxième porte à gauche,
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noncée au < - BLÀ> ETTE, '■>, faubourg Montmartre, à Paris.
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phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occupet de la vente de cetti
publication. — Ecrire à M. Roue Qodfroy, B2, rue Thiers, au Havre.
« Vous enfilez le corridor,
« Le water-closet est tout proche //
« — Merci ! » — Sera-t-il temps encor!
Quatre à quatre je dégringole
Les marches. Dans l'obscurité
Des couloirs, je perds la boussole
Et reste désoriente...
Je pousse au hasard une porte;
Me voilà seul et sans témoin.
Où suis-je donc ? Bah ! Que m'importe !
A tâtons je trouve un bon coin.
Mais un remue-ménage étrange
Me redresse sur mes jarrets :
C'est l'écurie... et je dérange
Les chevaux surpris, inquiets.
Qui m'effleurent de leurs ruades.
Je me rajuste vivement ;
Fuyant ces mauvais camarades,
Je vois la fin de mon tourment
Dans une cour hospitalière.
Sauvé ! — Maintenant du papier !
Pas un brin! De quelque manière
Il faut pourtant s'ingénier.
Hélas ! hélas! le papier manque,
On ne saurait penser à tout !
Emploierai-je un billet de banque ?
C'est un papier fort à mon goût.
Mais un peu cher. Dans ma détresse,
En explorant mon calepin,
Je découvre... ah! je le confesse,
Un simple carré de vélin.
Pantagruel, en l'occurence,
Préférait un duvet d'oison ;
Mais il avait le choix, je pense,
Quand il fit la comparaison.
De ma fuite précipitée
J'avais hâte de m'excuser
Près de la belle Dorothée,
De quel conte sus-je abuser
Son oreille aristocratique ?
Comment pus-je reconquérir
Mon auréole poétique?
Je vous le laisse à découvrir...
En traversant la cour du poste,
Le lendemain, le Général
Met le nez sur morV holocauste :
« Sergent, quel est donc l'animal
« Qui s'est permis..? » — « Permis ! personne,
« Général. » — « Pour quelle raison
« Est-ce donc que l'on m'empoisonne?
« Vous aurez deux jours de prison. »
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l«e Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
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AVIS IMPORTANT
Dans Le but de faire connaître sa publication el à titre de Prime, Le Cri-Cri
expédie franco à domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Goofroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havrk.
rgent part l'oreille basse :
Mais, flairant le corps du délit,
11 se saisit avec audace
De mon vélin fatal, et lit :
« 1 e général de Trois-Etoiles
* A Phonneur d'im îter au bal
« Monsieur le baron Guy de Noiles. »
11 court, triomphant : « Général,
w Je tiens l.i clef de ce mystère,
« li m. in nom doit-être biffé :
» Prèsde l'enfant-trouvé, le père
. \ mis sa carte... et paraphé. »
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5.1-2
YVES I 1K11
PAUL VERLAINE
Toi, sur qui le bourgeois hurle ton cri d'orfraie,
Je t'aime en ton obscure songe, en ta bonne foi
Cynique, en ta subtile et très navrante loi :
Car tu n'es pas celui qui dans le banal fraie.
Ton génie fier et rare, et dont le« goût >/ s'effraie,
Ainsi qu'un vin cher, metteur d'esprits en émoi,
Poison peut-être, mais sensationnel, dans moi
bouille, comme un seul diamant la vitre raie.
Tout minime, je sens que grand mon coeur assez
Tient de pitié pour tous les cœurs longtemps lassés
Quand le destin mauvais fait leur ardeur rompue,
Je prêterais mon aide à leurs pâles efforts.
. tu peux combattre seul, âme trapue,
Puissant parmi les puissants, fort parmi les forts.
AVIS AUX POÈTES
Se méfier de l'Académie Clémence Isaure et de l'Alliance Littéraire,
- deux... académies, qui ne Boni compoa '■••- que d'un seul indi-
vidu. ' qu'une fumisterie et une ridicule exploitation litté-
raire.
El] incours, el les lauréats son! obligés d'avoir
recours à l'intervention judiciaire pour obtenir leurs prix.
rut: Hesl GODTROT. — Imprimerie GODFROY, 02, rue Thiers, Le Havre.
\ lire : Les Originaux à Vichy. — Le Mariage de La Petite Providence, de
[boh, 'l'.-ux grandi le librairie de la Maison Dbntu.
rite chez le bibliopole LÉow Vamier, 10, quai Saint-
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Tous les Samedis
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PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
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PAUL COMBES V. DURDILLY & C'e
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Et che\ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
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Le Cri-Cri. le meilleur marché des journaux littéraires, publie des Mono-
logues. Poé8Îe8, Nouvelles. etC, «le FRANÇOIS COI'PÉB, (M'Y 1>K Mai [PASSANT, Th. 1>k BaN-
viLi.K, Armand Silvkstrk, Jacques Normand, Kugknï Cravbttk, Ch. Le ko y, Lemercibr
M NbOTILLB, OaUPAOZ, A.LBBRT MlLLAUD, (\>o' 11 in. AlPRONSB ALLAIS, ele., eie.
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C. TRÉB1 A
LE PARDESSUS l)(! COLONEL
1 .1 baronne de Follebi ise
1 1 ier au soir nous régala :
Vins capiteux et table exquise,
Sexe Facile, un \ ra i gala.
Quelle société choisie '.
l'n sénateur, un magistrat.
— Passez-leur cette fantaisie :
Ils lurent que c'est un extra! —
Deux ceuveres. trois poètes.
Cinq marcheuses de 1 Opéra,
Leur professeur de pirouettes.
Un colonel, et cœtera.
Libres propos, gai té charmante ;
On s'égara sur maint sujet
Dont la morale s'épouvante,
Mais qui plait au corps de ballet.
Luis on joua suivant l'usage :
Etais- je donc gris comme \\n page?
Ne sais, mais de ce Paradis.
Quand je sortis. Lame en délire,
Je n'emportais pas un radis...
— 11 devait bien m 'arriver pire! —
Espérant un cadeau princier.
D'abord la soubrette m'accoste.
Et je lui donne.... un timbre-poste :
Marton me traite d'épicier.
Plût à Dieu qu'au début d'une ingrate carrière,
J'eusse pris cet état, parmi tous estimé,
Borne mon horizon aux pastilles Rozière
Et rêvé de fromage et de hareng fumé !
J'aurais de mes bons mots égayé la pratique ;
Puis, le soir, volets clos, mon devoir accompli,
J'aurais fait un loto dans l'arrière boutique...
Et, sans nie réveiller, j'aurais gagné mon lit !
Voilà vivre! tandis que d'un monde interlope
Je sors, le gousset vide, à l'heure où chacun dort !
Et je crève de froid sous la mince enveloppe
D'un pardessus râpé ! ! J'ai mérite mon sort,
Et me voilà réduit a battre la semelle.
A chercher la chaleur dans mes pochés. — Holà !
Qu'y trouve-je ? Un trousseau de clefs, une jumelle,
Une pipe, un briquet, jusqu'à du chocolat.
Tous objets étrangers a ma propre personne,
Quand elle n'a pas bu ! Le bien vient en buvant:
C'est l'effet du Clicquotou du Moulin-à-vent...
Non ! je suis un fripon, que le Ciel me pardonne !
Je les aurai volés... j'ai le vin criminel '.
Est-ce tout? Un ruban rouge à ma boutonnière !
Je suis perdu !... Sauvé !! C'est un trait de lumière :
Le pardessus du colonel !
n'ai plus ma clef... la porte est close
la Iti'di ciioii rt l'Administration do
ROY, direcieur-g^rant, rue Thiers, 6?, au Havre. — Les An-
nonces au ' 1 LAVE1TE, 9, faubourg Montmartre, .'i Paris.
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Le Cri-Cri fait des conditions très avantageuses h MM. les Libraires, Marchands de
Musique et Je Journaux, Directeurs et Régisseurs de Théâtres et de Concerts, Cnef's d'Or-
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Godfroy, 62, rue Thiers, au Havre.
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Impitoyablement, chez moi, passé minuit.
Si j'avais de l'argent, je verrais tout en rose
Et pourrais à l'hôtel endormir mon ennui...
Parbleu ! du colonel, tout près de ce Passage,
Je connais la maison ; je ne sais pas l'étage,
Mais j'essaierai les clefs... c'est au petit bonheur.
Je me suis cru fripon : je deviens crocheteur !
M'y voici. — Doucement, de la porte cochère
Entr'ouvrons le vantail. Peut-être le Cerbère
De ces lieux inconnus a le sommeil léger...
L'aventure a du louche, évitons le danger.
Tout d'abord l'entresol. — (Test pour un militaire
Garçon, le vrai logis... Cette clef doit ouvrir;
Voyons: Cric! crac! cric! crac! Non, elle n'ouvre guère...
Mais on vient: cachons-nous. « Est-ce toi, Casimir? »
— Silence. — Une voix douce et tremblante murmure :
« Je me trompe, c'est Paul. » — « Madame, c'est Henri !
« Et l'on devrait savoir le nom de son mari ! »
Après cette apostrophe — entre nous un peu dure.
Je m'esquive au premier. — Corridors très ornés ;
A droite, un écriteau: « Seul système inodore,
Breveté ». — Passons-vite, et bouchons-nous le nez.
Voyons à gauche... Hélas ! je n'y suis pas encore,
Et l'éveil est donné dans cet appartement...
On cause: « Va donc voir ce que c'est, Hégésippe ! »
— « Y songes-tu, Zoé ? Tu sais que j'ai la grippe ;
« Ce serait vouloir prendre un refroidissement. »
— « Il s'agit bien de chaud et de froid, malepeste!
« Arme tes pistolets ! » — « Je ferais un malheur :
« Je suis trop vif. » — « Poltron, tu trembles! Eh bien, reste:
« Moi, j'y vais... Qui va là ? » — « Madame, le facteur ;
« Vous avez, parait-il, fait un gros héritage... »
Et ses remerciements me suivent à l'étage.
Le colonel, je crois, n'est pas encore couché :
Je vois une lueur... Espérance suprême!
Frappons. — Ah ! le voici ! Non... quelle face blême
De savant ! C'est un x à monter en cachet.
« Qui vient troubler ainsi mon ardente recherche ?
« Que voulez- vous, monsieur? » — « Ah ! tendez-moi la
[perche!
« Je cherche un colonel. » — « Et moi... des cosinus:
« Nos deux gibiers n'ont pas même gite. Au surplus,
« Voyez en face. » — Eh mais! il a le mot pour rire,
Ce bonze ; et j'aurais pu plus mal être reçu.
Une porte me reste, et je serais déçu
Si la clef n'allait pas... Elle ouvre... je respire !
Et je vais voir la fin de ce steeple enragé !
« Colonel ? Colonel ? >, — « lia déménagé :
« Etes-vous son brosseur, son major, sa maîtresse?
« Brigand, coupe-jarret, écume du faubourg!
« Au secours ! Au voleur ! ! » — Et d'une main traîtresse
On me lance une lampe avec des cris de sourd.
Couvert d'huile, ahuri, je descends quatre à quatre,
Fuvant ce lieu maudit, cette maison marâtre...
lie Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
AIIOV\EHE\ I H : Fiance, IV. 5 — Union E'ostile, fr. 8.
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sn publication el à titre île Prime, Lr Cri-Cri
expédie f domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
Mais toul ses habitants sont sur pied '. Je reçois
1 encrier du savant, les bottes du bourgeois,
Divers échantillons du... système inodore,
Un îlot d'opoponax, — ce parfum que j'abhorre! —
Un bouquet qui jadis dut sentir le lilas,
De la poudre de ri/ et du lait Mamillas ..
Et lorsque j'espérais ^-ans plus franchir la porte,
I e concierge m'y guette avec une cohorte
1\- bonnes, de laquais, à la hâte assemblés,
l;t le balai sur moi pleut à coups redoublés !
.le me sauve, empesté3 vers la Samaritaine.
Pans ma baignoire, enfin, j'ai pu reprendre haleine ;
Je renouvelle l'eau pour me désennuyer,
Car je n'en puis sortir... ne pouvant pas payer.
\",.i - numéro d'une nouvelle publication : Ih Norman-
die-Artiste, hebdomadaire, n' <• <!<• h fusion de h Plage Normande el du
. directeur: M. Carolus d'Harrans. Ce numéro, des plus àt-
ne des articles, poésies el contes, de MM. Alphonse Boubert,
Paul x nn es, \!'"':i Lambkrt de l'Odéon . Catulle Blée, Ebrab, Augustin
Danii : el I. Boni lant — et, ii l'occasion de la représentation donnée le 15
il, au rhéàtre-des-ArU de Rouen, en l'honneui de Pierre Corneille, par
M. Albert Lambert, un beau portrait, s'gné E. de Bergevin, de l'excellent
artiste. Signalons aussi un très original titre-frontispice, dessiné par M. E.
M
Envoi du numéro spécimen coutre demande accompagnée de 15 cent, adres-
M Carolus d'Harrans, a FECAMP Seine-Inférieure.)
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lépartements; 10 fr. p'>m- l'étranger. — Le numéro : 10 centimes.
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PORTRAIT
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lace de sympathie
h tous nos lecteurs un témoi-
bien personnelle, nous avons
l'honneur de leur offrir gratis un splendide portrail
peinl ii l'huile pur un artiste de Paris, honoré de plu-
sieurs médailles: (M. Dugardin, 84, Faubourg Saint-
Honoré .
Il suilit d'adresser le bon de prime ci-contre îi M.
Henri LE VERDIER, Jo\ rue de La Tour d'Auvergne,
ii Paris en y joignant une photographie el «mi indi-
quanl la couleur du teint, il>'> cheveux, des yeux et
ilu vêtement. Joindre 1 fr. 50 en timbres-poste pour
tous frais de port)
La prime sera envoyée dans le délai nécessaire d'un
mois on six semaines.
Sous ce titre : La Fin d'une Race, un nouveau roman d'HENRY de Braisnb,
vient de paraître chez l'éditeur Ferreyroi . 19. rue de Seine, — Cesl l'his-
toire troublante d'une femme perverse, ferment de corruption eu ce siècle finis-
; u î poursuit de sa haine une jeune personne au cœur pur, dernier enfant,
,!<■ lignée.
L'auteur, que !»■» lecteurs de DédaigDée retrouveront avec plaisir, donne
la une note réaliste du plus dramatique effet Une hardiesse peu commune dans
la peinture des nombreux tableaux qui composent ce compact volume, el aussi
une grande délicatesse de sentiment dan- le récit des malheurs I" l'opprimée,
pmemeul attachant. Les personnages effrayent parfois,
- vivent, ils sont humains, ilssonl vrais.
ime dans le roman précédent, mai* avec beaucoup plus de \;i<ru ur, le der-
nier chapitre amène une conclusion irait. <• île maii. de main-e • i - .n intérêt
eur.
Le 'J-rant : René GODrROY. — Imprimerie QOD1 ROY, 82, rue Thiers. Le Havre.
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VILLE. ArMaN'.i SlLVI >M>. KUOÈNK CllAVHTl . Cil. L.BROY, LbMBRCIKR
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MARCEL BAILLIOT
LA VERTE
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.1 la canli ttade). Si on boirait la dernière? Une verte à l'as.
boum '.
Tes vraiment chouette, la dame, t'es pas comme les autres.
ils ont dit que j'étais loufoque.
Cré matin, fait-y soit'! Un enfant de six mois en périrait. //
tape sur son gousset) Aie pas peur, y a de la bonne braise là
dedans, des belles thunes avec un bonhomme couronné.
Yeux-tu des vers? Pour le sentiment, ça me connaît:
Nous avions vingt francs,
tait le printemps,
J'étais amoureux
De tes jolis yeux bleus.
Sentimentalement) Je chanterai ton amusante trompette, tes
grands calots et ta tignasse blonde de Marie-Madeleine pendant
le pèche... Je suis artisse aujourd'hui, et j'ai du luysard plein le
palpitant... En veux-tu du soleil?... C'est bon. la vie ! On cueille
des femmes, on embrasse des fleurs, et dans le peignasson on
fait dodo avec des rêves qui ne finissent qu'au matin.
C'est pas rupin de la part des camaros. Ils m'avaient dit que
c'était l'hiver et qu'au nez des sergots pendaient des glaçons, et
au lieu de cela, du bon printemps qui m'a saoulé et des feuilles
vertes à tous les arbres.
Pour sûr, c'est avec ça qu'on fait l'absinthe... Dites donc, les
aminches, si on boirait la dernière?... Encore une verte... Oh!
c'est rigolo.
II.
Attention. François, voilà du sesque!... Elle est rien mouche,
la largue !
Te vlà. Marie-Gothon ?... Va-t-en, gouapeuse ! tu viens te
fout' de mezig.
Oh! ce que je l'ai gobée, celle-là!... Ça ne fichait rien dans
un atelier de Menilmuche. et j'y ai payé bombance, comme à
une de la haute... Il a fallu turbiner pour tortorer; mais elle
était si gironde que j'aurais pour elle refroidi un minisse ou
dégringolé un pante au nez de la rousse.
Ad.r' l:i Mtû»«ittmm ri I' iilminist ration du
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Le CRI-CRI est en vente, à ALGER, à la Librairie A. (ÎAItBI, place du Gouvernement (sous la Régence)
phéons et de Sociétés musicales, Administrateurs de journaux, Organisateurs de Ker-
messes et de Fêtes de Charité, etc., etc., désireux de s'occuper de la vente de cette
publication. — Ecrire à M. René Godproy, 62, rue Thiers, au Havre.
Y faisait bon alors à rentirïer au pucicr.
Malheur! elle a pris un mac !... N'en faut pas de gonzesse !
Sûr, je perds la boule... Maria est crapsée à l'hosto en gueu-
lant des chansons de bastringue.
Mille tonnerres! faut que j'aie la pépie pour avoir soif comme
ça... Si on boirait la dernière? une bonne verte; c'est de la
choquette, ça.
III.
Ah çà, ont-i fini de m'rluquer, ces pantes-là ? I se payent ma
fiole, avec leurs airs de niquedouilles... Va y avoir du pétard!...
Qui qui jaspinent?... J'suis p't-étr' pas assez frusquiné pour eux ;
mon culbutant effiloqué, et mes godillots qui font la risette, ça
les défrise, ces gonciers-là... C'est-y pas bon pour licher un cin-
tième?
Ça va chauffer... J'vas leur démolir la cafetière!... Peuvent-i
pas laisser boire en paix les pauv's bougres?... Gare lesguiboles,
vous autres.
La frousse les prend, i s'carapatent... Nib de cœur sous le
mamelon, et ça fait les mariolles... Mince alors ! c'est p't-êtr"
de la magistrature.
Hé ! la p'tite mère, si on boirait la dernière? Une verte, nom
de nom !
IV.
Zut! Pus de soleil, pus de galette et pus un mègot... Y va
lansquiner... J'en veux pus de la vie !... Place aux autres, puis-
qu'y a pus de chance que pour les loupeurs et les clampins...
J'veux pas être dos, et c'est tannant de masser !
Va, tu seras pas pleuré par ton concierge... Le garno est vide,
et les copains sont trop rosses ; pas un qui t'aboulerait une roue
de derrière pour briffer... Les salauds, i ont débauché ma mar-
quise et m'ont appelé poivrot... Faudrait-i pas se faire mendigot
à cetf heure, et finir à Pélago ?
Ceusses qu'ont des guimbardes et de la flanelle, ah ! oui, la
vie est bath ; mais pour ceusses qu'ont pas d'iimace, pour les
va-t-à pieds, l'hiver, c'est dégueulas !
Adieu les bistros... Si on boirait la dernière? et pis en route
pour l'éternité... Patronne, une verrée d'espérance, une double
verte, et sans sucre, nom de Dieu !
Avec l'autorisation de l'auteur, notre collaborateur M. Georges Docquois vient
de tirer un important acte en prose d'un des contes les plus saisissants publiés
à l'Echo de Paris par M. Jean Reibrach.
MEL1E sera lue très prochainement au Théâtre-Libre.
Vient de paraître : FEUILLES MORTES, de Victor Compas, très beau
volume prose et vers. Prix : 3 fr., chez l'auteur, à Moncy-St-Pierre (Ardâmes),
ou à Paris, aux bureaux des Annales Gauloises, 17, rue du Commandeur.
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lie Cri-Cri est en vente chez tous les libraires, marchands de journaux
et de musique, et dans les bibliothèques de gares.
ABONNEMENTS : France, fr. 5 — Union Postule, fr. 8.
chez les Correspondants de cette Agence de Publications Populaires, dans toutes les villes d'Algérie.
Avia iiuruniAni
Dans le but. de faire connaître sa publication et à titre de Primo, Le Cri-Cri
lie franco a domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-
poste adressés à M. René Godfroy, directeur, 62, rue Thiers, au Havru.
HUGUES DELORME.
LA CHANSON 1)1' CUL-DE-JATTE
Ohé c'est moi que j'suis l'cul-d'-jatte,
1 avorton, l'ignoble raté.
1 entement, je m'décarapate
1 e long du trottoir asphalte.
D'autr' viv'nt en faisant des pirouettes.
— Députés ou maîtres d'balfet —
("loue sur ma boite à roulettes,
Je m 'traîne à la fore' du poignet... /
UN.
Madam', monsieur, dans mon gob'let,
Jetez un p'tit SOU, s'il VOUS plait.
Trou — la — laire— la — la — Ion — lé,
D'vant l'autel de la bonn vierge,
r vous jTrai brûler un cierge,
Et Saint-Joseph nous bénira
Trou — Ion — la.
- II -
Mais tout' cuit' foule aristocrate
Rapid'ment poursuit son ch'min,
Sans s'préoccuper du cul-d'-jatte
Qui, suppliant, lui tend la main :
Tous ces êtres-là qu'est ingambes,
C'est ventru, repu, c'est cossu !
Cré nom. si j'avais des jambes,
[ue j'ieur... mettrais mon pied dans Ydosl
- III -
Ce que j'esquinte d'fonds d'culottes,
Non, voyez-vous, c'est épatant.
Mais du moins j'peux m'mettre en ribotte ;
Je m'traîn' toujours en zigzaguant.
Sous ses jupons mon œil s'égare
Quand une bell' femm' vient à passer
Et j'ai pas besoin de m'baisser,
Pour ramasser les bouts d'eigare.
- IV -
J'posséde un" gonzess' très-mari oie
Qui s'est amourraché d'mon tronc.
L'matin, ell' m'wagonne en carriole
Et l'soir m' remporte à la maison.
EU' m'fl m' fois des calottes,
Histoir' d'entret'nir l'amitié,
Car c'est ell' qui port1 les culol
Et c'est moi que j'suis sa moitié !..
ODTROY. — Imprimerie GODFROY, 02, nie Thlers, Le Havre.
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Dit par Mlle REICHENBERG, de la Comédie-Française.
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Dans le but de faire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste adressés à M. René Godfrot, direc-
teur, 62, rue Thiers, an Havut.
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LA HALLE AUX BAISERS
Monologue en vers, dit par Mlle REICHENBERG, de la Comédie Française
1 'Enfant-Dieu qui préside aux tendres rendez-vous
Prenant ma main, médit: « Madame, voulez-vous
Venir visiter mon royaume ?
— Partons! >, Et nous voici dévorant les chemins,
Rapides, pour parler la langue îles humains,)
Comme des chevaux d'Hippodrome !
Laissant bien loin de nous la grand'ville, Paris,
Nous volions, escortés parles Jeux et les Ris
1 es pleurs aussi... prêts à s'épandre;
.Il ^entais que mon coeur battait, en désarroi,
Alors que suspendue au bras du Joli Roi,
J'entrai dans le pays du Tendre...
« Regarde! Dit Eros. C'est la Halle aux baisers.
<< Lorsqu'on sent des désirs l'un par l'autre aiguisés,
« On y vient. J'ai pour chaque peine
" Un baiser spécial plus doux que le velours,
« Caressant et léger, fine (leur des mamours.
« Tu vois? ma demeure en est pleine...
« Or, va. tourne, reviens et circule à loisir.
« Grapille. chippe, prends: c'est à toi de choisir.
« Tu peux piller mes étalages!
« Reine pour tout un jour, à toi l'avide essaim,
« Avec leurs aiguillons s'ébattant sur ton sein.
« Des caresses folles ou sages. »
< A toi le bec béant qu'aux jours du renouveau
" La colombe amoureuse offre à son tourtereau,
« Le doux bacio d'Italie,
< Le kiss anglais, si long qu'on meurt en le donnant,
« Et celui que ravit l'insecte bourdonnant
" A la rose de Mai jolie ! »
-' ' :' . h' •sonnet, de Louis Booei : ih-iihn, d'Albert Tin-
t. — N' H i < ■•■efc«lr, ' . N* 29, Le f Icare de n élit*, de Georges Mentelé; Kinçol», de
— " un-Mil i IVIIL f *•*»». — N" 31, I.» Templier*, cTAlphonse Allais. — N
I ( la «Jcrnlért- nrnf. — l*l:ii«lo) < r iiour un Auvergnat, de Georges D0CQUOI8.
— N ',- (ii m'f&i arrivé ea iramwa;, de Carolua d'HARRANS. - N 35, «ion Muicldc, de G*'' Docquois.
Monologues et Poésies parut dans Le Cri-Cri : X" 50, Plaidoyer «ntic njugal de Carolus cI'Harrans
— X° 51, Lo Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — X" 52, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53 le
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, Le Troniboune, de Charles Leroy. — \° 55, l>es Pierrot* de
Hélandri. — N» 56, victime d'an lupin, d'Eugène Cravette. — V 57, Ounc Jaolie Histoare, de Charles
Leroy ; E.e Vieux Soulier, de François Coppée. — \- 58, Sur le Pont,, de Félix GalipaUX.
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Soudain, il disparut. — Où diriger mes pas?
Hélas! Je crus aller au devant du trépas :
Sifflant comme un nœud de vipères,
Je vis, dragons-gardiens du seuil éblouissant.
Le baiser de Judas, horrible, se dressant,
Et le baiser des belles-mères.
J'eus peur ! Il en venait, par les quatre chemins,
De toutes les couleurs: solennels baise-mains
Des galantins faisant la roue,
Baisers d'amour vendus, honteux d'un tel affront,
Baisers d'ami, baisers de prêtre, sur le front,
Baisers de frère, sur la joue...
Celui que la promise accorde au fiancé,
— Un baiser de blanc et d'azur nuancé,
Couleur de ciel et de nuages,
M'apparut, évoquant à mes yeux attendris
Les serments emportés par les ans défleuris,
Doux rêves passés... vains mirages!
A côté, j'admirai, teint d'un rose éclatant
Le baiser alangui, fiévreux, inquiétant,
Qui s'attarde, revient, lutine,
Quand, parmi les muguets, étoiles des près verts,
Musette en folâtrant découvre le revers
De sa robe de mousseline.
Et, tout auprès, je vis les baisers empourprés,
Plus rouges que les plis des étendards sacrés
Ou que la robe des cerises ;
Plus rouges que la mer aux baisers du soleil;
Plus rouges que la rose ouvrant son cœur vermeil,
Pâmée aux caresses des brises !
Or, comme je frôlais leurs doux nids apaisés,
Voilà que j'ameutai ces essaims de baisers,
— Vrai réveil d'oiseaux à l'aurore ! —
Et, me couvrant partout avec de jolis bruits
D'un vol audacieux, tous ces croqueurs de fruits
Semblaient crier : « Encore, encore ! »
Espérant échapper, je courus me blottir
En un coin de l'Azur, où venaient retentir
De vieux airs enfantins et mièvres...
O surprise, o bonheur!... J'étais chez les bébés :
Leurs gros baisers, offerts et jamais dérobés,
Tout joyeux me sautaient aux lèvres.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N
Baiser Marseillais
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Accents
N° 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N
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69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet.
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larseillais, de Jean Bernard. — N° 71, nillel île faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En.
Jean Rameau. — N» 72, Ballade de la Demoiselle chauve; »uo téléphonique; Itallitde drs
circonflexes, de Mac-Xab. — X» 73, Influenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron —
), Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux.
!ri-Cri : — N* 8!\ >.e Spleea, de Charles Leroy. — V 90, Lettre
d"uti Mobile ureton. «le François Coppéb. — X 91, l'n t'au pressant, de C. Trebla; Paul Verlaine, de
\,, .. — \ . (uniment on i»e ilt-fult il'un 4a«la>re encombrant, de Raoul OoBR. — N° 98, 1-e»
pàii-N Ée »at»le, de Jacques N imand : i.« vlellleese «le Corneille, de Théophile Gautier.
— « C'est .'i toi de choisir. » — avait «.lit Cupidon,
Mon choix est fait. Messieurs, je demande pardon
Pour la tin de cette équipée,
Mais, de tous les baisers, certes, le plus charmant,
C'est celui que bébé garde pour sa maman,
Et puis... celui de sa poupée.
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LE VIEUX POMMIKR
Au docteur Henry Hennart,
I e pommier décrépit se penche vers le sol,
Sous le fardeau des fruits et le poids des années ;
II prodigue son ombre aux frêles graminées
ouvre le fossé d'un large parasol.
1 es oiseaux picoreurs, arrêtés dans leur vol,
L'emplissent de tapage aux claires matinées;
Concert et gazouillis de notes mutinées,
Où chaque moineau-franc se croit un rossignol.
Mousses d'argent, pierrots, pomme d'or et mésanges,
Vie, abondance, espoir, amour, joyeux mélanges !
Dans ton écrasement, pommier, ne te plains pas.
L'honneur est assez grand, si la charge est trop forte.
J'entends le vent d'aval qui murmure tout bas:
Courage, vieux lutteur, la vigne est bientôt morte !
Soiis presse: Ballade n'en Pastille» Maeblnel, de «leorpres Docyuois.
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gnage de sympathie bien personnelle, nous avons
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N° 100
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication e1 a titre île Pri
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste ai
tour. 62, rue Thiers, au Havre.
me, Le Cri-Cri expédie franco à
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MARC ANFOSS1
PASGALINE, LA FEMME AU NEZ CREUX
l Coquclin cadet.
Ah! n'épousez jamais, messieurs,
Une femme avant le nez creux!
Elle était jeune, elle était belle,
L'amour brillait dans sa prunelle,
El le soir <>ù. dans un ra< iui
Chez les Prunier de Racahout,
Je \ is l'aimable créature,
S< >n image coquette el \ ure
S'installa dans mon cœur comblé
Comme, dans un hôtel meublé,
K gne un major de table «.l hôte.
Trois mois après. la tète haute.
Je traînais cet ange charmant
Devant l'adjoint. Voilà comment
Depuis près d'un an. de ma flamme,
Pascaline, aujourd'hui ma femme.
A c» luronne tous les rayons.
(."tM ainsi que nous nous croyons
Fats, a l'abri de l'incendie,
Et puis, crac, Cupido mais lie.
Ah! n'épousez jamais, messieurs.
Une femme ayant le nez creux!
D'abord, j'adorai Pascaline.
Elle était d'une humeur câline
Et me donnait toujours raison.
Mais quand s'incline à l'horizon
La lune de miel maigrissante,
La paix s'envole, et la tourmente
Fouette l'océan conjugal.
Or c'est affreux, presque immoral.
Ma femme, cet être angi lique,
S'occupe, hélas: de politique,
Réclame ses droits d'électeur.
Voudrait qu'on nommât sénateur
Ou député la fille cl I
Et devant ce dada, ce rêve,
inti je reste coi.
Je la croyais candide, moi !
Oui. je l'estimais in< apable
■ ner cartes sur table,
le contre et le pour.
Ouiche ! Je la surpris un jour
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N'allez pas croire que j
! Hier, quand je suis entré
Elle potassait un Littré;
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i c- îidini.i h . le I Icare <!<■ Bébé. Mentei.é; ltlng;ol», de
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ii I i <■ ii'uf. - 3, Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges Docguois.
. m'est arri%«- eu (ranima] Mon Suicide,
c.«
Enfin j'ai peur qu'elle devienne
Bientôt a-ca-dé-mi-cien-ne.
Ah! n'épousez jamais, messieurs,
Une femme ayant le nez creux !
Ce n'est pas tout. J'ai, quelquefois,
Le soir, en revenant du bois,
L'habitude, — fort innocente, —
D'allerfaire un trente et quarante
Au club. Je ne suis pas joueur.
Non point ! — Jouer me t'ait horreur.
Mais, je... taquine un brin la chance.
Eh bien, c'est affreux quand j'v pense.
Mon épouse adorée a su
Que je... jouais. A mon insu,
Elle a découvert ma cachette
Et hier, sans tambour ni trompette.
M'a fait une scène en trois points,
Menaçant de ses mignons poings
Ma très respectable personne
De confisquer — Dieu lui pardonne —
Pour ses pauvres mes fonds secrets.
Je le dis sans fard: J'enrageais !
Dame, il te croyait si crédule
Pascaline, ton Théodule !
Ah! n'épousez jamais, messieurs,
Une femme ayant le nez creux !
J'abrège. Elle devine tout,
Et met son joli nez partout.
Suis-je aimable auprès d'une femme,
Je lis dans ses regards de flamme
Qu'il faut rester juste h ce cran.
Mon costume est-il un peu « v'ian »
Sa petite voix me module
Un : « Soyez correct, Théodule ! »
M'eloignant d'un monde troppschut;
Yeux-je protester? Un doux « chut! »
Dit avec le doigt sur la bouche,
Et j'abdique !
O sainte Nitouche !
Patronne des anges naïfs.
Ils ne sont pas forgés les ifs
Où je te brûlerai des cierges !...
Les voilà, ces divines vierges,
Ces amours aux longs cils baissés.
Etudiant leurs fiancés,
Qui sous leurs pas se précipitent,
Adroitement elles évitent
De se montrer comme elles sont.
Et l'hymen bâclé, le poisson
Pris, les sirènes nous enferment
Dans leurs chaos roses, et ferment
La porte à toute liberté.
Printemps, automne, hiver, été,
Il faut les traîner dans le monde.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri: N' 69, Les l'runcs, d'Alphonse Daudet. — N° 70, Le
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, asillit «le l'aire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la. Demoiselle chauve: »uo téléphonique; Uallade «les
Acccnlg circonflexes, de Mac-Nab. — X" 7;J, Bnlluenz»'* par sa Belle-Mère,, de Marie-Louise Néron. —
X"~J, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N" lô, Uo'uimcnt de Somnambule, de Félix Galipaux.
— \ vi. i.e Bpleea( de Charles]LvnoY. — N* 9 >, Lettre
d'un HoMIe Hn-tnn . — N 91, l »» «':»« prrs<iiiiii, i Ci TaàaLA.; l»««I Verlaine.
— \ .. t oui m nil on RC ilefuit il'un laduiic eiicoiiihrit n t , dfl Etaoul HiiEll. — N" 93, l.i'tt
l'àtt-s ëc ».inle, de Jacq - N «and ; •••» vieillesse <!<■ t '•r«©Ule, ' rhéophile Gautiba.
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Tyrans aux veux Mous, leur faconde
S affirme au grand jour. Elles ont
IVs principes, «.les plans, et font
Qiuisi métier de philosophes,
Et, froufroutant dans les étoiles
î, ces d ius forcenés
\ is mènent p.ir le bout du ne/.
Telle est. je le dis sans scrupule,
iline pour Théodule.
.1 vec un gros soupir'
Théodule? C'esÇmoi, parbleu!
- aline, au regard de feu,
Une femme, t ne J'ordonne, un Maître,
Qui sait fort bien m 'envoyer paître;
Gracieusement, poliment, soit.
Mais me mène à l'œil comme au doigt,
A\ ec son petit air novice.
Oh ! la femme '. '..
Il éternue .
Dieu vous bénisse.
Après //// petit temps .
Ah ! n'épousez jamais, messieurs,
Une femme ayant le nez creux !
P. COTTARD
Fables à toute vapeur
L'APÉRITIF
L'appétit pour un goinfre est le meilleur des biens.
Sur ses capacités un goinfre ayant des craintes,
Pour s'ouvrir l'appétit but au moins vingt absinthes.
moralité :
Qui veut la faim veut les moyens.
PRÉCAUTION UTTLE
La vertu de Madame est une sûreté
Pour le mari qui part. Sur la blonde ou la brune
Un bijou qu'à Cluny l'on voit est adapté.
morali:
Deux sûretés valent mieux qu'une.
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N° 103
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ADULTÈRK
Vous connaissez certainement Aristide C..., mon ami C...,
l'auteur dramatique. Je ne donne pas son nom en entier,
pour ne pas lui faire de tort au théâtre,
Aristide et moi sommes très lies, étanl à peu prés du même
âge; — nous n'avons que huit ans de différence. De plus, nous
sommes camarades de classe, ayant l'ait nus études dans le même
collège. — 11 en était même serti avant que je n'y sois entré.
Il vient J'en arriver une bien bonne à ce cher ( ourréjon ! —
' Allons b«m! j'ai dit son nom ! mais ça ne fait rien. Courréjon,
en qualité d'auteur dramatique, a écrit beaucoup de vaudevilles
qu'il n'a jamais fait jouer. — 11 a peur du publie '. — Vous com-
prenez : un original !
est du moins Oscar Camarquois, un de nos amis communs,
un Méridional et de Marseille encore, mon bon ! — qui vient
de me la conter sous le sceau du plus grand secret.
Je vais donc vous faire ce récit, — entre nous.
Au fait, tant pis! Ça apprendra à Courréjon à narrer ses mésa-
ventures conjugales à Camarquois, bavard comme une pie et
célibataire endurci, au lieu de me les confier à moi, célibataire,
idem, mais qui n'ai nullement envie de m 'endurcir dans mon
célibat, et qui, de plus, suis la discrétion en personne.
J'aurais bien laisse la parole a Camarquois qui vous aurait dit
la chose avec un inimitable asserit. Mais allez donc débrouiller
la vérité historique au milieu de l'amoncellement des troun de
l'air, des bêcaïre, des téva't, et autres exclamations du dialecte
méridional !
A défaut d'accent, je conte d'ailleurs, avec infiniment plus de
charme que lui.
donc, apprenez que Courréjon est marié à une pel
femme charmante et point trop coquette, dont il a un enfant
de quatre ans. le petit Victor, Totor, comme on l'appelle fami-
lièrement.
Se rendant, il v a quelques jours, à son Ministère, situé place
Beauveau, je ne donne pas le nom du Ministère, vous pourriez
y rencontrer mon ami, — et passant, au retour d'une course,
sous les fenêtres de son appartement qui se trouve à l'entresol,
Aristide aperçut, par l'entrebâillement des rideaux, sa femme,
debout devant une glace, et. gentiment avec des gestes mutins,
- ivant... un casque de cuirassier!
A cette \ue. le sang de Courréjon ne fait qu'un tour dans ses
artères.
Il eut une envie folle de se précipiter dans l'escalier et de
tomber comme une bombe chez lui entre l'épouse coupable et...
le cuirassier, car il s'était dit judicieusement: pas de casque
sans militaire.
Mais, la réflexion venant, Courréjon recouvra vite son sang-
froid, l'n cuirassier pensa-t-il dans son for intérieur, ça doit
avoir cinq pieds six pouces, et un sabre...
Les misérables! il les tuerait !... plus tard. Sa vengeance dif-
férée n'en serait que plus éclatante... Et puis, il n'avait que dix
HO J Hc
!7, i é Sonnet, de Louis Bogky; i.îi-itas, d'Albert Tin-
i< •»! t. ii »- li i «• < Icare de Héhé, de Gei Hlnçol», de
— Mil-util %\mi i*MI. - \ 31, le» Templier», d ''A lais. — N1
n l.i deralère tniif. Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges Docquois.
— N « . iii'i s' nrrito «-n (rnnmaj I d'HARRANS. — N* 35, Won Suicide, !' •
Monologues et Poésies parus dans I.i:.. Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer .«nticenj
— N° 51. l.e Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 52, On Dansera, de Ja
%iiticc>iijiig-jil, de Carolus d'il u;rans.
acques Normand. — X" 53, i.e
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, l.e i nimbonnc, de Charles Leroy. — N° 55, Les Pfenois, de
Melandri. — N" 5f>, victime d'un lupin, d'Eugèue Chavettb. — N° 57, Ounc Jfaolle Histoare, de Charles
Leroy : l^e Vieux Soulier, de François Coppée. — Ns 58, Sur le Pont, de Félix Galipaux.
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minutes pour se rendre à son bureau... il était en retard... Et
quittant des yeux sa femme qui continuait devant la glace son
manège exaspérant, il prit sa course dans la direction de la place
Beauveau. — Vn original, vous ai-je dit!
Rentré chez lui, le soir, Aristide fouilla minutieusement les
tiroirs pour y découvrir un indice accusateur quelconque: let-
tre, photographie, bouton de col ou de manchette, etc. Peine
perdue.
Au diner, il put à peinemanger. Eugénie, elle, — c'est le pré-
nom de la douce moitié d'Aristide, — avait conservé le calme
et la sérénité de l'innocence, l'hypocrite! Elle s'enquit avec une
sollicitude vraie ou feinte de ce qui avait pu troubler son mari.
Il répondit évasiment.
La nuit, ce pauvre Courréjon eut des cauchemars, un long sa-
bre, surmonté d'un casque, dansait, dans son imagination malade
une sarabande effrénée. Puis, il voyait les formes vagues, indé-
cises, mais terrifiantes d'un cuirassier, porteur d'une moustache
aux croesénormes et ayant au coté un sabre gigantesque. Brrr !
Cela dura huit jours. Aristide eut beau observer sa femme,
épier ses démarches, il ne découvrit rien. 11 surveilla les lettres
adressées personnellement à Eugénie ; toutes étaient d'une écri-
ture connue de lui ; pas une ne portait le timbre d'un bureau de
poste à proximité d'une caserne; on étaitau moment des manœu-
vres d'automne. Il parla avec affectation de l'exactitude des opé-
rations, de la précision des mouvements, des charges brillantes
de la cavalerie... Pas la plus petite rougeur ne montait aux joues
de l'impassible Eugénie, c'était désespérant!
Cent fois, il fut sur le point d'interroger ouvertement, de pres-
ser, d'éclater
— Il n'osait pas, il avait peur, l'animal ! observa Camarquois
qui me narrait l'aventure, et qui, renversé dans un fauteuil,
était secoué par un rire inextinguible et se frottait les côtes.
Un matin que Courréjon, ayant passé une plus mauvaise nuit
que de coutume, finissait de s'habiller et se disposait à se ren-
dre à son bureau, Eugénie, entrant dans la chambre, lui dit :
— Tu sais, mon ami, c'est aujourd'hui l'anniversaire de la
naissance de Totor. Je lui ai acheté quelque chose à moi seule.
Tu verras comme il est gentil ! Tu ne m'en veux pas, j'espère?
j'ai tenu à t'en réserver la surprise.
Au même instant, des pas se firent entendre dans la pièce con-
tiguë, accompagnés d'un bruit de fer assez semblable au clique-
tis d'un sabre traînant sur le parquet.
Plus de doute, le cuirassier ! — A cette heure matinale ! pen-
sa Aristide, — me braver ainsi en face !
Courréjon pâlit — de colère, pensez vous ; — non, de peur. —
un original! — Il jeta un coup d'œil rapide et anxieux sur la fe-
nêtre grande ouverte, comme pour mesurer la distance qui le
séparait du pavé.
Soudain, la porte s'ouvrit et le cuirassier parut. Ce n'était pas
le cavalier de cinq pieds six pouces imaginé par Aristide. La
réalité le réduisait à des proportions plus ordinaires; nullement
troublé à la vue du mari trompé, il retroussait, d'un coup de
pouce vainqueur^ les crocs d'une moustache... absente.
Le cuirassier? — c'était Totor.
Tableau.
Camarquois s'était tu, — c'était beau !
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, l.e
Boiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Uuo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N" 73, Inllucnzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise NÉRON. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux.
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J'attendais l.i morale.
Voyanl qu'elle ne venait pas, j'interrogeai :
— Aristide a fait à sa femme l'histoire de ses soupçons injus-
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— Pas si bête, troun' del'air ! exclama le Marseillais.
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— Un original fieffé, quoi !
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HENRI BRU RE
LA PUCE ET LA LOCOMOTIVE
" Une puce était sur un mil ;
Accourt une loc< >motive. "
« Hors du chemin, bête chétive *
Hurle le noir épouvantail.
Alors, riant comme une folle,
La p <■!. — lestement
Sous le rail passe, et puis gaiement
" — Eh va donc ! grosse casserole ! >/
La morale de ce récit
C'est qu'il est bon d'être petit.
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FERDINAND DUCHENE
SATURNALE
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Petit page du mardi gras
Que je promenais à mon bras,
Plus digne que monsieur le maire,
J'ai retrouvé le lendemain
Un gant trop petit pour ma main
Enlacé d'une jarretière.
Et c'est, je crois, dans mon réduit
Que vous arrachiez une nuit
Les crochets de votre costume
Et je vous ai vu, ce soir-là.
Dans la toilette de gala
Où la mère Eve prit un rhume,
Le père Adam s'en fit damner.
Mais l'homme sait trop pardonner
Pour que la femme ait rien à craindre...
Mais si j'allais être jaloux,
Petit page, que diriez-vous ?
Sauriez vous m'aimer ou me plaindre?
Qu'importe ? Laissons tout cela.
Si l'amour a passé par la.
C'est un Monsieur qui sait se taire;
ns pas de i 'agacer.
Mais.... quand voudrez vous me laisser
Rattacher votre jarretière.
y. — Imprimerie GODFROY, 82, me Thiers, Le Havre.
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Dan? le but de faire connaître sa publication et à titre île Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste adressés a M. René Gôdfroy, dïrec*
teur, 62, rue Thiers, au Havre.
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. I // brigadier M irvillr
Y a des gensses qui sont confiants, el y a des gensses qui sonl
pas confiants!... Moi! j " suis dans Les ceusses qui le sont 1... j'
- tout c'qu'on me raconte!... Quéque fois^ c'est des blagues...
mais ça m" fait rien !... j' me fâche jamais!... j'ai un d'eescarac-
comme on n'en trouve pus maintenant!...
Tnez ! coûtez bien mon raisonnement... j' suppose qu'uu co-,
pain, v m' raconte quéque chose... Eh ! ben, dans le fin fond d1
moi-même, j'me dis: « C'est p'tèl ben une blague... mais c'est
p* têt ben vrai ! Et alors j1 coupe dans Y pont ! El puis, quand les
autres, y s' gondolent, j' leurs y dis pas... c'que vous pourriez
leurs v dire !... j' leurs-Y dis : « Paye/ donc une çhopine pour la
peine !... Et y paient une chopine... Ça m' fait quéque fois dans
les trente à quarante chopines à la fin d'ia journée — j'eomp-
te pas les intermèdes.
Atissi tous les matins j' me répète avec sagesse — « mon vieux
Timoléon — sois toujours confiant ! parce que vois-tu... la con-
fiance... y a qu' ça !...
Ainsi, t'nez, pisque j'suis là, j'vas vous dégoiser ma dernière
aventure...
Avant-hier au soir, v'ià mon copain Cornulet qui frappe à la
porte cochère de mon appartement... aux carrières d'Amérique.
— Eh! Timoléon — ?
.1' lui demande alors.
— Quéque tu Yeux Cornulet?
— Descends un peu s'pèce de proprio...
J' descends.
— J'viens d' la part de Popinard, t'inviter à sa noce qu'a lieu
demain !...
— Bah ! Popi...
— Oui. ma vieille! Popinard y s' marie!... c'est son affaire,
pas Yrai ? Ça n'nous z'arregarde pas!... seulement y nous imite,
et comme c'est un bon zigue. on peut pas y faire l'injure de r'fu-
ser! Aussi demain à onze heures trouve-toi au restaurant de
La Guenon sans queue, nous t'y rejoindrons!...
— La d'sus v'ià mon Cornulet qui s' tire des ripatons!...
L' lend'main à cinq heures j'étais d'bout ! — « Sacré Popinard
— que j'me disais — y s' marie comme ça sans crier gare ! C'est
égal! c'est tout d' même rupin d' sa part d'avoir lieuse à moi !
i mon vieux, c'que j' vais boire à ta santé !...
Après avoir cherché des chaussettes sans en trouver, j' passe
mes escarpins les pins sérieux, mon grimpant V plus inodore,
mon habit le moins taché — j'enfile les gants de fil de ma belle
5 mS'S
1 •-'•'.
Louis Booeî ; Là-Bai, d'Alberl Tin-
l «■ Sonnet. ...
CHANT l< llniu-lu.ir. :• ( 'II:1.. N 2$ I «• «i«iirc de IH'-llÔ, (le Ge< II'.; Kinçoi*. <lc
- i ni-4 ni « • ifBIL i**o. — N« 81, i.ea Templlera, cf Alphonse Allais. -- N« 38,
VA la dernière mui, - Plaid* jer pour un Auvergnat, de Georges l>
< .i m'<-hi urriw on tramway, de Carolus d'HARRAMS. — Y 35, Mon Suicide, de ô*u D-'cyuois.
— V 51, Le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° .V2. On Danscrn, de Jacques Normand. — V 53. i.e
B.'.... nlnn r\a To/»mio? Hnr>ui«i> Vu ".I ■ .. >■ _ ,. 1, nv._l i ? »•/> -r . _ . i
— .\ ji, m.v «uui-i niirniuiiii, uuenri rigutr. — n- o», vu uanNurn, de Jacques CNOR
Vou nire, de Jacques Normand. — N° 54, Le i ronibonne, de Charles Leroy. — X" 55,
Mëlandri. — N° 56, Victime «l'un Lupin, d'Eugèue Chavettb. — N° 57, Oune «faolie Hic
Leroy ; l>e Vieux Soulier, de François Coppée. — N8 58, Sur le Pont, de Félix GalipaUX
Les Pierrots, de
stoare, de Charles
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mère, j' descends dans la rue, et j' pèche un chapeau presque neuf
dans la hotte d'un chiffonnier qui passait.
Puis, pour pas être en retard, j' me dirige en chantonnant,
vers La Guenon sans \ueue — un espèce ed' zinc champêtre à
trois lieues de Paris.
— « Wavez pas vu passer la noce àPopinard ? — que j'de-
mandais à tout le monde sur ma route...
— Popinard ! — qui s'est marié c' matin sans crier gare !...
J't'en fiche! ces indigènes là connaissaient seulement pas Po-
pinard !
Enfin, su' V coup d'dix heures j'entre à La Guenon sans queue!
Y avait encore personne.
— Z'avez pas vu m'sieu Popinard.... d'ia rue Popincourt ? —
— Non! qui m' dit 1' patron — un nommé Tisonneau, si j'ai
bonne mémoire — mais y'n'va probablement pas tarder, —
prenez donc quéque chose en attendant ?...
— C'est Popinard qui paiera — que j' pense — et j' commande
un « asticot d' cercueil ! — » Via Y patron qui croyait que j' me
payais sa poire!
Enfin j'y fais comprendre qu' j'avais voulu dire « un verre de
bière»... Là d'sus le v'ia qui s'tord, qui m' tape su l'ventre, et
qui trinque avec moi ! Maisnous avions fini d'trinquer, et la no-
ce à Popinard n'arrivait pas — et nous r'commençions les tour-
nées— toujours à son compte.
Enfin j'dis au patron — « Ben! voyons ! v'zètes là qu' vous
vous épatez pas.. 1' dîner va prendre au fond !
— Quel dîner?
— Ben ! Y dîner d'ia noce à Popinard, c' vieux frère qui s"a
marié c' matin sans crier gare !
— Sacré blagueur — qui dit — j'attends pas d' noce aujour-
d'hui !...
— Hein ! V' zattendez pas Popinard ?
— Ben sur que non — qu'il fait dans sa candeur naïve —
qu' j'attends pas vof Popinard !
— Sacré nom d'une chopine ! que j' m'écrie, y s'a fichu d'moi,
alors!... Ben! elle est bonne, celle-là! Ah! sacré rossard de
Popinard, va !... Ça m'étonnait aussi qui s'soit marié sans crier
gare ! Eh ben, mon vieux patron, j'me trotte !
— De quoi ? de quoi ?... et la dépense ?...
— Pisque j'vous dis qu' c'est Popinard qui paie!
— J'ie connais pas, c' Popinard là ! qui m' répond furieux.
— V zètes pas dans les gensses qui sont confiants, à c'qui
parait !.. C'est pas comme moi ! j'suis dans les ceusses qui Psont !
Enfin, ça n'me r'garde pas!... Mais j'ai pas un malheureux rond
dans ma caisse !
— J'vas vous faire coffrer, alors !
Là-dessus il envoie chercher les gendarmes qui z'arrivent.
— « Mon brigadier, que j'ieurs y dis, je r'fuse pas d'payer !
seulement, c'est Popinard qu'est l'caissier ; m'nez-moi chez Po-
pinard, y paiera tout de suite! pa'c'qui s'a fichu d'moi !...
— « Eh ! ben, — qu'il interrompt — s'il s'a fichu d'vous, y
nous paiera ben une chopine aussi ! »
Et vlà qu' nous trinquons comme une paire d'amis et qu'il
envoie chercher une carriole pour aller chez Popinard... C'que
j'me gondolais dans c'f équipage !... Quand Popinard m'a vu, y
s'a mis à rigoler ! Seulement y riait jaune, pa'c'qu'il y avait pour
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, Le
Baiser Marseillais, de Jeau Bernard. — N° 71, Billet «le faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berïhaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux.
! i Cri-Cri : — V B9, f.e Spleesj| de CharlesJLEROY. — \° 90, Lettre
d'un Mobile iirotou . — \ 91, i n Cas pressant, de C. Trebla; i»aul Verlaine, de
t oiuiiii'iic <ui no «le fuit «l'un <'ailii>i'«> oneombrsut, de Raoul Ooer. — N" 93, i.es
i»àif«« de «able, de Jacques N iman ; ■<■ vieillesse «le t'orneiiu». de Théophile GaOtier,
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dix-neuf francs quatre-vingt-quinze de consommations à payer!
Y fs.iit même une sale tète; mais comme le brigadier en fsait
Oh : nous nous som-
langoureusement c'te
une aussi, il s'est exécuté tout d'même...
mes quittés bons amis! J'y ai inoculé
e dans l'oreille :
i n autre aurait pu s'en fâcher ;
Moi, j'puis ben te ['confesser,
Ça m'a l'ait... ça m'a fait...
m'a Tait rigoler !
El v m'a promis qu' la prochaine fois qui s'marieniit, y m'invi-
terait... Miner de noce, mes amis! mince de noce !
JEAN D'INGOUVILLE
CHANTS D'AVRIL
BLESSURE
Dans le sentier couvert nous marchions tous les deux,
Elle calme et rêvant, doucement entraînée
Par mon bras qui tremblait, moi la tête inclinée
Sur les Ilots éclatants de l*or de ses cheveux.
Mes baisers indiscrets, sur sa joue et son cou,
Se succédaient pressés, troublant seuls en cadence
Du bois calme et désert le bienveillant silence.
Une senteur d'amour venait on ne sait d'où.
Tout son corps frissonnait. La voix mal assurée
Et m "arrêtant soudain : Mon Alice adorée
M'aimes-tu ? dis-le moi, lutin capricieux.
Une blanche lueur jaillit de sa prunelle,
Comme lasse et distraite elle leva ses yeux
Et de sa voix d'enfant : Je n'aime rien, dit-elle.
lil du volume Chants d'Avril, que nuire collaborateur Jean d'Inow*
ville vient <)>• faire paraître.
• d'Avril est expédié contre fr. 2 »» en timbres ou mandat-poste à
t'adresse d< 11. J. Strauss, libraire, 5, rue du Croissant, è Paris, ou de M. René
ur du Cri-Cri, 62, rue Thiers, au Havre.
En vente dan* les bureaux du ( ri-Cri, 62, vvfi Thiers, au Havre.
F.- ■•' 1". centimes en timbres-poste :
Pour nos frères de là-bas, aux incendiés d> l:l (ruadeloiyge et de
, de Jehad Sarrazin, poète '1" Montmartre, illustrations de
' hat-Noir.
Le Oérant . BbmM Godfrov. — Imprimerie OODFROY, <V2, ras Thiers, Le Havre.
I. René Oodfroy, M, rue Thiers»
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I/%nglai»e, monologue, illustré par Albert Lambert, <l<- l'Odéon, 'lit par Georges Berr, de la Comédie-FraO-
ller^em, ie biblique, cr<-ee par M** Af.'.ir, <\>- la Coi : 30 centimes.
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ACHILLE MELANDRI
LES SOULIERS VIDES
Monologue en Vers
<ft£iie c11eichenberg, de la c€>omédie-cFrançaise.
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE ( COMPTOIR GÉNÉRAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 4L 11 bis, Boulevard Haussmann
Et che{ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 105 m
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication e1 à titre de Prime, Le Cri-Cri expédie franco k
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste adressés à M. René Godfroy, direc-
teur, 62, rue Thîers, au Haykk.
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LES SOULIERS V1DKS
Monologue dit par Mlle REICHëNBERG. de h Comédie-Française.
( )r, c'était la Noël dont le jour se Levait,
Et l'Aurore sachant qu'il faisait froid, avait
Par crainte des frimas, pour se moquer des brises.
Caché ses doigts rosés sous des mitaines grises.
Dans la chambrette, claire aux reflets du matin,
Près d'une cheminée où la huche s'éteint,
Soigneusement places à côté l'un de l'autre.
Sur le dos très velu d'un tapis qui se vautre,
Attendent deux souliers ornés de nœuds vermeils.
Cendrillon à sept ans en avait de pareils,
Car ils sont si petits que c'est invraisemblable !
Sans bruit, la veille, à l'heure où le mart hand de sable,
Avec l'ombre du soir approchant à pas lents
Fait clignoter les yeux des bébés somnolents,
Avant de se coucher, Suzanne, demi-nue
Lesmit-là, de Noël espérant la venue...
Puis, elle s'endormit sous ses légers rideaux
Pour y rêver bonbons, colifichets, cadeaux!...
L'alcove parfumée où la belle repo
De songes voltigeants contient un essaim rose.
Tout à coup, la pendule au tic-tac chuchoteur
S'éveille la première, et frappe avec lenteur
Sept fois de son marteau sur le timbre sonore.
L'enfant r 'ouvre à ce bruit des cils bien lourds encore
Et compte sur ses doigts le nombre de ses ans,
— Car depuis quelques jours. Suzanne a sept printemps!
Du lit sur le parquet la dormeuse se glisse,
Puis sans s'embarrasser de la moindre pelis
Vite, vers le tapis, presse son pas menu.
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« ic i-4 ni i witn. i*»>o. — N« 31, l.cn Templier*, cTAIphonse Allais. — N« 32,
it la di inlirc n< uf. — N 33, Plaidoyer pour an Auvergnat, de Geo
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Monologues et Poésies parus dans Li:..Cri-Cui : X° 50, Plaidoyer tnticcnju^al, de Carolus (J'Harrans
— N° 51, i-e Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — \° 5î, On Dansera, de Jacques Normand. — V 53 l.e
Fan Rire, de Jacques Normand. — V 54, Le Troniboaae, de ('Unies Leroy. — X° 55, Les PFerrots de
Hélandri. — N» 50, victime duii l.upin, d'Eugèue Chavettb. — N« ".T. Onne Jaolle Hisioarc de Charlea
Leroy ; l.e Vieux Soulier, de François Coppée. — N8 58, «ur le Punt, de Félix Galipaox.
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— « Ah! comme c'est gentil, Noël, d'être venu
« Par ce grand froid, pendant qu'au lit on se dorlotte
« Verser dans mes souliers les trésors de ta hotte! »
La mignonne en riant écarquille les yeux,
Et, par un mouvement des plus audacieux,
Dépassant tout à fait la licence permise,
A deux mains, elle tend d'avance sa chemise,
Pour recevoir les dons du passant de minuit.
Frêle château de carte ! Un souffle t'a détruit !
L'enfant avec stupeur ferme ses mains avides.
Quelle déception ! Les deux souliers sont vides !
Ils bayent au plafond dans un appel muet.
Ces patins si jolis, faits pour le menuet
Que dansent les esprits, la nuit, au bal des fées.
Alors, croisant les bras, Suzanne, par bouffées
Laisse ainsi s'exhaler son terrible courroux:
— « Moi qui vous appelais avec des noms si doux,
« Moi qui craignais pour vous le froid quand minuit sonne,
« Allez, Monsieur Noël, je sais une personne
« Qui de vos coryzas fort bien se moquera.
« Vous êtes un méchant, un monstre, un scélérat!
« Lorsqu'elle reposait confiante, endormie,
« Vous avez oublié votre petite amie
« Dont la voix vous priait d'un ton toujours câlin.
« Savez-vous que c'est mal, horrible et très vilain ?...
.« N'avoir rien apporté... pas un sucre de pomme !
« Allez, Monsieur Noël, puisqu'ainsi l'on vous nomme,
« Je vous reprends mon cœur, et moi qui vous aimais,
« Je ne veux plus penser à vous, jamais, jamais ! »
(Elle pleure).
— « ... Pas un sac de bonbons, pas un livre, une image !
« Eh ! puisque tu le veux, faisons mauvais ménage.
« Tu savais bien, pourtant, que ma poupée en deuil
« A perdu son chignon, et qu'il lui manque un œil.
« J'espérais à sa place un beau polichinelle... »
Mais une voix d'en haut lui dit :
— « Mademoiselle,
« Ne frappez pas ainsi du pied, car c'est fort laid.
« Veuillez, tranquillement m'écouter, s'il vous plaît.
« Avant de demander que l'on vous récompense,
« Avez-vous regardé dans votre conscience ?
« Je vois, non loin d'ici le plus parfait tyran
« Qui jamais ait régné sur un cœur de maman.
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Monologues et Poésies partis dans Le Cri-Cri : X° 09, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. N» 70, I,e
Bniser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet «le faire part, de Jacques Normand'; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — X" 72, Ballade de la Demoiselle chauve ; Duo téléphonique ; Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Xab. — X» 73, Inllucnzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron.
N° .4, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — Xu 75, Boniment de Somnambule, de Félix Gaupaux.
h : — N B9, Le Spleoa, de CharlesILuROY. — X» 90, Lettre
d'un Mobile llrrlon. de Fra»n . — \ 91, I» «'a* pressant, de C. Tiu'.m.v; Paul Verlnlnt», de
«oiuuK'iii on m déffMI «l'un Cadavre eacombrant, de Raoul Oo-br. — X" 98, 1.1*8
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« 11 apprend ses leçons de façon pitoyable
El dans la « Nursery * chaque unir t'ait le diable.
* lisait taire enrager tout te monde à souhait
bien que l'autre soir on lui donna le fouet
« Pour avoir de colère éborgné sa poupée.
VOUS le nom de Cette dissipée? »
Alors, baissant le ne/ sou» sa blonde toison,
1. enfant, le rouge au front, répondit : « c'est Su/on! //
A cet aveu la voix devint une caresse.
— « Allez, dit-elle, allez, petite pécheresse
:re crime est bien grand Usera pardonné.
dépit du chagrin que vons m'avez donné .
r vous .?;•(•{ beaucoup aimé... les confitures ! //
T<uit se tut.
Et Suzanne, au tapis de fourrures
S'en fut tout droit, pour mettre en ses petits souliers
l'n objet merveilleux, tel que cent joailliers,
Tel qu'un roi n'en pourrait offrir à ceux qu'il aime :
La blonde enfant les prit — et s'y mit elle-même!
Puis, les ayant lacés, le cœur encor bien gros,
Elle lit resonner ses pas sur les carreaux,
Courant sans plus tarder faire amende honorable.
O bonheur! O délire! Est-ce un songe admirable?
Sur le lit des parents s'étalent des joujoux
A rendre, sans mentir plus d'un prince jaloux :
Gâteaux, bonbons exquis, sucre de pomme, oranges!...
Suzanne jette un cri : C'est le banquet des anges !
Maman les yeux fermés semble dire : « Voilà
« Tout ce qu'il faut pour faire un goûter de gala. »
Avec un long baiser son enfant la réveille,
Et d'un ton sérieux lui murmure à l'oreille :
— " Mère, c'est singulier, mais à ce que je crois,
" Noël pour me gronder avait pris votre voix.
« Le bon Dieu qui nous aime, alors qu'il se courrouce,
c Prend la voix des mamans pour qu'elle soit plus douce ! »
En »en(e dans les bureaux du Cri^Cri, 62, nie Thiers, au Havre.
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Pour nos frères de là-bas, aux incendiés dt la Guadeloupe et dé
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LES SEIZE ANS DE BÉBÉ
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DIT PAR
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François Coppée. — OCTOBRE
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L'autre jour un monsieur, un vieil ami de père,
Que je n'ai vu jamais, avant, à la maison...
— 11 est très comme il faut. Ce doit être un notaire !...
11 a bien quarante ans — et l'air, ma foi ! très bon.
Papa l'aime beaucoup: c'esl un ami d'enfance
Qui — si j'ai bien compris — avait subitement,
Un matin, parait-il. dû partir loin de France —
Longtemps axant que père éûl épousé maman...
Papa l'appelle George... 11 a îles cheveux gris —
grisonnants plutôt — une forte moustache.
Un peu moins grise — oh! bien moins!... Aux (Etats-Unis
11 est demeure vingt ans au moins — qu'on le sache !...
J'aurais voulu que vous vissiez combien papa
Etait content de son retour... —
Bref ! monsieur George,
Dès qu'il me vit, se mit soudain à crier:
« Ah!
La belle enfant ! //
N'allez pas croire que je forge
Un conte?... 11 a dit ça comme je vous le dis...
Même que, je crois bien, en l'écoutant le dire,
Je me pris à baisser les yeux — et je rougis...
Et que père partit d'un grand éclat de rire
Qui plus en cor me lit rougir.
Mais aussitôt,
Monsieur George :
" Et comment, dit-il, s'appelle-t-elle ?..
J'imagine, mon cher. — ou je serais un sot, —
Que seul un joli nom convient à cette belle... /•
rit.encor plus. Moi je rougis plus fort.
— Et pourtant entre nous . bien que toute confuse,
lis hdn de penser qu'il eut tout-à-fait tort
»n compliment, monsieur George, et j'excuse
papa d'avoir ri... Ne pensez-vous pas
Qu'il ne pouvait pas faire autrement que de rire,
Tant il était content, mon cher petit papa,
Qu'on me trouvât jolie assez pour qu'on m'admire? —
Bref! apr*s avoir ri, père se décidant
A lui répondre dit :
« C'est Bébé qu'on la nomme. »
Monsie son tour, montra toutes ses dents,
Tant il rit fort. Mais moi. rouge comme une pomme :
c Non. ce n'est pas ainsi !... Non. ce n'est plus Bébé, »
M'écriai-je aussitôt. « qu'il faut que l'on m'appelle!...
:ie veux plus ce nom !... Sachez qu'avant l'été
chain. j'aurai seize ans.... je serai demoiselle!...*
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^ ii.iiiiii t\mi. 1699. — N» 31, l.e» Templier*, cTAIphonse Allais. — N° 8a
ii |a iernlèr* meut, - Plnldejer ponr an Auvergnat» de Georgi Doi
r , -.Hi nrriu- tu iraninaj 'Harrans. — N° 35, Mon Suicide, de G*" D^
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer Anticenjugal, de Carolus u'Harrans.
— N° 51, l.c Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — X" 5-2. On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53, l.e
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, l.e '■ ronibonne, de Charles Leroy. — X° 55, Lea pJerrots, de
MÉLANDRI. — N* 56, Victime «l'un lupin, d'Eugôue ÇJhavettr. — \" 57, Ounc Jaolie Mistoare. de Charles
Leroy ; E*e Vieux Soulier, de François Coppée. — N8 58, Sur le l'ont, de Félix Qajjskûx.
Et là-dessus, je me sauvai dans le jardin.
Les laissant interdits...'
— Or, la leçon fut bonne,
Car, depuis ce jour-là, je m'aperçois enfin
Que, petit à petit, tout le monde abandonne
L'habitude de dire, en me parlant : Bébé...
On me traite beaucoup moins en petite fille.
Depuis huit jours on a — du tout au tout — changé
A mon égard..
En robe longu<
A mon égard... De plus, mère veut qu'on m'habille
et c'est décidé...
Vous voyez
Qu'il est bon quelquefois qu'une femme se montre
Et lutte pour son droit!...
Ah ! méchants!... vous riez!...
Vous ne voulez donc pas — si bien qu'on vous démontre —
Me prendre au sérieux?...
Avant qu'il soit longtemps
Il vous faudra quand même arriver à me croire,
Puisque (vous m'entendez?) pas plus tard qu'au printemps
Dernier, j'avais seize ans, bien sonnés... C'est notoire !
Maman peut vous le dire — et peut vous assurer
Que pour l'heure on travaille à rallonger mes jupes!...
— Et, si je ne me trompe..., on va me marier !...
Prochainement, peut-être... et vous serez bien dupes!...
Je pourrai vous nommer bientôt mon fiancé.
Vous ne rirez plus, en apprenant la nouvelle,
Et, forcément, vous me direz : Mademoiselle!
.... Lui seul aura le droit de m 'appeler Bébé !
F. COPPEE
OCTOBRE
Avant que le froid glace les ruisseaux
Et voile le ciel de vapeurs moroses,
Ecoute chanter les derniers oiseaux,
Regarde fleurir les dernières roses.
Octobre permet un moment encor
Que dans leur éclat les choses demeurent ;
Son couchant de pourpre et ses arbres d'or
Ont le charme pur des beautés qui meurent.
Tu sais que cela ne peut pas durer,
Mon cœur ! mais, malgré la saison plaintive,
Un moment encor tâche d'espérer
Et saisis du moins l'heure fugitive.
Bâtis en Espagne un dernier château,
Oubliant l'hiver, qui frappe à nos portes
Et vient balayer de son dur râteau
Les espoirs brisés et les feuilles mortes.
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Monologues et Poésies parus clans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, I-e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet «le faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve ; »uo téléphonique ; Ballade dos
Accents circonflexes* de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
-î° 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux.
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V.'.-Pui : — V 89, i-c Spleen, de Charles Leroy. — X" 90, i-cttre
d'un Mobile Breton. !'. inçois CoPPEK. — V 91, In t'a* pressant, de C. TrÉBLA. ; l»aul Verlaine, de
Y\ - -. toiiiiiient on kc défait «l'un «a «la vie eiieoiiitiraut. de Raoul OoER. — N° 93, Les
t»ate» île -able. de Jacques Normand : i.a vieillesse lie (Corneille, de Théophile Gautier!
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MARC ANFOSS1
TROIS BAISERS
. I Madame Blanche A ...
Oh ! de ces trois baisers mon âme es.1 encor pleine.
1 e premier fut Léger... je le sentis à peine ;
De s.i bouche brûlante, effleurant les frisons
De mon cou, Léopold, un peu loin des maisons.
v nhardit ce jour-là jusqu'à dire : Je t'aime !
tait au mois d'avril. De son verl diadème
Le printemps radieux enserrait les coteaux,
Et le charme vainqueur des amoureux propos
Nous lit. sans le savoir, faire plus de trois lieues...
0 mon premier baiser d'amour! Des voûtes bleues
Tu dus venir, avec le renouveau vermeil,
Car tu mis dans mon cœur des morceaux de soleil !
nd... Ou désir n'avions-nous pas les fièvres?
1 e second mit sa lèvre en feu contre mes lèvres...
le celle d'entre vous qui n'a jamais péché
M'écrase... Léopold, pâle, sur moi penché,
Versait de son désir respectueux et tendre
L'effluve dans mon àme, et je croyais entendre,
Dans les rameaux tremblants que rougissait l'été,
Dans les bois, dans les eaux, l'hommage à ma beauté,
Qui, comme un hymne saint, un doux chant d'allégresse,
Rafraîchissait mon cœur palpitant de tendresse,
ht. sous les clairs rayons du plus beau de mes jours,
J'entrais dans le palais lumineux des amours.
Le troisième baiser... O pauvres que nous sommes!
Humanité tremblante et lâche! Troupeau d'hommes!
Rougirons-nous toujours des aveux les plus purs?
Dans notre fange il est d'indicibles azurs,
Des instants de bonheur, diamants dans la vase,
De divins hydromels adoucissant le vase
Amer où nous buvons chaque jour, ô stupeur,
Le fiel de la misère et le fiel de la peur ;
Et quand l'amour vainqueur vient éclairer ces ombres
Nousl'entrainons, tremblants, dans les profondeurs sombres;
V us cachons notre joie, et comme un fauve vil,
Nous étouffons, sous un lourd argument subtil,
Notre chant d'allégresse : Il faut des convenances ;
Ne soyons pas « risqués >/ ; usons de réticences...
(Un temps.)
Et. soumise à l'usage, et n'osant pas... oser,
Je garde pour demain mon troisième baiser.
Sachez bien, cependant, messieurs, et vous mesdames,
Que je n'ai peint ici que de légales flammes,
Et que le Léopold, cet amoureux chéri,
Auteur des trois baisers, est monsieur mon mari.
Monologut Le Cri-Cri: X" loi, l,e* Aïeule*,
pbs. — V 102, ■-..'» Majorité île Hurle, de C. Trébla. —
Xe 1" . Adulli-re: -..mi-.mi.s. — ■ N" 104, la Rface à l*opinard,
— ' 105, ■-«*& boulier» vlileM, de Melandrj. — N' 106,
Ma Tante Kupli raete, de ' d'AuRJAC. — .V 107, l-fe Rawtaqiiouère,
vk. — N» 108, Petite Paoucette. de Charles Leroy. —
.V 109, Où c'eei tout hleu : de Jules Leooi s.
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Et che\ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
1M° 112
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication e1 à titre de Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste adressés à M. René Gopfroy, direc-
teur. 68, rue Thiers, au Havre.
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I r. [EN CARDOZE
L'AMOUR DES VILLES
L'AMOUR DES CHAMPS
Un beau jour l'Amour des Villes
[nvita L'Amour di s Champs.
A\ ec des façons civile--.
gayer de leurs chants.
Un boudoir d'or et de s, lie
Abrita les deux ;imants :
Lille et garçon, tout en joie.
Se croyaient loin des tourments.
Ils avaient tout : du Champagne,
Des canapés de sultans.
Des cigarettes d'Espagne....
Et deux âmes de vingt ans.
De lourds tapis pour s'étendre,
Leurs lèvres pour un baiser....
Des cous bien blancs pour s'y pendre,
Leur amour pour tout oser.
Bien qu'en ceci, le caprice
Fût le plus fort aliment.
On s'embrassait autrement
Que par baisers de nourrice....
Ne s'inquiétant de rien :
Dans notre duo céleste.
Passez, si la chose est leste)
Ma foi, l'on se trouvait bien.
Mais, tout-à-coup, ô surprise !
La sonnette retentit....
Voilà que de terreur prise,
L'Amour des Villes sentit
Que son cœur, sous la batiste,
Battait fort et se troublait....
Ainsi prise à l'improviste.
La pauvre fille tremblait.
L'Amour des Champs, plus robuste,
Un gas à qui ces ébats
A. ait, comme il était juste,
Donné le goût des combats,
teste avec assurance
Et veut mettre le holà.
Nourrissant cette espérance
Qu'on ne s'en tiendrait pas la.
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i i la .i.ri.ifr.- n«nf. — 1 l»laldojer pour un Auvergnat, de Georges Docqo«
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L'Amour des Villes remise,
A la fin se rassurant,
A son compagnon, soumise,
Offre des baisers, qu'il prend.
Ils retrouvent, de la sorte,
Leur gaité qui va croissant :
Lorsque, par malheur, la porte
Reçoit un coup menaçant.
Nouveau trouble en ce ménage !
Alors, notre amant des Champs,
Pâle, furieux, en nage,
Roule de grands yeux méchants.
Quant à la Ville, pâmée,
Elle s'étale; et l'amant,
La voyant inanimée,
Pense que c'est le moment
D'abandonner la partie.
Fatigué de ces cahots,
Il s'en va vers la sortie,
Et, reprenant ses sabots :
« Je quitte, dit-il, la cage
« Où l'on est si tourmenté,
« Et je retourne au village,
« Aux champs, à la liberté.... »
Puis, s'arrachant à l'angoisse,
Il fuit d'un pas allongé,
En pensant aux blés qu'on froisse,
Sans que l'on soit dérangé....
LA PERRUCHE
J'achetai pour Marie une perruche verte;
On baptisa Nina la bête aux ailes d'or,
Et comme elle était sage on tint la cage ouverte. —
J'avais un perroquet du nom de Floridor.
Lorsque Marie et moi, dans le muet langage
Qu'ont les regards perdus, nous rêvions sans souci,
Floridor et Nina s'en allaient dans leur cage...
Baissait-on les rideaux, ils se cachaient aussi.
Parfois notre horizon se chargeait d'un nuage,
Et chacun sur sa chaise on restait isolé ;
Les amours des oiseaux étant à notre image,
On se boudait aussi dans le ménage ailé.
Quand venait le dimanche, endossant nos costumes
Les plus frais, nous allions en quête de gazon,
Alors les deux oiseaux se nettoyaient les plumes
Et passaient leur dimanche au toit de la maison.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : NT0 G9, Les Prunes, d' Alphonse Daudet. — N° 70, I-e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Bemoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballade de»
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, I»oèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux.
loques et Poésies p i : — V R9, i.e itpleea, de Charles Leroy. — N« 00, Lettre
d'un »lt.l>il»' llr.-ton. . Pr 'içois CoPPl B. — N 91, Va « :»« prMNanl, de C. TrÉBLA ; Paul Verlaine, de
(omiui-iil on »•»' «It'falt d'un «nila>io l'iirombrnul, de Raoul OOER. — X" 93, !.»••
Pâtés *e «aille. es N ■" Tlellleeae de Coraellle, de Théophile Gautier.
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Enfin, dans notre nid. la vie était pareille:
1 es hôtes partageaient la diète et 1" festin.
- bienfaisant OU la pénible veille,
ne. helas. je partis pour la guerre, \w\ matin.
Que me faisaient à moi les destins de la guerre
Et les honneurs re^us aux combats hasardeux?
Ma >eule ambition était d'avoir sur terre
l'n 1. grand pour qu'on pût tenir deux.
Pourtanl je dus partir; aussi triste qu'un saule,
J'embrassai mon amie. et. le cœur mal fermé,
Je pleurai... Floridor me sauta sur l'épaule,
Ht nous fuîmes tons deux d'où nous avions aimé.
l.a douleur qui suivit la fin de notre idylle
but brève chez Marie: il arriva qu'un s,>ir
bile prit sa volée au jardin de Mabille.
lans le flot mondain noya son desespoir.
- lorsque, le matin, pale encorde la veille,
Au nid que je quittais elle fut de retour.
Un cri plaintif et lent vint frapper son oreille,
Cri mêle de regret, de tendresse et d'amour.
C'était notre perruche. Elle exhalait près d'elle,
Loin de son Floridor. son plus suprême accent ;
Tandis que sa maitresse oubliait, infidèle.
Elle se souvenait et mourait pour l'absent...
CHARLES FUSTER
L'ASSASSIN
Le meurtrier hideux, et qu'on croit juste et saint,
Sent parfois, quand tout dort sous la nuit attristée,
Je ne sais quel frisson d'angoisse épouvantée
Lui déchirer le cœur et lui mordre le sein.
A l'heure ténébreuse où gémit le tocsin,
11 revoit, chaque soir, la place ensanglantée
Où, le poignard au flanc, la victime est restée
Tandis que dans la nuit s'enfuyait l'assassin.
Je songe à ce poignard que j'ai mis dans ton came,
O toi qui m'aimas trop, 6 douloureuse femme!
Et les mots que j'ai dits me font mal chaque soir.
Ht. comme l'assassin appelle sa victime,
Le cri de mon remords, errant dans le ciel noir,
Cherche éternellement quelque pardon sublime.
Le Garant : Renl Godfrov. — Imprimerie OODFROT, 62, nu Thiers. Le Havre.
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LES PETITS COINS
A W. ,S'////r Prud'homme
Le meilleur endroit de la terre
Propre à receler le mystère
Des rougeurs qu'effraie un témoin.
Chacun de nous, folâtre ou sage,
A son heure en a fait usage.
Et qu'est-ce donc? — Un petit coin.
Vous avez carde souvenance
Des premiers pèches de L'enfance,
Si mignons et déjà si loin?
Quel dur effet quand notre mère
Nous disait d'une voix sévère :
Fi, le vilain ! allez au coin !
C'est étrange ce qu'on éprouve!
Pour moi chaque fois je retrouve
Deux ou trois souvenirs au moins
Dans ces petits coins remplis d'ombre ;
Et que je sois joyeux ou sombre,
J'aime toujours les petits coins.
Ma première mésaventure
Fut pour un pot de confiture
Que maman gardait avec soin.
Je m'en barbouillai chaque joue;
Quel présage ! c'était, j'avoue,
De la confiture de coing.
On me fit faire pénitence !
J'essayai de la résistance :
Rébellion est un besoin.
Grand-père prit un air farouche ;
Sur le devant grondait sa bouche,
Mais elle riait sur le coin.
Plus tard je fus mis au collège,
Et comme le sommeil allège
Le poids du docte baragouin.
Pour mieux dormir pendant la classe
Nous disputions la bonne place :
C'était encor le petit coin.
Puis, venu le temps des vacances,
Nous emportions nos pétulances
Aux champs et roulions dans le foin.
Le gros chien était de la fête;
Mais philosophe ou vieux poète
N'avait plus droit au moindre coin.
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Monologues et Poésies parus clans Le Cri-Cri : X0 50, Plaidoyer Anticonjugal, de Carolus cTH-arraks.
— N° 51. I.e Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 52, On Dansera, de Jacques Normand. — X° 53, l.c
Fou Rire, de Jacques Normand. — X° 54, ■>« Jronibonnc, de Charles Leroy. — N° 55, tes Pierrots, de
Mélandri. — N* 56, Victime d'un Lupin d'Eugeue Chavettb. — X" 57, Ounc Jaolle Histoare. de Charles
Leroy ; l>e Vieux Soulier» de François CoPPÉE. — X8 58, Nur le l'ont, de Félix Galipaux.
A quinze ans j'eus une cousine!
Le frais minois, l'humeur mutine,
La taille comme les deux poings !
Nous nous aimions ; et ma Fanchette,
Pour nous embrasser en cachette
Trouvait partout des petits coins.
Ici-bas tout bonheur s'achète ;
J'étais trop pauvre. Ma Fanchette
Partit un jour bien loin, bien loin.
On me dit : « Elle est mariée ».
Moi, je m'en fus, Pâme broyée,
Pleurer seul dans un petit coin.
A mon tour j'épouse une femme !
Blanche est sa main, noire son âme.
Nous étions à peine conjoints
Que j'eus lieu de le reconnaître :
De nous deux c'est elle le maître !
Moi, je m'efface dans les coins.
Privé du bonheur domestique
Je tombai dans la politique ;
On m'y traita comme un bédouin.
Au nom d'un comité solide
Je suis élu ! L'on m'invalide !
Et je retourne dans mon coin.
Au moins, pensais-je, les affaires
Pour moi devront être prospères :
A-t-on malechance en tous points ?
J'engage toute ma fortune ;
Mon banquier saute dans la lune
Et je le cherche aux quatre coins.
Jeunes amours couleur de rose,
Billets en vers, billets en prose
Exhalant l'odeur du benjoin ;
Chers portraits de blonde ou de brune,
Rêves de gloire et de fortune,
Le tout fané gît en un coin.
A grands pas accourt la vieillesse,
Plus lourd fardeau, pire faiblesse ;
On s'ennuie à tout ce tintouin.
Mais quand mon humeur se fait noire
J'ouvre sans bruit ma vieille armoire
Où dort le flacon du bon coin.
Dieu sait quand devra sonner l'heure
Où je quitterai ma demeure,
Tête en arrière et les pieds joints :
Je l'attends avec confiance,
Bien certain que la Providence
Nous garde au ciel des petits coins.
Mais quoique deviennent nos âmes,
Mes bons messieurs, mes belles dames,
Rien vaudra-t-il ce temps si loin
Où sous l'œil de polichinelle
Rit la semonce maternelle :
« Vilain enfant, allez au coin ».
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Monologues et Poésies pamis dans Le Cri-Cri : X° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — X° 70, Im
Baiser «arseillaia, de Jean Bernard. — N° 71, Itillel de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la l»emoisel!e chauve; Duo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes» de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzt* par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, l'oènies nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N» 75, nomment de Somnambule, de Félix Galipaux.
.Joçues et Poésies parus dans l.i: Cri-Crj : — N* 89, Le «ploen, de ( harlos Leroy. —
Jtmm Mobile Breton, de François Coppj < , — X 91, l " VmM prenant, de C. Thkw.a ; Paul
Y ; . . _ \> oo_ commtMii on ««.* défait ii'un CaUlarre cm-ombrnnt, de Raoul Oobr.
PAi.-s de lahto, ■♦• vlelllaaaa <•«' Corneille. >K- Théorie Gautier.
N" 90, Lettre
Verlaine, de
— N° 98, !.«'»
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■>•(•>• : 7r0f5 >''//>■ rfans la main gauche et une lettre dans
Li main droite I,
-i aujourd'hui la fin du mois,
L'argenl manque, et de ses victimes
J'en' suis une. car je me \ ois
A la tête de quinze centimes ;
De trois sous. Un gros, un petit !
tte faible somme
Qu'il faut contenter l'appétit
l-'i rester toujours honnête homme.
Ce billet!... dois-je l'affranchir?
Quand furieux mon corps réclame
Certain chalet pour réfléchir...
Qui l'emporte, le corps ou l'âme ?
Voici le rendez-vous donné ;
Voici les lieux de délivrance ;
Il faut souffrir comme un damné
Ou laisser l'amour en souffrance.
Dois-je pour plaire aux gens décents
Perdre la perle des amies?
Ah ! si ce n'était les passants,
Je ferais... des économies.
Mais ce scandale sans pareil
Ne peut s'accomplir qu'à la brune,
Car l'imbécile de soleil
N'est pas galant avec... la lune.
Si je me faisais ramasser
Par la trop pudique police,
Il ne me faudrait plus penser
Ce soir à mon charmant délice.
Si j'envoyais ce billet doux
Sans timbre, la belle revêche
Ne viendrait pas au rendez-vous
D'un homme à ce point dans la dèche.
Entre l'amour et le devoir,
La lutte n'est plus supportable,
Je pâlis, je cesse de voir,
Tout tourne... c'est épouvantable...
Tant pis pour toi, beau Cupidon,
Mais le corps commandant en maitre,
j'obéis... — Ciel !... trop tard !... — Pardon,
Les trois sous étaient pour la lettre.
ls c . i . LILLE, a la Librairie Générale,
Gh. Tallandier «Se Gaujac, 11 et 13, rue de la Gare.
Le Garant : René GODVftOT. — Imprimerie QODFROY, C,2, rue Thiers, Le Havre.
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N° 126
AVIS IMFCRTANT
Dans le but de faire connaître sa publication et a titre lie Prime, Le Cri-Cri expédie
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adressés à M. R.
directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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LA MONTRE
MONOl OGU1
, Un voyageur, une valise à chaque main, l'air pressé: il jette
les veux au four Je lui . — Pas d'horloge ici ! II dépose nue valise
et cherche dans son gousset). — Sapristi ! j'ai oublie ma montre...
Je l'ai probablement laissée à l'hôtel, sur la table de nuit. . j'étais
pressé de m'hahiller, j'avais peur de manquer le train, — je l'ai
manque tout de même I — J'avais cependant recommandé au
m de m 'éveiller : ils sont tous les mêmes, ces garçons, d'une
titude et d'une politesse!., celui-là surtout... J'ai dû lui pa-
raître suspect. Songe/ donc : jetais arrive à l'hôtel à onze heures
du soir et je devais repartir à cinq heures trente du matin....
- quatre heures, je ronflais si fort que je me suis reveillé....
C'était trop tôt... je me rendormis... Oui. c'est le tort que j'ai
eu. car le garçon n'est venu m'appeler qu'à cinq heures vingt.
J'étais furieux, je... j'étais furieux! Je lui criai: — '•'Animal!
vous croyez doue qu'on dort comme les chiens, tout habillé ! •/
— < Dame. îepond-il, j'entendais du bruit dans la chambre de
M usieur, je croyais Meusieur déjà levé... » — « Animal! vous
n'entendiez pas que Meusieur ronflait?» — Cet insolent! La
conclusion, c'est que j'ai manqué le premier train et que je vais
de ce pas essayer de prendre le suivant, huit heures quarante.
Je ne crois pas être en retard cette fois... Dix minutes pour faire
le chemin, cinq pour mon billet et mes bagages, et j'ai encore
au moins... mouvement pour tirer la montre). Sapristi ! j'ai
oublié ma montre !
Animal de garçon ! 11 faut que je retourne sur mes pas et je
vais encore manquer le tiain de huit heures quarante... Animal
de...! Je vais retourner, quoi ! il n'y a pas autre chose à faire, si
je veux la retrouver. (Il reprend la valise'. Animal de...! Ce
n'est pas qu'elle soit d'une grande valeur; on me l'a vendue
pour de l'or, j'ai été volé, mais j'y tiens... dans le médaillon, il
y a le portrait de ma belle-mère. Puis enfin, je ne veux pas que
.arçon profite de cette montre... D'ailleurs, il ne saurait pas
s'en servir, car elle retarde régulièrement de dix minutes par
jour. Moi je le sais... je tiens compte de la différence. A six
heures du matin elle est de cinq minutes, ] arce que c'est le soir
à six heures que je remonte habituellement ma montre. A midi,
la différence est de sept minutes trente secondes, à deux heures
de huit minutes et vingt secondes... et ainsi de suite... Ce n'est
pas difficile, vous voyez, mais il faut le savoir... Ainsi tenez,
par exemple, il est à présent... // dépose de nouveau la valt
terr te la main à son goi apristi ! j'ai oublié ma
montre !... Vous me faites causer et... C'est pourtant rare que
. : N" 27, l.c Sonnet, d< [.oui Hooki ; i.ù-iium, d'Alberl Tin
i , v. ■( I f.ir. ( . ' 29, ii' « itjure de liéhé, Mkntelk; Hlnçol», d
_ ' « iti-4 iti i" a\ nu. •**»«. — V 31, i «•« lcn>|ilier», d'Aljdi m e Allais. — N° 3i
i i |« d, , ,,i. i. ,,< ur. . — N" 33, Plaldoj«T pour un Auvergnat, de George DocqOOJI
( i..\ h iiiii»i in 1 rumviBj, de Carolus d'HARRAN.s. - .V •';•'), «on Kuiclilc, de G':" D'-CQUOif
Mki.andri. — N' 56, Victime «l'un lapin, d Hugèue Lilwettk. — N" 37, Ouiie Jaolle mis
Leroy ; 1-e Vieux Soulier, de François Coi-pée. — N8 58, Sur le l'ont, de Félix Galipaux.
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cela m'arrive, et sans ce garçon idiot... D'ailleurs vous avez dû
remarquer que la montre ne s'oublie pas comme le porte-mon-
naie. Vous emmenez des amis au café, vous poussez à la con-
sommation avec l'air épanoui d'un homme qui régale... Lorsque
vient le moment de régler, vous portez la main au gousset et
vous changez brusquement de visage : Crédié ! j'ai changé de
gilet ce matin et j'ai laissé... — Mais nous sommes là, disent les
amis, ne vous tourmentez pas... Alors vous les laissez payer. —
Mais une montre, il n'y a pas de raison... excepté dans la crainte
des voleurs... C'est ce qui m'est arrivé un jour. (Il dépose d terre
Vautre valise)... Je traversais un bois par une nuit sombre, noire
et obscure... Brrr! Tout à coup deux gaillards de mauvaise mine
m'arrêtent : « La bourse ou la vie !... » Je revenais de la fête, il
me restait juste douze sous, en gros sous... ça faisait du volume ;
je leur donne ma bourse.... — « Maintenant, votre montre ?... »
— «Ma... hein? vous dites... ma montre?... Attendez... Ah!
sapristi, je l'ai oubliée!... » — C'était vrai, je l'avais laissée à
réparer chez un horloger... C'est depuis ça qu'elle retarde !...
C'est drôle comme on s'habitue à cet objet. On arrive à ne
plus pouvoir s'en passer. Elle est là, dans le gousset, on sent que
l'on n'est pas seul. La montre, c'est la compagne, l'amie de
l'homme... et de la femme, la plus belle conquête du genre
humain!... La montre, cela sert de prétexte aux amateurs de
clinquant... Lorsque vous arrivez après l'heure à un rendez-vous,
vous avez soin de reculer l'aiguille et de dire que c'est votre
montre qui vous a trompé... Quand vous avez des invités, des
amis, ceux qui ont l'habitude de rester le plus longtemps possi-
ble, vous réglez votre montre de façon à ce qu'elle marque
minuit à onze heures. Par politesse on n'ose pas vous contredire,
et vous êtes bientôt libre. La grisette qui désire vous accaparer
commence par vous demander l'heure... en attendant qu'elle
vous demande la montre... Vous êtes en chemin de fer, si votre
compagne de voyage est jolie et qu'elle ait perdu... la clef de
sa montre — cela peut arriver — vous lui offrez galamment la
vôtre... Le troupier qui se rend à son poste, — le troupier gé-
néralement n'a pas de montre — vous arrête : — « Pardon,
Monsieur, voudriez-vous avoir l'obligeance de me dire quelle
heure il est?» — « Volontiers, mon ami, il est... » (Mouvement
pour tirer la montre). Sapristi! j'ai oublié ma montre... et le
train va partir... Pardon, je cours! (Il reprend ses valises, fait
deux pas, puis s'arrête de nouveau, remettant une valise à ferre).
— Ah ! mais j'y pense, la voilà !... la voilà ! Elle était dans l'autre
poche... (Il rit). J'étais tout embrouillé ce matin... La voilà...
avec le portrait de ma belle-mère... (Il regarde l'heure. Avec
dépit) : — Huit heures quarante. Sacrédié ! mille breloques !
Mon train est parti... (Il reprend ses valises et s'enfuit précipi-
tamment).
(Reproduction interdite aux journaux qui n'ont pas traité avec la Société
des Gens de Lettres).
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Les deux premières années du CRI-CRI, soit 104 numéros, sont expé-
diées franco contre mandat-poste de fr. 8 »» à l'adresse de M. René
GODFROY, 62, rue Thiers. — Le Havre.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri: N° 69, Les l'runes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, Le
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, «illet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Oemoiselle chauve; Duo téléphonique ; Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inilnenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, l»oèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Soinnainbulc, de Félix Galipaux
ilomuto rt Poésie* parus da is Le Cai-Cîkl : — X" B9", »-«* «pioen, de" Châties Leroy. — N° 00, Lettre
«l'un MoMIe iirrion, de François Coppéb. — V 91, t'n fa* pressant, de C. Trkbl.v ; i*nnl Verlaliw, de
. — X* 98, (onimt'iii on m «lé fait il'un Cadavre encombrant, de Raoul Ookr. — N° 98, les
Hàif«* «le ««blé, de Jacques Nor.ha.nd ; i.e Soulier de t'ornellle. de Théophile Gautier.
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Marquise, vous souvenez-vous
Pu menuet que nous dansâmes ?
11 était discret, noble el doux,
Comme l'a*ccord de nos deux âmes.
Aux bocages le chalumeau
A ces notes pures et lentes ;
l .lit un air du grand Rameau,
Un vieil air des Indes galantes.
Triomphante, vous surpreniez
Tous les rieurs et tous les hommages,
- votre robe à grands paniers,
Dans votre robe à grands ramages.
Vous leviez, de vos doigts gantés,
Et selon la cadence douce,
Votre jupe des deux côtés
Prise entre l'index et le pouce.
Plus d'une belle, à Trianon,
Enviait, parmi vos émules,
Le manège exquis et mignon
De vos deux petits pieds à mules ;
Et, distraite par le bonheur
De leur causer cette souffrance,
A la reprise en la mineur
Vous manquâtes la révérence.
Pour s'abonner au Cri-Cri, il su Ait, «l'adresser fr. 5 en timbres-
poste- u .M. René Godfroy, 02, rue Thiers, au Havre. — On recevra
par retour du courrier les nm 105 et suivants commençant la troi-
]<: notre publication.
Dépositaire général du CRI-CRI pour la Haute-Garonne :
Au Chansonnier Populaire. — F. LACLAU, éditeur de musique,
2-. rue Lafayette, à Toulouse.
:.t Bnrf Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 62, me Thiers. Le Havre.
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N" 101, l.f» Aïeule*, de François Coppée. — X° 102,
I.a Majorité ie ■•^«•i - ' 103, Adultère! de Ch. I . — \« 104, la Noce à
l'»i>ii ai il. le Baonl Ooe». — N' 105, 1 e» Meulf ers vides, mu. — N» 106, Ma Tante Euphrasle,
I . |'ii>f:if|ii> «,«r«, de Théodore De Grave.— N« 108, Petite Paoueette, 'le
. _ N'- i t»u r»e«i lent Mru l de Jule Lkgocx. — N° 1 10, |,e» seize nnn «le Itébé,
— N' 111, Mont.!* ur !«• Muire, de Poktsevi
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Dan? le but de faire connaître sa publication et à titre de Primo, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adressés a M. R. Godkroy^
directeur, 62, rue Thiera, au Havre.
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'\o Pradkls fient il<> publier à la librairie Marpo'n et Flammarion un
nouveau recueil d<> contes et monologues joyeux. I«ea frfeMèrti gaulois
forment la deuxième série «le Pour dire entre hommes, <l"in l'énorme soccea
ne liait que s'accentuer dejour en jour. Rien de plus amusant aue ces nouveaux
récitai iioni quelques-uns : Au bureau des naiis s, Les Bienheureux s'en-
nuient, N ' .' Lé sifflet, fonl déjà la joie des banquets Artistiques st
lit!.'!- ris. Les illustrations de G Fpaiponi soulignent spirituellement
le ce livre de desserl |>:n- excellence. Gr&oe a l'obligeance des
éditeurs, nous publions aujourd'hui trois extrait* des lleiravta gaulois :
nos lecteurs nous sauront gré de cette primeur.
5
II
1i:
LES BIENHEUREUX S'ENNUIENT
Saint Antoin*. d'austère me moire,
d'son cochon dans Y Paradis,
Bâille à s'décrocher la mâchoire
I ; s autr's jeux étant interdits),
Et parfois, l'ex-anachorète
Murmure : « Ah ! c'est rien folichon!
« C" que j'm'embéte ici, c'que j'm'embêtel »
" — j'te conseilT de t'plaindr", // dit l'cochon.
" Aie au moins la pudeur de t'taire,
La seul' victime, ici, c'est moi,
Qui t'ai cru, lorsque sur la terre
Tu m'enjôlais avec ta Foi.
En t'suivant dans la solitude,
J'ai gagné l'ciel du ratichon...
Ben, c'est gai, la béatitude 1
Qu' c'est vilain d1 tromper un cochon !
.1' t'aimais, malgré la différence,
J'étais beau, jeune et distingué;
Toi, tu sentais déjà l'vieux rance...
Tu r'misais. étant fatigué.
J'étais ros', toi, jaun' comme un cierge :
T'avais fait un' vi' d' patachon !
Mais moi, tu 1' sais bien, j'étais vierge...
Et c'est très rar' chez un cochon.
Oh ! les p'tit's femm's qui dans notr' grotte,
V'naient nous tenter, sans falbala !
Quand j'pens' que pour suivr' ta marotte
Nous rations ces occasions-là!
Toi. c'était pas malin d'étr' sage,
Rien n' te montait plus l'bourrichon ;
Mais moi... moi dans la fleur de l'âge...
Dame! on n'est pas d'bois, quoiqu' cochon.
Quelle existenc"! des r'pas très vagues...
lue pas d'sommeil... pas d'amour;
Et 1' diabl' qui nous faisait des blagues!
II m'en a fait un' drôle, un jour:
N"a-t-il pas mis l'feu. sans vergogne,
A ma p tit' queue en tir'-bouchon !...
S'il t'avait fait la mém' besogne
Ali! j'aurais bien ri, foi d'cochonl
Malgré tout ça, j'prenais patience.
Je m 'disais, après les tourments,
Un' fois au ciel, ayons confiance,
Y' aura d'jolis dédommag'ments.
?
■ 'M \
i li-Cri: N" :-'~. « «• l«BDet, de Louis Booev; i.a-isa», d'Albert Tin-
1-. i.r ■•■efcetr, ' '•«• * itï,,r« «•«' Bébé, de Georges Mentelé; Hing-ol*, de
_ ' ■" i iviui. IN»»». — N 31, • •«•» Templier», d'Alphonse Allai.-. — N° 32,
ici;, — S" 33, Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges DocQUOIft
« h m'cai arrivé eu (ranma;, de Carolus d'HARRANS. — N° 35, Mon Nnicldc, de G«" DncyuoiS.
l.e Vieux Soulier, de François Coi'PÉi
Carolus cI'Harrans.
Normand. — X° 53, i.e
Les pferrots, de
_isloare, de Charte*
Ne 58, Sur le Pont, de Félix Gaupaux.
Va t' fair1 fich' ! ma seul' compagnie
C'est l'chien d'saint Roch... autr' cornichon !
Il m' fait des avanc's, il s'ennuie.
Mais j'ai des moeurs, moi, le cochon.
Ecoute ! va trouver Dieu, l'père,
Sois éloquent, dis-lui mon cas.
Que j'en ai plein 1' dos et qu' j'espère
Qu'il va m'iaisser r'tourner en bas.
Fais-lui bien comprendre qu'en somme,
C'est la justic' que nous cherchons,
Et qu' si l'ciel peut conv'nir à l'homme
La terre est fait' pour les cochons.
UN ÉLECTEUR
J' suis anarchiss'-possibilisse...
J' sais pas c' que ça veut dir'... c' que j' sais
C'est qu' du moment qu'on est français
Y faut qu'on sof quequ' chose en issè.
J'dis qu'y faut des réfbrm's. Malheur!
El' peupe est pas un' bête de somme,
Et j'soutiens qu'un homme' vaut un homme !...
Du moment qu'on est électeur.
Via mon programm' : d'abord, j' supprime
Les rentiers... c'est des propr' à rien.
Non mais, y trouvaient ça très bien
D'engraisser pendant qu' nous on trime
Y n'ont donc pas assez d' not' sueur
D'puis des anné's qu'y s'en régalent!
J' vous frai voir qu' tous les homm's y s'valent.
Du moment qu'on est électeur.
J' veux la liberté du commerce :
Pus d' négociants !... d' gens établis...
Oust! n'en faut plus... mais j' rétablis
L' métier que Y bon zigue il exerce.
Est-c' qui fait du mal el' bonn'teur?
Y conspir' pas contr' la patrie ?
On peut vivr' d' sa petite industrie...
Du moment qu'on est électeur.
Pus d'municipaux !... d' sergents d' ville !...
Y nous ont assez embêtés.
Pus d' président !... pus d' députés !
C'est nous qu'aura la list' civile.
A quoi qu'ça sert, un sénateur?
Ça fait des lois !... ça tir' la flème.
Chacun doit fair' la loi lui-même
Du moment qu'on est électeur.
Les rich's ? mais c'est tous d' la canaille !
Pendant qu'on s'esquinte aux turbins
Ça s' fris' les ch'veux, ça prend des bains,
Ça s' bourr' de gigots et d' volaille !
J' t'en fich'rai, moi, des bains d'odeur
Avec des frictions à la rose !
Chacun doit ètr' sal' la même chose...
Du moment qu'on est électeur.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, I^e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, ltillel de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballado de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes» de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise NÉRON. —
N° 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
:,-s parus : — V B9, i.e «pleen, de Charles Leroy. — N" 90, Lettre
d'un Mobile Breton, de François Copp£b. — N* 91, l'n Ou pressant, de C. Trêbla; Paul Verlaine, de
Yves . — V 92, Conimon» on «e «léfalt «l'on «ndnvre encombrant, de Raoul Ooer. — N° 93, Les
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Tranquill's, nu chaud, dans leurs demeures
Y reclam'nt pour T pauvre ouvérier
Huit heur's ae travail meurtrier !
/ que Rotschild travaill1 huit heures?
Ben alors !... Faut que ['travailleur
jn'sa santé par la balade...
n'a pas V droit de s'rendre malade...
Pu moment qu'en est électeur.
Huit heur's I alors faudrait qu'on s' tue?
Moi, j* m'en fiche un peu, si' vous plaît
travaill' que 1' quatorze juillet :
>u' des bancs pour voir la r'vue...
Et ça, parc' que j'ai trop bon cœur.
Y a si peu d'emplois, toi d'Adophe 1
Que j' m'elïac'... faut être philantrofe...
Du moment qu'on est électeur.
1-,-A. GRE3VOXJIT «T .E
Qui voulait faire elle grosse comme le Bœuf
- nouille il voyait un jour oun bœuf splendide,
Et qui faisait beaucoup des embarras
Parce que il était très gras.
Ça fâchait le grenouille. « Aoh ! vous étiez stioupide
» Yô faisiez le malin, mossié le bœuf!
// Moa que je souis petite comme un œuf
» Si je volais, je serais aussi grosse. »
Le bœuf il rigolait dans son barbe aussitôt...
11 haussait son épaule... pouis il disait tout haut :
« Il est folle cett' petit' gosse ! ! ! »
Ça fâchait encor plious le grenouille. A l'instant
Il gonflait son dedans... en soufflant... en poussant...
« Je suis gros comme vô ?» — « No !!! » dit le bœuf moqueuse.
c Maintenant? •/ — « Pas encor ! » Le petit malheureuse
Il faisait peine à voir, tant il gonflait loui fort.
« J'y suis ?» — c Nô ! pas encor ». — «Je serai tout de souite. »
Mais le peau de son ventre il était trop petite
Et boum ! il éclata !... Le grenouille était mort!
Moralité de mossié La Fontaine
L'ambicheune il faisait tourner les têtes.
Le monde est plein de grenouilles très bêtes !
Moralité Je moa, bôconp plious jaolie.
Le Français il voudrait être spiritouel comme le Anglais...
mais ce était impossible... il pôvait fouiller loui.
VIENT DE PARAITRE :
Les Desserts gauloi» : 35 monologues, contes, etc., par Octave Pradels.
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N° 132
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication et a titre de Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adressés à M. R. Uodfroy,
directeur, 82, rue Thiers, au Haykk.
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C'est de dla prison que j 't'écris,
Mon pauv1 Polvte,
Hier je n'sais pas c'qui m'a pris,
A la visite :
C'est des maladi's qui s'voicnt pas
Quand ça s'dcclare,
N'empêch' qu'aujourd'hui j 'suis dans Ptas,
A Saint-Lazare !
Mais pendant c'temps-là, toi, vieux chien,
Quéq'tu vas faire ?
Je n'peux t'envoyer rien de rien,
C'est la misère.
Ici, tout l'monde est décavé,
La braise est rare ;
Faut trois mois pour faire un linvé,
A Saint-Lazare.
Vrai, d'te savoir comm' ça, sans l'sou,
Je m 'fais un 'bile !
T'es capabP de faire un sal' coup,
J'suis pas tranquille.
T'as trop d'fierté pour ramasser
Des bouts d'eigare,
Pendant tout l'temps que j'vas passer,
A Saint- Lazare.
Va t'en trouver la grand' Nana,
Dis que j 'la prie
D'casquer pour moi. j'y rendrai ça
A ma sortie.
Surtout, n'y fais pas d'boniments,
Pendant qu'je m'marre
Et que j'bois des médicaments,
A Saint- Lazare.
Et puis, mon p'tit loup, bois pas trop,
Tu sais qu'tes teigne,
Et quand t'as un p'tit coup de sirop
Tu fous la beigne ;
Si tu t'faisais coffrer, un soir,
Dans un' bagarre,
Ya pus personne qui viendrait m Voir,
A Saint Lazare.
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' -Cri: N" 27, l.e Bonnet, de Louis Booey ; i,o-IImm, d'Alberl Tin-
i.c- ■•■chair, ••<• «içare «le iiélié, <!<• Georges Mf;ntelé ; Minço!*, de
— " » hi-i ni i«« AVBIE, »**«. — V 31, t.em Templier*, d'Alphonse Allais. — N" *m
I t J:i <i< r.iir r< n< uT. — V 33, r»lal»lnjer pour un Auvergnat, de Georges I'
• . m'eil arrivé en tram-waj, de Carolua d'HxRRANB. — X" 35, Mon Suicide, de G*M D'cyuois.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer Antieonjugal, de Carolus cTHarrans.
— N° 51. Le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 52, On Uansera, de Jacques Normand. — N° 53, Le
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, I.o i rombonne, de Charles Leroy. — N° 55, Les Pierrots, de
Mélandri. — N* 56, Victime d'un Lapin, d'Eugène Cuavette. — Nu 57, Oune Jaolle Uistoare. de Charles
Leroy ; Ke Vieux Soulier, de François Coppée. — N8 58, Sur le Pont, de Félix Galipaux.
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J 'finis ma lettre en t'embrassant,
Adieu, mon homme,
Malgré qu'tu soy'pas caressant,
Ah ! j't'ador' comme
J'adorais Thon Dieu, comm' papa,
Quand j'étais p'tite,
Et qu'j'allais communier, à
Saint'-Marguerite.
FANTAISIE TRISTE
I' bruinait... l'temps était gris,
On n'voyait pas l'ciel... l'atmosphère
Semblant suer au-d'ssus d' Paris,
Tombait en bué' su' la terre.
1' soufflait quéqu' chose... on n'sait d'où
C'était ni du vent, ni d'ia bise,
Ça glissait entre l'col et l'cou
Et ça glaçait sous not' chemise.
Nous marchions d'vant nous, dans l'brouillard,
On distinguait des gens maussades.
Nous, nous suivions un corbillard
Emportant l'un d'nos camarades.
Bon Dieu ! qu'ça faisait froid dans l'dos !
Et pis c'est qu'on n'allait pas vite ;
La moell' se figeait dans les os.
Ça puait l'rhume et la bronchite.
Dans l'air y'avait pas un moineau,
Pas un pinson, pas un' colombe,
Le long des pierr' i' coulait d'I'eau,
Et ces pierr's-là... c'était sa tombe.
Et je m'disaisj pensant à lui
Qu' j'avais vu rire au mois d'Septembre :
Bon Dieu! qu'il aura froid c'tte nuit !
C'est triste d'mourir en Décembre.
J'ai toujours aimé l'bourguignon,
F m'sourit chaqu' fois qu'i. s'allume ;
J'voudrais pas avoir le guignon
D'm'en aller par un jour de brume.
Quand on s'est connu l'teint' vermeil,1
Riant, chantant, vidant son verre,
On aim' ben un rayon d'soleil...
Le jour oùsqu'on vous porte en terre.
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Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet «le faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Ramjeau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; »no téléphonique} Ballade «le*
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N» 73, Inllucnzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
Monologue* et Poésies parus da u I.k ('ri-Cri : — N* 89, I-e «spleen, de Charles Leroy. — N° 90, Lettre
d'un Mobile Breton, de François COPPBB. — N" 91, In Cm prrimanl, de C. Trébla; Paul Verlaine, de
yv g | | ,.;. — X# 02, Coninionl on M défait «l'un Cadavre encombrant, de Raoul Oqer. — N° 93, l<ea
patcs «le »able, de Jacques Normand : i.e Soulier «le Corneille, de Théophile Gautier.
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Fait rien froid... j'ai La gueule en feu...
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El les deux arpions à la glace,
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El l'blair1 qui couT comme eun' Wallace...
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S'rail ben temps Que j'me chauffe un peu.
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Jvas 'core alier ;iv'mi' Trudaine
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Oùsque la Comparai' des Maux,
Pour remplacer celles dla Seine,
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l'ait poser des nouveaux tuvaux.
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1 'gardien des travaux fait du rif
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A ménuit... et comme il est zigue,
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l'iaiss' toujours chauffer mézigue,
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Et rôtir mon morceau d'iartif.
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Presque tbut's les nuits, c'est ma rente,
Moi l'gouap' pas à la faridon,
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J'ai m' ben m'chautfer la peau du vente
Quand ej'n'ai rien d'euit dans l'bidon.
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C'est d'jà rupin, mais c'est pas tout :
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Ya les tuvaux oùsque l'on couche,
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Pour pas s'enrhumer, on les bouche
So'êf
En pendant un sac à chaque bout;
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Fait chaud là-d'dans comme dans eun' cave,
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Et quand on y est bâché... Barca!
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Mon vieux salaud, mine' qu'on l'entrave;
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On s'ièv'rait pas pour faire caca.
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Et pis, doucett'ment, on s'endort,
On fait sa carne, on fait sa sorgue,
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On ronfle, on fait son tuyau d'orgue
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Et l'tuyau ronfle encor' pus fort...
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Alors, on sent comme eun' caresse,
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On s'allong' comm' dans un bon pieu...
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Et l'on rév' qu'on est à la messe
Où qu\ dans l'temps, on priait l'bon Dieu.
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Polyt' c'est un copain à moi :
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Un chouette, un zigard, un vieux frère,
Mais i' chahut' ma ménagère,
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Et par moment, ça m'fout un froid.
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C'est pas qu' j'ay' l'cœur à la tendresse,
Mais j'suis jaloux. Vous comprenez :
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Ej'veux pas qu'on r'trouss' ma gonzesse,
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v'ià pourquoi qu'j'ai Polyt' dans l'nez.
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tes et Poésies . Le Cbi-Cbi : V 101, l.e* Aïeule», de François Coppée. — X° 102,
■ajvnté de Marie, de C. TbEbla. — V 103, Adultère! de Ch. Fromentin. — _N» 104, l-a !\«>ee à
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pinard, .- EU 0 il OoER. — N1 105, Les Kouliem vldea, de Méi.andri. — N» 106, Ma Tante EuphruMie,
— N* 107, 1-e pa»l:inmiiièrr, de Théodore De Grave.— N» 108, Petite Paoueetle, de
. _ ; • Ou r'eni tout 1>1« u ! de Jules Leooux. — N° 110, l.ea seize arn. de Bébé, de
ma_^__X*-ILL Honsicur !<• Maire, de ru.M.^hVRKZ.
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(de l'académie française)
L'ASILE DE NUIT
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FRANÇOIS COPPÉE
L'ASILE DE NUIT
Uï> soir. — ce souvenir me donné le frisson, —
Un ami m'a conduit dans la triste maison
recueille, à Paris, les femmes sans asile.
1 a porte est grande ouverte et l'accès est facile.
Disant un Dom, montrant quelque papier qu'elle a,
Toute errante de nuit peut venir frapper là;
On l'interrogera seulement pour la forme.
>upe est chaude; un lit est prêt pour qu'elle y dorme;
L'hôtesse qui la fait asseoir au coin du feu,
Respectant son silence, attendra son aveu.
Car on veut ignorer, en lui rendant service,
n nom est misère ou si son nom est vice,
Et. dans ce lieu, devant tous les malheurs humains,
On sait fermer les yeux autant qu'ouvrir les mains.
l'ai vu. J'ai pénètre dans la salle commune
Où. muettes, le dos courbé par l'infortune,
Leur morne front chargé de pensers absorbants,
Les femmes attendaient, assises sur des bancs.
Que de chagrins poignants, que d'angoisses profondes,
Torturent dans le cœur ces pauvres vagabondes,
Dont plusieurs même, avec un doux geste honteux,
Etreignant un petit enfant, quelquefois deux!
On m'a dit ce qu'étaient ces pauvres délaissées :
Ouvrières sans pain, domestiques chassées,
Et les femmes qu'un jour le mari laisse là.
Et les vieilles que l'âge accable, et celles-là
Dont la misère est triste entre les plus amères :
Les victimes d'amour, hélas! les filles mères,
Qui, songeant à l'enfant resté dans l'hôpital,
Soutiennent de la main le sein qui leur fait mal.
J'ai vu cela. J'ai vu ces pauvresses livides
Manger la soupe avec des sifflements avides,
Puis, lourdes de fatigue et d'un pas affaibli,
Monter vers ce dortoir, tous les soirs si rempli.
Mon regard les suivait, et, pour leur nuit trop brève,
Je n'ai pas souhaité l'illusion du rêve,
— Au matin, leur malheur en eut été plus fort ! —
Mais un sommeil profond et semblable à la mort.
dormir, c'est l'instant de calme dans l'orage ;
Dormir, c'est le repos d'où renaît le courage,
Ou c'est l'oubli, du moins, pour qui n'a plus d'espoir.
Vous souffrirez demain, femmes, donnez, ce soirl
Oh ! naguère, combien d'existences fatales
Erraient sur le pavé maudit des capitales,
Sans jamais s'arrêter un instant pour dormir !
Car la loi, cette loi dure à faire frémir,
: N« 27, i.e Nontiot, de Louis Booey; i.à-iia», d'Albert Tin-
i <• ■••ebefi : lin. \" 2". I.e « igure de Héhé, de Georges Mentklé ; Hlnçol», de
— « hi-i ni i tvmi, i**f>. — K» 31, !.<■« Templier*, «l'Alphonse Allais. — A" 32,
l t 1;« «itrntère neuf, iol. — N" 39i Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges Docquois.
i i m'e»" arriw- «-n (ram«uj, de CaroiifS d'HARRAN • — V 35, Mon Muicldc, de G*" 1>'>c.'
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Défend que sous le ciel de Dieu le pauvre dorme.
Triste femme égarée en ce Paris énorme,
Qui sors de l'hôpital, ton mal étant fini)
Et qui n'as pas d'argent pour sonner au garni,
Il est minuit. Va-t'en par le désert des rues !
Sous le gaz qui te suit de ses lumières crues,
Spectre rasant les murs et qui gémis tout bas,
Marche droit devant toi, marche en pressant le pas !
C'est l'hiver, et tes pleurs se glacent sur ta joue.
Marche dans le brouillard et marche dans la boue !
Marche jusqu'au soleil levant, jusqu'à demain,
Malheureuse ! et surtout ne prends pas le chemin
Qui mène aux ponts où l'eau, murmurant contre l'arche,
T'offrirait son lit froid et mortel... Marche ! marche !
Ce supplice n'est plus. L'errante qu'on poursuit
Peut frapper désormais à l'Asile de nuit ;
Ce refuge est ouvert à la bête traquée,
Et l'hospitalité, sans même être invoquée,
L'attend là pour un jour, pour deux, pour trois, enfin
Pour le temps de trouver du travail ou du pain.
Mais la misère est grande et Paris est immense ;
Et, malgré bien des dons, cette œuvre qui commence
N'a qu'un pauvre logis, au faubourg, dans un coin ,
Là-bas, et le malheur doit y venir de loin.
Abrégez son chemin, fondez un autre asile,
Heureux du monde, à qui le bien est si facile !
Donnez ! Une maison nouvelle s'ouvrira.
Femme qui revenez, le soir, de l'Opéra,
Au bercement léger d'une bonne voiture,
Songez qu'à la même heure une autre créature
Ne peut aller trouver, la force, lui manquant,
Tout au bout de Paris, le bois d'un lit de camp !
Songez, quand vous irez, tout émue et joyeuse,
Dans la petite chambre où tremble une veilleuse,
Réveiller d'un baiser votre enfant étonné,
Que l'autre, dans ses bras porte son nouveau-né,
Et que, se laissant choir sur un banc, par trop lasse,
Jetant un œil navré sur l'omnibus qui passe,
Elle ne peut gagner la maison du faubourg ;
Car la route est trop longue et l'enfant est trop lourd !
Oh ! si chacun faisait tout ce qu'il pourrait faire !...
Un jour, sur ce vieux seuil connu de la misère,
Une femme parut, de qui la pauvreté
Semblait s'adresser là pour l'hospitalité ;
On allait faire entrer la visiteuse pâle,
Quand celle-ci, tirant de dessous son vieux châle
Des vêtements d'enfant arrangés avec soin.
Dit :
« Mon petit est mort et n'en a plus besoin...
Ce souvenir m'est cher, mais il est inutile ;
Partagez ces effets aux bébés de l'asile...
Car mon ange aime mieux, — mon cœur du moins le croit, —
Que d'autres aient bien chaud, pendant qu'il a si froid ! »
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, Le
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet do faire part, de Jacques Normand • Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N" 72, Ballade de la Bemoiselie chauve; Duo téléphonique J Ballade de»
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
V 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
Monoîoqufs t: .! : — V tfO, I.e Spleen, de Charles Lkroy. — N° 90, Lettre
d'un Mobile Breton, Je François CoPPBR. — X" 91, l'n Oa* prouvant, de C. Trébla. ; Paul Verlaine, de
x .; ! _. — \# 90, Comuienl on ne défait «l'un Cadavre encombrant, de Raoul Ooer. — N° 5)3, Les
P&téa de sable, de Jacques Normano : i.»* Soulier de Corneille, de Théophile Gautier.
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Ê*z!
Noble femme apportant le denier dé La veuve,
■Mère qui te souviens d'autrui dans ton épreuve,
Grande .une où la douleur exalte ehcor l'amour,
bénie!.,. Ht vous tous, riches, puissants du jour,
Vous qui pouvez donner, ô vous à qui s'adresse
Cet exemple de simple et sublime tendresse,
Au nom des pleurs émus que vous ave/ versés,
Ne laites pas moins qu'elle et VOUS ferez assez!
VERS DU PITRE CLAM
POUR UNE CAMARADE MORTE
Elle est morte la cabotine
Sans avoir essuyé son blanc.
A la bouche une cavatiue.
Son bouquet de fleurs sur le liane.
Dans sa caravane on la garde
Entre un cierge et des litres bus ;
Sa mère l'habille et la farde
unie elle l'a fait pour ses débuts.
Elle attend qu'on lève la trappe
Et qu'on frappe au rideau trois coups...
Elle attend Hélas ! on les frappe,
Mais c'est sur des têtes de clous.
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I,a Majorité de Marie, de C Trébla. — ' Adultère! de Ch. Fromentin.'— N» 104, l.a !Voc4 ;
Popii.:iiil, — Les S«.uli«T» vldu, de Mi — N* 106, Ma Tante Eupbraal*
— ! ". I.«- ltn»l:i»ni<ni«r<-, de I VE. — N* 108, l'etltc I*aon<-«'t (e, <1
. — Ou c'est tout Uea ! de Jb s. — N' 110, Les seize au» de Uébé, d
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DUO CONJUGAL
A Charles Leroy.
MADAME .i MONSIEUR entrent brusquement,
poursuivant une discussion commencée.
MONSIEUR
Eh bien, soit ! JV consens, madame. C'eàt Infâme.
Apres trois mois d'hymen, de me laisser sans femme;
Mais puisque, comme moi, vous avez constaté
Que ce cœur, qui battait si fort, s'est arrête.
Que nos tempéraments, d'humeur incompatible,
Nous ont fait désormais l'existence impossible,
J'accepte carrément la séparation.
Oh! je n'éprouve, allez, aucune émotion.
Je suis fort. Et je vais recouvrer, sans colère,
La douce liberté qui me fut toujours chère.
MADAMI
Mais je bénis le ciel, monsieur, de la gaité
Qu'il inspire à ce cœur que mon cœur a quitté !
Il m'a fallu trois mois supporter vos caprices,
Et. comme une âme en proie à d'obscurs maléfices,
Sans cesse vous dire : Oui ! lorsque je pensais : Non !
Aliéner mes goûts, ma volonté, mon nom ;
Me faire esclave, ilote ; obéir à la lettre
A cl- tyran, qui, dès l'abord, semblait promettre
1 1 tre agréable, tendre, aimant, plein de douceur,
Et qui, je vous le dis, ne fut qu'un oppresseur.
Oppresseur, je maintiens le mot. L'on m'a nommée
Chez madame Poulard, une pauvre opprimée.
MONSIEUR
Ah ! madame Poulard ! Parlons-en ! Un fagot,
Dont le faible mari, plus laid qu'un vieux magot,
Obéit lâchement à des désirs grotesques ;
Femme mise en couleur qui fait songer aux fresques,
Beauté qui se déteint — désespoir des danseurs —
Qui de rouge et de blanc émaille ses valseurs ;
Oh ! madame Poulard !
(Il s esclaffe.)
madame, avec un sentiment comique.
Monsieur, elle est aimée !
Certes, je vous l'accorde, elle n'est point aimée
Ni péri... Mais on l'aime !
(Comiquement.
Amour ! aveugle-né !
Heureux, 6 Cupidon '. le mortel fortuné
Qui se sent pénétré de tes philtres aimables.
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lourlifijr. ' 29, l.e « i{*»r*? «!«■ Bébé, de Georges Mentelé ; Hlinjol», de
« iti-< ki i %%kii. •**». — Y 31, i «■* Templlerii, d'Alphonse Allais. — .V M,
f. lOL. — N" 33, l'Ialilojer pour un Auvergnat, de George.-, I ou
arrivé m 1ram«»j, cU ' ans. — V 35, Mon Muicldc, de G*" ' "'CyuoiS.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N« 50, Plaidoyer «ntlconjugal, de Carolus (THarrans
— i\ 51, le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N» 52, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53 le"
Fou Blre, de Jacques Normand. — N° 54, 1-e Trombone, de Charles Leroy. — Ne 55, Les Pferrois de
Melandri. — N° 56, Victime d'un lapin, d'Kugèue Chavettk. - N° 57, OuncJaolle Histoare de Charles
Leroy ; lie Vieux Soulier, de François Coi-pée. — \'° 58, Mur le Pont, de Félix Galipaux.
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MONSIEUR
Vous m'avez envoyé, madame, à tous les diables ;
Je ne prétendais point passer pour Adonis,
Mais vos brûlants transports furent vite finis.
Trop vite, hélas ! Mon Dieu, ce n'est point un reproche,
Mais on a tort, parfois, d'acheter chat en poche ;
On devrait soupeser et disséquer à fond
Ces serments creux, neiges qu'un rayon d'avril fond.
MADAME
A qui la faute, ingrat ? Suis-je donc si coupable ?
Vous avez une humeur terrible, abominable,
Un caractère aigu, si plein d'entêtement
Que vouloir vous plier par un raisonnement
C'est faire, à parler franc et sans colère aucune,
La conversion d'un habitant de la lune.
MONSIEUR
L'homme est le protecteur de sa faible moitié,
Madame ; — et si cet arbre un peu trop s'est plié,
Il risque fort, a dit un grand naturaliste,
De se voir détailler en bûches, et c'est triste.
MADAME
Mais nous n'exigeons point de bassesses, d'aveux,
Ni qu'un âpre remords décime vos cheveux ;
Nous voulons plus d'amour, plus de galanterie.
Soyez les maîtres, mais que la bouche sourie ;
Sans que nous le sachions, imposez-nous vos lois,
Mais ne maltraitez pas une épouse aux abois.
La femme a tant besoin de bonté, de tendresse...
MONSIEUR
Vous le savez, cruelle, au fond de la rudesse
Que, je dois l'avouer, nous montrons par bon ton,
Nous dissimulons tous des douceurs de mouton.
C'est un genre, un orgueil, que ces cris qu'on profère,
Mais à vos pieds déjà la victime est a terre.
MADAME
A nos pieds, ô cruel ! Est-ce bien vrai ? Faut-il
A cet aveu trompeur rattacher votre fil ?
Ne suis-je pas trop bonne ? ai-je pas tort ?...
MONSIEUR
Cher ange
(A part.)
De me rouer de coups le désir me démange.
Avoir fait de la peine à cet objet charmant !
(Haut.)
Je deviendrai si doux qu'un confiseur dormant
Au sein de la praline et des sucres en pile,
N'offrira pas au ciel de tableau plus tranquille.
Et j'allais vous quitter ! vous, dont le tendre cœur.
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Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N» 71, ttillet de faire part, de Jacques Normand": Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N" i2, Ballade de la Demoiselle chauve; Buo téléphonlnue ; Ballade de»
Acçcnls circonflexes, de Mac-Nab. - N« 73, Inlluenzé par sa Bclle-Mère, de Marie-Louise Néron. -
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d'un Mobile Breton, de François CoPPRR. — X* 91, In Vu* preNwanl, de C. Tr&BLA ; Paul Verlaine, de
\\ s LkrBL. — X* 92, Comment on me défait d'un Cadavre encombrant, de Raoul Oqsr. — X° 98, l.ea
Mtéa de Huble, de Jacques Normand : l«e Sosller de Corneille, de Théophile Qàutibr,
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madame, virant de bord.
Quoi ! vous m'eussiez vraiment abandonnée? Horreur!
Pour un pareil motif, pour un débat l'utile.
Vous m'auriez délaissée, ô trompeur, tourbe, argile
Dont l'enfer a pétri ses dénions les plus noirs !
Mes t'r.iis matins ont l'ait place à d'horribles soirs.
Depuis qu'à ce Satan j'unis ma destinée,
Sous quelle étoile éteinte, Ô destin, suis-je née?
Adieu, monsieur! Je vais chez maman, loin d'ici.
MONSIEUR
Ma stupide vertu m'a vraiment réussi.
Foin de ma ridicule et plate obéissance !
Du cote de la barbe est la toute-puissance.
Montrons-le.
I Très haut. I
-i assL/. madame, me railler.
Songez-y bien. Si vous vouliez me gouailler.
Vous auriez pu choisir un moyen moins acerbe.
Sous mon pied indulgent vous avez, coupé l'herbe.
Je me révolte et suis le maître !...
MADAMl
Paix ! Tout doux !
Monsieur ne devait plus connaître le courroux.
Serment d'ivrogne. Allons, n'avez-vous pas la preuve,
En mon sourire, que ce n'était qu'une épreuve ?
MONSIEUR
Cher trésor !
madame, au public
Jusqu'au jour du dernier jugement,
Charbonnier sera noir, meunier restera blanc,
Et mari sera dur et jaloux à l'extrême.
(A monsieur.)
Allons ! ne prenez point ces mines de carême,
Vous le savez trop bien, mon âme a désarmé...
Douteriez-vous, ingrat, que vous êtes aimé?
Vite, à genoux, monsieur.
monsieur, à genoux
Ah ! que c'est bon, les femmes !
madame, au public
Jusqu'au prochain orage ; est-il pas vrai, mesdames?
(Rideau.)
Les deux premières années du CRI-CRI, soit 104 numéros, sont expé-
diées franco contre mandat-poste de fr. 8 >» à l'adresse de M. René
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Le Gérant : René Oodproy. — Imprimerie GODFROY, 82, Itw Thiers, Le Havre.
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Popiii.oil. ■ Raoul Ogbr. — N' 105, Les •onlier* \l«l«>«, de Mélandri.— N* 106, Ha Tante Euphraale,
— i «- Itu>i;niiMni«i i , dore De Grave. — N* 108, Petite Paoucette, «le
Cha: . — N* W9, On c'esi tout bleu : de Jules Legoux. — N° J10, I^e» seize aim «le Ilélié, de
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LA CACHETTE
Elle S'est décidée à Sortir aujourd'hui,
Et, plus morne qu'avant, elle revienl sans lui.
Tant qu'il n'aura pas bu l'argent de la semaine
11 ne rentrera pas. à moins qu'on ne remmène.
Voilà pourtant trois jours qu'il s'amuse, et trois jours
Que la femme au logis pleure, attendant toujours,
Avant faim, accroupie auprès de l'àtre vide,
Berçant sur ses genoux son nourrisson livide.
Elle ferme la porte, et reste là sans voix,
Accotée au chambranle, épiant si parfois
Elle entendra le pas lourd dans l'escalier sombre.
Un triste crépuscule emplit la pièce d'ombre...
C'est fini pour ce soir. Il ne rentrera pas !
— Résignée, elle va, sans bruit, à petits pas,
Vers l'alcôve, où, fiévreux, sur la pâle couchette,
Dort l'enfant maladif. C'est là qu'est la cachette,
Le peu d'argent gardé pour le médicament.
Mais quoi, plus rien, et le lit est défait ! Comment ?
Sans un mot, elle court droit à la cheminée,
Prend un flambeau, l'allume, et, reste consternée,
Car, cet éclair rapide a suffi !
Par ce froid,
Pendant qu'elle guettait dans la rue, en émoi,
Collant son œil hagard à chaque devanture,
Il est revenu seul, et sous la couverture.
Il a trouvé l'argent, hélas !
Il est venu,
Découvrir sur ce lit glacé cet enfant nu,
Pour voler quelques sous et poursuivre la noce !
Et. qu'importe, après tout, à ce buveur féroce
Consumé par l'alcool, chez qui le sentiment
De père est mort, après la tendresse d'amant,
Que cet être chétif sous la terre repose !
Oh ! que l'ivrognerie est une sombre chose !
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chant. — N# 28, Le ««nnli'iir. 29, Le t ijjtn«" «i«- Hébé, de Georges Mentelé; iiiinjol*, de
: rthal't. — N« •' « ui-i ici i i«itn. i*<»»o. — V 31, Lca Templiers, d Alphonse Allais. — V M,
i « lii dernier? n< uf, • moi.. — N* 33, Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges DocQUOlL
— N* '.:',. Cm m'r»t arrivé en traniwaj, de Carolus d'HARRANS. - N* '■'>'>, mon Muiclde, de G*" !■> '
— N° 51, Le Jouet Allemand, d Henri Piquet. — N° 5-2, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 5:J, l.e
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, l>o Trombone, de Charles Leroy. — N° 55, l.e* l'Ierrom, d»
Mélandri. — N° 56, Victime irun l.apin, d'Eugèue Ciiayi-.ttk. — Nu bl, OuiicJaolle Histoare. de Charles
Leroy ; l\.e Vieux Soulier, de François CoppÉb. — N° 56, Nur le l'ont, de Félix Gaupaux.
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.1 Madame Letorey.
Le flot combat le roc qui veut le retenir,
Mais caresse la plage au soleil irrisée
Sans jamais dépasser la limite imposée,
Et la plage sourit, voyant le flot venir.
L'éclair heurte le mont qu'il ne peut désunir,
Mais l'aube, tout à coup, à l'orient posée
Fait fondre le glacier qui se change en rosée
Et qui monte vers l'aube en n'osant la ternir !
Amour universel embrasant toutes choses,
O sublimes effets dus à de tendres causes,
Lois surprenant l'esprit par leur sérénité !
Malgré le sombre doute issu d'une imposture,
Eternel créateur, Dieu vit dans la nature,
Et j'adore à genoux cette grande Clarté !
PETITS SONNETS PARISIENS
L'HEURE DE L'ABSINTHE
Le Cabotin s'assied, baillant, la mine lasse,
Il contemple l'absinthe et le flacon de glace
Que l'on vient de poser, brusquement, devant lui.
Enfin, il se décide et verse avec ennui...
Tous les jours, il revient, morne, à la même place,
La barbe inculte, avec une épaisse tignasse
Tombant sur le collet du veston qui reluit,
Et tous les jours, il boit son absinthe sans bruit.
Il songe à ses succès dans la ville lointaine.
Il avait la voix chaude et l'allure hautaine
Des gens qui sentent l'or leur tenir dans la main.
A présent que la dèche a remplacé la veine,
Son allure est timide et sa voix incertaine :
« Garçon, dit-il, comptez, je paierai çà demain ! »
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, l^e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Hillel de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve ; Duo téléphonique ; Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inllucnzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
•logues et Poésies p 1 t Cri-Cri : — X* 89, Le «pleen, de Charles Leroy. —
l'un vioblie iiretou, de François Coppéb. — X* 91, l'n vu» presnent, de C. Trbbla; Paul
N° 90, retire
- .v .m, ■ n m* prcNxuni, ae o. irebla.; ■*»ui Verlaine, de
y,, - V 98, «oiuiiiout on *e «léfnlt d'un Cadavre encombrant, de Raoul Ooer.. — N° 98, l.e»
paies tle .*uble, de Jacques Normand; i.e Soulier «le Corneille* de Théophile Gautier.
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CHIEN ERRANT
Maigre, comme une haridelle,
Il est famélique et peureux,
Sa patte, touille la « poubelle »
Qu interroge son nez fiévreux.
s, iS CÔteS et son ventre ereu\
Semblent un profil de gazelle,
11 a des pleurs sous sa prunelle,
El ilu sang sur son poil terreux !
Dans la rue. il rampe en silence,
Car la fourrière et la potence
Sont là. guettant sa pauvreté,
11 souffre, sans bruit, la morsure
Du chien que la patente assure,
Lui, sert" de L'animalité !..
AVANT LE DÉJEUNER
Le petit employé, sa serviette à la main.
Ayant pris à sa femme un baiser sur la joue,
Arpente le faubourg, sans muser en chemin,
Le pantalon troussé, soigneux, craignant la boue.
Madame à la laïque a conduit son gamin.
L'époux bûche, la femme est seule, l'enfant joue.
L'amant rentre : « C'est fort ! je t'attendais demain ! »
— « Vaut-il pas mieux de suite? » Un rire la secoue :
« Mais, le lit n'est pas fait, polisson, c'est coquet ! » —
Quelques voisins sournois blaguent chez le troquet,
Puis, causent politique en vidant leur canette.
L'heure du déjeuner sonne, et, sur le fourneau,
L'employé, radieux, flaire le godiveau
Qui mijotte, embaumant cet intérieur honnête !
NOS PETITES OUVRIÈRES
Deux à deux, nez au vent, trottant à qui mieux mieux,
Troussant leur jupe avec la même chatterie,
Une rose d'un sou, dans leur gorge, fleurie,
Et. fixant les naïfs éblouis, dans les yeux.
Elles vont, agaçant les jeunes et les vieux.
Un babil enfantin emplit la crémerie,
Où, le croissant, tout chaud, au lait pur se marie ;
Déjeuner impromptu, frugal, délicieux.
— c Voici Jeanne, bonjour! — « Qui vient là ? — C'est Hermance.
c Elle épouse un rentier. — « A-t-elle de la chance ! »
— « C'est selon, ces gens là sont bien trop éhontés ! »
O petite ouvrière, alerte et travailleuse,
Pour nous faire oublier l'étiquette orgueilleuse,
Que toujours ton franc rire emplisse nos cités !
Le Gérant: René Godproy. — Imprimerie GODFBOY, 62, rue Thiers, Le Havre.
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L'A NNIV E RSAIRE
STKOPHES DITES PAR
31. 31 o un et -Sully, à la c(5omédie- française
En présence de Victor Hugo, le 26 Février 1882
CAMILLE LEGRAND. - Les Cheveux. - Sonnet romantique
AIMFOSSI. — Opinions d'Oiseaux. - A propos de pieds. - Au dessert
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE COMPTOIR GÉNÉRAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 4 1 11 bis, Boulevard Haussmann
Et cheç tous le's Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 156
.AVIS IMFOF.TAKT
Dans le but de faire connaître sa publication el à titre de Prime, Le Cri-Cri expédie
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en tfmbres-poste français adressés a M. R.
directeur, 62, rue Thiers, au Havkk.
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FRANÇOIS COPPÉE
L'ANNIVERSAIRE
Un chêne est vieux. Pourtant, dans ses fortes ramures,
Jamais plus de doux nids, plus de divins murmures
N'ont chante sous le noir couvert :
Et jamais, quand le vent de floréal se lève,
- bourgeons dores n'a monté plus de sève :
Plus il vieillit, plus il est vert.
Un aigle est vieux. Jamais, s'élançant de son aire,
11 n'a plus bravement volé vers le tonnerre,
Dans l'air d'orage lourd et chaud ;
Et jamais le grand coup de ses ailes sublimes
Ne l'a mieux emporté par delà les abîmes;
Plus il vieillit, plus il va haut.
Le soleil est très vieux. Pourtant, sa lace ardente
N'a jamais mieux verse la chaleur fécondante
Aux fleurs, aux fruits, à la moisson ;
Jamais plus doucement, dans l'exil où nous sommes,
Ce sourire de Dieu n'a brillé sur les hommes ;
Plus il vieillit, plus il est bon.
Il est très vieux aussi, le bien-aimé Poète,
De qui nous célébrons par de longs cris de fête
Les quatre-vingts ans aujourd'hui.
C'est lui qui, dans un mot d'éloquence suprême,
Nous disait : « Je naquis avec ce siècle même,
Et je continue avec lui. »
Mais, quand elle permet qu'un tel poète naisse,
La nature lui donne un trésor de jeunesse.
L'aïeul au jeune homme est pareil :
Et l'Esprit devant qui tous les autres pâlissent,
Superbe, ne vieillit pas plus que ne vieillissent
Le chêne, l'aigle et le soleil.
Oh : longtemps, très longtemps, à cet anniversaire,
h ■ • toi, courbant tous, ô grand vieillard sincère,
N'.,s fronts, d'émotion tremblants,
Laisse-nous voir encor, plus nobles chaque année,
Parmi les lauriers verts dont ta tête est ornée,
Briller tes jeunes cheveux blancs !
Le Cri-Cri publi» ochainemenl R de Fran-
la Comédie-Française par M. Got, doyen de« sociél
a l'occasion de l'anniversaire <le la mort de Victor Hugo.
i -£Ri : V 27, |„e Sonnet, de Louis Looey l.u-llnM, d'Albert TlN-
i <■ ■•aefcoir, d< ' .' elin. X" 2'\ • c < ijf««r»- de iiéhé. fie Georges Mlntklk; HiiiçoU, de
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« .i m'csi arriw en lram«a), de Carolus d'HARRANS. - N° 35, Mon Suicide, de ()<■■" D-cyuoiS.
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Monologues et Poésies partis dans Le Cri-Cri : X° 50, Plaidoyer .«nticonjuçal, de Carolus (I'FIarrans.
X° 51, Le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 52, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53, l.e
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, Le Trombone, de Charles Leroy. — N° 55, Le* Pferrol», de
Ûélandri. — N° 56, Victime d'un Lapin, d'Eugèue Ghavettk. — N° 57, OuucJaolle Histoare. de Charles
Leroy ; I^e Vlenx Soulier, de François Coppée. — N° 58, sur le Pont, de Félix Galipaox.
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CAMILLE LEGRAXD
LES CHEVEUX
Les cheveux épars dans le vent
Ont l'air de ces lianes folles,
A la brise sèche vêlant...
Que j'aime vos torsades molles,
Lourds cheveux noirs baisés souvent!
Cheveux blonds, je m'en vais, rêvant
A vos mystiques auréoles ;
Mon œil s'extasie en buvant
Les cheveux.
Je voudrais mordre l'or mouvant
Qui roule en vos vivants Pactoles.
Je me grise quand tu raccoles,
O ! vent, leur parfum énervant,
Tiède et subtil, en soulevant
Les cheveux.
SONNET ROMANTIQUE
A Jules Bernard.
J'ai porté les cheveux très longs ; j'ai fait des vers
Que je clamais le soir, en roulant des yeux caves,
Dans de vagues sous-sols emplis de fumeurs graves ;
Et, sans feu, j'ai subi d'effroyables hivers.
J'ai souvent emprunté sous des motifs divers
Et rarement rendu ; j'ai vécu sans entraves.
— Chauves marchands de vins et logeuses suaves,
Oh ! combien m'avez-vous regardé de travers !
J'ai fait de grands détours pour éviter des rues
Où j'étais trop connu...
Mes fièvres disparues
M'ont laissé seul. J'ai peur et j'en voudrais finir :
Je rêve la maison patriarcale et sainte,
Le home où l'on attend sans terreur l'avenir,
Et la femme en peignoir qui...
— Garçon, une absinthe !.
Le succès de notre journal grandissant de semaine en semaine et nous obli-
geant à grouper nos différents services, l'Administration et l'imprimerie du
Cri-Cri seront, le mois prochain, réunies à la Rédaction installée a Paris
depuis longtemps déjà. A cette occasion, diverses améliorations relatives au
format, au nombre de pages, k la couverture, etc., seront réalisées et nous
permettront de prendre la place légitime due a un organe exclusivement artis-
tique, ami du beau seul et adversaire des coteries pseudo-littéraires.
Nos lecteurs peuvent donc compter sur une quatrième année d'innovation
et de progrès qui les récompensera de leur attachement sympathique à notre
publication.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri: N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, r.e
Boiser «iarseîllai«, de Jean Bernard. — N° 71, itillet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Bemoiselle chauve; Duo téléphonique j Ballude des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise NÉRON. — •
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
V 89, t.e Spleen, de Charles Leroy. — N° 90, Lettre
d'un lloblle Breton, de François CoPPÊE. — X 91, In t'a* pressant, .]<■ C. TrÉBLA. ; Haul Verlaine, de
. — X» 92, Connut' lit ou ■« défait il'ini «a«la>re iiiconiliiaiil, >k> Raouj OOBR. — X' 93, 1-e»
Pau-», iio »nble, de Jacques Normand ; l*e Boulier »ie Corneille, <1<' Théophile Qautibr.
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MARC ANFOSS1
OPINIONS D'OISEAUX
matin, revenanl du bal
Où chantait l'orchestre sonore,
Je me suis mis au lit à l'aurore...
1 e pinson m'a dit : — Tu fais mal.
Pour travailler comme un vieux chien
\ mon œuvre, — peut-être un leurre, —
Je me suis levé de bonne heure...
le moineau m'a dit : — Tu fais bien.
Et, pour voir s'ouvrir les grands veux
De ma maîtresse douce et belle.
Je me suis recouché près d'elle...
1 e merle m'a dit : — Tu fais mieux.
A PROPOS DE... PIEDS
Au nombre des hideurs qu'apporte
1 e noir janvier martyrisant.
J'ai subi, je crois, la plus forte
L'hiver dernier en déjeunant.
Exhalant leur douce fumée
Devant moi. deux beaux pieds truffés
Lâchaient leur senteur embaumée
Près de deux litres décoiffés.
Ici commence mon supplice,
Et je proclame avec vigueur
Que de Montmartre à Saint-Sulpice
On n'avait vu telle rigueur :
Au milieu des maux qui pullulent
JFécoppais d'un des mieux troussés :
7:7;-/ devant deux pieds qui brûlent
Lorsque /Ou a les siens glacés.
AU DESSERT
Elle était ronde et fraiche ; // était vieux et rance,
Dégageant un parfum redoutable et mauvais.
Nous venions de manger un canard aux navets
Tous réunis à table en un jour de bombance.)
Elle était empourprée, et blanche était sa peau ;
Vous l'eussiez admirée, appétissante et belle...
Lui, sans honte et sans fard, s'était placé près d'^V/c,
Et son être tremblait comme un vieil oripeau.
Des femmes ô miracle '. Elle fit la conquête ;
Lui, du clan masculin fut goûté sans effort.
Elle, c'était. — lectrice, — une pomme reinette ;
Lui, — lecteur, — un morceau très mûr de roquefort.
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— In S<uli«iH ^ !«!«••>. Mi.i.amh'.i. — X0 lOfi, Mu Tante Euplirnaiei
— I •• llu>i!K|iiorpi, Théodore De Ghavk. — X" 108, l'etlte Paoucette, àê
. — : ■■"' i Ou e'eei «« ni bien : — X" 110. I>e« seize an* «le lléi».
— X' 11 J. ÏHinsicur !«• llHirc,
lous tes Samedis
^ DIX Centimes
GERMAIN PICARD
LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
I>e CïdropIiïle-aux-Ooctes
FRANÇOIS COPPÉE
RÉSURRECTION
Strophes dites à la Comédie-Française, le 22 mai 1886, par M. Got, doyen des Sociétaires,
à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Victor Hugo
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5. Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j G OMPTOIR GENERAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
Et chei tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 157
AVIS IMPORTANT
Dans le but de faire connaître sa publication et a titre de Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adresses à M. R. Godfroy,
directeur, 6:?, rue Thiers, au Havre.
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GERMAIN PICARD
LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
I »«• Cldi*ophilc*nux-lVoctt>li
£/« jeune homme en habit no/r. pantalon noir, gilet blanc et
.;/(■ blanche. Cheveux blonds frisés, moustache naissante,
teint rosé. Monocle à l'a il droit et claque sous le bras gauche.)
Mon cœur nage dans la joie, le suis fier et j'ai raison de l'être.
Je viens d'être élu secrétaire de la S<>, iété littéraire et artistique
de Cidrophile-aux-doctcs. — Vous ne connaissez pas cette ville?
— Non. — Cela ne m'étonne pas. Elle porte sur la carte un nom
vulgaire, très vulgaire, indigne d'une ville savante el lettrée.
. Cidrophile est savante et lettrée. Nous en avons rougi et
nous l'axons change. Désormais, vous pourrez lire dans tous les
dictionnaires :
Qidrobhile-aux-doctes, chef-lieu de canton du département
des Trots-Rivières , 2.00.» habitants. Excellent cidre. Eglise nor-
mande. Château Pompadour. Bureau de bienfaisance. Société
littéraire et artistique.
« Une Société littéraire dans une ville de 2.000 habitants! »
dites-vous.
Oui messieurs, comme à Paris, à Rouen, à Lons-le-Saulnier.
Et quelle Société. Plus d'une capitale s'en ferait honneur. Vous
allez me comprendre.
monocle tombe I
Maudit Monocle !
// le met sur l'œil gauche et place sou claque sous le bras
droit.
Notre Société compte quinze membres, tous plus distingués
les uns que les autres.
Le président de droit est M. le Maire, un homme comme on
n'en voit pas ailleurs, très gros, très riche et très imposant. Il
parle peu, il ne fait rien, il laisse M. l'Adjoint gouverner les af-
faires de la mairie, mais il reçoit tous les quinze jours ses con-
frères à dîner et collectionne les timbres-poste et les jarretières.
Quelle collection ! Bone Deus ! 15,000 timbres-poste et 6,000
jarretières. Entre autres pièces rarissimes, il montre avec orgueil
un timbre-poste zoulou, un timbre à l'effigie de Henri IV et la
jarretière que la comtesse de Salisbury laissa tomber au bal de la
cour. Honni soit qui mal y pense !
Vous souriez ? Vous avez tort. Je lésai vus, dis-je vus, de mes
■ res yeux vus, ce qui s'appelle vus, comme a dit je ne sais
quelle ganache classique.
i monot le totnpe.
Maudit monocle !
Il le place sur l'œil droit et met son claque sous le bras
gaiti
Le vice-président. M. Bonafoy. est un pédagogue de la nou-
velle école. Il supprime la grammaire vieux jeu et réduit l'ortho-
he à sa plus simple expression. Plus de mots écrits, plus de
bes, plus de points ni de virgules. C'est très ingénieux. Il
vous faut trente quatre lettres pour écrire une phrase : « Cet été
j'ai eu des idées, oh ! des idées osées, » par exemple. Eh bien !
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: N° 27, !..«■ Hoiiiu'», de Louis Bogey l.à-tinM, d'Albert Tin-
chant. — N* -2-. Le Maaehelr, ' min. N* 29, l.c « içare «le llélic, de Georges Mentklé ; Minçol», de
. — ;•'". 4 il i - « m i tutu. !•»*.». — N 31, Le» Templhrri», cTAlphonse Allais. — \° 32,
ii lu drrnKri' meut, Plaidoyer pour un Auvergnat, de Georges I)oi;guois.
— K« <■> m'fhi arrivé' «-n tramway, de Carolua d'HARRANS. — N* 35, Mon Mufelde, de G**' D'HJQi
suivant le nouveau système, il n'en faut plus que quatorze :
CETGUD1DODIDOZ Vous voyez quelle économie de temps,
d'encre et de papier pour les particuliers, et quelle économie
d'argent pour l'Etat, qui pourra supprimer les trois quarts des
écoles. Heureux enfants de l'avenir pour qui l'étude ne sera plus
aride, vous bénirez la mémoire de M. Bonafoy.
M. de Hautefaçon est un archéologue de premier ordre. Il a
découvert les ruines d'un village lacustre sur la colline qui nous
protège contre le Vent du nord, et a écrit à ce sujet trois grosses
brochures qui seront imprimées l'an prochain. Son salon est un
musée dans lequel on voit, entre autres curiosités authentiques :
la quenouille de la reine Berthe, la pantoufle de Cendrillon,
l'anneau de Mélusine, le poignard de Rollon et la rondache de
don Quichotte.
(Son monocle tombe.)
Maudit monocle !
(Il le remet sur l'œil gauche et place son claque sous le bras
droit.)
Le comte de Calville est un pomologue étonnant. Son jardi-
nier a crée une pomme nouvelle : la Paulina Calvilla. On ne
peut la manger, mais elle est superbe et pèse 7S0 grammes. Il
cherche en ce moment la pomme bleue, qu'il espère obtenir
d'une greffe savante. Trois cents pommes de diverses espèces,
conservées dans l'alcool, sont rangées autour du cabinet de
M. le comte, qui sait les noms et connaît la provenance et les
qualités de chacune d'entre elles.
Phébus Lechantre est le poète de la Société. Il n'a rien fait
imprimer encore, mais il a trois volumes de poésies manus-
crites, et révolutionnera le monde littéraire quand il daignera
les publier. Plus de rimes, plus de coupe ni de mesure vieil-
lottes. Les mots sont réunis d'après certaines affinités et suivant
leurs couleurs, car les mots et même les syllabes ont des cou-
leurs, et la poésie de l'avenir sera une mosaïque. Le sens ? Cher-
chez-le. Vous perdrez votre temps, si vous n'êtes pas initiés.
Mais, si vous êtes initiés, quelles voluptés ! Nous sommes tous
initiés à Cidrophile.
Hercule Gaillard, redoutable polémiste, est le rédacteur en
chef de Y Accord-Parfait, journal qui parait quelquefois et dans
lequel il fait l'éloge de ses confrères et vante les diners de M. le
Maire, mais traite comme ils le méritent l'Institut et la Sorbonne.
(Son monocle tombe.)
Maudit monocle.
(Il le replace sur l'œil droit et place son claque sous le bras
gauche.
La Société littéraire et artistique de Cidrophile-aux-doctes,
compte, en outre, un mathématicien de première force, le per-
cepteur du canton ; un botaniste, M. Persil, pharmacien, qui a
composé trois herbiers ; un anatomiste. le docteur Fauve, qui
dissèque de temps en temps des lapins; un entomologiste,
maître Doucet, huissier, qui, tous les dimanches, chasse les pa-
pillons, et quatre artistes : un photographe, un marbrier-sculp-
teur, un géomètre-architecte et l'organiste de la paroisse.
Enfin, votre serviteur, clerc de notaire et jurisconsulte, est le
plus jeune des membres de la Société, et lui fera sans doute
honneur.
(Son monocle tombe.)
Maudit monocle !
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, l,es Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, I^e
Baiser UarseillaiN, de Jean Bernard. — N" 71, llillet do faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ualladt» de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Uallade de»
Accents circonflexes* de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Ucilc-.tlère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, t'cèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Uouinient de Somnambule, de Félix GalipaUX
Le Cri-Cri : — V S;), i.e *pleen, de Charles Lkroy. — N° 90, Lettre
d"un Mobile lirclon, de Franc — Y 91, l'n Ctta prc^uiit, de C. TrÉBLa; l'aul Verlaine, de
. — » 99, ComnitMii on *e «léTait d'un Cadavre encoinbraiit, de Raoul Ookr. — N° 93, l,e»
P&téa do »able. de Jacques N\m;m\\i>: l.e Wouller do l'orueille, de Théophile (tUTIKu.
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// A- met sur /'</■// gauche et place le claque sous son bras
là je vous disais que Cidrophile-aux-Doctes était une
ville savante et lettrée, exagérais-je? Assurément non. Ne dois-je
pas être lier de ma récente élection? Vraiment si. Et vous êtes
ae cet :i\ is. n'est-ce p
monocle tombe. Maudit monocle ! Excit.
FRANÇOIS COPP^E
RÉSURRECTION
Quand dans le deuil du monde et de la France entière
Le corbillard du pauvre allait au Panthéon,
A travers le drap noir et le bois de la bière
la foule croyait voir transparaître un rayon.
Vainement on voulait chasser cette démence,
Songeant que le Poète, à la tombe porté,
Avait à l'Univers légué s. m œuvre immense
Et qu'il s \ survivrait pour l'immortalité !
Non '. vous le sombre drap, l'àme d'angoisse atteinte,
Toujours on croyait voir, comme un espoir secret,
Ync flamme d'amour qui n'était pas éteinte,
l'n foyer d'idéal qui se rallumerait.
Tu ne te trompais pas, ô Peuple ! Le Génie
Faisait dans ce cercueil resplendir sa clarté !
Le Maitre n'est pas mort, l'œuvre n'est pas finie.
Miracle ! il ressuscite ! il est ressuscité !
Il veillait seulement sous la voûte glacée,
Ainsi que Barberousse au fond du souterrain;
Pour nous livrer encor sa sublime pensée,
Son caveau va s'ouvrir avec un bruit d'airain.
Le Poète endormi sous les apothéoses
Longtemps nous donnera des poèmes nouveaux.
De son tombeau sacré sort un parfum de roses ;
De son cercueil béni s'envolent des oiseaux.
Peuple qu'il aima tant, viens ! puisqu'il te convie,
Admirer le grand mort à son premier réveil,
oir. de son sépulcre, encor si plein de vie,
L'Œuvre surgir ainsi qu'un lever de soleil !
Le journal grandissant de semaine en ■■ noua obli-
ces, l' Administration et l'imprimerie du
Cri-Cri ■ • prochain, réunies B la R< daction installi
Lsîon, diverses améliorations relatives au
. seront réalisées et dous
Ire la place légitime due a un organe exclusivement .n-t i-,-
tique, ami du ix'.'ni seul et es pseudo-littéraires.
mi une quatrième année d'innovation
de leur attachement sympathique a notre
publie
Le G'-rant : REMS* GoDFROT. — Imprimerie GODFROY, B2, rue Thiers, Le Havre.
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^ DIX Centimes
FERNAND BARTHELEMY
UN GRÈVEUX
A LA TRIBUNE
Monologue en Vers
31. cPlessis, des Concerts de 'Paris
PAUL MARROT. - Sentinelles, Veillez !
FRANÇOIS COPPÉE. - Statue d'Homme d'État
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j COMPTOIR GÉNÉRAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
Et che\ tous les Libraires, Marchands de Musique et de Journaux
N° 158
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domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adressés a M. K. Godfroy,
directeur. 68, rue Thiers. au HAVRE.
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FERNAND BARTHÉ1 l-MY
UN GRÈVEUX A LA TMBTNB
Debout, derrière une /.?/>/<• — Les ' marquent les coûts de
poing qu'il devra donner sur la table, poui rendre son discours
plus expressif.
1
( )it< >yens •
J 'viens pas ici l'faire à la pose!
Comm1 pourrail l'faire un orateur,
J'viens au contrair' défend' la cause
De 1"< Hiverner !... du travailleur!*
On nous exploite !... on nous pressure !*
On nous fait suer, non de d'ia !
Sang et eau !* Ça pass' la m 'sûre !
Va pas moyen* qu1 ça dur' comm' çà !
11
Faut s 'révolter!*... faut s"mett' en grève!*
Les ouverriers c'est des amis !
Y faut lutter sans paix ni trêve !....
Faut pu d'patrons '.'.... c'est des en mis !...
V s'engraiss'raient à ne rien fou. . .aire ?..
Tandis que l'peup' y travaill'ra ?..
Nous en avons assez d'misère !...
Va pas moyen* qu1 çà dur' comm1 çà !
111
Ainsi, t'nez, moi. sans êtr' un aigle,
J'gagn' encor' mes six francs par jour,
Mais j'trouv' toujours, quand l'sing' me règle,
Qu* pour payer mes dett' c'est trop court !
Quand à la turn' le soir je rentre,
Et que les mioch' y m'eri' papa.
Nous avons faim !... on s'serr' le ventre !...
Va pas moyen* qu' çà dur' comm' çà !
[V
six francs, qu' peut-on bien faire ?...
Rien ! ainsi t'nez... tous les matins,
Faut aller boire a trois sous l'verre,
Un1 tournée avec les copains !
. est quèqu' fois, sans qu'çà paraisse,
Dix... et quand on a pas l'rond... v'Ià
On n'peut pas rend' un' politesse
Va pas moyen* qu' çà dur' comm' ça !
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■ N° 27, !.■«• Nnnnot, <!.' Louis Booey I^(i-iihn, d'Albert Tin-
i «• ^loiirlmir. S Le «ififure «!«• Bébé, de Georges Mentelé ; itinçol*», de
— ' « ni-« m i • %«■(■!, IS09. — N« 31, •,«•« Templiers, d'Alphonse Allais. — N« 32,
il In tferalère neuf — Plaidoyer iiimr un %nv<r^iuii, de G >cquOH.
< ii m'est urrhe « n framvtai | jus d'HARRANS. — N'J 35, .Mon Suicide, de G«M D'-cguois.
Monologues et Poésies j>arv s dans Le Cri-Cri : N* 50, Plaidoyer %nticonJugal, de Carolus d'ILvRRANS.
— N° 51, Le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 52, On Danscru, de Jacques Normand. — N° 53, l.e
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, l.e Trombone, de Charles Leroy. — N° 55, Les Pferrots, de
Méi.andki. — N° 56, victime d'un l.upin, d'Eugèûe Ciiavettk. — Nu r>7, Ouiie Jaolle Hisloare. de Charles
Leroy ; "Le Vieux Soulier» de François CoppÉe. — N° 58, »»r le l'ont, de Félix Galipaux.
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A dix heur' faut boir' un' tournée...
A midi, ben !... on va dej'ner...
Comme il fait soif, dans la journée,
Faut encore aller se rincer !
A trent' sous l'tour,... dam'... çà va vite...
Et l'soir, presqif tout a passé là !...
Ya que l'patron qu'a pas sa cuite !...
Ya pas moyen* qu' çà dur' connu' çà !
VI
Aussi, ya pas !*... faut qu' tout çà change !*
Faut d 'm a rider une augmentation !*
Faut que l'pauv' ouverrier y mange !*
Qu'on écout' nos r'vendications !*
Pour les ceuss' qui voudront pas,... peau d'balle V
Avec c'qu'on gagn' çà n'suffit pas!*...
Ya just' de quoi s'rincer la dalle !
Ya pas moyen qu' çà dur' comm' çà !!...
PAUL MARROT
SENTINELLES, VEILLEZ
— Debout, l'arme au bras, sentinelle,
Au Nord que vois-tu ?
Jette au loin les yeux, sentinelle,
Lève ton képi rabattu.
Au Nord, est-ce un bivouac qui fume,
Sous les cieux bas, aux tons rouilles ?
— Je ne vois que de la brume.
— Sentinelles, veillez !
— Sentinelle à la guêtre blanche,
Au Sud que vois-tu ?
— Je vois, dans la lumière blanche,
Le sol par les vagues battu ;
Puis, souriante d'espérance,
Surgir des flots ensoleillés,
Là bas, cette nouvelle France...
— Sentinelles, veillez !
— Sentinelle en capote bleue,
A l'Ouest que vois-tu ?
— Je vois la robe immense et bleue
Dont l'Océan est revêtu.
Sur l'écume qui le dentelle,
Nos grands vaisseaux appareillés,
Et nos marins, race immortelle !
— Sentinelles, veillez !
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, l,es Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, f^e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet tlo faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; llallade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
Jfo \ologttes et Poésie* i -i : — N* 89, Le Spleen, de Charles Leroy
d'un Mobile ilreton, de François CoppBe. — X* 91, I'ii CM prcsiimi, de G. Trbbla; Paul Verlaine, de
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Pâtée rie subie, de Jacques N irmand ; l«e Soaller «ii* «. «unoiiie. de rhéophile Gtautibr,
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— Sentinelle en pantalon rouge,
A l'Est que vois-tu ?
— Je vois un gros nuage rouge,
Vapeur du sang qui s'esl perdu.
1 éclair y trace, en formes nettes,
déchirant ses lianes brouillés,
De grands zigzags de bayonnettes,
Sentinelles. \ eille/ !
(Chansons <!<• France. — Musique de Fragerolle.)
FRANÇOIS COPPÉE
STATUE D'HOMME D'ÉTAT
le. m F
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lit un bavard de talent très mince ;
Et, pendant trente ans, il avait été
Fameux à Paris, grand homme en province,
Ministre deux fois, toujours députe.
Traite déminent et de sympathique,
11 avait trahi deux ou trois serments,
Ainsi qu'il convient dans la politique...
Bref, e'etait l'honneur de nos parlements.
Il mourut. Sa ville — elle était très fière
D'avoir enfante ee contemporain ! —
Dès qu'il fut enfin muet dans la bière,
Le fit sans tarder revivre en airain.
J'ai vu sa statue. Elle est sur la place
Où se tient aussi le marché couvert.
C'est bien l'orateur; son geste menace,
Et sa redingote est en bronze vert.
Mais les bons ruraux, vile multitude,
Vendant les produits du pays natal,
Sans y voir malice et par habitude,
Laissent leurs baudets près du piédestal ;
Et, tous les lundis, quand les paysannes
Sous les piliers noirs viennent se ranger,
Le tribun d'airain harangue des ânes...
Et ça ne doit pas beaucoup le changer.
Sur ianos: Ouverture symphonique en la mineur de M. Henri
Wooixbtt. — Rédaction pour piano a quatre mains. — Prix : Fr. 15.
Le luccèi de unir.- journal grandissant de semaine en semaine et nous obli-
différenti l'Administration et l'imprimerie du
Cri-Cri k it, le mois prochain, réunies .:i la Rédaction installée ii Paris
ision, diverses améliorations relatives au
format, ;nj non couverture, etc., seront réalisées et nous
permi prendre là pince légitime due a un organe exclusivement artis-
tique, ami du beau seul et des coteries pseudo-littéraires.
dote compter sur une quatrième année d'innovation
de leur attachement sympathique a notre
publication.
Le Gérant : René Godfrov. — Imprimerie GODFEOY, 62, rue Thiers, Le Havre.
K pî. Q.
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V 101, I..PH Aïeule*, de François Coppée. — \° 102,
«le Marie, — V 103, ,%«liillèr«' ! de Ch. Fromentin. — V 104, La \'<>ee à
— 1 I es ••«lierai vides, de Méj.andrj.— .V 106, Ha Tante EupiiniNle,
■-.■_. — V 107, i «- Bb»i;m|ii(ii('ic, le Théodore De Gravb. — N* 108, Petite Paoueette, de
— N» i Ou ('<*i i«.ut t>I*-»i ! de .Iules Leooux. — N° 110. i\ea seize an* «le Iléhé, de
11, Monsieur le Moire,
Tous les Samedis
*V* DIX Centimes
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UN GREVEUX !
Monologue en Vers
DIT PAR
" £M. 'Plessis, des Concerts de Paris
P. COTTARD. - Mendiants! - Pitié!
FRANÇOIS C3PPÉE. - L'Incorrigible
PARIS
Librairie J. STRAUSS, 5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE UNIVERSELLE j COMPTOIR. GENERAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmana
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N° 161
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domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste français adressés a M. R. Godfroy,
directeur, 62, rue Thiers, au HAVRE.
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UN GRÈVEUX!
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Ya pas à dire... y faul qu'on crève '. ...
Ya pas moyen de s'mett'en grève '■...
J'sais pas si c'esl qu'ils sont poltrons.
Mais y d'vienn' très chics les patrons 1
iccord1 tout c'qu'on leur demande,...
Et L'mien surtout.... j'vous ['recommande.
Travail, salaire, etesetera...
11 accord' tout, ce bonhomm' là !
Il
Y'I.'i : Nous somm' six cents à l'usine.
Pendant douze heur' faul qu'on turbine !
Nous n'voulons plus qu'huit heur par jour,
Et vingl sous d'plus, ... aut'roent bonjour 1
Alors ['patron, d'un air très grave,
A dit au délégué : « Mon brave,
» J'accept' tes conditions... top' là !
— 11 a raison, ce bonhomm' là ! —
111
» Mais, si j'dois accepter les tiennes,
» Faut aussi accepter les miennes.
» Au lieu d'eent sous, j donn'rai six francs...
» Mais j'veux qu'on travaille en gants blancs!
» J'veux avoir une usin' modèle.
» J'y mets le prix, j'fais pas l'rebelle,...
>/ A six francs... on peut s'payer çà ?...
— Il a raison, ce bonhomm1 là ! —
IV
„ J'veux qu' l'ouvrier, mieux que l'dimanche,
// Aye l'habit noir, la cravat' blanche,...
» Et pour log'ment. s'il est bien mis,
// J'veux pas qu'il soy' dans un taudis !...
» J'veux pas qu' su' l'zinc, il boive un verre,
>/ Quand on gagn' six francs, on peut faire,
» Sa parti' en buvant l'moka...
— Il a raison, ce bonhomm' là ! —
V
» C'est entendu : j'veux plus de blouse,
>/ Huit heur' par jour au lieu de douze,
» J'accorde tout... même au surplus.
va prend' deux cents hommes de plus!...
// Faut toujours que ['travail se fasse...
natr" heur' de moins, faut qu'ça s'remplace.
// J'peux pas seul fair" marcher tout çà ?...
— lia raison, ce bonhomm' là ! —
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I ■' . Le *m»ium'C, de Louis Booey La-Bn*, d'Albert Tm*
chant. — N« 38, f.e Mouchoir. '■ '/'>. Le linre «!«■ Bébé) de Georg< Mentele; Minçoi», de
, — N*80, 4 •*!-« ki i % « ii il. «*•*»». — Y 31, Le* Templiers, cTAIpbonse Allais. — N« 32,
i i la dernière neuf, Plaidai er pour un Auvergnat, de George* Docquoib.
— .* , < ii m'est arriw- em tramway, de Carolua d'HAHRANS. — N" 35, Mon Muiclde, de G*M Dr>co.uois.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer .«nllconjugal, de Carolus cTIIarrans.
— N° 51, l.e Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° 5-2, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53, l.e
Fou nire, de Jacques Normand. — N° 54, l.e i ronibone , de Charles Leroy. — N° 55, Le« PFerrots, de
Mélandki. — N° 56, Victime «l'un Lapin, d'Eugène Chavettb. — N" 57, Ounc Jaolle uistoare. de Charles
Leroy ; JLe vieux Soulier, de François Coppée. — N° ,")S, Sur le l'ont, île Félix Campaux.
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VI
» Comm' je sais compter, j'imagine,
» Qu'avant six mois, j'ferm'rai l'usine,
» Peut-ètr' qu'alors, vous s'rez contents,
» Su' l'pavé, vous s'rez plus d'huit cents !...
» Vous cri rez la faim, la misère- !...
» Vous r'tourn'rez p'tétr' bêcher la terre,
» Qu'est en grèv". parc' qu'ell' manqu' de bras !,
— Il a raison, ce bonhomm' là ! —
VII
» Allons!... voyons !... répondez vite...
» J'ai besoin d'ètr' fixé de suite...
» Moi, j'accept' vos conditions,
» Voulez-vous d'mes propositions?... »
— Tout l'mond' se r'gard'... on s'examine, —
Plutôt que d'voir fermer l'usine
Tous, on s'dit : Bah !... restons comm' ça !
— Il a raison, ce bonhomm' là ! —
P. COTTARD
MENDIANTS !
Elle mendie avec l'enfant déguenillé,
La pauvre vieille ! Elle a pourtant bien travaillé !
Et pour donner du pain à toute la famille,
Tant qu'elle a pu le faire elle a tiré l'aiguille,
Si bien qu'à ce métier ses yeux se sont usés.
Elle ne resta pas pour ça les bras croisés :
Elle lava du linge, et plus d'une journée
Passée à son baquet fut sans nuit dans l'année.
Elle voudrait laver encore et ne peut plus,
Car depuis longtemps l'eau fit ses membres perclus.
Il faut pourtant manger tout de même ; les bouches,
Sinon des vieux, du moins des enfants, sont farouches.
De quelle faute Dieu voulut-il la punir?
Jeune, elle dut attendre un meilleur avenir ;
La misère, bien sûr, dut se tromper de porte.
Elle avait la beauté du peuple, douce et forte ;
Le travail apportait l'aisance à la maison ;
Mais la mort vint bientôt assombrir l'horizon ;
Son homme qui l'aimait, la sachant bonne et sage,
La laissa veuve avec trois enfants en bas âge,
Une fille et deux fils ; la fille a mal tourné ;
Des deux fils, étant veuve, elle exempta l'aîné,
Un grand gars paresseux qui s'amuse, un ivrogne
Vaillant au cabaret et lâche à la besogne.
C'est elle qui nourrit encore ce vaurien
Qui, s'il ne la battait, ne ferait jamais rien.
Le cadet, par bonheur, ne lui ressemblait guère ;
C'était un bon sujet ; il est mort à la guerre,
Loin du Pays.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, L-e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; »uo téléphonique} Ballade de»
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes IVationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
t*j tt Poésies ; 1k Cri-Cri : — N* 89, l.c Spleea, de Charles Leroy. — NT° 00, Lettre
«luu Mobile llreton, de François CoPPBR. — N* 91, In tau pressant, de C. Trbbla. ; Paul Verlaine, de
. — N* 93, Comment on ne ilôfuit d'un Cariant) encombrant, de Raoul Ouer. — X' 93, l<e»
Fatos île .«table, de Jacques Normand ; l«e Soaller île Corneille, de ["héophile Gautikb»
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1 'énfahl qu'elle tient par la main.
Elle ne pouvait pas le laisser au chemin :
le fils de sa fille, à tout jamais perdue,
Qui lui fut enlevée et qui lui fut rendue
Deshoni rée et mère, et qu'un lâche abandon
Fît mourir de douleur en demandant pardon.
ducteur est riche, or, on le considère :
11 est homme de bien, d'ailleurs, car il adhère
Au\ programmes du grand parti conservateur ;
11 détend la famille, et d'un air protecteur,
Montant dans sa voiture OÙ juste et lier il trône,
Dans la main de L'enfant laisse tomber L'aumône.
PITIÉ !
hafaud est dressé place île la Roquette.
On fait dans la prison la funèbre toilette,
l'n grave magistrat a dit au condamne
Que l'heure de penser a mourir a sonné,
Et puis le laisse seul avec un bon vieux prêtre,
Qui l'absout et L'exhorte à vouloir comparaître
Devant le dernier juge avec le repentir.
Pour le lieu du supplice on s'apprête à partir.
Dehors, riant, hurlant, gronde un flot populaire,
Et le patient voit le fer triangulaire.
Soutenu par le prêtre, il marche plein d'effroi,
Glace par l'épouvante et glacé par le froid,
Car pour le condamné l'échafaud est un pôle.
Et le bourreau lui met son manteau sur l'épaule.
FRANÇOIS COPPÉE
L'INCORRIGIBLE
Lorsque, vaincu d'un seul regard, je t'ai suivie,
Plus d'un m'a dit : — « Encore ? A quarante ans passés ! »
Soit. J'ai des cheveux gris aux tempes, je le sais ;
Mais ma soif de tendresse est loin d'être assouvie.
Celui-là qui me blâme, au fond du coeur m'envie.
Non ! je n'ai pas assez vécu, souffert assez,
Et je vaux mieux que vous, jeunes vieillards glacés,
Et l'amour est la grande affaire de la vie !
n ! je ne deviendrai jamais pareil à vous,
Dont quelques chaudes nuits font de calmes époux,
Et qui n'aimez qu'un temps, comme on jette sa gourme.
Regardons-les passer, ma mie, et plaignons-les,
Ces couples sans désirs, qui traînent leurs boulets,
Ainsi que des forçats sous le bâton du chiourme !
Le Gérant : René Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 62, rue Thiers, Le Havre.
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LIBRAIRIE UNIVERSELLE ! COMPTOIR GÉNÉRAL DE MUSIQUE
PAUL COMBES V. DURDILLY & Cie
41, Rue de Seine, 41 11 bis, Boulevard Haussmann
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N° 162
AVIS IKFCETAXT
Dans le but de (aire connaître sa publication et à titre île Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 Cent, en timbres-poste français adressés à M. R. Godfroy,
directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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FRANÇOIS COPPÉE
LE BATEAU-MOUCHE
On court bien loin, bien loin, chercher des paysages
Avec des pins brises sur des torrents sauvages
Et des paquets de mer tordus sur des récifs ;
Mais le Parisien, dédaigneux dès poncifs,
Pour voir des eoins charmants et des tableaux intimes,
intente d'aller, pour ses quinze centimes,
A bord d'un bateau-mouche alerte et matinal;
Du viaduc d'Auteuil au pont National :
Spectacle intéressant plus qu'on ne s'imagine !
Bercé par le hoquet rythmé de la machine,
Auquel, parfois. l'écho tics rivages répond,
Le flâneur fume et rêve en marchant sur le pont.
Là. du monde amusant survient à chaque escale :
• l'ouvrier lisant la feuille radicale
Que rédige pour lui Rochefort ou Naquet ;
si le bourgeois de Londres, armé d'un Cook's ticket,
Et traînant après lui trois miss en robe courte ;
tronnet portant sur sa tête une tourte;
1 -ros homme en sueur qui s'assied et dit : « Ouf! »
Et la pâle grisette en mince waterproof,
Avec -es jolis yeux et son teint de chlorose.
Allez là par un temps voilé de brume rose,
Par un matin d'octobre ou d'avril, voulez-vous?
Faites-moi le trajet complet, pour vos trois sous !
Et puis. — j'aime à vous croire une âme délicate;, —
Autour des bains Vigier ou prés de la frégate,
Dites-moi franchement si vous n'avez pas vu
Des vrais motifs à peindre et d'un charme imprévu,
Emergeant du brouillard que le soleil dissipe,
Où le père Corot aurait fumé sa pipe.
Pour moi, qui de Paris fais mes seules amours,
J'accomplis ce voyage au moins tous les huit jours.
J'en connais tous les coins par cœur ; je me rappelle
bien la flèche d'or de la Sainte-Chapelle,
Par un matin d'hiver anime le tableau ;
J'ai noté le fracas impétueux de l'eau
Quand, cédant à l'effort du bateau-mouche en marche,
Elle va se briser sous les ponts, contre l'arche.
De tous ces riens charmants je ne suis jamais las.
J'ai pour ami, devant le port Saint-Nicolas,
Un vieil arbre isolé qui montre ses racines.
Puis, quand j'ai bien a rdé mes voisines
Qui du Petit Journal lisent le feuilleton.
Je descends, à travers la foule d'un ponton
Qui ferait le bonheur des impressionnistes;
Et, tout le long des quais où sont les bouquinistes,
Le cerveau tout grisé de tant d'aspects divers,
le rentre en feuilletant les volumes de vers.
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i t l;i dcralèrc ixur. iol. — N' Pl»M«j»r poar un Auvergnat, de Georges Docq
« •■ m'CBi arriw « n Iromna), de Carolue d'HARBANS. — N8 35, «Ion Huiclde, de G**' D''CyuoiS.
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monologues Cl rUCllM pui «a uuiw i^c vm-vhi . 11 "v/, ■ .«....■^j».. - — ..~, —.,—(,«», ~~ vi0 r
— N° 51, Le Jouet Allcmuiiu, d'Henri Piquet. — N* 52, On Dansera, de Jacques Normand. — N 53,
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, Le i romboiie . de Charles Leroy. — N° 55, Les Vlerrots, de
Mélandri.'— N° 56, Victime d'un Lapin, d'Eugène Chavettk. — N° 57, Oune Jaolle Histoare, de Charles
Leroy ; Le Vieux Soulier» de François Coppée. — N° 58, Sur le Pont, de Félix Galipaux.
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FERNAND BARTHELEMY
LE BUREAU DU GREFFE
.1 mon Ami Charles Mitou.
Savez-vous où se trouve, au Tribunal, le Greffe?
Je vais vous l'indiquer. — Ah ! je le connais bien,
Car, j'y suis tout exprès venu de Saint-Estèphe,
Et je ne voudrais pas vous voir courir pour rien,
Or, j'avais l'autre jour, pour un mince héritage,
Au Palais, des papiers à faire estampiller.
Je demande le Greffe ; on me dit : « — à l'étage
Au-dessus, porte à droite, en haut de l'escalier. »
Je monte ; arrivé là, je vois, sur la banquette,
Un jeune huissier, assis, dévorant un journal.
« — Pardon, dis-je tout bas au liseur de gazette,
« Le Greffe, s'il vous plait?... greffe du Tribunal? »
Et, sans quitter des yeux le papier qu'il dévore,
« — Premier couloir à gauche, escalier dans le fond,
« Puis un grand corridor, tournez à gauche encore,
« A droite un pas-perdu, le Greffe est au second. »
Par ces renseignements, mon acte dans la poche,
Je gravis l'escalier, j'enfile le couloir.
Je trouve un pas-perdu, je tourne à droite, à gauche,
Je vais droit devant moi, sans rien apercevoir.
Je reviens sur mes pas, je tourne encore à droite,
Et, pour me renseigner, pas le plus petit chat.
Je trouve un corridor, vivement je l'emboite.
Sans avoir même vu le nez d'un avocat.
Je me disais, enfin, j'arriverai peut-être,
A force de chercher, par trouver le bureau !
Mais dans tous ces détours, à la fin je m'empêtre,
Sans indication sans le moindre écriteau !
Déjà je commençais à perdre de ma morgue,
Quand, au fond d'un couloir, à mes yeux apparaît
Un huissier, mais un vieux, qui ronflait comme un orgue !
Je marche droit à lui : « — Le Greffe s'il vous plait ? »
Mais il ne répond pas. De plus près, je lui crie,
Lui frappant sur l'épaule et d'un ton suppliant :
« Monsieur ! Monsieur ! Monsieur ! le Greffe, je vous prie ! »
Il ouvre enfin les yeux et s'étire en baillant !
« — Monsieur, lui dis-je encore, indiquez-moi de grâce
« Le cabinet du Greffe ? » Et, sans plus s'émouvoir :
« — Le Greffe ?... porte à gauche et corridor en face,
« Cinquième porte au fond, à droite du couloir. »
Alors, fidèlement je suis l'itinéraire
Qu'il vient de m'indiquer. Cette fois j'ai compris,
Cinquième porte au fond. C'est facile, j'espère.
Mais au bout du couloir, me voilà fort surpris !
Trois portes devant moi ; la première est à gauche,
La seconde est à droite, et la troisième au fond !
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les l'runes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, L.e
__Jser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Hillet de fi.ire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N» 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballude des
Accents circonflexes» de Mac-Nab. — N" 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poènies nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
«a <rt Poésie» parus da w I.k Cri-Cri : — X" 89, i.e Spleen, de Charles Leroy. — N» 90, Lettre
d'un ■•Mie Uroton, de François CoPPÉ*. — N* 91, In Ou* pre«*«nnt, do C. Trkhi.a ; ■■nul Verlaine, de
... — N* 92, (ommtMii on ne «1 *'• f i» 1 1 d'un (ailanc encombrant, de Raoul Ookr. — Xe' 93, !.*»•
■>nsea île subie, de Jacques Normand : i.e Sonller île Corneille, de Théophile Gautier.
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De laquelle faut-il, enfin, que je m'approche?
Je frappe à tout hasard... personne ne répond!
On ne me répond pas non plus à l'autre porte.
Je trouvais le temps long, surtout étant à jeun !
Et j'en axais assez de courir de la sorte.
M.; foi, je trappe en face... on répond : .. Y a quelqu'un !
Ha '. pourtant !.. j'ai trouvé !.. mais ça n'est pas sans peine!
Et, tenant mes papiers, j'approche vivement.
Mais quand je mets la main, pour ouvrir, sur le pêne,
Ou dedans on me dit : « — Attende/ un moment. »
Attendre de nom eau nYt.ut pas mon affaire,
Puisque j'avais trouvé le bureau du Greffier.
trouvre un peu la porte, et. sans plus de mystère,
Aussi toi je lui dis. lui tendant le papier :
« — Tenez. Monsieur, voilà des papiers de famille,
« Vite, je suis pi mme vous pouvez voir,
" Tache/ donc d'apposer de suite l'estampille,
: je repasserai pour les prendre ce soir. »
Quand je revins le soir, à vous dire, je n'ose,
En quel état piteux mon acte se trouva !
Ceci vous prouve hélas ! qu'il faut en toute chose,
Avoir beaucoup de flair, et sentir où l'on va !...
P. COTTARD
L'AMI DE L'HOMME
Le chien est l'ami de l'homme, un toutou
Auquel chacun fait souvent des caresses,
Mal viré pourrait vous tomber aux fesses.
Moralité :
Il est bon d'avoir des amis partout.
Le succès de notre journal grandissant de semaine en semaine et nous obli-
difierents services, l'Administration et l'imprimerie du
(Cri-Cri seront, le mois prochain, réunies a la Rédaction installée à Paris
depuis longtemps déjà. A cette occasion, diverses améliorations relatives au
forrn bre de pages, .'i la couverture, etc., seront réalisées et nous
permettront de prendre la place légitime duc ;i un organe exclusivement artis-
tique, ami du beau seul et ido-littéraires.
c compter sur une quatrième année d'innovation
de leur attachement Bympathiqne à notre
publie
Le Gérant : René Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 62, rue Thiers. Le Havre.
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' N° 101, Le* Aïeule», de François Coppée. — X" 102,
In llnjorii»'- *e Marte, V 1"::, Adultère! de Ch. I . — V 104, La (Voce à
i»., p ii,.-ir«i. — ' Les •onllers rldea, de Mélandri.— N* 106, Hn Tante Eupbraale,
- ii- Ra»taenonèrr, .1.- Théodore De Grave. — N* 108, Petite Paoueette, de
. _ V 109, Ou c'est «oui hlcu : de - 110, Le» «elie an» «le Bébé, de
Carolui d'HAP.RANS. — N* 111, Monsieur le Maire, .
Tous les Samedis
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LÉON L. BERTflAUr. — Les Lamaneurs
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N° 163
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Dans le luit de faire connaître sa publication et à titré iîé PrTnïë", Le Cri-Cri expédia franco h
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timbre1!— poste fiançais adressés a M. K. GodfroyJ
directeur, 62, rue Thiers, au Havre.
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MARC A.NFOSS1
GARIBALDI
Son existence fut une immense épopée.
Pour secourir le faible il tirait son ép<
Qui. rayonnante, — au grand soleil, —
::t. — 6 1 iberté ! — sa pointe jusqu'aux astres.
11 courait, noble et fier, au devant des désastres,
leur opposant son front vermeil.
lit un de ces preux, Rolands aux fortes tailles
Dont le génie ardent cherchait dans les batailles
I a lumière et la \ érité.
Doux émancipateur dès sombres prolétaires,
11 chassait d'un regard les plats autoritaires
Comme un vil troupeau détesté.
lit le chevalier sans peur et sans reproche
I. 'homme franc, au regard de flammes dont l'approche
Fait fuir dans leurs antres les Rois ;
Le précurseur de la République d'Europe,
Un de ceux dont la voix séduit, charme, enveloppe
Et dicte de divines lois.
Audacieux soldat, chef aimé de la foule.
— Aux heures de doute où l'enthousiasme croule
Le fantastique général
Dédaignait, fier et grand, l'or et les récompenses,
- honneurs et les croix. — dorures et faïences
Restes d'un temps louche et vénal.
Pontife à surplis rouge, à la Libre Pensée
11 élevait son âme, et la gent convulsée
Des moines retors et pervers
S'éparpillait au vent de son manteau de gloire
Comme, sous le simoun, dans les plaines de moire
Volé le sable des déserts.
Garibaldi ! Ton nom appartient à l'Histoire,
Au livre d'or superbe où fleurit la mémoire
Du martyr et du bienfaiteur !
Paix à toi. doux ami de l'humanité sombre.
Va ! nous irons chercher du courage à ton ombre
Pour chasser le bonze menteur.
Va ! Nous nous souviendrons de tes luttes épiques;
Tu seras le drapeau des fortes Républiques,
Le palladium, le salut !
- fils, en écoutant redire tes faits d'armes,
Banniront, courageux, les indignes alarmes
Et poursuivront leur noble but.
L'aïeul racontera la guerre de Sicile.
Il dira, transporté, que vous n'étiez que mille.
II dira Xaples, Caprera ;
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' N" 27, !-.«• Noimet, <l<- Lotlia BoOEY l.a-lla*, d'Albert Tin-
i< vcniiirir. i i iv. N"2'. I.c I ijjare de iiéhé, de Georges Mentelé; H.ins;«l»», de
. — • i ni-i »i i \»iui. i*m». — V 81, ••«•* Templier», cf Alphonse Allais. — N° 32,
i t I» fermière ment, Auriol. — l'iaiilojer pour un Auvergnat, de Georges Docyuois.
— ? « ., m'ct.i «irriw in lr«ii.««j, <;< Carolus iI'Hahp.a.ns. — .V 35, Mon Suicide, de G*" I>"cyi;ois.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer «ntlconjugal, lie Carolus (THarrans.
— N° 51, l.o Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — N° qî, On Baniero, de Jacques Normand. — N° 53, ■••
Fou Rire, de Jacques Normand. — N° 54, i.e Irumbone, de Charles Leroy. — N° 5">, i,es Pierrots, de
RJéi.andui. — N° 56, Victime d'un lapin, d'Eugèue Chavettk. — N° 57, Oune Jnolle Histoare. de Charles
Leroy ; l,e Vieux Soulier, de François CoppÉE. — N° 58, ftur le Font, de Félix Galipaux.
Dijon, où de tes mains recevant l'accolade,
La France t'accueillit, moderne Miltiade
Comme un enfant qui l'illustra.
Tu fus le porte-voix, l'étendard et la flamme.
Tu donnas ton épée et tu donnas ton âme
Apôtre des rebellions.
Glorieux d'écraser les tyrans au cœur lâche,
Tu passais, pénétré de ta sublime tâche,
Frère des généreux lions.
Les hommes opprimés, traînant leurs lourdes chaînes,
Disaient au ciel d'airain leurs douleurs et leurs haines,
Hagards, de misères épuisés...
Ils tenaient dans leurs bras flétris leurs enfants frêles.
On entendait alors, au milieu d'un bruit d'ailes,
Le choc que font les fers brisés.
Dors ! que le doux laurier ombrage ta statue.
Dors, sublime géant, qui lis une battue
Des préjugés et des erreurs...
Dors du sommeil vivant de ta gloire immortelle.
Dors ! Les rayonnements de chaque aube nouvelle
Confondront tes noirs détracteurs.
Oui, dors, grand citoyen de toute terre libre,
Dont la mission fut de mettre l'équilibre
Au sein des peuples agités ;
Messager du destin, prêtre de l'espérance
Instrument que le ciel, pour calmer la souffrance,
Forge en ses profondes clartés.
Repos, paix à cette urne immense, vénérable,
Qui contiendra ta cendre à jamais redoutable
Pour les hommes noirs et maudits.
Paix à ton souvenir ! Honneur à ta mémoire !
Ton nom se traduira : Courage, Force, Gloire
Et haine aux oppresseurs bandits.
Dors sous Taccacia fleuri de grappes blanches,
La brise frémira, douce, parmi les branches
Et dans l'arbre sacré, par le printemps tiédi,
Le rossignol des bois, chantre de la Nature,
Dans son langage d'or qui roucoule et murmure,
Dira ton nom, Garibaldi !
LÉON L. BERTHAUT
LES LAMANEURS
A Yann Nibor, en souvenir de son succès
aux fêtes de la Somme, en 1891.
« Ça beugle au nord-nord-ouest !... le sloop ne tiendra pas ! »
Et, sombre, un loup de mer, qui faisait les cent pas
Sur le môle, indiquait une barque de pêche
En détresse...
Il reprit : « Si l'on ne se dépêche,
» Ils sont fichus, malgré la Vierge et tous les saints ! »
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, Le
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, itillet de fuire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes* de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment do Somnambule, de Félix Galipaux
logues et Lb Cri-Cri : — N* 89, i.e Spleen, de Charles Leroy. — N° 90, Lettre
d'un MoMIe ureton. d<> François Coppi — N 91, Va Cm preanaat, de C. Trbbla; Paul Verlaine, de
y fj« 92, (omiiionl on ne «léfnlt d'un Cadavre encombrant) de Raoul Ooeh. — N" 98, l.ea
pAtéa île sable, de Jacques No ima.no : l«e Soaller de corneille, de Théophile Gautier.
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Mais, calmes a leur poste, héroïques et sains
Pu corps comme de lame, on/c lamaneurs, onze
Dont les cœurs étaient d'or sons leur couche de bronze,
Attendaient gravement l'heure du grand devoir...
Tout à coup, sousTeffort de la rame, on peut voir
Leur tout petit bateau qui vers la mer s'élance :
\ terre, il s'étail fait comme un pieux silence,
l-'t. malgré la clameur îles vagues et le bruit
Des gros nuages noirs qui ramenaient la nuit,
sans doute entendait les cœurs battre en prière...
Au loin, le pauvre sloop talonnait de l'arrière,
Echoué sur un banc : il taisait îles signaux
in mât, agite par tous les chocs des eaux.
Semblait un bras sinistre appelant à son aide...
Ah ! c'était rude à voir, je vous jure !...
Mais rai de
•uple quand il faut, le canot sauveteur
File comme une Sèche, arrive à la hauteur
Du sloop et jette l'ancre !
On sentit dans la foule
Passer avec la joie un mouvement de houle.
Or. le vieux loup de mer dit : « Tout ca, c'est bien; mais
» l.a gueuse hurle encore et l'on ne sait jamais
land elle se taira ! //
Trois quarts d'heure passèrent :
Le sloop dériva : vite, après lui s'élancèrent
Les sauveteurs...
Ce fut, contre flot, contre vent,
Le drame qui se joue, hélas ! par trop souvent;
Loin des yeux attendris, sur la glauque étendue,
Scène immense où la voix nu peut être entendue
Que du Maître, impassible en son éternité !...
Pour mieux suivre de près le navire emporté,
Les autres, bravement, avaient mis à la voile...
Cela lit leur malheur, ce méchant bout de toile :
L'n coup de vent les prit, les jeta sur bâbord
Et roula cette barque ainsi qu'un être mort.
Quand elle se dressa parmi la mer livide,
Uo cri d'horreur partit de nos poitrines :
« Vide ! »
... Et, tous, nous regardions, effarés, les guetteurs !
Laisserait-on partir de nouveaux sauveteurs?
l'ne équipe était là... mais la sale-tempête
Soufflait toujours la mort au creux de sa trompette...
•ait fou de partir !...
Oh ! les sublimes fous !
Les hommes du canot soudain baissèrent tous
Le front sur l'aviron pour forcer le miracle...
Alors, nous les terriens, devant ce fier spectacle,
Nous comprimes, émus dans l'âme et dans la chair,
Que le cœur des marins est grand comme la mer.
Le 0> rar.t &Bl£ GODFROY. — Imprimerie GODFEOY, f',2, ru<; Thiers, Le Havre.
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Cri: V 101, l^e* Aïeule*, de François Coppeb. -
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ii Rattannenerr, de Théodore De Grave.— N* 108, l»etlto l»aou<<M«\ d
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MARC ANFOSS1
UN MALIN
Alors Pitronchardin, après avoir frotté une allumette el allu-
mé ni ^ cigares, — car Pitronchardin ne fume pas, — commença
dans un langage imagé comme la ville d'Epinal la profession de
suivante :
— « Oui, certainement, je suis un veinard de la plus belle
cnu. C'est indéniable. Mais aussi, j'ai fait des études approfon-
dies sur la matière. On m'appelle un malin... Adroit, tout au
plus. Mettons savant si vous voulez. Car tout est là : savoir. 11
faut savoir mener les femmes.
« Moi, je sais.
" J'en fais ce que je veux, des femmes. Dans les choses les plus
banales, toujours ma volonté s'aflirme. Tenez : ma femme vou-
lait aller voir jouer un gros vilain drame : Les brigands dans
V 'armoire à glace. Vous croyez que j'ai refusé? Point, j'ai pris
un biais. Allons-y! ai-je dit à Rosalindine. Et nous y sommes
allés. Cela vous stupéfie, hein ? mais vous allez voir. Le drame
s'emmanche; à chaque tartine noire, je riais. — en dedans, —
soulignant les sombres effets par des esclaffements... intérieur*.
Je me figurais que j'étais au Palais-Royal. Ht quand Rosalindine,
en rentrant. — au débotté. — m'a dit, toute tremblante : «Etait-ce
empoignant, dis, Oscardivore ? J'en ai la chair de poule !» je
lui ai répondu, — par galanterie : « Bobonne, j'en ai encore le
frisson ! // Mais, in petto, je me faisais une de ces bosses... La
□ a été polie, mais ferme. Il faut savoir mener les femmes,
que diable !
Rosalindine, — je le dis sans peur, mais non sans reproche,
— passe sa vie entière au Très bon marché. Eh bien, le croiriez-
vous ? «'."est assurément de l'étourderie, il ne lui est jamais venu
à l'idée de me rapporter une cravate, des bretelles, que viis-je!
Devant ce farouche abandon des menus ornements de ma per-
sonne, je n'ai pas sourcillé. — par galanterie ; — seulement
voici : j'ai pris carrément une ("rbaine et suis allé l'autre matin
acheter : cols excentriques, cravates en ruolz, gants de pi au de
bouc, etc., etc. Et j'ai tout mis sur moi... avec affectation... bien
en évidence. Voilà huit jours que j'exhibe tout ça. Je tousse
même avec acuité pour que Rosalindine me remarque. Elle ne
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' ' : ' ~ Le ■•■■el] de Louis BoOEY l.à-ltiiM, d'Albert Tin-
chant. — K* 28, i i v< i. :.' i «• «iean- «i*- iiclK', < 1 * - Georgi .Mi-, mu'; Hinçoln, de
. — ' : < r r-« ni i %*mi. i**o. — .V :n. I.e« Templier», cTAljjhoi — X" 32,
i i lu ii< i '. - i- l.ii«l«i> « r penr «n Aincrfuni, de Georges Doa
— ! t !.•<•. Miiu m irmivu) ' - d'HA&BAM ■ — .V 35, .lion Suicide, de G*M J)'«cyuQis.
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s'est encore aperçue de rien, c'est vrai, mais quand elle verra le
truc, quelle leçon ! quel exemple ! Moi, d'abord, je suis inflexi-
ble. C'est comme ça. 11 faut savoir mener les femmes !
« Dimanche, — le jour du Seigneur, — mous avons à déjeu-
ner tous les dimanches mon oncle le vétérinaire), après une dis-
cussion assez intime, dans laquelle ma moitié voulait me prou-
ver qu'elle avait raison, — je n'ai rien ajouté sur son dernier
argument. J'ai même dit comme elle (par galanterie). Mais je
me suis écrié en moi-même, très haut : « Ah ! si je n'avais pas
peur d'une scène, j'en aurais encore à dire de dures. » Vous
voyez qu'à bien prendre j'ai eu le dernier mot. Ce n'est pas plus
terrible que ça ; seulement tout le secret est là : savoir, — car-
rément, — mener les femmes !
« Une fois, j'avais projeté de passer la soirée, seul, entre
quatre yeux, avec Rosalindine. Au déjeuner, aux huitres, comme
j'allais lui ouvrir mon cœur : — « Nous avons ce soir à diner
mon petit cousin de Falaise », me dit-elle.
« Ah ! lui dis-je en rongeant mon licou, j'en suis vraiment
bien aise ! (Falaise, bien aise. C'est de naissance. J'en ai un vo-
lume de vers édité : Migraines et Odontalgies. Un volume :
3 fr. 50 chez Lebraillard ; 1 fr. 75 à FOdéon ; 25 centimes sur les
quais.) Le soir venu, et le cousin aussi, même tactique. Nous
buvons, causons, mangeons, je suis gai toute la soirée, ah mais
gai... (par galanterie.) — Seulement, je m'enfonce près d'une
heure dans un journal infâme. Puis sur ma figure on lit un mé-
contentement apoplectique... et social ! Enfin, comme je suis
un crâne et qu'une fois lancé je ne connais plus d'obstacles, je
file brutalement, à dix heures, les laissant à leurs remords. Ils
ont bien vu le coup, allez ! — A une heure du matin, quand je
suis rentré du cercle, Rosalindine a été pour moi l'ange des
anges. Il faut savoir mener les femmes !
« Aussi, notre union est une ivresse perpétuelle, un beau fixe
permanent. Si Rosalindine se doutait que je suis le maître, tout
serait perdu. C'est pour cela que, — par frime, — j'obéis ponc-
tuellement à ses désirs les plus microbiques. Je ne puis pas dire :
« J'obéis », sans rire aux larmes par tous les joints. J'imite
l'obéissance, comme Fusier les Ramollots, comprenez-vous ?
Jamais je ne me départirai de ce procédé, et cela par rouerie...
et par galanterie. Faites comme moi, jouez ce jeu, il est très
amusant... Mais, pour y exceller, il faut savoir mener les
femmes. On est alors un malin. Voilà. »
Ainsi parla Oscardivore Pitronchardin.
Nous lui fîmes nos compliments et rallumer d'autres cigares
pour nous, car Pitronchardin ne fume pas.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, Les Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, I^e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; Duo téléphonique; Ballade des
Accents circonflexes» de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Gaupaux
loques et Poéttfi* paru* dans Lb Ceu-Cri : — N* 89, l.o «pleen, de Charles Leroy. — N° 90, Lettre
l'un Mobile iirotou. de François Coppés. — \" 91, l'n t'a»* pressant, de C. Tiuchi.a ; Paul Verlaine, de
' roinment on ne tlôfnlt d'un («ilarrc encombrant, de Raoul Ooeu.. — N° 93, l.ea
d'un
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Pâtes de »uble, de Jacques Nor.MA.ND ; l.e Soulier de Corneille, de l'heuphile Gautier.
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FRANÇOIS COPPÉE
LE BON LENDEMAIN
J'ai, de façon presque incongrue,
Bâillé dans le inonde, hier soir...
Ma petite amie, allons voir
Les humbles passants dans la rue.
I e musc est un alïreux parfum ;
On m'a dit trop de platitudes..,
Dans le faubourg aux odeurs rudes,
Ecoutons les gens du commun.
J'ai vu des messieurs pleins de morgue
là des dames raides d'empois...
Vois donc, sur les chevaux de bois,
Tourner le peuple au son de l'orgue !
J'ai fait un diner trop truffé,
Qu'encore aujourd'hui je digère...
Vivent nos dînettes, ma chère,
Où je bois, assis, mon café !
Un bas-bleu, sorte de girafe,
M'accabla de pédants discours...
Ecris-moi souvent, mes amours,
J'aime tes fautes d'orthographe !
Quand j'ai pu m 'enfuir, plein de thé,
II était une heure et demie...
Couchons-nous, ma petite amie,
Comme les oiseaux en été.
Là-bas une coquette obèse
Croit que j'aspire à ses faveurs...
Ma svelte blonde aux yeux rêveurs,
Donne ta bouche qu'on la baise !
Le succès de notre journal grandissant de semaine en semaine et nous obli-
différents services, l'Administration et l'imprimerie du
Cri-Cri seront, le moia prochain, réuni''- a la Rédaction installée à Paris
depuis longtemps déjà. A ision, diverses améliorations relatives au
format, au nombre de pages, ■■> la couverture, etc., seront réalisées et nous
permettront de prendre la time due a un organe exclusivement artis-
tique, ami du beau seul et des coteries pseudo-littéraires.
lecteurs penvent donc compter sur une quatrième année d'innovation
et de sur attachement sympathique à notre
publica
Le Qéraat : René Godfroy. — Imprimerie GODFROY, 62, rue Thiers, Le Havre.
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loques ef v-' 101, !.«** Aïeule», de François Coppée, — \° 102,
I.a Majorité «le Marie, — N' 103, Adultère! de Ch. Fromentin.— N° 101, l,si Noce à
I»o pin.i i il . — Les Moallers vidée, de Mélandri. — N* 106, Un Tuntc Euphr;iNii>,
de . Le Btuiaejaoaèrr, de TVn« \ve. — N* 108, Petite l'aoucctte, de
. — N* 109, Où c'en» tout lilf-u ! de Jules Leooux. — N° 110. Eies seize bdn «le Itélit-, di
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Tous les Samedis
tfS^* DIX Centimes
ETIENNE DUCHET
TRE TEMPS..
MORALITÉ
MARC ANFOSSI. — Saboulotte. - A une mal bâtie
ARIS
REDACTION & ADMINISTRATION
11, R.ue d'Hauteville
RENÉ GODFROY, ÉDITEUR
DEPOT GENERAL
5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE J. STRAUSS
Abonnements : France, Fr. 5. — Étranger, Fr. 8
N° 165
AVIS INFCETAXT
Dans le hut de faire connaître sa publication et à tinv île Prime, Le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre *5 cent, en tinibrcp-poste français adresses a M. II. Godfroy,
directeur, 11. rue d'Hauteville, à Paris.
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ETIENNE DUCRST
AUTRE TEMPS
Moralité
Durant l'hiver, au coin de l'àtrc,
■ . assis bien chaudement.
Nous formions un groupe folâtre
Près du fauteuil à ejand maman.
Bonne vieille, que Dieu repose !...
Tandis que le tison flambait
Elle chassait l'ennui morose,
Et, tout en filant, nous disait :
— « Aux récits de votre grand* mène
Puisque vous souriez, enfants,
Je vais évoquer, pour vous plaire,
Les souvenirs de mon vieux Temps !... »
— « En ce temps-là, le pauvre hère
Avait l'esprit peu déluré :
Nos rêves ne dépassaient guère
La lisière de notre pré...
Chez nous, la joie était complète,
Pourvu qu'en somme nous eussions
La poule au pot les jours de iète...
Puis, du travail et des chansons...
L'argent manquait... mais, en revanche,
A l'abri des remords cuisants,
La probité, l'amitié franche.
Valaient de l'or dans mon vieux Temps!... »
— « Quand venait la moisson nouvelle,
La tête et le cœur tout en feu,
Filles et garçons, pêle-mêle.
Fauchaient les épis du bon Dieu !
Puis, le soir, autour de la gerbe,
On dansait... et, si, par moment,
Un petit pied glissait sur l'herbe...
C'était toujours... honnêtement...
Les faux pas de nos jeunes filles
Etaient alors sans accidents : ...
Comme on riait sous les charmilles !...
Comme on s'aimait dans ce bon Temps !...»
— " Le décorum et la décence
De nos plaisirs réglaient l'essor,
Et l'on gardait son innocence
Comme un parfum, comme un trésor!...
A l'âge ou tout se décolore,
ervant un cœur ingénu,
Plus d'un vieillard pouvait encore
Aspirer au prix de vertu...
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chant. — » 28, i.c Wonchf.ii. elih. » 29, le < iR«ire d> limité, d<- Georges Mimi-.i.k; Biniçol*, de
;,At.T. — N« 80, « ki-« m i'r a»«ii. • **•«. — N 81, i «■<* Wewpller», «TAlphonse Allais. — N'° 32,
l i lu fi< rnlère neuf, — 33, Plaid*) er pour un Aux- remit, de Georges Docyuois.
— N» 34 « ;. m'en arrivé tn ir«n««}. de Carolus <iTlAi:j<Aï-.«. — N" 35, Mon Kuiclde, de G"" D-^CQUOl».
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On voyait encore, au village,
Des rosières de soixante ans...
Mais, aujourd'hui, forçant sa cage,
L'oiseau s'envole avant le Temps ! »
— « Hélas ! a toutes les médailles
Il est un revers ici-bas :...
J'ai vu, dans le parc de Versailles,
Le vice prendre ses ébats...
Nos rois chassaient à la Vilaine...
J'ai vu, sans rime ni raison,
Nos grands seigneurs tondre la laine
Sur le dos du pauvre mouton.
Nous avions nos torts — c'est notoire
Mais, le cœur français, mes enfants,
Pour la gaîté, l'honneur, la gloire,
A tressailli dans tous les Temps !... »
— « J'arrive au bout de ma carrière,
Mais, vous, fillettes et garçons,
Ah ! de votre bonne grand'mère
Retenez les douces leçons :
Au printemps la fleur est éclose ;
Dieu vous garde plus d'un beau jour..
Quand vient l'hiver... adieu la rose !..
Joyeux lutins, à votre tour,
Profitez de votre jeunesse.
Plus tard, à vos petits enfants,
Vous redirez, dans la vieillesse,
Les souvenirs de votre Temps !... »
MARC ANFOSSI
SABOULOTTE
C'était en pleins champs (rien des basiliques),
Me grisant de thym et de serpolet,
Sous le soleil d'or je flânais seulet,
Oubliant Paris, ce nid de phtisiques.
Passe un ange au rouge et frais cotillon,
De fleurs et de fruits tenant une gerbe...
L'Administration du Cri-Gri étudie diverses améliorations qui seront réa-
lisées à partir du 1er Janvier prochain.
Pour s'abonner au Cri-Cri, il suffit d'envoyer un mandat-poste de fr. 5,
pour la France, et de Fr. 8, pour l'étranger, à M. René Godfroy, directeur-
gérant, 11, rue d'Hauteville, à Paris.
En vente aux bureaux du Cri-Cri : Fantaisie-Masurka, de Louis Tes-
sier, édition de luxe. Franco contre Fr. 2, en timbres-poste ou mandat.
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, i-.es Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, I>e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, Billet «le luire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Benioiselle chauve; Buo téléphonique! Ballade des
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inllucnzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N° 75, Boniment de Somnambule, de Félix Gaupaux
■ loques et Poésies paru* dans Lb Cri-Cr! : — N" 80, l.e «pleen, de Charles Leroy. — N» 90, Lettre
d'un Mobile Breton, de François Coppbb. — N' 91, m ©»e prévaut, de C. Trébla ; ^»»«l Verialiie,_ që
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Son jarret d'acier imprimait dans l'herbe
1 es traces d'un pied à la Cendrillon.
Sur ses reins charmants s'appuie une hotte...
Alors, enflammé par le Dieu mignon :
— Enfant, s'il vous plaît, quel esl votre nom !
l'Ile, souriant, me dit : — Saboulotte.
l 'an qui vint après, aux Champs-Elysées,
J'avais oublié ça, quand j'aperçus
Dans un groupe infect aux Faces usées
Formé de petits veaux et d'ex-vertus,
Ma petite fée. — Elle était pâlotte ;
S.>n jaune chignon poignardait les cieux...
El comme, ahuri, j'ouvrais de grands veux.
Elle me cria : — Tu sais, ça boulotte !...
A UNE MAL BATIE
O femme vraiment mal fichue,
A l'air gauche, au torse noueux,
Jamais un sculpteur amoureux
Ne te prendra pour sa statue !
Praxitèle se fût tordu
De rire en reluquant tes formes.
Comme un vieux cierge mal fondu,
Tu montres des contours difformes.
Anguleuse, tes os font « zut »
L'autre à l'un, comme à cache-cache,
Et de l'orteil, à l'occiput,
Tu fus taillée à coups de hache.
Le Gérant : René GODFROY.
Pour paraître prochainement :
Paris-Piano, bibliothèque musicale bi-mensuelle, publiant dans chaque
fascicule :
Deux morceaux de piano, absolument inédits, dûs aux maîtres du
genre, publiés avec grand luxe el possédant chacun leur couverture
spéciale permettant de les enlever de l'enveloppe du fascicule.
— i;M porl Pti8tique contemporaine. — Une
revue critique de la quinzaine musicale et théâtrale. — Une revue des livres.
— i courrier de la mole. — In bulletin financier. — Des primes artis-
tiques, etc., etc. — Prix de l'abonnement d'un an : IV. 20.
Nota. — Let rai de piano constituant l'ensemble de l'abonnement
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N' 101, 1.«-n AiViile*, de François Coppéb. — N° 102,
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-i0 ,i, — N' 106, l.es Sonliera vidée, de Mélakdri. — N0 106, Hu Tante Buphrerie,
— '.".. le Ita»t:i<jii<HM'r<-, de Théodore Dl G m..— N* 108, Petite PaoïieeKe, de
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— N« 111, Monsieur le Maire, de PoMTSErRBZ.
Tous les Samedis
^ DIX Centimes
CHARLES BEAUGHAND
LE MINERAI
DIT PAR
31. JACQUES 'Fi:n:)UX, "Lauréat du Conservatoire
ALTÉRY & DURANT. — Coïncidence
JACQUES NORMAND. - Le Cerf-volant
PARIS
REDACTION & ADMINÎ3T R ATI 3 M
11, Rue d'HauteviUe
RENÉ GODFROY, ÉDITEUR
DEPOT GENERAL
5, Rue du Croissant
LIBRAIRIE J. STRAUSS
Aùoniidmjnîs : Fran:3, Fr. 5. — Étran^jr, Fr. 8
N° 166
AVIS HVFCF.TANT
Dans le but de faire connaître sa publication et a titre île Prime, le Cri-Cri expédie franco à
domicile DIX Numéros assortis contre 45 cent, en timr-i es-poste fiatu-nis adressés à M. H. (ïodfroy,
directeur, 11, rue d'Hauteville, à Paris.
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Je voulais pour vous, petite cousine.
Quelque souvenir, et peut-être encor
Je le chercherais, si. dans ma vitrine,
Je n'eusse aperçu du minerai d'or.
st un bloc laiteux de quartz blanc et rose.
Et, l'irradiant de laines couleurs.
Dans ses veines court ce métal, la cause
De tant de forfaits, de tant de splendeurs !
D'où vient-il. ce bloc? vient-il d'Arménie,
Encore imprégné du ciel d'orient,
Ou, bien loin, du fond de la Sibérie
Immense, où partout la neige s'étend ?
Est-il Australien, de Java, de Chine,
Ou bien du Japon, pays des mousmés
Et des lotus bleus : peut-être la mine
Est-elle en A fric] ne aux cieux enflammés.
Peut-être, vient-il de ces grands empires
Que prit l'Angleterre aux peuples Hindous,
Pays des Bouddhas aux vagues sourires,
Des Bouddhas ventrus, aux longs yeux si doux!
Vient-il de la Perse ou bien de Golconde,
De Californie, ou du Labrador,
Vient-il de l'ancien ou du nouveau monde?
Que ne parles-tu, petit morceau d'or!
Tu ne seras pas l'ornement du prêtre ;
Ton métal eût été. peut-être,
Ou le calice ou l'ostensoir.
Le manteau qu'on porte, au chant des cantiques,
Quand s élève aux voûtes éthiques
souffle bleu de l'encensoir !
Tu ne seras pas la bague enlacée,
L'anneau, ce lien charmant des amours,
Que pale, à son doigt met la fiancée,
En disant : « je suis à lui, pour toujours ! »
Tu ne seras pas la pièce qui roule,
Indiflérente, dans la foule
Et des justes et des méchants,
Que le sang, parfois, a marqué de rouge,
Quittant le palais pour le bouge,
souverains pour les manants !
petit bloc d'or, si l'on te confine
discrètement, un peu loin des yeux,
Parmi les bijoux dans une vitrine,
Va, ne te plains pas, car cela vaut mieux !
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7, l.c- ••naet, de Louis Booey BJi-iihk, d'Albert Tin-
Lc Motiel ' ;' i <■ « »K«ir«- de Bébé, de Georges Mentelé; Hinçol», de
■lit un il i»mi. — N 31, ■**• Templier», d\AJphon8e Allais. — N» 82,
• icmlcre runf. - Platutsyrr ju.nr un Auvergnat,
i 'rsi arrivé «-n fruiivi ij ^Nv._ V ':;.',, Mon Huielde,
Monologues et Poésies parut dans Le Cri-Cri : N° 50, Plaidoyer *ntlcenjugal, de Carolus (TITarrans.
— N° 51, l.e Jouet Allemand, d'Henri Piqçet. — N° 52, On Hanitcra, de Jacques Normand. — N° 53, l.e
Fou Blre, de Jacques Normand. — V 54, l.e '» romboiic , de Charles Leroy. — N° 55, l>e« Pierrots, de
Mélandri. — N° 56, Victime d'un lapin d'Eugèue Chavettk. — X'J 57, Ounc Jaolle Uistoare. de Charles
Leroy ; l.e Vieux Soulier, de François CoPPÉE. — V 58, »ur le Pont, de Félix Galipaux.
Car si tu ne peux calmer la misère
En consolant qui désespère
Et qui pleure sans feu ni lieu ;
Tu ne peux, métal de l'ignominie,
Vendre à l'étranger la patrie,
Et, Judas, vendre aussi ton Dieu !
C'est un bloc laiteux de quartz blanc et rose,
Et, l'irradiant de fauves couleurs,
Dans ses veines court ce métal, la cause
De tant de forfaits, de tant de splendeurs !
ALTERY et DURANT
COÏNCIDENCE
Voici : L'on a jugé l'affaire
Hier devant le tribunal.
Un flagrant délit d'adultère !
Le fait parait d'abord banal.
Mais non... prètez-moi bien l'oreille,
Surtout n'en perdez pas un mot,
Vous verrez que chose pareille
Ne peut arriver de sitôt :
Un jeune homme avait pour maîtresse
Une blonde belle à croquer ;
Il l'adorait avec tendresse,
Rien jusque-là de singulier!
Notre belle était mariée
Et n'avait, certes pas le droit
— Etant à son mari, liée —
De le tromper ainsi, ma foi !
La chose était pourtant ! Que faire ?
Cela durait depuis longtemps.
Voilà qu'un beau soir, cré tonnerre,
Tout finit. Fâcheux contre temps !
Notre amoureux voulant se rendre
Chez sa blonde vers les minuit,
Eut l'idée en sortant de prendre
Un fiacre à deux pas de chez lui,
Bientôt à l'adresse indiquée
La voiture le déposa.
Mais voyez la tête intriguée
Du cocher, qui demeurait là !
Ce dernier depuis trois quarts d'heure
Attendait sans trop murmurer;
Se trouvant devant sa demeure,
Pensa bien faire d'y monter.
Il avait soif, il voulait boire.
En arrivant sur le palier
— C'est là, le drôle de l'histoire —
Il entend soudain soupirer !
Ouvrant subitement la porte
Il se trouve, oh fatalité !
— Celle-ci, cré nom, est trop forte —
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : N° 69, i^es Prunes, d'Alphonse Daudet. — N° 70, f^e
Baiser Marseillais, de Jean Bernard. — N° 71, llîllet de faire part, de Jacques Normand ; Jeux d'En-
fants, de Jean Rameau. — N° 72, Ballade de la Demoiselle chauve; »uo téléphonique; Ballade de*
Accents circonflexes, de Mac-Nab. — N° 73, Inlluenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. —
N° 74, Poèmes Nationaux, de Léon-L. Berthaut. — N" 75, Boniment de Somnambule, de Félix Galipaux
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\\ ec son client nez à nez.
Oh ! coïncidence bizarre !
11 avait dans son logement
— I a chose est certainement rare
Conduit, de sa femme Pâmant tf!
i VCQUES NORM \\h
LE CERF-VOLANT
Bien au-dessus de la mer bleue.
Dans le ciel clair,
De son interminable queue,
Balayant l'air,
mine un gros corps s.ms cervelle
Cabriolant,
gite au bout d'une ficelle
I e cerf- volant.
Majestueusement cocasse,
r< 'Ut galonné,
Au beau milieu de sa carcasse
II est orné
D'un grand soleil où l*or ruisselle
Etincelant,
Et que vient trouer la ficelle
Du cerf-volant.
Le grand oiseau fantasque et bête,
Du fil léger
Veut, par maint et maint coup de tête,
Se dégager :
Mais une force Vensorcèle,
I e turbulent...
C'est l'enfant qui tient la ficelle
Du cerf-volant.
Ainsi, dans ce monde où nous sommes,
■ m bien souvent
• Nous voit-on rester, pauvres hommes,
Bas dans le vent !
Le grand ciel libre nous appelle,
Affriolant...
Mais une main tient la ficelle
Du cerf-volant.
En vain le vent léger nous pousse
Bien loin, là-bas :
La main qui nous tient, ferme et douce,
s :
Car cette main mignonne est celle
Du dieu galant,
L'Amour, — qui tire la ficelle
Du cerf-volant !
rant : René GODFROY.
Imprimerie d • du Paris-Piano, 11, r i j le. Paris.
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— I ■ 111, Monsieur le Maire, di
4e année
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LES VRAIS DOS. - CASSEUR DE GUEULES
BELLEVILLE-MÉNILMONTANT
Marc ANFOSSI : Sans Toi, Sans Elles, Sans Eux !
PARIS
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n, rme d'Hem/te -cille
RENÉ GODFROY, ÉDITEUR
DEPOT GENERAL
S, rtie d/u. Croissant
LIBRAIRIE J. STRAUSS
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N° 167
AVIS IMPORTANT
mnaîlre sa publication el à Litre do Prime te Cri-Cri expédié franco à
domicil i»i\ Numéros assortis contre 15 cent en ttynbres-poste français adressés à M. k.^oukuoYi
Leur, il. rue d'Hauteville, à Paris.
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mission, à la Société des Grens3 de jueitres?; du
cabaretier-pi ète ARISTIDE 1 »KM'.\XT, présenté par
i (' oppi <• et lascar9 3Iéténter*,
Le Cri— Cri publie, dans le présent numéro,
trois pièces (/c cet artiste (t fîn-de-sièçle >>.
LES VRAIS DOS
Ça s'appelT des genss' à son aise,
Mais c'est pas eux qu'est les malins ;
Si c'est toujour' eux qu'a la braise,
C'est toujour' eux qui s'ra les daims.
I's sont frusques avec des p'iures
Qu'on leur-z-y fait esprès pour eux,
L'hiver i's s' coll'nt dans des fourrures...
Dame ! y a pas qu1 nous qu'est des frileux.
Quand ça jou', qu' ça gagne ou qu' ça perde,
Ça s'en fout... et ça fait un foin !...
Leux gonzess's aussi fait sa merde,
Ah ! si j'en t'nais eun' dan' un coin!...
Ma gosse, à moi, c'est eun' gironde,
Mais a'eran' pas comm' ces femm's-là,
D'ailleurs faut qu'a' parle à tout 1' monde
Pisque c'est Y métier qui veut ça.
Quand on n'est pas braiseux d' naissance,
Pour viv' faut ben truquer un peu...
Ces gonc's-là, c'en a t'i' d' la chance,
Ça mange et ça boit quand ça veut.
Et pis ça nous appell' les dos...
Ah ! nom de Dieu ! j'suis pas bégueule !
Mais si'y avait pas tant d'sergots
Mine' ! que j' leur-z-y cass'rais la gueule !
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Normand. - N" 54, Le Trombone, de Charles ,jP-'1,''||isUl.u.r, de Charles
Lapin, d'Eugène Chavette. - N» 57, Ounc JaolU
Çoppée. — S" 58, Sur le Pont. .1
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CASSEURS DE GUEULES
Ps ont la gueule et la vi'dures
Cbux qu'on appell' les princ's du sang,
Pourtant, paraît qu'on prend des m sures
Pour les expulser. Bon Dieu ! d'sang-
Dieu !... Des m'snr's.... j'en connais qu'eun
Pour nous débarrasser d' tout ça:
Pfaut leur-z-y casser la gueule..
Y a qu'un vrai moyen... c est çui-la
C'est comm' les curés: Des Jean-fesse,
Un tas d'elients qui loutent rien
Que d'iieherdu pive à la messe ;
Ça vaut pas les quat' fers d'un chien.
I's ont beau fair' les bons apôtres,
Faut leur caSSerla gueu'e aussi.
Pis faut casser la gu.eule aux autres,
Si ya besoin d' quéqu'uû.»- m voici .
J'tap'rai dans l'tas d' ceux qu'a pas d' blouse,
J'cass' rai la gueule aux proprios,
A tous les gens qu'a d'ia galtouze
Qu'il a gagné' dans des agios.
D'abord, moi, j'ai pas 1' rond, j'suis meule,
Aussi, rich's, nobl's eq caetera,
I'faut leur-z-y casser la gueule....
Et pis après.... on partag'ra!
seule
BELLEVILLE-MÉNILMONTANT
Papa c'était un lapin
Qui s'app'lait J.-B. Chopin
El qu'avait son domicile,
ABell'ville;
L/soir, avec sa p'tit' famille,
I' s'balladait, en chantant,
Des hauteurs de la Courtille,
A Ménilmontant.
I' buvait si peu qu'un soir
On l'ar'trouvé su' l'trottoir,
Il'tait crevé ben tranquille,
A Bell'ville,
On l'a mis dans d'ia terr' glaise,
Pour un prix exorbitant,
Tout en haut du Pèr'-Lachaise,
A Ménilmontant.
Depis, c'est moi qu'est l'sout'neur
Naturel à ma p'tit' sœur,
Qu'est l'ami' d'ia p'tit' Cécile,
ABell'ville,
Qu'est soûl' nu' par son grand frère,
Qui s'appelle Eloi Constant,
Qu'a jamais connu son père,
A Ménilmontant.
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Marseillais, de Jean Bernard. - * 71, Billet de faire part, *£W*£g£*^ Ballade des Aceents
K&mevu. - N» 72, Ballade de la Demoiselle chauve ; Duo J61*^""1^ N^" _ v 7i, Poèm««
Sreonflêxes, de Mac-Nab. - N" 73, Influeuzé par sa Belle-Mere, A*M$™^°™"™™°*-
Nationaux, ds Léoi^-L. Berthact. - N' 70, Boniment de Somnambule, de Feux Gapïpaux.
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N Le Spleen, i ; Leroy. — N* 90, Lettre d'un Mobile.
ton s i "■• •'•«- ;•• — -■•■■« Paul Verlalne: de 5 \ 02,
Comment on se détail d*on Cadavre encombrant, Raoul Oger. N* 98, Les Pâtés «le ».ai>i«->, de
v Le soulier de Corneille, ( rhéophile Gautier.
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Ma sœur est avec Eloi,
Dont la sœur est avec moi,
1. 's >ir. su' l'boul'vard; ej'la r'tile
A Bell'ville;
Comm' ça jjgagn1 pas mal de braise,
Mou beau-frère en gagne autant,
Pisqu'i r'fîl' ma sœur Tnérèse,
A Ménilmontant.
L'Dimanche, au lieu d'travailler,
J'mont1 les môm' au poulailler,
Voir jouer l'drame ou ['vaudeville,
A Bell'ville;
Le soir, on tait ses épates,
On étal1 son culbutant
Mine' des genoux et larg' des pattes,
A Ménilmontant.
C'est comm' ça qu' c'est V vrai moyen
1)' dev'nir un bon citoyen :
On grandit, sahss'fair débile,
A Bell'ville;
On cr1 : Viv' l'Indépendance !
On a l'cœur bath et content,
lu l'on nag', dans l'abondance,
A Ménilmontant.
SANS TOI. SANS ELLES, SANS EUX!
(l'KTITS VERS POLR ROMANCES.)
La bise pleure, et le temps est morose.
La truie a pris un refuge. Elle voit
Qu'on ne peut mettre au monde un cochon rose
Sans toit (bis)
Elle vont fuir, nos chères hirondelles,
Elles vont fuir, et ne reviendront pas
Au proche avril, des torrides climats,
Sans ailes (bis).
Les cuisiniers, à raison, font leur tête.
Ils savent bien, les rusés maîtres-qneux,
Que l'on ne peut éditer d'omelette
Sans œufs (bis).
Marc ANFOSSI.
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DANS LA PRAIRIE - L'AMOUR A LA FONTAINE
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directeur, il, rue d'HautrvilIe, è Paris,
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DANS LA PRAIRIE
ige a parfumé les prés verts «.le là Glaise ;
Je marche dans une herbe aux naïves couleurs,
Mes pieds se s«>ni mouilles à côtoyer la glaise,
lu j'aspire à longs Ilots Je suaves odeurs.
Le ir.eiilot s'essaie à nie livrer passage.
Et tandis que, hâtifs, les effluves du vent
Versent de la Iraieheur sur le clair paysage,
Les mains lourdes de fleurs je m'avance en rêvant.
L'aurore caressante emplit de paix joyeuse
Le vallon, qui sourit au retour du soleil,
IV puis le peuplier à la feuille soyeuse,
Jusqu'au saule noueux dont le tronc est vermeil.
Pressé de saluer le réveil de la plaine,
L'oiseau forme ses chants des songes de sa nuit,
L'insecte mordoré sort de la marjolaine.
Le voile du matin se déchire sans bruit.
J'allais surprendre au bord de l'étroite rivière.
Lue lîlle jolie, au sein ferme, aux doux yeux,
A qui, la veille au soir, dans notre chénevière,
J'avais, en soupirant, bégayé mes adieux.
Elle m'avait juré fidélité profonde,
El je la savais franche ainsi qu'un ange au ciel.
Pour ma lèvre novice, il n'était pas au monde
De fruit plus velouté que sa bouche de miel.
Timide, j'approchais de la baie odorante
sa pudeur aimait à tremper ses pieds blancs :
Je crovais bien en pleurs retrouver l'ignorante,
Et j'avais préparé des discours consolants.
Ah! que j'eusse mieux fait d'éviter la prairie!
Sous les veux de ma mie, et lui jetant de l'eau,
eait, nu comme Adam, un gars de métairie.
• vos sœurs n'auraient pas voulu pour pastoureau!.
A la ville, au village, où rencontrer la femme
ible de garder le respect de son lit.
Qui, dans sa lovauté, n'empêche pas notre .une
ivourer les Heurs que noire main choisit?
IL : , di BRAISNE
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Le Sonnet, i i Là-Bas, 'l'Ail
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AVRIL IJSït!». S Les Templiers, \ • Et la de
Plaidoyer pour un Aaverynat, Ça m
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Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Cri : X» 50, Plaidoyer Aaticonjugal, de Quotas «^ïï£J •
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apiu, d'Eugène Chavette. - N- 57, Oune Jaolie Histoare, do Charles Lbboi : Le Vieux Soulier, de Fra
opi'i.i:. — X<> f>8, Sur le Pont, de Félix G.w.ii'ux. ^^^^^_^_
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L'AMOUR AJLA FONTAINE
Sous le ciel jaunissant d'un très doux soir d'automne,
Loin des cailloux rugueux du grand ehemin durci,
Sur l'herbe, au pied de l'orme au feuillage roussi,
Tandis que l'eau de source en long ruisseau chantonne,
Le gars, balourd, les deux mains sur sa houe, ânonne
Ses demandes, tremblant et pâle de souci,
Dans l'attente du mot qui doit présager si
Sa promise ôtera son fichu de cretonne.
La fille se détourne et rougit de plaisir;
Elle sent en son sein se gonfler le désir
De tendre ses bras forts â l'œuvre de nature.
Mais, bien que son amour fasse un nouveau progrès,
Sachanf comment finit la galante aventure,
Elle reprend le col de la cruche de grès.
BERGÈRE WATTEAU
Elle monte à Cythère et relevant sa jupe
De satin, inclinant son toquet de velours,
La bergère Watteau raille le vain secours
De l'amoureux tardif qu'un fol espoir occupe.
Des gants, un éventail, les touffes d'une huppe,
Des rubans à poser, l'éclat de ses atours
Émeuvent plus son cœur que le tendre discours
Chanté par le galant dont elle a fait sa dupe.
Qu'importe le malheur lointain ! A son désir
Tout eède; coqueler est l'unique plaisir
Digne de retrousser les deux coins de sa bouche
Mais si des grands périls sous le fatal marteau
L'heure sonnait encor, elle aurait une mouche
Au menton, pour narguer les aides du bourreau.
POUR LE PLAISIR
Pour le plaisir de parler à mi-voix
De ta beauté qui captive mon âme,
Je marcherais, et durant de longs mois.
Dans des sentiers, où ton regard de femme,
Où ton regard de femme, hélas ! n'ira jamais,
N'ira jamais.
Pour le plaisir d'entendre près du cœur
Si captivé, la divine parole,
Je braverais d'un sourire vainqueur
Le gouffre amer, où ta candeur d'idole,
Où ta candeur d'idole, hélas ! n'ira jamais, -
N'ira jamais.
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(ferselllais, de Jean Behnard. - N- 71, Billet «le faire part, de Jacques Normand ; Jeux dl
Um, . u' - N» 72, Ballade de la Demoiselle chauve: Duo téléphonique;
streonflêxes, de Mag-Nab. - X' 73, Influenzé par sa Belle-Mère, de
Berthadt. — X° 75, !"
Raiser
de Jean
Ballade ries Accents
— X° 74, Pop"**
Breto
Connu
itologuss et Poésie» par \ - Le Bpleen, d< Gharlefe Lkroy. — N* 90, Lettre d'un Mobil
a - N M, l'n Cas pressant, de C. Tri bla ; Paul Verlaine; de Yves Lerez;
icnt on se détait d'un Cadavre encombrant, do Raoul Oger. — N* 'X\ Les Pâtés de subies, (
v >iiim< I.«» SotiltiM' dt» Ooruoillo. i\e Tlu'ophilo (ïvrrnii.
• vsd ; Le Sonller de Corneille, de Théophile Gautier.
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Pour le plaisir de voir en notre nuit
S'éclairer tôt le noir de mon nuage,
Je gravirais, froidement el sans bruit,
L'Alpe géante, où ton si doux visage,
Où ton si doux visage, hélas ! n'ira jamais,
N^ira jamais.
Pour le plaisir de sentir mou Iront pur,
Un soir de mai, touché par ta mam lente,
J'affronterais, et les yeux dans l'azur,
L'enfer des sens, où ma belle indolente,
Où ma belle indolente, hélas ! n'ira jamais,
N'ira jamais
LES FRERES D'ICARE
Monter, monter cneor, ne plus sentir la terre,
Fuir le marais fangeux de son destin charnel,
Voler immensément dans les plaines du ciel,
Ou mourir à l'instant d'une mort volontaire ;
Avoir en son labeur cet orgueil solitaire,
De l'ouvrier que trouble un problème éternel,
Sur le pistil des fleurs ne cueillir que le miel
Afin de mieux songer au fabuleux mystère.
C'est de beaucoup d'enfants le souhait ignoré.
Ils ont soif de lumière, et plus d'un a pleuré
De sentir à son pied le cuir d'une sandale.
Trop tôt leur corps blêmit dans la nuit du tombeau ;
Pour n'avoir pas suivi les conseils de Dédale,
Ils ont brûlé leur aile à l'immortel flambeau.
LA MER
Nous n'avons pas d'image assez grande pour peindre,
Sous des couleurs donnant le soupçon du réel,
Ta froide majesté de gouffre universel,
Ta largeur d'océan qu'on ne saurait étreindre.
Devant loi, notre esprit a peine. à se contraindre;
Les plus fnrts sont saisis de cet effroi mortel.
Qui rend le discours vain et l'adieu solennel;
La calme indifférence est impossible a feindre.
Aussi crédule encor qu'un pieux pèlerin.
C'est en signant son front que le hardi marin
Ose affronter, la nuit, la houle de tes ondes.
Effarés, nous craignons la masse de ion fol,
Ta ombre immensité nous arrache un sanglot.
Et tu n'es qu'une goutte en l'infini des mondes!
Henry de Braisne.
Nous recommandons à nos lecteurs le N° 6i de la Plume,
consacré à la Chanson Moderne, avec notre excellent confrère
et ami, Marcel Bailliol, comme rédacteur-chef. Citons les
chansons de Bruant, Jony, Auriol, Marcel Legay, Trimouillat,
Baillioi, Xanrof, Paul Delmet, MontOja, Duroeher. Les articles
de Montorgueil, Léon Deschamps, Roussel, et les dessins
d'Albert René, Steinlen et Gautier. Prix du N", 50 centimes.
lu t'ri-t'
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',1l,i Ile, Paris.— Le Gérant: R. Godfrctï
101, Les Aïeules, fl l rançoi Ooi'pée. X" 102, La Majorité de
Idnltéi <• : - N* 104, La \«><-«' à Popinard, de Ri
■ , Souliers rides, Ma Tante Éuphrasle, S 107, Le
r«-(ii«- Paoncette, Lehot. — N" 109, Ou c'est tout
Les seize a us de Bébé, S 111, Monsieur le Maire, d<
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L'HERITIER D'AVANT
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Danelebul d< nnaîlre sa publication et à litre do Primo Le Cri-Cri expédie franco
domicile DIX Numéros assortis contre 15 cent en timbres-poste français adressés à M. R.Godfroy
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L'HÉRITIER D'AVANT
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i! Se- présente en vêtements de deuil, le mouchoir à la main-,
Ah ! il c'avait pas besoin de me faire son héritier pour
être pleure de son meilleur ami !.. Pauvre Charles !.. si jeune
:e. avec lam de vertus !... Ah ! si vous l'aviez connu à
fond, comme moi... Le brave cœur ! et doux ! jamais un mot
plus haut que l'autre !.. toujours prêt à faire vos courses, à
régler pour vous mille affaires ennuyeuses!.*.. Et instruit il
fallait voir ! histoire, géographie, mathématiques, littérature,
linguistique, il était terré sur tout... On se faisait prier à sou-
per afin de l'entendre... En voyage, c'était un bonheur inesti-
mable de remmener : son érudition et sa merveilleuse aptitude
pour les langues faisaient de lui le meilleur eicérone qu'on
Ut souhaiter, aussi n'en ai-je jamais eu d'autre que lui en
.;nc, en Italie, en Russie.
( // sanglote.
Pauvre Charles ! Pauvre Charles ! non jamais on ne trou-
vera son pareil, pendant sa longue carrière de médecin, nul
n'a pu lui taire accepter un centime !
( // s'essuie les yeux et se mouche.)
Jamais je ne guérirai de cette plaie là, jamais ! Pauvre
Charles !Ah ! comme il méritait bien 1 estime de no6 concitoyens :
avant lui, pas de Conservatoire! eh bien, il en a fondé un.. —
l'orchestre du théâtre n'était qu'un mythe : il en a fait quelque
chose.. — le bureau de bienfaisance était pauvre ! il l'a enri-
ehi, — les rues étaient mal pavées; il les a refaites, établi des
trottoirs de bois et percé dos boulevards. — Enfin, rien ne se
faisait qu'avec lui, par lui, grâce à lui !... Pauvre Charles !
(Il se reprend à sangloter.)
Oui, on l'aimait bien, surtout les dames ! C'était un si beau
on ! mais il n'usait de ses avantages physiques et intellec-
tuels que dans le bien de tous, avec une sagesse exquise, une
délicatesse innée !
Oh ! sa délicatesse! Ainsi, tenez, le mois dernier, comme
je lui laissais à entendre que je serais heureux d'avoir de lui
quelque souvenir avant sa mort, mais que je ne voulais point
frustrer sa famille, pour me faire comprendre qu'il m'insti-
tuait son légataire universel, n'eut-il pas cette phrase inoublia-
ble : « Va mon cher ami, je ferai en sorte que tu n'aies pas à
" regretter ma mort ? »
Brusquement il met le mouchoir dans sa poche cl se détourne
virement, comme four chercher son chapeau.)
A propos quelle heure est-il ? (// regarde à sa. montre) Sa-
pristi ! dix heures et demie ! il v a 3 | d'heure que l'on m'at-
tend pour ouvrir le testament : j'ai averti le notaire des inten-
tions de feu mon cousin Charles !....
// va pour sortir; a ce moment, comme il ouvre la porte, il
lehors un pli que lui tend un domestique. Il revient pour
i an dînant, il lit :
Monsieur Tripotard, notaire.... ah, ah! le notaire! (sou-
rire béat) c'est la bonne nouvelle.
11 lit :
« Mon cher monsieur Boursicotier.
« Suivant les obligations imposées par la Loi clans les cir-
" constances que vous savez, nous venons d'ouvrir le testa-
« ment de M. Charles Farceur.
Le sonnet, d Lou Bogi Là'Bas, d'Alberl
Le 11 mehoir, Le Cigare «l«- Bébé, Rlngols, deLéoi
CRI-CRI 1 LVB.IL X'.M'.m. Les Templiers, d'Alpin EtladeroJyèi
Plaidoyer pour an Auvergnat, <:a m'esl
Mon Nu Iclde. 019.
Monologues et Poésies parus dans Le Cri-Ci:i : N» 50, Plaidoyer Auticonju«jal, do Carolus_dTLvRHANS. — ° 51.
Le Jouet Allemand,
Normand. — X» 54, Le
Lapin, d'Eugène Cha\ i
Coppée. — X» 58, Sur le Pont, de Félix Cu.n.ux.
ries parus aans i^v. l.ki-i_.i;i : .\" ■>'<, riuiunjcr im.utiwu^u<|ui, m uaïui^a « uuu». ...... -. --.
J, d'Henri Piquet. — N« •"..', Ou Dansera, de Jacques Normand. — N» 53, Le Fou Rire, deJacques
Trombone, de Charles Leroy. — N" 55, Les Pierrots, de Mélàndrl — N« 56, Victime d'un
ette.— N« 57, Onue Jaolie Hlstoare, de Charles Leroy ; Le Vieux Soulier, de François
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« J'ai le regret de vous apprendre que — contrairement à
« vos prévisions (hein !)... M. Charles Farceur institue pour lé-
« gataire universel M. Dubalai son portier. »
« Recevez, cher Monsieur, mes consolations les plus sin-
« cères.
Va te faire., fiche, avec tes consolations! Elles sonnent
faux comme l'or du machabée !
Quel hypocrite, ce Charles !... Eh bien — vous le croirez
si cela vous dit — je m'en étais toujours douté.
Par exemple, le jour où il me promit sa fortune, il y avait
je ne sais quoi du renard dans sa physionomie de ramolli
quand il prononça les mots « je lerai en sorte que tu n'aies
pas à regretter ma mort. »
J'te crois, espèce de pingre !
Il n*a pas mal fait de glisser la rampe, le vieux chien ! tons
les dimanches il m 'arrivait à l'heure du pot-au-feu. Sous pré-
texte de goûter la soupe, il buvait la moitié du bouillon, au
moins deux litres ! S'il y avait des gâteaux, il les flairait cons-
tamment en sorte que l'on n'osait plus y toucher, car il avait si
mauvaise haleine !... Oh ! ce qu'il tuait les mouches !.... Alors
il mangeait tout ! Une tactique !
Ce que je vous en dis, vous savez, ce n'est pas par intérêt,
oh non ! mais cela fait mal, en vérité, de voir un vieux grippe-
sous comme ça déménager sans rien laisser aux amis.
Non, ce 'n'est pas moi qui le blâmerai d'avoir avalé sa
gaffe ! moi, son ami ?... mais s'il était vivant encore, volontiers
je lui graisserais les bottes pour lui aider à défiler la parade.
Et puis... faire le malin comme ça, histoire de vous nar-
guer... la vieille bête ! Il eût mieux fait d'avaler sa langue
auparavant !
C'est une chose que je ne puis lui pardonner.
Avant qu'il eut descendu la garde, je l'aimais comme un
frère. Il m'aurait dit : « Tu siis, Onésime, je donne tout au
pipelet. » Je n'aurais trouvé rien à dire; j'aurais même fait le
possible pour l'empêcher de casser sa pipe.
Mais puisque c'est ainsi, bonsoir à la compagnie! il peut
se faire habiller en sapins ce n'est pas moi qui le conduirai
ad patres.
Comme j'étais bête de ne pas deviner l'amertume cachée
sous cette parole doucereuse ! ces emportements que je prenais
pour un excès d'enthousiasme, c'était la brutalité d'un ancien
soudard qui se taisait jour malgré lui.. Détraqué, le vieux tam-
bour!... on sera plus tranquille.
Et cet empressement à courir la ville pour vous ? manière
comme une autre de faire sauter l'anse du panier ! Ces obsé-
quiosités pour vous remplacer dans une démarche quelconque?
moyen de connaître vos affaires et de vous supplanter '.....Plus
de dîners, mon bonhomme, on a perdu le goût du pain !
A propos de dîners, puisque dîners il y avait, quel bavar-
dage ! quelle gourmandise !... Il fallait aussi qu'il se mêlât de
tout, de la robe de sa voisine, des affaires du monsieur d'en
face, il vous brouillait avec tout le monde... Vieille perruche,
glissée du perchoir !
Notez qu'il prétendait tout savoir et qu'il ne savait rien!
un jour il mettait Trafalgar en Turquie, et Waterloo en 1715.
Confondre Bonaparte avec Louis XIV, misère !
Et dire qu'il se posait en déclamateur de grande marque !
C'était à lui crier de /aire couic, tant il nous énervait !
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iHbwo/opwe* et Poésies parus dans Le Cri-Cri: N° ,1;). Les Prunes. d'Alphonse Daudet. — N» 70, Le Baiser
Marsr illais, de Jean Bernard. — N» 71, Billet de «aire part, de Jacques Normand; Jeux d'Enfants, de Jean
Rameu — N" 72, Ballade de la Demoiselle chauve: Duo téléphonique: Ballade des Accents
ïirconflèxes, de Mac-Xae. — N* 73, Influenzé par sa Belle-Mère, de Marie-Louise Néron. — N° 74, Poeœ**
Nationaux ds Léoc-L. Bert::aut. — X° 75, Boniment de Somuambule, de Félix Gapipat \.
\ 89, Le Spleen, I iv. — N' 90, Lettre d'un Mobile
Bl.,.l0i.. \ i •• < .- .......... ...t Paul Verlaine; de Yvks Lkrez; — N' 98,
CouimiMit on se défait d'no Cadavre encombrant, !•■ Raoul 0 N* 93, Les Pâtés do sables
Le Soulier de Corneille, i - ' <■>'
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Je me rappellerai toujours le voyage qu'il voulut faireavec
moi en Italie, is les voitures, l'hôtel, et quand il s'agis-
sait de parler aux marchands de bonshommes en plâtre, per-
sonne! Monsieur disparaissait...] C'est alors qu'tn-peWo, je lui
ai souhaité plus d'une fois de manquer à l'appel.
Ah! il était propre, le monsieur: ses visites gratuites, deux
au plus par semaine, c'était pour la galerie, en vue du ruban
rouge ! L'intrigantl II cumulait tout ! C'était une indignité ! Il
n'y avait de places que pour lui! Lui partout, lui toujours,
toujours lui !
aumônes] politique! il ambitionnait un siège à la
Chambre, tout le momie savait eela... il n'y a eu que moi de
trompe jusqu'alors !
Fallait-il que je lusse aveugle de D'y pas voir mieux que çal
- trottoirs nouveaux, un moyen de donner de !a valeur
\ là ce qu'on appelait un honnête homme !
San- compter ce que je ne veux pas dire : ainsi entre nous,
(oh I ne le répétez à personne) pendant l'Exposition, il vivait
rois danseuses japonaises !
Il /ail mine Je s'en aller. )
enani un yen et avec mystère :
On prétend qu'il buvait, e'est ce qui l'aura fait dégeler !
Un yen plus loin, sur le même ton :
J< crois bien qu'il volait... Il a bien fait de fuir.
sortant, très bas et gravement :
Crétin va ! Léon L. Bekthaut.
AU BORD DE LA MARNE
a te à Joinville. On tire le pétard.
Les cinq canots, deux en avant, trois en retard,
Partent, et de soleil la rivière est criblée.
Sur la berge, là-bas, la foule est assemblée,
Et la gendarmerie est en pantalon blanc.
— Et l'on prévoit, ce soir, les rameurs s'attablant
Au cabaret, les chants des joyeuses équipes,
Les nocturnes bosquets constellés par les pipes,
Et le- papillons noirs qui, dans l'air échauffé,
Se brûlent au cognac ilambant sur le café.
François Coppée.
Four paraître I<- 10 Décembre 18ÎH
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Chanson Moderne et dont Marcel Bailliot a compose consciencieusement l'anthologie, nou
a enua<_ics, pour suivre l'actualité, à taire ce numéro de la Chanson Zutistc.
Jamais le jeune chansonnier, qui est notre ami et collaborateur, ne fut mieux inspiré.
Us-
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A LOURCINE
les de M. BAILLOT. Musique Je LE BAYOX
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i
Vrai que malheur ! la vi' qu'on mène,
On s'éreinte, on s'donne d'ia peine,
Et l'on finit dans la débine
A Lourcine.
II
Ma mèr' qu'était un'blanchisseuse
De son vivant fut pas heureuse
Mais elle avait pris d'ia vaccine
A Lourcine.
III
Moi, ça m'a pris voilà trois mois
J'étais alors avec François
Mant'nant on m'fourr' d'ia vaseline
A Lourcine.
-■ . ^
IV
Ça peut durer dix "ans, vingt ans
Ça peut durer mêm' soixante ans
C'est c'que m'a dit ma voisine
A Lourcine.
V
Adieu la noce, adieu l'printemps
J'suis pt'êt là pour ben longtemps
J'verrai fleurir l'aubépine
A Lourcine.
VI
O mes pauv' sœurs, les pauv' catins
Toujours soucieus' des lendemains
Sans cesse faut qu'on turbine
Pour Lourcine.
VII
Ça prouve assez que sur la terre,
Qu'on soit d'ia haute ou prolétaire,
Y a pas d'roses sans épine
A Lourcine.
Créée par l'auteur aux Soirées de LA PLUME.
LA BLOUSE A THIVRIER
Paroles de Marcel
I
BAILLIOT ■
A Marcel
— Musique de L.
Legay.
PIERRAT
IV
bis
bis
Thivrier vient de Montluçon
Et c'est un fort joli garçon;
Aussi dans chaq' quartier
On s'a mis à crier '.
As-tu vu la blouse, la blouse, la blouse,
As-tu vu la blouse du parti overrier?
As-tu vu la blouse, la blouse, la blouse
As-tu vu la blouse, la blouse à Thivrier?
II
Ça c'est un honnête citoyen
Qui va travailler pour not' bien
Si d'mande la main d' ma sœur
J'y donne avec bonheur.
Elle aura la blouse, la blouse, la blouse,
Elle aura la blouse du parti overrier;
Elle aura la blouse, la blouse, la blouse
Elle aura la blouse, la blouse à Thivrier?
III
Le bourgeois n'a qu'à bien s' tenir ( , •
C'est nous les hommes de l'av'nir ( ÎS
Ceux qu'aiment à fricoter
Oseront plus s'y frotter.
On craindra la blouse, la blouse, la blouse,
On craindra la blouse du parti overrier;
On craindra la blouse, la blouse, la blouse
On craindra la blouse, la blouse à Thivrier.
bis
bis
Déroulède a la redingote,
M'sieur Freppel a la calotte;
Thivrier, nom de nom,
A la blouse et l'bàton.
La Chambre a la blouse, la blouse, la blouse,
La Chambre a la blouse du parti overrier;
La Chambre a la blouse, la blouse, la blouse
LaChambreala blouse, la blouseà Thivrier.
V
Thivrier qu'avait de l'astuce
Un soir veut voirlesMontagn'Russ
Monsieur, vous faites erreur,
Lui dit le contrôleur.
On refusa la blouse, la blouse, la blouse
On refusa la blouse du parti overrier;
On refusa la blouse, la blouse, la blouse
On refusa la blouse, la blouse à Thivrier.
VI
Quandfauara s'fout'un coup d'torchon j , •
Expulser V Prussien cochon, (
Autour de Thivrier
Nous irons batailler.
On verra la blouse, la blouse, la blouse,
On verra la blouse du parti overrier;
On verra la blouse, la blouse, la blouse
On verra la blouse, la blouse à Thivrier.
Créée par Frejol, de LA CIGALE.
LE MAIRE DE TOULON
Air : Le Roi d'Yvetot
1
11 et ail un mair1 «.le Toulon
Dont j'vais vous dire l'histoire,
11 était forl joli garçon,
Et Psail un peu sa poire,
Mais pour 1 administration.
11 avail peu ^dispositions
Dit-on*
Oh, oh, oh, oh, ah. ah. ah, ah,
Quel joyeux maire c'était la
. la.
II
Il n'agrandit point ses bureaux
Fut un êch'vin commode
Kt comme les frères de Citeaux
Prit le plaisir pour eode
On sait que lorsqu'on l'enferma
tre qui l'interna
Pleura.
Oh, oh, oh, oh, ah, ah, ah, ah.
! joyeux maire c'était là
La. la.
III
Il allait d'ia blonde à la brune
Qu'il aimait pareillement
Et bien souvent au clair de lune
On le vit roucoulant
Puis le soir, pour se distraire
Il disait à la de Jonquières
De S vers
Oh, oh, oh, oh, ah, ah, ah, ah.
Quel joveux maire c'était la.
L ;. la.
IV
Aux tilles de ses administrés
Comme il avait su plaire,
Les enfants pouvaient en secret
Le dénommer leur père,
Mais à ce jeu on risque tout
Il esi maintenant sous les verrouk
Four roux.
Oh, oh, oh, oh, ah, ah, ah, ah
Quel joveux maire celait là
La, la.
V
Il n'avait de L,roût onéreux.
Que pour les p'tiles fafames,
C'est qu'a Toulon, les hommes fougueux
Sont bien souvent bigames,
Et pour un mômç qu'il a perdu
Combien dlmaris a-t-il rendus
Cocus.
Oh, oh, oh, oh, ah, ah, ah, ah
Quel joveux maire c'était la.
La, la.
VI
Tout n'est pas clair dans cette affaire
De c'vaillant magistrat
On prétend que la justice flaire
Que qu'ehose d'indélicat.
Les jours de fête en attendant
Le peuple plaint, tout en buvant
L'amant.
Oh, oh, oh, oh, ah, ah, ah, ah
Quel joyeux maire c'était là
La, la.
AVIS IMPORTANT
nIo but défaire connaître sa publication et à titre de Prime, Le Cri-Crc expédie franco a
domici 1*1 \ Numéros assortis contre 45 cent, en timbres-poste fi -ançais adressés à M. R.Godfroy
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Pour paraître le ÎO Décembre 1891
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UNE SOIRÉE
Monologue dit par Coqublin cadet
Je viens d'une soirée, dans le monde.., Si on m'y repince,
je veux être vivisection né ! QueMe soirée! D'abord, presque
personne... Un seul ministre, el toutes les dames en sueur. Ils
appellent ça une soirée, les misérables ! Hue chaleur qui faisait
larmoyer les bougies Sur les glaces au citron. Tue chaleur telle,
que le nègre en imitation qu'ils avaient loué pour la nuit, détei-
gnait sur son gilet blanc !
lue chaleur qui jetait un froid !...
i •
Après tout, jamais bien pu répandre le bruit qu'un nihiliste
bourré de dynamite venait de demander à la maîtresse de la
maison la faveur d'une rédowa, mais une fausse boute m'a
retenu auprès d'une jeune dame, femme d'un financier ruiné,
brune comme l'intérieur de votre cave quand votre bougie
S'éteint, Nous entamons une conversai ion palpitante d'intérêt
sur le cours des Nord. J'étincelais sous l'éclat de deux yeux faits
au moule, lorsqu'un domestique tout doré me tape sur l'épaule..,
C'était Lacoature, un avocat raté, qui refoulé de feuille en
Feuille dans la déconfiture, eu est. réduit à faire des
extras chez les bourgeois pschutts les jours où l'on y perpètre
des soirées. La jolie dame s'efface comme avec une gomme... et
moi, j'en prends une sur le plateau de Lacouture et je pince
mon fumiste au collet en lui disant :
— Malheureux ! si tu me lapes encore sur l'omoplate, tu es
mort !...
Quelle soirée 1 Ils appellent ça une soirée, les anarchistes!
*
* #
Pas de buffet ! Mon royaume pour des sandwichs, même
sans jambon. Je me heurte au ministre. Un homme très bien
conservé, ma foi !... El pourtant, il y avait déjà huit jours qu'il
était dans l'exercice de ses fonctions. Le ministre de huit jours,
mais [raifl encore, salue un jeune blond frisé qui donne le bras
à un prince de la science ; — un médecin aliéniste, au sourire
ti es sardonique, — plus sardonique même encore que cela !
l'af. voici le maître de la maison qui se jette comme un
obus -ni' h' blond frisé.
— Cher Coquembois, demandez au docteur d'examiner
avec soin ma belle-mère... Je crois qu'elle a des dispositions...
D'abord, elle adore Wagner...
Quelle soirée! — Avec ça, un bruit sourd au-dessus de nos
têtes... comme un train de ceinture -wv la route de Versailles...
J'ai cru d'abord que c'était la Justice Céleste qui préparait un
bon petit orage pour la sortie... Eb bien ! je blasphémais !...
Comme dans nue féerie du Châtelet, voilà que, patatra! —
un bruit~épouvantable se fait entendre. — C'était le plancher
du dessus qui s'effondrait. [Mais il s'est effondré si convena-
blement,-i gentiment, — un vrai plancher inspiré, — que tous
les danseurs d'en haut [car ce bruit que j'entendais était un gros
bal rie gens arrivés), tous h"- danseurs d'en haut se -ont trouvés
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WJM ' Le Bonnet,
Le Cigare de Bétx
r'~ CRI-CRI 1 \\i:i: 1889. Les Templiers,
PI i; loyer poar mi Aavergaat, i
M. m Suicide,
Là-Bas, d'Àlberï
i Itlnyols,!
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Ca m'est
Monolog ves et Poésies parus dans Le Cbi-Cri : N« 50, Plaidoyer Anticonjuyal, do Carolus dUABBANS. — N° 51
Le Jouet Allemand, d'Henri Piquet. — X» 62, On Dansera, de Jacques Normand. — N° 53, Le Fou Rire, de Jacques
Normand. — X« 54, Le Trombone, île Charles Leroy. — No 55, Les Pierrots, de Méi.andri. — N» 56, Victime d'un
Lapin, d'Eugène Chavette. — N» 57, Ouue Jaolie Histoare, de Charles Leroy ; Le Vieux Soulier, de François
Coppée. — No 58, Sur le Pont, de Félix Gaupaux.
à notre niveau et mêlés à nos jeux sans s'être fait la moindre
égratignure.
On a procédé de suite aux présentations, et l'on s'est enfin
amusé comme des fous... C'est le docteur aliéniste qui était
content !...
VERRES A BOIRE
Le premier est de cristal pur.
Jeanne y trempa ses lèvres roses.
S'il parlait, il dirait des choses...
(Ça vous ferait rougir, bien sûr!)
De Jeanne, les grands yeux d'azur
Ont subi des métamorphoses...
Le premier est de cristal pur,
Jeanne y trempa ses lèvres roses.
Le deuxième était fin, — si fin
Qu'on l'aurait cru de mousseline;
D'Anna la bouche purpurine
Y sabla Beaune et Chambertin.
La fillette frêle et mutine
Doit être bien loin, j'imagine...
Le deuxième était fin, — si fin
Qu'on l'aurait cru de mousseline.
Le troisième, c'est le dernier;
Je m'en sers à l'heure présente.
Sa forme est loin d'être élégante :
Il est lourd, rond, mastoc, sans pied *
Mais j'y bois du bleu qui me gante,
Ef la noie est ma seule amante..,
Le troisième, c'est le dernier,
Je m'en sers à l'heure présente..
LE PAYSAN DE LA VALLEE D'OSSAU
En Béarn, à Pau, chaque année, les députés des trois ordres
tenaient jadis les Etats pour régler l'impôt.
Un jour, dans une de leurs assemblées, un seigneur de créa-
tion nouvelle était assis auprès d'un gros pastour, député de
la vallée d'Ossau.
Pour se moquer du berger, qui veut prendre la parole, le
jeun© fat l'interpelle :
— Monsieur le député, quand vous voulez, le soir, descendre
la montagne, comment sifflez-vous le troupeau pour le réunir!
Après s'être fait un peu prier, l'Ossalin se décide à moduler
un léger sifflement, doux comme le bruit du zéphir dans
les ramures...
— Oui... mais vous devez siffler avec beaucoup plus de force i
— Certes, mon beau mirliflor, lorsque le troupeau est dans
quelque embarras ou qu'il se trouve fort loin. ..Mais nous sif-
flons doucement, doucement, quand les bêtes, Monsieur,
sont tout près de nous.
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\logues et Poésies parus dans Le Cri-Cri: N« 69, Les Prunes. d'Alphonse Daodet. — X» 70, Le liaiscp
Marseillais, de Jean Bernard. — N» 71, Billet de faire part, de Jacques Normand; Jeux d'Enfants,
Rameu. — N° 72, Ballade de 'la Demoiselle chauve: Duo téléphonique; Ballade des Accents
circonflexes, de MaoNab. — N* ï'-'. Infliicii7e par «a B? Ile-Mère, de Marie-Louise Néron. — N" 74, Poé ••»«'«
Nationaux dî Lécr-L. Berthaut. — N° 70, Boniment de Somnambule, de Fvlix. Gapepaux.
i .- Spleen, le Charles Leroy. — N" 90, Le
lin C w :<"-^-»'i|. \ ; Paul Verlaine, de |\"\
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Coiuin.Mit t»i> >e défait «l'un Cadavn- encombrant, Raoul 0 \ D3, Les Pâtés de cables, di
ftMÇMS N jvmvsp : Le Soulier de Corneille. 1
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SONNET D'HIVER
Alors q*€ vient l'hiver, que les teuilles jaunies
.m vent glacial voient en tourbillons :
Que. dans les profondeurs des rusUQUlâS sillons,
La taupe de velours creuse ses galeries]
Quand l'avare Phœbus encoure ses rayons,
El que les s, stupides malad
Mitrailleuses des nez, implacables furies,
pauvres enfubis fauchent lés bataillons,
:tit veau, l'artiste, ou l'amoureux tremblant,
L'ouvrier, le rêveur, le petit commerçant,
Tous pleurent le dépari de l'aimable hirondelle...
Puis, ce devoir rempli, l'âme hélasl sans soleil,
Des Heurs el des oiseaux attendant le réveil,
Ils endossent, pensifs, leurs filets de flanelle.
PRIS SUR LE VIF
guichet du cheniin de fer, gare Montparnasse.
un paysan, ri /<' buraliste. — Une troisième, retour, pour
Viroflay.
la BoaALisTB. - Un franc quatre-vingts centimes.
LE PAYSANS, — Vous voulez, plaisanter. Ça serait, [dus cher
que l'aller.
LA BORALI8TK. — C'est 1 1 1 1 aller et retour ([lie je VOUS donne.
le paysan. — Je ne ven\ qu'un retour seulement..
la Bit; m.isii:. — Si vous vous fichez de moi, il l';iul le dire,
le paysan. — Pas du tout. Voici : .1 ;i i , d e va ut la gare, Gros-
poiroti qui m'emmène en tape-cul. Seulement, comme je pas-
sions par ici, j'ons voulu m'assurer d'un retour, pensant <[u'y
t'étions moins cher à Paris qu'à Viroflay.
GRISAILLE
Dans la cour gnsaillée où la neige salie
Au vert sombre el mesquin du lierre s'allie,
Le cheval, un bai brun, aux mouvements ardents,
Piaffe, impatient, ayant l'écume aux dents,
Et le coupé luisant avance et puis reeule.
Sur le trottoir, devant l'écurie, un hercule
Passe ses gants et met son tube goudronné,
Tandis que le «monsieur de tout ça» l'homme né,
Sifflant, très maladif, un air d' 'Ftérodiade ,
Se dispose à porter sa carte à l'Ambassade.
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LA CHANSON DU RAYON DE LUNE
1 vit: POUR UNI NOI VELJ B
Sais-tu oui je suis? — Le Rayon de Lune.
Sais- m d'oiî je viens ? — Regarde là-haul.
Ma mère est brillante, et la nuit est brune.
.le rampe sous l'arbre et glisse sur l'eau;
Je n'étends sur l'herbe el cours sur la «.lune ;
Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,
Comme un maraudeur qui cherche fortune,
Je n'ai jamais froid; je n'ai jamais chaud.
Je suis si petit que je passe
Où nul autre ne passerait.
Aux vitres je colle ma face,
El j'ai surpris plus d'un secret
Je me couche de place en place;
El les bêtes de la forêt,
Les amoureux au pied distrait,
Pour mieux s'aimer suivent ma trace.
Puis quand je me perds dans l'espace,
Je laisse au cœur un long regret.
Rossignol et fauvette
Pour moi chantent au faite
Des ormes ou des pins.
J'aime à mettre ma tête
Au terrier des lapins ;
Lors, quittant sa retraite
Avec des bonds soudains,
Chacun part et se jette
A travers les chemins.
Au fond des creux ravins
Je réveille les daims
Et la biche inquiète.
Elle évente, muette,
Le Chasseur qui la guette
La mort entre les mains,
Ou les appels lointains
Du grand cerf qui s'apprête
Aux amours clandestins.
Ma mère soulève
Les flots écumeux ;
Alors je me lève,
Et sur chaque grève
J'agite mes feux.
Puis j'endors la sève
Par le bois ombreux ;
Et ma clarté brève,
Dans le chemin creux
Parfois semble un glaive
Au passant peureux.
Je donne le rêve
Aux esprits joyeux,
Un instant de trêve
Aux cœurs malheureux.
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Sais-tu qui je suis ? — Le rayon de Lune
Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut?
Sous les arbres noirs la nuit était brune ;
Tu pouvais te perdre et glisser dans l'eau,
Errer par les bois, vaguer sur la dune,
Te henrter, dans l'ombre, au tronc du bouleau
Je veux te montrer la route opportune ;
Et voilà pourquoi je viens de là-haut.
Guy de Maupassant.
LA SŒUR NOVICE
Lorsque tout douloureux regret fut mort en elle
Et qu'elle eut bien perdu tout espoir décevant,
Résignée, elle alla chercher dans un couvent
Le calme qui prépare à la vie éternelle.
Le chapelet battant la jupe de flanelle,
Et pâle, elle venait se promener souvent
Dans le jardin sans fleurs, bien abrité du vent,
Avec ses plants de choux et sa vigne en tonnelle.
Pourtant elle cueillit un jour, dans ce jardin,
Une fleur exhalant un souvenir mondain,
Qui poussait là malgré la sainte obédience ;
Elle la respira longtemps, puis, vers le soir,
Saintement, ayant mis en paix sa conscience,
Mourut, comme s'éteint l'âme d'un encensoir.
François Coppée.
LA FAMILLE DU MENUISIER
Le marchand de cercueils vient de trousser ses manches.
Et rabote en sifflant, les pieds dans les copeaux.
L'année est bonne ; il n'a pas le moindre repos
Et même il ne boit plus son gain tous les dimanches.
Tout en jouant parmi les longues bières blanches,
Ses enfants, deux blondins tout roses et dispos,
Quand passe un corbillard lui tirent leurs chapeaux,
El bénissent la mort qui fait vendre des planches.
La mère, supputant de combien s'accroîtra
Son épargne, s'il vient un nouveau choléra,
Tricote, en souriant, au seuil de la boutique ;
Et ce groupe joyeux, dans l'or d'un soir d'été,
Offre un tableau de paix naïve et domestique,
De bien-être honorable et de bonne santé.
François Coppée.
téraire : Revue de la Musique et du Théâtre, de la Mode, des Livres, etc, et un
niral Gervais, la Reine Victoria, l'Empereur Guillaume II, le Prince de Galles, les
aiguière, Mme Melba, Catulle Mendès, Coquelin aîné, Massenet, Clovis Hugues'
Dulard, le Duc d'Orléans, Lafargue, etc, etc..
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PARIS-PIANO Gabriel-Marie, Jules Bordier, A. Luigini, Frants
PARIS-PIANO Hit:, C'domer, P. Sudessi, Le Rey, Desormes, Gay
PARIS-PIANO Alexandre Georges, Philippe Courras, Ch. Haring,
PARIS-PIANO An th. Donnai/. J. Duysens, Gabriel Yerdalle, Georges
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timbres-poste adressée à M. René Godfroy, directeur di
PARIS-PIANO, 11, rue d'Hautcvillc, Paris.
(a*, du 'ri-Cri, 11, rue dUanteviUe, Paris.— L'Imprimeur-Géraat : B. Godfroy
4e année
Tous les Samedis
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DIX Centimes
ALTERY & DURANT
PETIT NOËL
Poésie dite par Mme THÉNARD, de la Comédie-Française
PAUL HAREL : LA ROBE
MARC ANFOSSI : LE DEUX NOVEMBRE
PARIS
REDACTION <fc ADMINISTRATION
n, rue d-'HauteTz j.lle
RENÉ GODFROY, ÉDITEUR
DEPOT GÉNÉRAL
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LIBRAIRIE J. STRAUSS
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No 173
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domicile DIX !\uni«-ro.» assortis contre 15 cent on timbres-poste françaisadressés à M. R.Ciodfrc
directeur, il. rue d'Hauleville, à Paris. •
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PETIT NOËL
Aux Pauvres
Le ciel est gris, La neige tourbillonne
Couvrant le sol partout d'un blanc manteau,
Le pauvre a froid, faut-il qu'on l'abandonne 't
Petit Noël, porte lui ton cadeau!
Va le trouver dans sa triste chaumière,
Le malheureux a besoin de secoursl
Que pour lui soit ta visite première,
Petit Noël donne, donne toujours !
Pitié, pitié pour cette pauvre mère
A qui l'enfant demande «.les joujoux,
Elle n'a rien, pitié pour s,« misère]
Petit Noël, porte lui des gros sous.
Le riche a tout, bonbons, polichinelle
El Us plaisirs, et la félicité !
Sois indulgent à la voix qui l'appelle,
Petit Noël, un peu d'égalité 1
L'égalité quelle sublime chose,
Quel rêve enfin et quel noble tableau !
Si l'on pouvait ce serait grandiose
Petit Noël, l'Égalité c'est beau!
L'hiver esl long, pendant quelques semaines
Si lu voulais le pauvre aurait du pain
Rt grâce à toi désormais plus de peine,
Petit NoCl c'est si mauvais la faim !
Altérv ii Durant
LA ROBE
Fillettte, quel orage éclate sur ta tête ?
Ton pauvre petit nid tremble sous la tempête,
Servantes et mamans entourent ton berceau,
Quel tapage! N'as-tu poini peur, mon doux oiseaux?
Thérèse n'a pas peur. Songe/ donc : elle êtrenne
Une robe ! O ma fille, 6 ma petite reine, '
Comme on va tout-à-l'hcure en bas te saluer !
L'ne robe! On entend caqueter, remuer...
Bruit des voix, bruit des pas, froissement des étoffes,
Cris d'admiration, compliments, apostrophes.
Que c'est joli ! C'est bien ! C'est mal ! N'y touche/ pasl
Nous autres, tout pensifs, nous écoutons d'en bas,
Interrogeant des veux le plafond insondable.
Ce caquet féminin nous parait formidable.
Une robe, ô splendeur, mystère, accoutrements]
pères n'ont point part à ces événements
Pour habiller l'idole est-ce qu'on les consulte?
Leur rôle est bien plus simple : ils font les frais du culte.
ndrai mon idole au bas de l'escalier.
— Eh ! Thén -
— Papa, j'ai mon petit soulier.
— Bien, ma fille.
— Monsieur, Thérèse a du salpêtre
Dans les veines; tenez, la voilà qui s'empêtre
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PARIS-PIANO, A exceptionnel, un franc, contient un Sup/démi
Supplément Artistique : Portraits de Célébrités Contemporaines. — Carnol,
raux Février, Saussier et de Gallifët, Jules Claretie, Emile Zola, Jule
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PARIS-PIANO, UN FRANC, contient fr. 13,50 de Musique :
Divertissement Militaire, œuvre inédile d'Emile Pessard, fr. 7.50.
Nid de Roses, Mazurka inédite de Frantz Hitz, fr. 6.
Dans sa jupe.
— Tais-toi, femme à l'esprit grognon.
— Eh ! Thérèse ?
— Bonjour, petit papa mignon.
— Viens, ma fille ! Voilà l'enfant qu'on me dérobe !
— La voici ! La voici ! Regardez : Quelle robe !
Brocatelle et velours, elle sied à ravir.
Vous la trouvez jolie?
A n'oser s'en servir.
— Admirez donc un peu ce fin col de batiste
— Délicieux...
— Vraiment, l'ouvrière est artiste.
— C'est un déshabillé tout-à-fait réussi.
— La robe est ravissante !
— Et la iillette aussi.
— Moi, j'aime son maintien.
— Moi j'admire sa grâce
— Laissez-la marcher seule !
— Apportez une glace l
— Avec de pareils cris tous les voisins viendront.
— Par ma foi, je plains bien les gens qui la verront !
— Madame, autour de nous tout le quartier s'amasse?
A ce propos, Thérèse a fait une grimace,
Elle a tournr les yeux vers les hauts potagers,
D'où la vapeur s'élève en panaches légers
Et pendant qu'autour d'elle en tumulte on s'attroupe
Elle dit simplement :
Je voudrais bien ma soupe.
Paul Harel
RIMESJNJ^RRIERE
LE DEUX NOVEMBRE
Paris, père d'étranges choses,
A le culte des décédés..
Couronnes, fleurs, perles et roses
Comme des torrents débordés,
De présents et de dons funèbres
Viennent couvrir les pauvres corps..
La lumière rit aux ténèbres :
Saluons.. C'est le jour des Morts.
Les chevaux, harassés et mornes,
Sur le pavé gras et glissant
Fournissent des courses sans bornes
S'ébrouant, bavant, hennissant
Leur destinée est triste et sombre..
Ecrasés de malheureux sorts
Ils n'ont même pas un jour d'ombre
Qu'on nommerait le jour des mors..
Chaque semaine, dans l'Afrique,
Comporte trois jours solennels :
Le dimanche est au catholique;
Le samedi, les Israëls
Se baladent en matamores..
Les arabes, lesBen-Sadi,
Les Mammoudh, — ont le vendredi :
Qui pour eux est le jour des Maîtres...
Marc Anfôssi.
Revue de la Musique et du Théâtre, de la Mode, des Livres, etc, et un
îrvais, la Reine Victoria, l'Empereur Guillaume II, le Prince de Galles, les
Mme Melba, Catulle Mendès, Coquelin aîné, Massenet, Clovis Hugues
le Duc d'Orléans, Lafargue, etc, etc..
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4e année
Tous les Samedis
DIX Centimes
TONY D'ULMÈS
CHEZ LES IMMORTELS
Monologue en prose
MARIUS DILLARD : RONDEL D'AUTOMNE
PARIS
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CHEZ LES IMMORTELS
Une très jeune fille physionomie mutine, gestes gamins
Avez-vous jamais assisté à une séance de L'Académie ? Non ?
i cétonnement. ... eh bieo ! Se penchant et bits.} Je vous en
félicite !... Vous dites, madame, que nous pourriez vous procurer
des billets ? Gardez-vous en bien !... Mais vous grillez d'envie
»lc savoir ce qui se passe derrière ces quatre murs Bolennëls '.'...
C'esl bieo facile, je vais vous le dire en deux mois, Ce qu'on
voit ? Des vieux. Ce qu'on dit ? On digère... Ce c'est pas sérieux?
Très sérieux... je le sais mieux que personne, étanl nièce d'un
oncle immortel el d'un tante qui l'esî aux trois quarts. Vous le
connaissez bien, mon oncle, l'illustre M. Durand ? Non !
Personne ici ne le connaît !... Il est très connu, cependant. Il a
obtenu la chaise curule... qu'est-ce que je dis ?... le fauteuil
académique par ses très remarquables el très remarqués travaux
sur l'histoire de Ramsès... Ramsès, était un roi qui vivail du
temps des anciens... vous savez bien'.' Je pourrais vous réciter
le volume en sou entier... si vous me le demandiez. C'esl, ma
tantequi l'a compose, je l'ai copié et mon oncle nous a fait.
l'honneur de le signer...
Mais pour revenir aux séances académiques, celle à laquelle,
j'ai assiste était une séance extraordinaire: Mon oncle, devait
prononcer un discours... Nous n'allions que pour l'entendre, ma
taule el moi, el pour lui faire de la claque. Ça avait été convenu
d'avance. .l'avais promis à mon oncle de faire un tapage de tous
les diables... moyennant quoi il me payerait un chapeau neuf.
Je suis pratique, moi !
.l'y ai donc pénétré dans ce sanctus sanctorum, et aux places
d'honneur, s'il vous plaît!... Kh bien! C'est beaucoup moins
Imposant que je me le figurais ! C'est rond, il y a des gradins
tout autour, mon Dieu ! ça ressemble à un cirque. D'uu côté, le
public. De l'autre les cages... pardon, les Académiciens. Le
public, rien que des dames. Les Académiciens, rien que des
messieurs, (avec enthousiasme). Ça pourrait être amusaut! (Avec
regret.) Ça ne l'est pas — parce que, pour être académicien, il
faut être chenu, blanchi, voûté, affaissé et détérioré.
Ce qui manque au coup' d'oeil, à mon avis, c'est la mise au
point. Tout cela est fait en vue de siècles futurs — Futura Secula.
La gloire, c'est beau de loin, regardée au télescope, mais de
près, là, là, que c'est laid, que c'est donc laid!... Cependant parmi
ces bonzes, quelques-uns sont assez intacts. Ces gens qui vi-
vent en bocal, il y en a qui se ratatinent, comme les prunes et
d'autres qui se conservent comme les cornichons. Mon oncle est
bien conservé. Aussi quandil est montéenchaire,ça aétéunton-
nerre d'applaudissements — à l'Académie, on dit un chœur
d'applaudissements, parce que le mot est plus harmonieux. Mon
oncle qui n'est pas un peu vantard et très classique doit se com-
parer à Dérnosthène ou bien à Cicéron. Il enfle sa voix, fait des
veux blancs et récite très correctement son discours qui est
l'œuvre de ma tante et dont il nous a régalées huit jours durant.
Ce qu'il a la tête dure, mou oncle !
Ma tante tire -on mouchoir et commence à sangloter à fen-
dre l'âme. Pauvre femme! ça lui fait un effet! C'est comme si
elle entendait sa prose égrenée par un phonographe, et un pho-
nographe qui aurait la voix démon oncle, se figure-ton ça!...
Moi, je ne peux voir pleurer Bans avoir envie de rire... c'est pas
►° P .S-
PARIS-PIANO, N" exceptionnel, un franc, contient un Supplante
Supplément Artistique : Portraits de Célébrités Contemporaines. — Carnot, le Tza
Généraux Février, Saussier et de Gallifet, Jules Claretie, Emile Zola, Jules Sim<
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Nid de Roses, Mazurka inédite de Frantz Hitz, fr. 6.
ma faute! Et me voilà partie, ah! ah ! ah!., dans mon mouchoir
aussi, car ici, l'on ne se permet qu'une gaité docte et silencieuse
— docta et siïens.
Mon oncle dévide toujours son discours; il ne parle que de
son « modeste savoir — lui, petit parmi les grands — humble
parmi les illustres — inconnu parmi les célèbres » et patati et
patata et eœteriet cœtera. Ce qu'il se fait mousser!... Enfin, san-
glot final, péroraison, chœur d'applaudissements, je fais gigoter
mes pieds pour gagner honnêtement mon chapeau, mon oncle
salue et descend de son piédestal où le remplace M. Lévy.
Il est gentil, M. Lévy,.. pour un vieux. Il ressemble à un
gros petit lézard court sur pattes avec une queue qui frétille et
des yeux qui vous ont un air de ricaner en dessous; il me plait
tout-à-fait.,, d'autant plus qu'il a écrit un livre très leste qui est
d'un drôle, oh ! mais d'un drôle. Je l'ai lu sans le lire... par mè-
garde... Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir dire, ce brave M. Lévy!
Je tends avidement l'oreille. Il tousse, éternue, se mouche et lit
d'une voix lugubre le titre de son discours : « Les funérailles à
tous les âges ». Et d'un air froidement méchant, comme pour
nous dire : Vous en voulez du sérieux, du congélatoire, de l'aca-
démique, eh, bien! tenez, en voilà, en voilà et voilà encore »!
Il nous défile une ribambelle de funérailles; les Grecs et les Ro-
mains et les Egyptiens et les Antédiluviens, tout y passe!... On
les croirait payé pour faire de la réclame à la compagnie des
Pompes funèbres. Il faut pourtant lui rendre cette justice, c'est
que si ça n'amuse pas le public, ça n'a pas l'air de l'amuser non
plus, sa tartine fumisto-académico-funéraire. Il baille, ouvre
une bouche comme un four... crématoire, mâchonne ses mots.
« Les... mains brûlaient leurs morts. Les cendres... taient...
cueillies dans des urnes », et puis, une, deux, trois, faut en finir !
le voilà parti, il galope, presto, prestissimo (récitant très vite et
d'un ton uniforme) : « Et pour conclure cet aperçu des funérail-
les chez les anciens, chez les modernes, chez les peuples sauva-
ges et chez les peuples civilisés, en Orient et en Occident chez
les païens et chez les chrétiens, je ferai remarquer que le soin
d'ensevelir les morts est un des plus saints devoirs de l'homme
et un devoir auquel nul, même parmi les plus mauvais, n'a
songé à se dérober. » Amen! Ouf ! merci ! J'en ai chaud !
Passons au suivant, (Déclamant.) C'était une noble tête de
vieillard. .. Il s'appelle Loiseau et il fait de l'œil aux dames. J'en-
tends mal ce qu'il dit, mais ce doit être galant car ces dames se
récrient, se pâment, s'extasient : « bravo, bravo. Ah! charmant,
délicieux! Ça le monte, le vieux, ça l'emballe, il se lance, fait
des comparaisons mythologiques, cite les Parques, c'est conve-
ment les Grâces, çal'est moins, et Vénus, ça ne l'est plus. C'est
un enthousiasme dans la salle! Moi j'ai envie de lui lancer mon
bouquet de corsage — seulement, ces gens-là n'apprécient que
les fïeurs... de rhétorique. M. Loiseau sort de la chaire comme
un vieillard en sort...
Le programme arrive à sa fin. La séance est levée. On
déambule des gradins. Tout le monde descend ! Pas besoin de le
dire, allez! Tout le monde a envie de dormir, mais personne n'a
envie de dormir ici, car alors il y en aurait pour l'éternité, in
secula seculorum.., Dehors, on nous réserve un petit divertisse-
ment final ; un tableau alllégorique : « La force courbée devant
l'intelligence », un peloton de soldats, en rang d'oignons, les
mains à la couture de la culotte et, devant chaque académicien
qui passe : « Portez armes ! présentez armes ! » corne un lieu-
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mirai Gervais, la Reine Victoria, l'Empereur Guillaume II, le Prince de Galles, les
'aiguière, Mme Melba, Catulle Mendès, Coquelin aîné, Massenet, Clovis Hugues-
Boulard, le Duc d'Orléans, Lafargue, etc, etc..
tenant. Ah ! c'est une belle chose <iut> d'être académicien! Et
voilà, c'est tout :
imment, vous baillez déjà... pour des mois. mrba"i Que
loi- pourdes faits, facta ' Alors, croyez-moi, messieurs ç^U
et mesdames, n'allez jamais à L'Académie !
Ton* d'ULMÈS.
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RONDEL D'AUTOMNE <ô
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Qui non- ramène les autans ; «^
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Sur les rive- des clairs étangs; <
•urs ! Voici l'Automne, t.
Qui nous ramène les autans. g
Le vent lugubre ci monotone <u
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Que son murmure qui bourdonne: "B
Adieu beaux jours ! Yoiei l'Automne. «c
Marius Dillard
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9E : Paria », 23 décembre 1891.
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COU LISSE
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dii par Félix GALIPAUX, du Palais-Ro>al
Je tus, l'été dernier, au lin l'oiul du Valais.
Tel qu'on nie voil ici, moi, là-bas, je valais
Mon pesant d,'or. La veine - et certes c'en lui une! —
M'aurai) permis d'j faire en peu de temps fortune;
Il m'eût suffi pour ça d'être un Barnum adroit
Sachant en I nie accroire au publie Je l'endroit.
Au pays des goitreux, j'étais un phénomène
Cent lois supérieur à tous ceux qu'on promène
Journellement, de foire en (oire, aux quatre coins
Du monde. Ainsi, les veaux à trois tètes... au moins,
Les hercules, les nains el les femmes col isses
— .Amusement des grands, tranquillité des gosses —
N'étaient auprès de moi que du vil bric-à-brac;
Je les éclipsais tous, grâce mon cou sans sac
Vous trouverez pour sûr, mon mente bien mince.
Celai • peu, j'en conviens, mais dans celte province,
("/eut été bien asse/ pour gruger les badauds.
Nous sommes au mois d'août. Je gravis, sac au dos,
Alpenslock à la main, une sente pierreuse,
Ensoleillée en diable, affreusement scabreuse.
haque pas exige un énergique effort.
Les rayons du soleil fondent sur moi si (ort,
Que, moi, je fonds sous eux d'une étrange manière ;
La sueur de mon front arrose la poussièie;
Je m'éponge à grands coups tous lesquiuze ou vingt pas.
Au^si, tout ruisselant, je ne lanterne pas
Pour agir à ma guise et pour me mettre à l'aise:
J'enlève sur-le-champ el ma jaquette anglaise,
ion raide faux col et mon gilet de drap.
Et... ça se borne ici. Mais — on le comprendra —
- lis déjà bien mieux, en manches de chemise.
D'ailleurs, m 'alléger pins ne serait pas de mise;
Encor qu'en pays libre et quelque peu désert,
Je conserve l'objet que le roi Dagobert
Dut remettre à l'endroit — au dire de l'histoire —
Vêtu donc simplement de mon... obligatoire,
Je marche avec entrain, réparé, rafraîchi
De loin en loin, je croise un crétin avachi.
Il pouffe à mon aspect d'un rire épais et bêle;
Sa bouche, à ce jeu-la, fait le tour de sa tète.
Le pauvret, que j'amuse au plus haut point, c'est clair.
Déambule son goitre et lui fait prendre l'air.
Plus je vais, plus j'en vois, de ces être difformes
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Qui nouveaux pélicans, ont des gorges énormes.
Sur l'heure, j'en conclus que je ne suis pas loin
D'un lieu civilisé.... Tant mieux! j'ai grand besoin
De me réconforter dans quelque auberge antique :
Je me contenterai d'un déjeuner rustique
Mais sain — Ici, j'espère, on ne connaît pas l'art
D'empoisonner son hôte ! — Une omelette au lard,
Une humble soupe aux choux, voila ce que je rêve.
Mon estomac le veut, mes jambes vont sans trêve
Tout à coup, j'aperçois, tout prés, au fond d'un creux,
Un village.... A ma vue, aussitôt cent goitreux
Accourent stupéfaits sur le pas de leur porte ;
Les enfants, en riant, dès lors me lont escorte
Jusqu'au Loffis du Bœuf où je m'arrête enfin
Dans l'espoir d'y trouver de quoi calmer ma faim.
Alors, en un clin d'oeil, toute la populace
De ces crétins en herbe envahit la grand'place,
Se pressant, s'écrasant afin de m'enlrevoir
A travers les carreaux crasseux de ce « buvoir. »
Je les entends fort bien s'esclafïer sans relâche;
Sans m'en mettre en souci, je m'acharne à ma tâche :
J'engloutis un repas d'une simplicité
Remarquablement grande et d'une propreté
Eminemment petite... Enfin, quoi! c'est dans l'ordre.
Les jeunes, au dehors, ne cessant de se tordre,
L'hôtelier, furieux, va mettre le holà.
— « Dites voir, grogne-t-il, ce que vous faites là ? »
Goguenard, l'un des grands crie au vieux rabat-joie :
— « On veut voir le mossieu qu'à le cou comme une oie!
— « Chut ! fait le gargotier. C'est mal, très mal, mes gars,
« De se gausser ainsi d'un chrétien qui n'a pas
ft Tous ses membres! craignez que le ciel vous punisse
« En vous faisant, à vous, le cou tout aussi lisse,
« Tout aussi mal bâti que. Ta ce malheureux !... »
Devant l'air menaçant du doyen des goitreux,
— Maissans avoir compris — la jeunesse recule
Epouvantée.
Alors — honteux du ridicule
De ma position — je remets aussitôt,
Au hasard, mon gilet, mon col, mon paletot,
Puis, malgré le soleil tropical qui nous grille,
Tout au tour de ma gorge en hâte j'entortille
Un chàle, en maudissant à part moi le destin
De m'avoir pas ctoté d'un goitre de crétin!
AVIS AUX LECTEURS
A partir du n° 176, Le Cri Cri paraîtra le 1er et le 15 de
chaque mois, se composera de 8 pages grand format : Littérature,
musique, portraits, mode, finances, théâtre, etc., et sera du prix
de 20 cent, l'exemplaire.
Revue de la Musique et du Théâtre, de la Mode, des Livres, etc, et un
irai Gervais, la Reine Victoria, l'Empereur Guillaume II, le Prince de Galles, Je
guière, Mme Melba, Catulle Mendès, Goquelin aîné, Massenet, Clovis Hugu s
Dulard, le Duc d'Orléans, Isfargue, ele, etc..
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